Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Samedi 25 Septembre 2010 07:58:33

Cette intervention de Roosevelt auprès de Vichy pour empêcher celui-ci de former un gouvernement en AFN en décembre 40-janvier 41 (et pour arrêter à Vals les Bains les internés de Pellevoisin en route pour Alger via Marseille) est rapportée en particulier, page 36, par F-G Dreyfus dans le N° 50 de "La Nouvelle Revue d'Histoire", récemment paru.
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par norodom » Samedi 25 Septembre 2010 15:34:14

Exact Michel, il s'agit bien du dernier bimestriel n° 50 _ septembre-octobre 2010.
Si vous êtes lecteur de ce magazine, vous trouverez à la page 38 du n° 47 _ mars avril 2010, un texte bien en rapport avec le sujet du présent fil:
Il s'agit d'un compte-rendu du colloque organisé par la Commission française d'histoire militaire et les éditions Economica. Ce colloque s'est tenu la 14 janvier 2010 à l'Ecole militaire.
La situation au moment où s'est posée la question de l'armistice, y a été abordée par les divers intervenants et apparaît très complète.
Concernant l'armée de terre, telle qu'elle a été décrite par le colonel Paul Gaujac, elle est en tous points conforme à celle qui ressort de la déposition du général Weygand lors du procès du Maréchal Pétain.
J'y reviendrai...
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Samedi 25 Septembre 2010 16:29:34

J'ai assisté à ce colloque dont vous parlez, Norodom, et puis témoigner que l'armistice n'a eu que des défenseurs.
Ce qui ne veut pas dire que la position gaulliste fût injustifiée.
En fait, elle fut à la fois injuste et... justifiée !
De Gaulle était sacrément "ficelle".
Il a vu très vite tout le bénéfice qu'il pouvait retirer, et la France avec lui, de l'accord concu avec Churchill le 7 août 1940.
En se faisant reconnaitre comme le chef des Français libres, et en faisant reconnaitre la France libre comme la seule France, il pouvait tenter sa chance de rendre à la France un statut de belligérant à part entière et de vainqueur à part entière dans le conflit mondial en cours, mais cela impliquait nécessairement qu'il s'oppose à Vichy manichéennement et qu'il fasse de l'armistice la source empoisonnée de tout ce qui s'ensuivit. Condition sine qua non.
Il aurait dit au général d'aviation Odic :"Mais je sais bien que l'armistice était nécessaire, mais je ne peux tout de même pas le crier sur les toits !"
Un tour de bonneteau, a-t-on dit.
S'il avait eu une autre politique, il n'eût été qu'un chef de légion façon Garibaldi.
Je lui tire mon chapeau même si ce fut injuste pour Pétain et ses ministres.
Le général Héring a dit véridiquement que Pétain et De Gaulle avaient été "complémentaires".
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par norodom » Samedi 25 Septembre 2010 18:00:25

Bonsoir,

Avant d'exprimer mon opinion, j'ai tenu à relire attentivement le contenu des échanges, sur le présent fil:
Passer le cap de 130 messages, en 9 pages, c'est pas rien.... en trois ans et quatre mois... quand-même !... avec tout de même quelques suspensions de séance.

Bien!... ce chat qui dormait étant réveillé, où en sommes nous?

Je ne prends en compte que les intervenants, qui pour certains, à défaut de s'avérer catégoriques ne se sont pas, sur l'ensemble, écartés du débat.

A la question posée: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Bruno m'apparaît enclin à acquiescer...

Citation relevée au hasard: BRH le Mercredi 04 Juillet 2007
"Quoi qu'il en soit, il est indéniable que la France pouvait continuer la guerre en AFN."

Paul Rychier envisageait des possibilités

Jean Defranchi (Sostène) ne semblait pas adhérer à cette idée
J'ai apprécié son franc parler, son témoignage sur l'état d'âme des combattants, et autres, de l'époque...

Il ressort des ses nombreuses interventions que boisbouvier (Michel) y soit hostile.
Un avis plus catégorique serait le bienvenu.

