La responsabilité du Front Populaire dans le désastre...

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

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Message par BRH » Samedi 10 Mars 2007 15:44:07

Je reprends ici cette discussion:
Certes, la défaite n'était pas une fatalité: néamoins, elle s'est produite et à celà, il y avait bel et bien une impréparation française dont la IIIème République est responsable et notamment le Front Populaire. Ce n'est pas tout que de voter un budget en augmentation. Il y a aussi la manière dont on l'exécute. Et, dans cette manière, il y a eu des carences rédhibitoires !

Il y a le choix des hommes: mauvais comme on l'a vu. L'incapacité d'un Gamelin n'est plus à démontrer. Or Gamelin et Daladier, c'est tout un. On ne peut pas les dissocier dans la recherche des causes de la responsabilité de la défaite.

Enfin, le Front populaire a tardé dans ce que j'appellerai "le réarmement moral de la France" ! Pourtant, l'ennemi était bien identifié, sa nature fasciste n'était pas douteuse (et ce fut bien pire)! L'opinion publique était pacifiste, mais ça n'était pas en lui promettant "du pain, la paix et la liberté" que l'on pouvait la réveiller...

N'oublions pas non plus l'épisode honteux de Munich. Daladier, conscient qu'il fait mal, mais qui le fait quand même, pour suivre la majorité à la chambre et l'opinion. Et l'Angleterre de Mr Chamberlain, qui cherche un accord avec l'Allemagne nazie, parce que c'est la politique des appeasers, et que ces "messieurs" souhaitaient s'entendre avec Hitler pour régler son compte à Staline...

Certains ne sont pas d'accord avec ce que je dis du Front populaire. On objecte que le programme du front populaire se serait au contraire distingué par sa volonté de doter la France d'un matériel plus adéquat, on cite le ministère de l'air de Pierre Cot, qui aurait tenté de remédier aux carences françaises. En témoignerait d'ailleurs un très faible déséquilibre militaire au début de la guerre (sauf en matière d'aviation entre la France et l'Allemagne).

Si je ne conteste pas la volonté de réarmer du Front populaire, jee dis que les résultats n'ont pas été à la hauteur de l'effort entrepris, notamment em matière d'aviation. Et les 40 heures ainsi que certaines nationalisations des usines aéronautiques ont contribué à désorganiser un appareil de production déjà vétuste et dépassé. Pouvait-on faire mieux et plus vite ? Difficile de répondre. En tout cas, nous présentions un retard considérable en matière d'aviation. Ce pêché n'est pas à mettre entièrement sur le dos du FP. Néanmoins, on ne peut faire comme s'il n'existait pas...

Mais pour les chars aussi. La qualité n'a pas été au rendez-vous. Parce que l'on a produit des chars pour une guerre défensive, donc pour d'éventuelles ruptures de lignes fortifiées. Tous nos chars présentaient les mêmes faiblesses: motorisation insuffisante, consommation excessive, rayon d'action limitée, vitesse pas assez rapide.

Le cas des R.35 est symptomatique: on ne l'équipe pas d'un canon suffisant. On se sert des stocks de la dernière guerre, en conservant le canon de 37 SAU.17. Il ne pourra pas percer les blindages des Panzer III et IV.

Sur ce point, les pro FP font valoir que la stratégie défensive était prévue bien avant : on finance la Ligne Maginot dont le projet de construction fut voté en 1930. Ce serait donc au gouvernement Tardieu que l'on devrait l'adoption d'une stratégie funeste.

Tout en reconnaissant avec moi que ni Daladier, ni Reynaud n'ont été à la hauteur, les pro-FP insistent sur la responsabilité de Pétain, d'abord dans la mise en place de la stratégie défensive : "l'artillerie conquiert, l'infanterie occupe", ensuite, dans l'affirmation du principe que le fantassin restait à la base du système. En septembre 1939, Pétain écrit à Gamelin "j'espère que vous ne commettrez pas la folie de prendre l'offensive contre l'armée allemande" (sans doute marqué par le souvenir de la bataille des frontières d'août 1914). Il incarne dans le gouvernement Reynaud l'esprit "pacifiste" et "défaitiste" auquel presque tous les officiers généraux se seraientt ralliés : Weygand, Gamelin, Huntziger,... encore capables de bavardages alors que leurs armées se désintégraient du fait de leur incompétence. Et on m'assène cet argument que l'on croit définitif: "en 1940, il n'y a pas eu Foch ou Clémenceau, il y a eu Pétain!! "

Mais voilà, personne n'était obligé d'écouter Pétain plutôt que de Gaulle...

