Bruno Roy-Henry, le 5 mai 2002
Historien
17 000 – La Rochelle
Lieutenant-Colonel Chaduc
Conservateur du département 1789-1871
Musée de l’Armée
LETTRE OUVERTE AU
Lieutenant-Colonel CHADUC
Mon Colonel,
[…], j’ai pris connaissance de votre position sur l’histoire des
masques mortuaires de l’Empereur Napoléon 1er.
Vous écrivez :
« Depuis la mort de
Napoléon 1er le 5 mai 1821, il a existé de très
nombreux masques mortuaires dont les plus authentiques sont les masques
dits « héléniens ». Viennent ensuite certains
véritables moulages exécutés plus tard en Europe,
qui sont très rares, enfin une quantité de masques
apocryphes de toute nature. »
Rien n’est moins
certain ! Les masques héléniens (entendre de type
Antommarchi) ne sont pas nécessairement les plus authentiques et
il est loin d’être prouvé
qu’ils ont été moulés à
Sainte-Hélène.
Masque de type Antommarchi
«
L’exécution du masque, ou plus exactement la prise de
l’empreinte, est effectuée le 7 mai par le docteur Burton (…)
assisté du
dr Antommarchi (…) avec un plâtre de mauvaise qualité
provenant de l’île. L’empreinte est prise en trois parties : une
partie centrale dite faciale allant du milieu du front à la
partie inférieure de la bouche, une deuxième partie
englobant le menton, le cou et les faces latérales de la
tête, et enfin une troisième
partie comprenant le haut du front et la partie crânienne
supérieure et antérieure. »
Cette assertion est loin d’être
démontrée : c’est la thèse du baron de Veauce,
complaisamment reprise par vos prédécesseurs. Aucun
élément ne permet d’affirmer que le masque mortuaire de
l’Empereur comportait trois parties : bien au contraire ! Il
résulte du témoignage du Docteur Graves, cousin de Burton
(il eût en mains les papiers du chirurgien anglais et les publia
dans le « London Medical and Surgical Journal » du 18
juillet 1835, source : de Veauce, l’affaire du masque mortuaire de
Napoléon, p.64) que l’empreinte du visage, effectuée le 7
mai à 4 heures du soir, avait les limites suivantes
: « (…) Uniquement le masque, c’est-à-dire cette partie du
moulage qui correspond à la seule figure, à l’exclusion
des oreilles et de la partie supérieure du front et sans
dépasser vers le bas le retour du menton (…) ».
Il en résulte qu’il existait une
autre partie comprenant les parties antérieures et
postérieures du crâne, celle précisément
pour laquelle Antommarchi prêta son concours. C’est
l’évidence ; d’ailleurs procéder au moulage de la
tête d’un défunt en deux parties est conforme à la
technique employée encore de nos jours. En conséquence,
soutenir que le masque de Napoléon comportait trois parties,
c’est non seulement méconnaître les témoignages
historiques, mais c’est encore ignorer les enseignements de cette
technique particulière que constitue le moulage du visage des
défunts !
« Le 8 mai, lorsque Burton veut
entreprendre un premier moulage de l’empreinte, la partie centrale a
disparu. En fait, elle avait été volée par madame
Bertrand (…) en vue de la remettre à Antommarchi. Finalement,
Burton quitte l’île rapidement avec les deux parties restantes
(note : non, cf. supra). Antommarchi, resté à
Sainte-Hélène, entreprend alors
de reconstituer le premier moulage du masque mortuaire de
Napoléon
avec la seule partie faciale. Pour reconstituer les parties manquantes,
Antommarchi utilise les services d’un certain Rubidge, jeune artiste
anglais de passage, qui avait réalisé des croquis de
Napoléon sur son lit de mort. Voilà donc l’origine
probable du masque du type Antommarchi à partir duquel d’autres
moulages sont effectués à Sainte-Hélène
même, avant le retour d’Antommarchi en Europe. »
Docteur Burton Docteur
Antommarchi
Tout ceci est purement conjectural ! Rien
ne permet d’affirmer qu’Antommarchi a réalisé ses essais
à Sainte-Hélène… Ce qui est sûr et
prouvé, c’est qu’il possède l’empreinte faciale de
Napoléon, ou plus exactement le masque facial, cette
épreuve tirée par Burton et qui lui a été
dérobée par la comtesse Bertrand. A ce sujet, le
témoignage de Saint-Denis (dit Ali) est capital :
« Je ne sais
pas pourquoi Antommarchi n’a pas publié la partie
antérieure de la tête ;
il en avait cependant tiré le moule. Ce que je sais, c’est que
le docteur, après avoir tiré le moule de la face, a
détruit celui-ci pour qu’il ne fût plus possible d’en
avoir d’autres épreuves. Cette destruction qui, à bien
dire, fut un acte de vandalisme, est d’autant plus regrettable
qu’après ce moule [l’empreinte] il était resté
des cils des paupières et des poils des sourcils. Antommarchi
a probablement eu ses raisons pour en user ainsi, mais quelles qu’elles
eussent été, elles étaient mauvaises, puisqu’elles
privent la postérité d’un objet d’un prix inestimable.