J'en viens donc au mien:

Je me suis exprimé assez longuement sur un autre forum, je vais donc simplifier ma tâche en utilisant, pour l'essentiel, le "copier-coller"

Avant tout, poursuivre le combat sur le sol français... NON !.
Notre armée avait perdu les deux tiers de sa capacité de combat pour continuer... elle était inexistante et si quelques unités résiduelles eussent insisté, ç'eût été une opération suicidaire, un sacrifice inutile de vies humaines.
Des éléments épars, dépourvus de moyens de transmissions, se repliant vers des localités, y fûrent cueillis par l'ennemi s'y trouvant déjà... qui était devant?... qui était derrière?
1,8 millions de prisonniers passèrent entre les mains de l'envahisseur.
Pour exemple, l'absence de matériel et d'organisation des transmissions entre les blindés et l'infanterie fût une des causes de l'échec de la bataille d'Abbeville, bien que la contre-attaque menée par la 4ème DCR commandée par de Gaulle obtint les résultats positifs que l'on sait.

Face à ce désastre il n'y avait que deux solutions :
Une capitulation sans conditions, avilissement et humiliation extrêmes car c'était l'affaire des militaires.
où bien un Armistice aux clauses négociées, avec d'innombrables risques... Et là c'était l'affaire des politiques...

Alors?...Sauver les meubles et préparer la revanche ailleurs... outre-mer?

Je tiens à mettre, tout d'abord, l'accent sur le fait que pour continuer un combat, il faut les hommes, de préférence entraînés, le matériel, un bon encadrement et une stratégie.
En juin 1940 nous n'avions, hélas, rien de tout celà...
En face par contre, ils avaient tout celà...

Sans avoir prévu des exercices de préparation de transport et de débarquement, il aurait fallu disposer des moyens nécessaires pour le transfert des hommes et du matériel.

La flotte, quant-à elle, était "âgée" et inadaptée pour cette tâche

- les hommes... où étaient-ils donc?... en grande partie dispersés dans la débâcle, jusque dans les flots des réfugiés qui sillonnaient les chemins de l'exode.
- le matériel? quel matériel? celui abandonné au cours du "sauve-qui-peut", ou en panne, sans possibilité de récupéraration?

Certes, les deux tiers de notre aviation avait réussi à rejoindre l'AFN après la mi-juin, mais l'organisation de sa maintenance y était insuffisante.

Et si ce tableau avait été tout autre, si nous avions disposé de moyens de transport, peut-on penser que les sous-marins ennemis et les impitoyables Stukas nous auraient laissé traverser en toute quiétude?

Et la Royal-Navy dans tout çà?.... elle avait bien d'autres soucis de self-protection...

Autre remarque:
Juin 1940 débute...Si on décide un embarquement plus tôt, disons avant l'entrée des allemands dans Paris, le 14 juin, c'est-à dire avant la fin des combats, n'est-ce pas?
Il faut donc quitter le champ de bataille, fuir devant l'ennemi... moi, j'appelle celà déserter
Je ne m'étends pas sur l'espérance d'une coopération anglaise... Dunkerque suffit à comprendre... et j'ajoute que déjà, le 15 mai, le cabinet britannique s'était opposé à un engagement accru de la RAF sur le théâtre des opérations.

Dans le meilleur cas de figure... après... on fait quoi?... au bout de combien de mois, combien d'années on chasse l'occupant du sol de France?

Il convient d'évoquer un évènement important de ce triste mois de Juin 1940, qui pouvait constituer un frein supplémentaire à un projet de transfert, l'état de guerre avec l'Italie entre le 10 et le 24 juin.

Pour la grande majorité du peuple de France, la fin des combats fût un soulagement, dans un contexte d'humiliation, d'immense désespérance.

Restait pour Ceux qui n'avaient pas accepté la défaite, qui ne s'étaient pas résignés à rester dans l'impuissance, à trouver un moyen, entrevoir une espérance, où aller, car aller n'importe où était suicidaire.

Cette espérance-là naquit lorsque De Gaulle offrit une solution... la solution.
Dans son appel du 20 juin 1940, le général de Gaulle avait employé les termes suivants:

NB: J'ai souligné le passage essentiel, simplement pour remarquer que, si de Gaulle, qui voyait loin et qui voyait juste, avait pensé qu'il était possible de continuer le combat en AFN, pour être précis, il l'aurait dit...