Je complète mon propos: Daladier écoute Gamelin et lui fait confiance. Et Léon Blum avant lui. Ce dernier recevra de Gaulle et lui dira en substance: "ce que vous me dites est très intéressant, mais c'est de la responsabilité du ministre de la Guerre: voyez-le"! Or, ce ministre, c'est Daladier... Ce zigoto aura toujours une dent contre de Gaulle, même à la Libération ! Ce n'est pas qu'il soit toujours obtus ou aveugle. Il a des doutes sur la stratégie de ses généraux, se demande si les Ardennes sont si imperméables... Il insiste sur la nécessité de renforcer le secteur de Sedan, trop faible à ses yeux. Oui, mais c'est lui qui a enterré le projet de continuer la ligne Maginot au moins jusqu'à Rocroi, 3 ans auparavant... Et il a maintenu Gamelin contre vents et marées !

Pétain est dans l'erreur à propos de la défensive. C'est un fait. Au moins est-il logique en condamnant l'aventure du plan Dyle. Nos troupes sont sur des positions préparées d'avance et on les envoie faire une course à pied contre les panzer allemands. Sans se ménager aucune réserve, en cas de coup dur, naturellement... Mais Pétain n'a cessé de stigmatiser notre faiblesse aérienne. Il ne faut quand même pas tout lui coller sur le dos !

Alors, on revient à Munich, pour en attribuer la principale responsabilité à la politique d'appeasement de Chamberlain. Mais la France n'aurait pas eu à être à la traîne, et sa frilosité, sans doute due au régime parlementaire et au renversement probable du cabinet Daladier en cas de politique de fermeté, s'expliquerait ainsi très bien.

Cela, c'est une certitude, donc le Front Populaire est confronté d'une certaine manière à une crise de régime. De Gaulle est clair: il a condamné le parlementarisme, c'est à dire le régime des partis ! Il est clairement pour un régime présidentiel "à la française"...

Léon Blum n'a pas été lucide sur les chars, il l'a reconnu lui-même ! Et -comme Daladier- il a trop compté sur l'Angleterre (et ses "appeasers")! On ne peut donc soutenir que le Front Populaire est innocent dans le désastre de 1940 !
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Message par Baron Percy » Samedi 10 Mars 2007 16:39:07

Citation : "On ne peut donc soutenir que le Front Populaire est innocent dans le désastre de 1940 !"


Certes, mais il serait tout aussi faux de prétendre lui en attribuer l'entière responsabilité !
Les fautes furent multiples et commises à différents niveaux, tant politiques que militaires...
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Message par rapentat » Samedi 10 Mars 2007 20:51:02

Bonsoir,

Je vais sûrement me faire tirer les oreilles d'aller sur un terrain qui n'est pas le mien. Je ne parlerai pas en tant qu'historien de cette époque et des fautes qui incombes à tel ou tel parti gouvernemental où militaire, mais en tant que témoin d'hommes qui ont vécu cette période. Avez-vous pensez aux hommes?? 21 ans après la " der des der " on reprend les mêmes et on recommence avec leur fils.
J'ai un peu plus de 60 ans, j'ai côtoyé longtemps les acteurs de cette époque et j'ai pu longuement discuté avec des membres de ma famille. Faire leur devoir, oui!! Mais jusqu'où?? L'allant de la première guerre mondiale n'était plus là, même avec le meilleur armement du monde si vous n'avez pas la fibre qui vous pousse en avant....!
Je n'irai pas jusqu'à dire que la " drôle de guerre " fut six mois de belote et huit jours de course à pieds c'est faire injure aux héros mort au champ d'honneur, mais 90% des français ne voulait pas de cette guerre.
Tout partait en quenouille, mon oncle me disait qu'il avait vu son capitaine que trois mois après son incorporation et ensuite il ne l'a jamais revu, ce qui ne l'a pas empêcher d'être prisonnier pendant cinq ans.
Alors accuser les uns et les autres d'une telle gabegie, pourquoi pas, je n'ai pas d'à priori. Les allemands avaient en mémoire le " dikat " de Versailles et voulait laver l'affront, mais le pioupiou, n'étant déjà pas très motivé et submergé par la tactique, que lui restait-il?? Sans faire le procès de l'Armée et surtout de ses cadres, qu'a-t-elle fait?? A part quelques épisodes glorieux comme ceux de de Gaulle, ou de saint cyriens chargeant en casoar et gants blancs et alors!!!
La faute est que personne n'en voulait de cette guerre!! Personne voulait la faire, le traumatisme de la première était là.
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Message par Baron Percy » Samedi 10 Mars 2007 22:36:28