»
Saint-Denis est un témoin oculaire
des évènements. Certes, il ne dit pas tout ou ne
connaît pas l’entière vérité… De plus, il
doit rester solidaire de ses compagnons d’exil ; il ne peut donc
condamner les agissements d’Antommarchi. Mais sa réprobation
éclate à chaque ligne : « cette destruction fut un
acte de vandalisme (…). Elles privent [note : les mauvaises raisons] la
postérité d’un objet d’un prix inestimable. »
En réalité, on comprend très bien qu’Antommarchi,
sur l’ordre de Madame Bertrand, s’est emparé du masque facial de
l’Empereur pour empêcher son exploitation par Burton. Est-ce
seulement pour de basses raisons financières ? Non, car il
s’agissait d’empêcher la diffusion d’une
image funèbre de l’Empereur jugée trop laide. Revenons
à Ali :
« Il est bien regrettable que l’on n’ait pas songé plus
tôt à prendre le masque,
car, le 7 mai, les chairs étaient déjà devenues
trop molles pour obtenir une empreinte régulière des
traits ».
Reprenons le témoignage de Marchand, six heures après le
décès de l’Empereur : « le docteur [Antommarchi]
replaça la mentonnière que nous avions retirée
pour la toilette funèbre ;
dans cet état L’Empereur avait sa figure de Consul. La bouche
légèrement contractée donnait à sa figure
un air de satisfaction ; il ne paraissait pas avoir plus de
trente ans (…). Le calme de cette figure laissait plutôt croire
au sommeil qu’à la mort. Si dans ce moment on eût pris le
plâtre, il eût été beaucoup mieux que celui
pris deux jours
après… »
Cela ne suffit pas ? Voici ce qu’en dit Bertrand (cf. cahiers de
Sainte-Hélène, janvier-mai 1821, p.196, à la date
du 6 mai) : « A huit heures, on devait faire le plâtre de
la figure de l’Empereur, mais on n’avait pas ce qu’il fallait. La
figure de l’Empereur paraissait
encore plus jeune qu’il n’était : il avait l’air d’avoir environ
quarante ans [nota : plus le temps passe et plus les traits du visage
se décomposent] . A quatre heures du soir [nota : toujours
le 6 mai, mais huit heures plus tard], il avait l’air plus
âgé
qu’il n’était réellement. »
Et maintenant, l’aveu final de Bertrand : « A quatre heures [16
heures, le 7 mai, soit 24 heures plus tard], on a fait le plâtre
de la figure de l’Empereur, qui était TOUT DEFIGURE et exhalait
une très mauvaise odeur (ibid : p.199) ».
Dans ces conditions, comment croire que le
masque Antommarchi –même pour sa partie faciale- soit
conforme à la Vérité ? C’est évidemment
un montage, voire un modelage, une fraude et une imposture ! La
physionomie de ce masque reflète les traits d’un homme qui
ne fait pas plus de quarante ans. Possible le 6 mai, cette fixation des
traits de l’Empereur le 7 mai était donc devenue impossible : au
mieux, l’on obtiendra l’image d’un homme d’une soixantaine
d’années. Il suffit d’écouter et de croire les
témoins oculaires ; point n’est besoin de sortir de Saint-Cyr
pour se rendre à l’évidence !