<< ..... Il est par conséquent nécessaire de grouper partout où celà se peut, une force française aussi grande que possible...
Moi, général de Gaulle, j'entreprends ICI en Angleterre, cette tâche nationale.....>>


Et encore:

<<.... car la France n'est pas seule!..... elle a un immense Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte....>>

Ceux, ci-dessus savaient dorénavant où aller...

Continuer le combat en suivant de Gaulle... OUI !.
Mais ce combat était un long combat à préparer afin que l'armée française soit présente lorsque la "force mécanique" qui nous a vaincus, terrasse à son tour celui qui fut notre bourreau pendant près de cinq ans.

J'en termine par un extrait, relevé dans un excellent film inspiré du tome 1 des mémoires du général de Gaulle, qui dévoile une auto-interrogation, qui ne fût que passagère, de l'auteur:

<< ... poursuivre la guerre? oui, certes... mais dans quel but et dans quelles limites? >>

Très cordialement,
Roger (alias Norodom)
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Dimanche 26 Septembre 2010 05:58:04

Dans les Bunkergespräche sont rapportées les dernières pensées de Hitler recueillies par Bormann dans le Bunker de la chancellerie à Berlin à partir de février 45. (Lire de Eberhard Jäckel "La France dans l'Europe de Hitler".)
Or, il dit expressément: "Notre plus grosse faute fut l'armistice. Abetz nous a fait commettre une faute irréparable".
A Nuremberg, Göring dit quelque chose d'équivalent.
Il aurait fallu continuer la guerre en AFN et s'emparer de Dakar pour contrôler l'Atlantique sud, dit-il en substance.
Ce fut le plus grand mérite de Laval d'avoir su amadouer Abetz.
Mais qu'attend-on pour le réhabiliter ?
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Dimanche 26 Septembre 2010 06:19:17

Quant à défendre l'AFN contre une invasion germano-italienne grâce à notre flotte intacte, c'est oublier la vulnérabilité des cuirassés et des croiseurs par rapport aux avions, bombardiers ou torpilleurs.
Cette vulnérabilité était si grande que pour ravitailler leurs troupes de Libye ou d'Ethiopie les Anglais ne passaient pas par Gibraltar et le détroit de Sicile. Ils faisaient le tour de l'Afrique avec deux mois de navigation en plus.
Parmi les fautes de Churchill, celles d'avoir exposé la Mediterranean Fleet en Crète aux avions allemands basés en Grèce, en mai 41, et celle d'avoir exposé la force Z (Prince of Wales et Repulse) en mer de Chine aux avions japonais basés en Indochine, en décembre 41, sont parmi les plus cuisantes. Singapour a suivi.
Inversement, le Bismarck fut immobilisé par une seule torpille partie d'un avion anglais parti lui-même d'un porte-avion en mai 41, et la flotte de Mussolini détruite à Tarente en novembre 40 par des bombardiers partis d'un porte-avion anglais.
Les fiers cuirassés et croiseurs semblent avoir été déclassés par les porte-avions dès mai 40.
En effet, la Royal Navy ne s'aventura pas dans la Manche au moment de Dunkerque.
Elle resta sagement à Scapa Flow.
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Lundi 27 Septembre 2010 09:17:54

Il ressort des ses nombreuses interventions que boisbouvier (Michel) y soit hostile.
Un avis plus catégorique serait le bienvenu.


Or, je suis catégorique.
Depuis que j'ai lu les livres du colonel L-C Michelet, en particulier,- mais aussi Pierre Montagnon.
Il analyse la situation stratégique de Hitler à l'été 40. Deux solutions devant la réticence britannique à venir s'asseoir à la table de négociation :
-soit l'attaque directe : opération Seelöwe;
-soit l'attaque indirecte :opération Félix par le Maroc espagnol ou opération "Afrique" par la Libye italienne.
Dans les deux cas Suez et Bassorah tombaient entre ses mains avant la fin de l'année.
L'attaque directe fut choisie et ce fut l'échec que l'on sait.
En octobre, quand Hitler vient rencontrer Franco à Hendaye et Pétain à Montoire, il fait chou blanc : le charme est rompu.
Franco met des prétentions exorbitantes et Mussolini pense attaquer la Grèce dans la semaine qui suit. Il va tout faire capoter.
Attirer les Allemands à Alger en juin 40 eût été la pire faute.
Hitler, à Berlin et Göring, à Nuremberg, l'ont confirmé. "Notre faute principale fut l'armistice."
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par BRH » Lundi 27 Septembre 2010 13:43:34