Il y a incontestablement du vrai dans ce que vous dites.
A l'entame des hostilités, l'enthousiasme était loin d'équivaloir celui d'août 1914.
La drôle de guerre a sans doute contribué à cet état d'esprit délétère.
Sur le plan militaire, une évidente gabegie n'a rien fait pour améliorer les choses.
Avec les résultats que l'on sait...
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Message par rapentat » Samedi 10 Mars 2007 22:41:55

Bonsoir,

Désolé pour le coup de sang de mon précédent post, mais quelques fois cela fait du bien de dire ce que les autres n'ont jamais pu exprimer
Il est certain que la loi des 40 heures est l'une des causes essentielles du ralentissement de la production militaire. Encore faut-il rien exagérer : la France aligne autant de chars que l'Allemagne en 1940. En outre, les investissements concernent la ligne Maginot (théorie Pétain " l'inviolabilité du territoire "). On ne peut pas reprocher au Front Populaire d'avoir préféré le social au militaire. En fait, il faudrait reprocher le choix dans l'allocation des crédits, il est évident restropectivement, il aurait mieux fallut privilégier l'aviation à la ligne Maginot, mais ce n'est qu'un raisonnement à posteriori.
L'accusation porté contre le Front Populaire est à modérer. Ce dernier a mener un programme de réarmement et sa popularité en a souffert, vu les difficultés budgétaires. Ce programme est arrivé trop tard, et il n'a pas porté sur les bons domaines, mais le Gouvernement n'est pas trop fautif; L'état-major (Pétain, Gamelin, Georges, Vuillemin) de part les doctrines mises en place porte une bonne part de responsabilité.

Cordialement
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Message par BRH » Dimanche 11 Mars 2007 00:27:22

rapentat a écrit :La faute est que personne n'en voulait de cette guerre!! Personne voulait la faire, le traumatisme de la première était là.


Bien sûr, mais il était possible d'arrêter Hitler quand il en était temps encore. Albert Sarrault ne l'a pas pu et Léon Blum ne l'a pas voulu !

On ne peut nier qu'une action contre Hitler était possible durant l'été 1936. Sans coup férir, Blum pouvait imposer le respect du droit. Hitler n'y aurait sans doute pas survécu. Mais Blum partageait l'illusion des pacifistes. Paul-Boncour qui était un homme de gauche avait compris le danger et était prêt à faire face. Les socialistes n'ont pas voulu l'écouter... Ils ont préféré s'entendre avec Daladier qui les soutenait comme la corde soutient le pendu...

Il est certain que la loi des 40 heures est l'une des causes essentielles du ralentissement de la production militaire. Encore faut-il rien exagérer : la France aligne autant de chars que l'Allemagne en 1940.


Oui, mais pas les bons... Affaire de doctrine. Blum a préféré Daladier/Gamelin à de Gaulle: souvenez-vous de son réquisitoire à la chambre contre l'armée de métier...

En outre, les investissements concernent la ligne Maginot (théorie Pétain " l'inviolabilité du territoire "). On ne peut pas reprocher au Front Populaire d'avoir préféré le social au militaire.


Certes, mais on peut lui reprocher le choix de l'inaction plutôt que l'action...

En fait, il faudrait reprocher le choix dans l'allocation des crédits, il est évident restropectivement, il aurait mieux fallut privilégier l'aviation à la ligne Maginot, mais ce n'est qu'un raisonnement à posteriori.


Bien sûr, mais c'est à nuancer. La ligne Maginot a joué son rôle, mais on lui en demandait trop (avant l'offensive) et pas assez après...