«
Quatre masques « héléniens » sont connus
:
le masque dit « Burguersh » qui est l’exemplaire
exposé au musée de l’Armée. Ce masque apparut lors
de la succession de madame Rose Weigall, fille de Lord Burguesh. Sous
le socle du masque se trouvait un manuscrit en anglais : « Ce
moulage de la tête de Napoléon [nota : nous venons de démontrer que c’est
totalement
faux] fut pris à
Sainte-Hélène, après son décès par
le docteur Antommarchi, le médecin italien qui lui était
attaché, et expédié par ses soins (par le canal
des autorités anglaises) à Lord Burguersh alors ministre
britannique à Florence pour l’usage du sculpteur Canova.
Celui-ci
le restitua ensuite et Antommarchi l’offrit à Lord Burguersh
».
Quelle valeur historique peut avoir ce récit ? Aucune ! Le baron
de Veauce a tenté par de savantes digressions d’établir
la vérité historique de ce récit. Disons tout de
suite que l’origine en est indifférente : peu importe que
l’auteur soit une duchesse anglaise ou pas ! Déjà, il est
établi que seul le moulage de la seule face est authentique
« éventuellement » ! Surtout, Rose Weigall,
intentionnellement ou pas, a voulu faire croire que notre docteur corse
aurait adressé ce moulage original, authentique, à
Canova, pour permettre à celui-ci de l’immortaliser dans
le marbre ; et ceci, par le canal de Lord Burguersh. Hâtons-nous
de le proclamer : jamais il n’y a eu la moindre preuve de ceci : aucune
trace dans les écritures de Canova, décédé
en 1822 ! Aucun témoignage de ses apprentis ou de ses aides. Et
cerise sur le gâteau, Antommarchi se serait empressé
d’offrir gratuitement cet exemplaire au ministre anglais. Ceci a tout
d’une fantaisie !
« Par la
suite,ce masque fut acheté par le baron de Veauce.Il
présente sur sa surface de nombreux raccords,extérieurs
à la partie faciale. »
Et alors ? Si ces raccords
témoignent d’un assemblage, ce serait scientifiquement à
étudier ! Sont-ils seulement en surface ? Il est permis d’en
douter ! Pour les avoir scrutés (autant que faire ce peut), il
m’est apparu –bien au contraire- que ces raccords sont simplement les
lignes de partage d’un masque qui a été brisé ! En
témoigne la séparation au milieu du visage… Le masque
Burguersh a t’il été passé aux rayons X ? Jamais,
à ma connaissance… (je suis tout près à
reconnaître mon erreur, au cas où…) ! En tout cas, il y a
aussi des raccords qui séparent la partie faciale en deux…
« Il est donc permis de penser
que le bloc de la partie centrale correspond à l’empreinte prise
le 7 mai c’est-à-dire au bloc remis par madame Bertrand. »
C’est là le point faible de la
démonstration : s’il est permis de le penser, il est loisible de
penser tout le contraire ! Mieux,
c’est impératif, car le nez –selon les propres termes du
baron de Veauce- ne correspond pas à celui de l’Empereur
: « le front des portraits est plus haut (…) ; L’ensemble
front-sinciput est plus large et plus volumineux (…). Le nez est plus
droit. Même dans les profils de Pontorni et et de Dutertre, il
présente une courbe régulière et non une bosse.
(…) La bouche dont l’expression est d’une fermeté
réfléchie, est
d’un dessin remarquablement uniforme. La lèvre supérieure
paraît moins courte. »
Voilà ce que le baron de Veauce a écrit sur cette fameuse
partie centrale qui serait la seule authentique ! Disons le tout net :
c’est une farce, car comment la faire coïncider avec les joues
flasques, l’aspect vieillardé des chairs
relevés par les témoins autorisés ?
