par norodom » Samedi 25 Septembre 2010 18:00:25
Bonsoir,
Avant d'exprimer mon opinion, j'ai tenu à relire attentivement le contenu des échanges, sur le présent fil:
Passer le cap de 130 messages, en 9 pages, c'est pas rien.... en trois ans et quatre mois... quand-même !... avec tout de même quelques suspensions de séance.
Bien!... ce chat qui dormait étant réveillé, où en sommes nous?
Je ne prends en compte que les intervenants, qui pour certains, à défaut de s'avérer catégoriques ne se sont pas, sur l'ensemble, écartés du débat.
A la question posée: Fallait-il continuer la guerre en Afrique du Nord ?
Bruno m'apparaît enclin à acquiescer...
Citation relevée au hasard: BRH le Mercredi 04 Juillet 2007
"Quoi qu'il en soit, il est indéniable que la France pouvait continuer la guerre en AFN."
Paul Rychier envisageait des possibilités
Jean Defranchi (Sostène) ne semblait pas adhérer à cette idée
J'ai apprécié son franc parler, son témoignage sur l'état d'âme des combattants, et autres, de l'époque...
Il ressort des ses nombreuses interventions que boisbouvier (Michel) y soit hostile.
Un avis plus catégorique serait le bienvenu.
J'en viens donc au mien:
Je me suis exprimé assez longuement sur un autre forum, je vais donc simplifier ma tâche en utilisant, pour l'essentiel, le "copier-coller"
Avant tout, poursuivre le combat sur le sol français... NON !.
Notre armée avait perdu les deux tiers de sa capacité de combat pour continuer... elle était inexistante et si quelques unités résiduelles eussent insisté, ç'eût été une opération suicidaire, un sacrifice inutile de vies humaines.
Des éléments épars, dépourvus de moyens de transmissions, se repliant vers des localités, y fûrent cueillis par l'ennemi s'y trouvant déjà... qui était devant?... qui était derrière?
1,8 millions de prisonniers passèrent entre les mains de l'envahisseur.
Pour exemple, l'absence de matériel et d'organisation des transmissions entre les blindés et l'infanterie fût une des causes de l'échec de la bataille d'Abbeville, bien que la contre-attaque menée par la 4ème DCR commandée par de Gaulle obtint les résultats positifs que l'on sait.
Face à ce désastre il n'y avait que deux solutions :
Une capitulation sans conditions, avilissement et humiliation extrêmes car c'était l'affaire des militaires.
où bien un Armistice aux clauses négociées, avec d'innombrables risques... Et là c'était l'affaire des politiques...
Alors?...Sauver les meubles et préparer la revanche ailleurs... outre-mer?
Je tiens à mettre, tout d'abord, l'accent sur le fait que pour continuer un combat, il faut les hommes, de préférence entraînés, le matériel, un bon encadrement et une stratégie.
En juin 1940 nous n'avions, hélas, rien de tout celà...
En face par contre, ils avaient tout celà...
Sans avoir prévu des exercices de préparation de transport et de débarquement, il aurait fallu disposer des moyens nécessaires pour le transfert des hommes et du matériel.
La flotte, quant-à elle, était "âgée" et inadaptée pour cette tâche
- les hommes... où étaient-ils donc?... en grande partie dispersés dans la débâcle, jusque dans les flots des réfugiés qui sillonnaient les chemins de l'exode.
- le matériel? quel matériel? celui abandonné au cours du "sauve-qui-peut", ou en panne, sans possibilité de récupéraration?
Certes, les deux tiers de notre aviation avait réussi à rejoindre l'AFN après la mi-juin, mais l'organisation de sa maintenance y était insuffisante.
Et si ce tableau avait été tout autre, si nous avions disposé de moyens de transport, peut-on penser que les sous-marins ennemis et les impitoyables Stukas nous auraient laissé traverser en toute quiétude?
Et la Royal-Navy dans tout çà?.... elle avait bien d'autres soucis de self-protection...
Autre remarque:
Juin 1940 débute...Si on décide un embarquement plus tôt, disons avant l'entrée des allemands dans Paris, le 14 juin, c'est-à dire avant la fin des combats, n'est-ce pas?
Il faut donc quitter le champ de bataille, fuir devant l'ennemi... moi, j'appelle celà déserter
Je ne m'étends pas sur l'espérance d'une coopération anglaise... Dunkerque suffit à comprendre... et j'ajoute que déjà, le 15 mai, le cabinet britannique s'était opposé à un engagement accru de la RAF sur le théâtre des opérations.
Dans le meilleur cas de figure... après... on fait quoi?... au bout de combien de mois, combien d'années on chasse l'occupant du sol de France?
Il convient d'évoquer un évènement important de ce triste mois de Juin 1940, qui pouvait constituer un frein supplémentaire à un projet de transfert, l'état de guerre avec l'Italie entre le 10 et le 24 juin.
Pour la grande majorité du peuple de France, la fin des combats fût un soulagement, dans un contexte d'humiliation, d'immense désespérance.
Restait pour Ceux qui n'avaient pas accepté la défaite, qui ne s'étaient pas résignés à rester dans l'impuissance, à trouver un moyen, entrevoir une espérance, où aller, car aller n'importe où était suicidaire.
Cette espérance-là naquit lorsque De Gaulle offrit une solution... la solution.
Dans son appel du 20 juin 1940, le général de Gaulle avait employé les termes suivants:
NB: J'ai souligné le passage essentiel, simplement pour remarquer que, si de Gaulle, qui voyait loin et qui voyait juste, avait pensé qu'il était possible de continuer le combat en AFN, pour être précis, il l'aurait dit...
<< ..... Il est par conséquent nécessaire de grouper partout où celà se peut, une force française aussi grande que possible...
Moi, général de Gaulle, j'entreprends ICI en Angleterre, cette tâche nationale.....>>
Et encore:
<<.... car la France n'est pas seule!..... elle a un immense Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte....>>
Ceux, ci-dessus savaient dorénavant où aller...
Continuer le combat en suivant de Gaulle... OUI !.
Mais ce combat était un long combat à préparer afin que l'armée française soit présente lorsque la "force mécanique" qui nous a vaincus, terrasse à son tour celui qui fut notre bourreau pendant près de cinq ans.
J'en termine par un extrait, relevé dans un excellent film inspiré du tome 1 des mémoires du général de Gaulle, qui dévoile une auto-interrogation, qui ne fût que passagère, de l'auteur:
<< ... poursuivre la guerre? oui, certes... mais dans quel but et dans quelles limites? >>
Très cordialement,
Roger (alias Norodom)