L'accusation porté contre le Front Populaire est à modérer. Ce dernier a mener un programme de réarmement et sa popularité en a souffert, vu les difficultés budgétaires. Ce programme est arrivé trop tard, et il n'a pas porté sur les bons domaines, mais le Gouvernement n'est pas trop fautif; L'état-major (Pétain, Gamelin, Georges, Vuillemin) de part les doctrines mises en place porte une bonne part de responsabilité.


Pétain n'avait plus guère qu'une influence limitée... Le responsable militaire, c'est Gamelin, incontestablement ! D'ailleurs, il conseille toujours les gouvernements dans le sens de la prudence et de l'attentisme en exagérant le péril allemand... Et finalement, une fois l'épée tirée du fourreau, il le sous-estime ! Mauvais chef: c'est indéniable.

Daladier l'a maintenu à son poste en 1936. Et c'est Blum qui a nommé Daladier !
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Message par Baron Percy » Dimanche 11 Mars 2007 01:01:24

Citation : "Et c'est Blum qui a nommé Daladier !"


Ce fut sans doute un choix malheureux.
Mais on ne s'en est aperçu qu'à postériori.
Blum ne pouvait le savoir au moment où il a procédé à sa nomination.
J'ai donc le sentiment que vous lui faites un mauvais procès.
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Message par BRH » Dimanche 11 Mars 2007 11:03:55

Un choix malheureux ? Possible, mais surtout dicté par les considérations politiciennes du moment.

D'abord, Daladier avait déjà détenu le portefeuille de la Guerre. Ensuite, le même n'avait jamais dissimulé son intérêt pour les problèmes militaires. Sergent d'infanterie durant la guerre de 14, décoré de la croix de guerre et de la médaille militaire, Daladier rassurait les milieux militaires.

Président du parti radical qui était presque aussi important que la SFIO, il fallait bien donner un siège ministériel important à cette composante de la nouvelle majorité. Seulement, Daladier n'était pas interventionniste et pensait qu'on pouvait dialoguer avec Hitler (il changera d'avis après l'anschluss, mais restera prisonnier de la tendance pacifiste de son propre parti).

En choisissant Daladier, Blum temporisait et marquait qu'il ne s'attaquerait pas aux fascismes agressifs de front. C'est un choix. C'était de sa responsabilité d'homme d'état. A cette occasion, il se conduisit en politicien...

L'homme qui avait refusé la fusion de la SFIO dans la IIIème internationale, celui qui avait dénoncé les méthodes et les crimes du communisme, allait ouvrir un boulevard au nazisme... :cry:

Notons d'ailleurs qu'il allait adopter le même comportement dans la crise espagnole...
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Message par rapentat » Dimanche 11 Mars 2007 11:17:45

Bonjour,


BRH a écrit :Pétain n'avait plus guère qu'une influence limitée...


Je suis entièrement d'accord avec vous, mais se sont ses idées qui prévaux toujours. Mettre sur pied une attitude militaire basée sur la défensive. L'absolue inviolabilité du territoire doit être assurée par un système de fortification au Nord et Nord-Est. Le sentiment pacifiste de l'époque permet d'imposer ce raisonnement sans trop de difficulté.
Puis l'organisation de l'Armée, porte en elle de terrible carences. En 1923 le service militaire passe de 3 ans à 18 mois et à 1 an en 1928.
Le dialogue inter Arme est inexistant. Les trois Armes sont indépendantes les unes des autres, ceci a pour conséquence d'affaiblir l'autorité au sein de l'Armée et de compliquer les prises de décisions.
Personne n'a écouté de Gaulle quand il préconisait le jumelage de l'aviation et des blindés.

Cordialement.
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Message par Baron Percy » Dimanche 11 Mars 2007 19:52:53

- Citation : "Sergent d'infanterie durant la guerre de 14, décoré de la croix de guerre et de la médaille militaire, Daladier rassurait les milieux militaires."

Voilà qui explique les raisons du choix de Blum.
Il me semble donc difficile de lui en faire grief.


- Citation : "Daladier n'était pas interventionniste et pensait qu'on pouvait dialoguer avec Hitler (il changera d'avis après l'anschluss, mais restera prisonnier de la tendance pacifiste de son propre parti)."