Vous vous répétez... Faites-vous de simples copier-coller ?
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Lundi 27 Septembre 2010 15:30:22

La répétition est l'âme de l'enseignement, d'une part.
Mais, surtout,mon esprit inquiet m'incline à susciter de nouvelles oppositions, de nouvelles contradictions. Elles m'astreignent à de nouvelles recherches. C'est ainsi qu'on progresse jusqu'à atteindre une vérité de plus en plus pure, de plus en plus éthérée, de plus en plus "cristalline".
"Le temple de la vérité est bâti sur une hauteur." (E. Burke)
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par BRH » Lundi 27 Septembre 2010 18:54:42

boisbouvier a écrit :Or, je suis catégorique.
Depuis que j'ai lu les livres du colonel L-C Michelet, en particulier,- mais aussi Pierre Montagnon.
Il analyse la situation stratégique de Hitler à l'été 40. Deux solutions devant la réticence britannique à venir s'asseoir à la table de négociation :
-soit l'attaque directe : opération Seelöwe;
-soit l'attaque indirecte :opération Félix par le Maroc espagnol ou opération "Afrique" par la Libye italienne.
Dans les deux cas Suez et Bassorah tombaient entre ses mains avant la fin de l'année.
L'attaque directe fut choisie et ce fut l'échec que l'on sait.


L'attaque directe fut tardive et très mal préparée. Hitler rêvait d'un accord avec l'Angleterre...

En octobre, quand Hitler vient rencontrer Franco à Hendaye et Pétain à Montoire, il fait chou blanc : le charme est rompu.
Franco met des prétentions exorbitantes et Mussolini pense attaquer la Grèce dans la semaine qui suit. Il va tout faire capoter.


Hitler ne cherchait qu'à abuser les Soviets. Il n'avait nullement l'intention de franchir le détroit de Gibraltar. Il savait fort bien que Franco placerait la barre très haut. Il lui suffisait de tout promettre pour prendre le Caudillo à son propre piège. A Montoire, il ne cherchait nullement un renversement des alliances, mais simplement à compromettre Pétain. Action réussie...


Attirer les Allemands à Alger en juin 40 eût été la pire faute.
Hitler, à Berlin et Göring, à Nuremberg, l'ont confirmé. "Notre faute principale fut l'armistice."


Non, c'est de ne pas avoir envahi l'Angleterre dès le 1er juillet 1940 ! 3 divisions transportées par les airs auraient suffi pour installer une tête de pont.

Voir :

viewtopic.php?f=12&t=322
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par norodom » Lundi 27 Septembre 2010 21:48:49

Je n'ai retenu que ce qui a un rapport direct avec notre sujet.
Je ne fais donc aucun commentaire sur ce qui s'en écarte, bien que ce ne soit pas dénué d'intérêt.

Concernant boisbouvier, de qui j'attendais une réponse catégorique à la question posée:

Ma citation
<< Il ressort des ses nombreuses interventions que boisbouvier (Michel) y soit hostile.
Un avis plus catégorique serait le bienvenu. >>


Réponses de boisbouvier
<< Or, je suis catégorique >>

plus loin....

<< Attirer les Allemands à Alger en juin 40 eût été la pire faute. >>

J'en déduis donc que sa réponse est NON !.
Tiens !, je me rends compte que je ne l'avais pas écrit, mais chacun aura compris que ma réponse est également NON !.

