par boisbouvier » Mercredi 01 Mai 2013 06:38:07
Je propose ce "bilan de la collaboration" :
Il y eut en gros quatre formes de collaboration.
1/ La collaboration double jeu : Vichy (Pétain, Laval et tous les ministres de Vichy qui passèrent tous en jugement à la Libération).
2/ La collaboration idéologique : Paris ( Déat, Doriot, Deloncle, Darnand (?), Brasillach, Rebattet, Cousteau, Bucard, Luchaire...).
3/ La collaboration crapuleuse : Bonny et Lafont et les 32OOO "bonfrançais" dont a parlé Oberg à son procès qui trahissaient la résistance à qui mieux mieux.
4/ La collaboration économique : Louis Renault et toute la France. "Donnons leur du beurre, sinon ils prendront la vache".
Certains, comme Darnand ou de Brinon sont difficiles à classer. Ils appartiennent aux deux premières catégories à la fois, voire dans le cas de Brinon aux trois premières.
Qu'en dire ?
1/ Que la collaboration- double jeu est plus qu'honorable : elle est sainte et martyre. Elle a énormément sauvé et l'effet bouclier fut plus que considérable, il fut tout simplement massif ainsi qu'il ressort des comparaisons qu'on peut faire maintenant avec les autres pays occupés aux circonstances comparables. Les "Terres de sang" de l'est de l'Europe ont perdu 30 % de leurs enfants, la Pologne 20 %, les Balkans (Grèce et Yougoslavie) 10 %, la France 0,3 % seulement.
Ce magnifique résultat est d'autant plus appréciable qu'il fut obtenu sans trahir l'alliance anglaise malgré les agressions répétées de la G-B et des gaullistes. Même Paxton, malgré son parti pris, reconnait qu'il n'y eut pas de collaboration militaire. Or, ce résultat est, lui, d'autant plus remarquable que la France détenait des gages militaires que Hitler convoitait (les bases, la flotte...).
2/ La collaboration idéologique se justifie en rappelant qu'à l'époque, d'une part on ignorait le degré d'ignominie dans laquelle le nazis se vautraient et, de l'autre, on était conscient de la gravité du défi lancé à la civilisation par les bolcheviks. Ce danger paraissait prioritaire à beaucoup et le rempart démocratique-libéral bien mince pour l'empêcher. Benoist-Méchin fut un bon exemple de cette collaboration-là. Lui et d'autres comme Albertini, secrétaire de Déat, Rebattet et Cousteau purent se refaire une virginité en se livrant à la clémence de leurs juges. Cinq ans de prison et on repart d'un bon pied.
3/ La collaboration crapuleuse fut, me semble-t-il, peu nombreuse. Les schumas ukrainiens ou baltes, les Oustachis croates, les croix fléchées hongroises et les fascistes roumains furent autrement nombreux et nocifs, pires que les SS eux-mêmes qu'ils révoltaient parfois. Cette discrétion relative doit beaucoup à Vichy. Les 30 000 miliciens de Darnand auraient fait de bons employés de Bonny et de Lafont.
4/ Louis Renault avait raison. Donnons leur du beurre pour qu'ils ne prennent pas la vache. Car, ne l'oublions jamais, on a mal mangé pendant la guerre, mais au moins on n'est pas mort de faim. En Grèce et en Ukraine, si.