Un homme politique intègre et cohérent avec ses idées se doit respecter la ligne directrice de son parti.
Sans quoi, il n'a plus rien à y faire.
Daladier s'est donc plié à cette règle du jeu démocratique.
A l'époque, il était d'ailleurs loin d'être le seul à penser que le dialogue était possible avec le chancelier Hitler.


- Citation : "A cette occasion, il se conduisit en politicien... "

Une lapalissade qui peut être appliquée à l'ensemble des représentants de la classe politique, toutes époques confondues.
Pourquoi lui en faire davantage grief qu'à un autre ?
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Message par BRH » Lundi 12 Mars 2007 09:30:22

Baron Percy a écrit :- Citation : "Sergent d'infanterie durant la guerre de 14, décoré de la croix de guerre et de la médaille militaire, Daladier rassurait les milieux militaires."

Voilà qui explique les raisons du choix de Blum.
Il me semble donc difficile de lui en faire grief.


Daladier, c'était clairement la politique de conciliation. Blum a soigneusement évité de consulter Paul-Boncour... qui aurait symbolisé une politique de fermeté. Se tromper à ce point, c'est rare quand même ! Les socialistes n'ont sû ni prévoir, ni éviter l'arrivée de Hitler au pouvoir et se sont révélés incapables de le combattre autrement que par des rodomontades. Faire l'union des forces populaires contre le fascisme aurait peut-être mérité une action politique plus ambitieuse et plus conforme à ce slogan au niveau de la politique internationale !

- Citation : "Daladier n'était pas interventionniste et pensait qu'on pouvait dialoguer avec Hitler (il changera d'avis après l'anschluss, mais restera prisonnier de la tendance pacifiste de son propre parti)."

Un homme politique intègre et cohérent avec ses idées se doit respecter la ligne directrice de son parti.


C'est ce qui fait la différence entre un politicien et un homme d'état: un politicien suit la majorité de son parti même quand le péril lui commande d'en prendre le contre-pied. Un homme d'état, justement, prend de la hauteur et sert l'intérêt général en faisant face au péril...

Votre objection n'est donc pas recevable, même si vous préférez un Daladier à un Clémenceau: voyez donc les conséquences, notamment pour les juifs...

Sans quoi, il n'a plus rien à y faire.


Cette règle est bonne pour les cas ordinaires, elle doit être écartée dans les moments de crise.

Daladier s'est donc plié à cette règle du jeu démocratique.


C'est bien ce qu'on lui reproche et la faute qu'il a commise...

A l'époque, il était d'ailleurs loin d'être le seul à penser que le dialogue était possible avec le chancelier Hitler.


Ce n'est pas une excuse: avoir tort avec la majorité n'a jamais été une cause d'exonération de sa responsabilité...

- Citation : "A cette occasion, il se conduisit en politicien... "

Une lapalissade qui peut être appliquée à l'ensemble des représentants de la classe politique, toutes époques confondues.
Pourquoi lui en faire davantage grief qu'à un autre ?


S'agissant de Blum, il avait l'étoffe d'un homme d'état. Il s'était dressé contre ses amis au départ dans l'affaire Dreyfus pour soutenir l'innocence de celui-ci.

Jamais il ne fut plus grand que lorsqu'il refusa les conditions de Lénine pour rejoindre la IIIème Internationale. L'époque était terrible: Blum a choisi d'assumer la conduite du Front Populaire, le vote des Français aurait dû l'élever au-dessus de lui-même !

En tant que Français, il n'a pas sû ou pas voulu relever le défi lancé par Hitler aux démocraties.

En tant que juif, il a manqué de la lucidité et de la solidarité nécessaire pour sauver les membres de sa communauté !

Savez-vous que Blum avait lu finalement Mein Kampf ? Il prenait Hitler pour un charlatan, un sous-Mussolini qui serait vite précipité du pouvoir. Jamais opinion ne fut plus fausse, ni plus fortement démentie par les faits...
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à propos de Daladier...

Message par BRH » Lundi 12 Mars 2007 10:34:47


il ne s'agit pas de juger a posteriori, mais de rappeler que les hommes lucides et courageux ne furent pas écoutés: Joseph Paul-Boncour, André de Kérilis, Georges Mandel, Charles de Gaulle et... Paul Reynaud !