Je repends la citation complète de boisbouvier

<< Attirer les Allemands à Alger en juin 40 eût été la pire faute.
Hitler, à Berlin et Göring, à Nuremberg, l'ont confirmé. "Notre faute principale fut l'armistice >>


Réponse de BRH
<< Non, c'est de ne pas avoir envahi l'Angleterre dès le 1er juillet 1940 ! 3 divisions transportées par les airs auraient suffi pour installer une tête de pont. >>

Alors !... là Bruno.... je ne suis absolument pas de votre avis !
Il faudrait que vous m'expliquiez: pourquoi le 1er juillet?...

Laissons de côté les préoccupations qu'avait Hitler avec le bolchevisme et aussi son dessein de le combattre... le seul objectif britannique eût conduit militairement la Wehrmacht vers une cruelle désillusion!..

Dès que la grande partie de ce qui restait du corps expéditionnaire britannique fut rapatriée au cours de l'opération dynamo, les anglais ne restèrent pas les bras croisés...
Outre la réorganisation de l'armée de terre, entre-autres industries de guerre, l'industrie aéronautique continua ses constructions... les avions Hawker "Hurricane" qui avaient infligé de lourdes pertes à la Luftvaffe lors de la bataille de Dunkerque, furent rapidement remplaçés par les "Spitfire", avions de chasse d'une grande efficacité.
Et puis, si à Dunkerque les anglais étaient acculés à la Manche, n'ayant aucune autre porte de sortie, les situations auraient été inversées sur leur sol.
Et enfin pensez-vous que les USA n'auraient pas immédiatement réagi, ne serait-ce que par la fournitures d'armes de toutes sortes?
Mon avis formel: Mission impossible!.

Pour rester sur le sujet de ce fil, je crois utile de complèter une question que j'ai posée:
<<..... peut-on penser que les sous-marins ennemis et les impitoyables Stukas nous auraient laissé traverser en toute quiétude?.>>

Quelques mots sur les "U-boote", ces sous-marins organisés en "meutes de loups"...
Les deux premiers mois de 1940, ils coulèrent 85 bateaux, les trois mois suivants, une grande partie participa aux opérations de Norvège, puis en Juin 1940 ils revinrent en force pour couler, dans ce seul mois 58 bateaux, ce qui se reproduisit régulièrement jusqu'à la fin de l'année.
De sinistre mémoire, la tragédie du Lancastria le 17 juin 1940, bien qu'elle se situât à St-Nazaire, était bien un avertissement de nature à mettre en garde contre toute entreprise téméraire.
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Mardi 28 Septembre 2010 08:03:56

Réponse de BRH
<< Non, c'est de ne pas avoir envahi l'Angleterre dès le 1er juillet 1940 ! 3 divisions transportées par les airs auraient suffi pour installer une tête de pont. >>

Alors !... là Bruno.... je ne suis absolument pas de votre avis !
Il faudrait que vous m'expliquiez: pourquoi le 1er juillet?...


Le colonel Pierre Montagnon donne raison à BRH sur ce point dans sa "Grande histoire de la WW2". Il estime que si Hitler avait voulu prendre l'Angleterre d'assaut immédiatement après l'armistice accordé à la France, il l'aurait pu. Il décrit Hitler comme un ennemi de l'improvisation en matière militaire. L'Angleterre avait encore des avions en effet mais elle avait abandonné tout son armement conventionnel en France. D'ailleurs la question de la raison du "haltbefehl" du 24 mai qui permet au CEB de rembarquer reste en suspens. N'oubions pas le discours du Führer à ce moment-là. Quelque chose comme : "L'Angleterre est nécessaire à l'équilibre du monde. A elle l'empire des mers où je suis un lâche. A moi celui du continent où je suis un lion".
L'Angleterre avait le mérite d'être d'essence "germanique" même si sa City était "enjuivée".
Au moment du déclin il pensera encore que ce sont les Juifs qui auront eu sa peau !
Voir son testament politique.
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Mardi 28 Septembre 2010 08:16:41

Hitler ne cherchait qu'à abuser les Soviets. Il n'avait nullement l'intention de franchir le détroit de Gibraltar. Il savait fort bien que Franco placerait la barre très haut. Il lui suffisait de tout promettre pour prendre le Caudillo à son propre piège. A Montoire, il ne cherchait nullement un renversement des alliances, mais simplement à compromettre Pétain. Action réussie...