Quant aux "politiques", quelle bonne raison pouvons-nous avoir de ne pas les vouer aux gémonies ?

Le pacifisme de l'opinion publique ? la belle affaire: démocratie signifie-t-elle DEMAGOGIE ? Comment croire qu'il reviendrait à l'opinion de déterminer la conduite des politiciens ?

Il appartenait à ces derniers d'oeuvrer pour "préparer" l'opinion publique et -VU L'URGENCE- de prendre des décisions impopulaires...

Il y a des instants vitaux dans la vie des Nations où les chefs doivent choisir sans se soucier des masses... Les masses ne savent rien, ne réfléchissent pas (ou très peu et très lentement) et ne peuvent rien!

Il n'en a donc rien été, par le manque de courage de ces mêmes politiciens:

-La veulerie des Radicaux
-La coupable inertie des Socialistes
-la tentation d'une entente cordiale avec les nazis de la plus grande partie
de la droite...

Honte éternelle à Daladier, Blum, Paul Fort et tous les soi-disants démocrates qui -entre la paix et l'honneur- ont choisi la paix...

Selon le mot fameux de Churchill, ils ont choisi la paix et le déshonneur et ils eurent le déshonneur et la guerre!
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Message par Baron Percy » Lundi 12 Mars 2007 23:07:58

- Citation : "Daladier, c'était clairement la politique de conciliation."

En période de crise, ne faut-il pas tenter de privilégier la diplomatie ?
C'est sans doute dans cette optique que l'on peut expliquer la nomination de Daladier.


- Citation : "Les socialistes n'ont sû ni prévoir, ni éviter l'arrivée de Hitler au pouvoir et se sont révélés incapables de le combattre autrement que par des rodomontades."

Facile, avec le recul dont nous disposons, de stigmatiser un manque de projection dans l'avenir.
Les socialistes du gouvernement Blum sont loin d'être le seuls à avoir souffert de cécité politique à l'époque...


- Citation : "Votre objection n'est donc pas recevable, même si vous préférez un Daladier à un Clémenceau: voyez donc les conséquences, notamment pour les juifs... "

Je n'entends défendre personne en particulier.
J'essaie simplement de me projeter dans le contexte de l'époque et de tenter de comprendre les réactions des uns et des autres.


- Citation : "C'est bien ce qu'on lui reproche et la faute qu'il a commise..."

Reprocher à un politicien d'avoir respecté la démocratie, fut-elle partisane, à une époque où certains la mettaient ouvertement en danger me semble pour le moins paradoxal. :roll:


- Citation : " Ce n'est pas une excuse: avoir tort avec la majorité n'a jamais été une cause d'exonération de sa responsabilité... "

Marcel Achard était d'un tout autre avis : "Il vaut mieux se tromper avec tout le monde que d'être intelligent tout seul."


- Citation : "En tant que juif, il a manqué de la lucidité et de la solidarité nécessaire pour sauver les membres de sa communauté ! "

Le manque de lucidité était une maladie fort répandue à l'époque.
Blum fut victime de son pacifisme et de sa mauvaise appréhension du danger potentiel que représentait l'Etat nazi.
Mais ce n'est pas une raison pour le rendre moralement responsable de la Shoah.
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Message par BRH » Mardi 13 Mars 2007 09:34:54

Baron Percy a écrit :- Citation : "Daladier, c'était clairement la politique de conciliation."

En période de crise, ne faut-il pas tenter de privilégier la diplomatie ?
C'est sans doute dans cette optique que l'on peut expliquer la nomination de Daladier.


Oui, mais comme a dit Reynaud plus tard: "vous croyez que Hitler c'est Guillaume II... Non, Hitler, c'est Gensis-Khan ! C'est là un aspect que vous avez tort de minorer, cher baron... :wink:

- Citation : "Les socialistes n'ont sû ni prévoir, ni éviter l'arrivée de Hitler au pouvoir et se sont révélés incapables de le combattre autrement que par des rodomontades."

Facile, avec le recul dont nous disposons, de stigmatiser un manque de projection dans l'avenir.
Les socialistes du gouvernement Blum sont loin d'être le seuls à avoir souffert de cécité politique à l'époque...