Qu'en savez-vous ?
Je vous trouve bien péremptoire et trop vulnérable aux delplatismes. Delpla a un grave défaut : il voit des "gesticulations" partout, même dans l'opération Seelöwe".
Après Hendaye, Hitler, qui s'est quand même humilié à traverser l'Allemagne et la France pour rencontrer Franco, est furieux. Il préférerait "se faire arracher cinq dents plutôt que de rencontrer à nouveau cet homme-là".
Quant à Montoire, ce fut une bonne affaire. J'ai montré tout ce qu'on devait à l'axe Laval-Abetz.
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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par BRH » Mardi 28 Septembre 2010 09:26:37

Ce que l'on en sait, c'est que Pétain évoque Tilsitt quand il se prépare à gagner Montoire. C'est donc qu'il est prêt à examiner la possibilité d'un renversement des alliances. Mais, en fait, Hitler ne propose rien sur ce sujet. Une offensive contre l'AEF gaulliste est bien envisagée, mais sans plus. Pétain précise alors la collaboration qui est prévue : c'est une collaboration économique.

Hitler -s'il s'était comporté en stratège- aurait proposé une alliance militaire. Et donc un traité de paix. Mais il était persuadé qu'il parviendrait à vaincre l'URSS. Comme Napoléon qui estimait qu'après avoir vaincu la Russie en 1812, l'Angleterre n'aurait d'autre solution que d'accepter la paix.

Dans le contexte d'octobre 1940, si Hitler avait apporté un projet de paix généreux, sans annexion, avec le retour immédiat des prisonniers, Vichy aurait évidemment accepté. Les troupes d'occupation auraient changé de statut et seraient devenues des troupes alliées. La zone occupée serait devenue une zone de stationnement, marquée par l'ancienne ligne de démarcation jusqu'à Tours, prolongée par la Loire jusqu'à Orléans, puis par une ligne Orléans-Paris et les provinces de l'Est (Champagne, Lorraine, Alsace).
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Re: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?

Message par boisbouvier » Mardi 28 Septembre 2010 16:39:23

On ne sait pas ce qui se serait passé si Hitler avait proposé ce que vous dites : retour des prisonniers et paix sans annexion en échange d'un renversement d'alliances. Le plus probable est que Laval ait accepté et que Pétain ait refusé. (Mais de toute façon, Hitler n'y croyait pas.)
Montoire est le moment de la négociation de Pétain avec Chuchill via Rougier. Pétain n'en avertit pas Laval et il le démet le 13 décembre à la grande surprise de celui-ci.
Or, ce congédiement de Laval eut des effets bénéfiques différés.
Grâce à lui, Laval est apparu aux Allemands comme un martyr de la cause collaborationniste et le grand mérite de Pétain fut de le rappeler en avril 42 quand il comprit tout le bénéfice qu'il pourrait tirer de la confiance qu'il inspirait à Abetz en particulier et à l'Etat-Major nazi via l'ambassade d'Allemagne en général au moment où l'occupation promet de devenir très dure.
Laval eut l'immense mérite de répondre parfaitement à cette double attente. Il accepta de jouer le rôle de l'ami sincère de l'Allemagne qui souhaitait sa victoire au risque de mettre en danger non seulement sa carrière mais sa vie.
Son sacrifice ne fut pas inférieur à celui de Pétain.

Ce que l'on en sait, c'est que Pétain évoque Tilsitt quand il se prépare à gagner Montoire. C'est donc qu'il est prêt à examiner la possibilité d'un renversement des alliances.


A Tilsitt y eut-il renversement d'alliances ?
Précisément pas.
Napoléon tenta de charmer Alexandre comme un snob qui cherche à se faire adouber par une dynastie de l'ancienne noblesse.
Alexandre fit comme Metternich après Wagram : il pratiqua l'attentisme en espérant des jours meilleurs.
D'ailleurs, Napoléon n'est pas à blâmer d'avoir cherché un terrain d'entente avec les Puissances d'Ancien Régime.
C'était la condition d'une paix durable.
boisbouvier
 

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