C'est à dire que l'on a du mal à comprendre: d'un côté, les socialistes dénonçaient à juste titre le danger fasciste (mais ils le situaient aussi en France, ce qui était faux), et de l'autre, ils ne se donnaient pas les moyens d'agir pour le contrer concrètement... :cry:

- Citation : "Votre objection n'est donc pas recevable, même si vous préférez un Daladier à un Clémenceau: voyez donc les conséquences, notamment pour les juifs... "

Je n'entends défendre personne en particulier.
J'essaie simplement de me projeter dans le contexte de l'époque et de tenter de comprendre les réactions des uns et des autres.


Sans doute: en histoire les explications sont toujours bonnes, mais cela n'interdit pas de se prononcer sur la responsabilité des acteurs et leurs fautes.

- Citation : "C'est bien ce qu'on lui reproche et la faute qu'il a commise..."

Reprocher à un politicien d'avoir respecté la démocratie, fut-elle partisane, à une époque où certains la mettaient ouvertement en danger me semble pour le moins paradoxal. :roll:


C'est que vous ne faites pas de différence entre la lettre et l'esprit. Au reste, l'affaire est jugée depuis belle lurette et par les acteurs eux-mêmes (en tout cas par Blum, car en effet, Daladier a passé le restant de ses jours à se justifier)...

- Citation : " Ce n'est pas une excuse: avoir tort avec la majorité n'a jamais été une cause d'exonération de sa responsabilité... "

Marcel Achard était d'un tout autre avis : "Il vaut mieux se tromper avec tout le monde que d'être intelligent tout seul."


Nous sortons de l'histoire, pour les jeux de mots... 8)

- Citation : "En tant que juif, il a manqué de la lucidité et de la solidarité nécessaire pour sauver les membres de sa communauté ! "

Le manque de lucidité était une maladie fort répandue à l'époque.
Blum fut victime de son pacifisme et de sa mauvaise appréhension du danger potentiel que représentait l'Etat nazi.
Mais ce n'est pas une raison pour le rendre moralement responsable de la Shoah.


Non, évidemment. Ce n'est qu'une responsabilité par ricochet. Mais souvenez-vous de qu'a dit Churchill: "La deuxième guerre mondiale fut encore plus terrible que la 1ère; pourtant, c'est elle qui aurait été la plus facile à éviter"! A cet égard, on ne peut omettre de souligner l'énorme responsabilité de l'Angleterre et des appeasers qui ont pris le risque de jouer Hitler contre Staline (et parce qu'ils avaient tendance à préférer une Allemagne forte à une France forte) ! :roll:
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

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Message par Baron Percy » Mercredi 14 Mars 2007 00:13:46

- Citation : "Oui, mais comme a dit Reynaud plus tard: "vous croyez que Hitler c'est Guillaume II... Non, Hitler, c'est Gensis-Khan ! C'est là un aspect que vous avez tort de minorer, cher baron... "

A l'époque du Front populaire, Hitler représentait encore un interlocuteur potentiel pour de nombreux gouvernements européens.
Si certains subodoraient déjà les aspects pervers du régime et les risques qu'il faisait courir à la paix mondiale, la plupart préféraient faire les autruches et continuaient à croire aux vertus de la diplomatie.
Le recul aidant, leur naïveté coupable peut effectivement sembler sidérante à nos yeux.


- Citation : "cela n'interdit pas de se prononcer sur la responsabilité des -acteurs et leurs fautes."

Sur ce point, nous sommes pleinement en accord. :wink:


- Citation : "C'est que vous ne faites pas de différence entre la lettre et l'esprit.
- Citation : "Nous sortons de l'histoire, pour les jeux de mots"

Ne faut-il pas avoir de l'esprit pour se livrer aux jeux de mots ?
L'Histoire (petite ou grande) en regorge et certains sont passés à la postérité.


- Citation : "parce qu'ils avaient tendance à préférer une Allemagne forte à une France forte) ! "

Ce fut effectivement une erreur fatale qui faillit avoir raison de nos démocraties.
Le diable lui-même peut se montrer un redoutable séducteur...
"Les erreurs du passé sont les faiblesses de l'avenir"
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Baron Percy
 
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