« Ce bloc englobe l’oreille
gauche et le haut du menton [note : c’est
plutôt le signe d’une brisure accidentelle]. Le masque
Burguersh apparaît comme un composite
de moulage et de modelage
»
C’est ici qu’il convient de marquer un
désaccord total et de dénoncer ce raisonnement : pour
faire « coller » la physionomie du masque Antommarchi avec
celle de Napoléon, Veauce
a inventé cette fumeuse théorie : pourquoi le corse, s’il
avait véritablement « remodelé » les parties
extérieures au bloc central, n’aurait pas pris la peine de les
faire à la ressemblance de Napoléon ? Car, ce front et ce
menton sont bel et bien ceux d’un individu
réel : les bosses sur ce crâne –d’un volume
dissymétrique- de même que pour le menton, sont les
preuves d’une copie
naturelle et non pas artificielle ! Notre conclusion, c’est que
le masque Antommarchi a bien été entièrement
moulé (et en rien modelé) !
Seulement, le reconnaître, c’est
admettre que c’est le masque d’un autre individu que Napoléon !
Le périmètre
crânien annoncé par Antommarchi pour Napoléon
est de 56,20 cm, ce qui correspond exactement aux dimensions de
son masque légèrement extrapolé (puisqu’il manque
la partie arrière de la boîte crânienne) ! Or,
Constant (valet qui fut 14 ans au service de Napoléon et qui
brisait ces chapeaux) est formel : le périmètre
crânien de Napoléon était de 59,65 cm ! Antommarchi
est pris en flagrant délit de mensonge et d’imposture ; mais
rien n’y fait, l’on continue de falsifier la vérité…
«
(…), mais ce travail a-t-il été effectué à
Sainte-Hélène ou à Londres ? Le baron
de Veauce penche pour la version hélènienne, car
deux autres épreuves du même modèle existent mais
sans raccord et sans fêlure, faites avec un plâtre de
meilleur qualité.
Le masque d’Exeter appartenant à la municipalité
d’Exeter. Il aurait été rapporté de
Sainte-Hélène par le docteur Arnott à qui
Antommarchi l’avait donné.
Le masque Sankey en dépôt à la Maison
française de l’Université d’Oxford. Il appartient
à monsieur Sankey descendant du révérend Richard
Boys, aumônier à Sainte-Hélène.
Le masque Boys, dont l’origine est identique au
précédent. »
Hâtons-nous de dire que tous ces masques sont du type «
Burguersh » avec des variantes !
Comment ont-ils pu être « fabriqués »,
c’est ce que nous ignorons. Nous estimons qu’Antommarchi a pu vouloir
se servir de l’empreinte à sa disposition à
Sainte-Hélène pour faire un ou deux « essais
», afin de vérifier qu’il serait possible de s’en servir
pour confectionner le masque officiel de Napoléon ! Nous sommes
persuadés que cette empreinte était celle du visage de
Cipriani, le maître d’hôtel de l’Empereur à
Sainte-Hélène, décédé brusquement le
27 février 1818, dans des circonstances
non-élucidées… Les Anglais, présents au moment du
départ des Français de Sainte-Hélène, ont
compris le pot aux roses : ils ont flairé la bonne affaire. La
preuve, c’est qu’ils ont attendu « l’officialisation » du
masque Antommarchi pour exhiber « leur propre masque » !
Alors, on a vu sortir de l’ombre, les Sankey-mask, Giley-mask et autres
Boys-band ! Tout cela n’est
pas sérieux… Et ce n’est pas fini !
« Il existe également des
surmoulages du masque Burguersh effectués par Antommarchi
à son retour en Europe. »
Oui… A moins que ce soit des surmoulages
de l’archétype dont Antommarchi a pris la copie en cire pour la
confier à son ami suisse, le fameux Noverraz (autre valet
servant à Sainte-Hélène). Ce masque en cire qui
comporte des poils de barbe et de sourcils ; ces poils –après
analyse- s’avèrent ne pas être ceux de Napoléon
(aucune trace d’arsenic). Mais, poursuivons la lecture du roman
officiel… :
masque Noverraz
« C’est le cas du masque «
Bertrand » appartenant au prince Napoléon, probablement
réalisé en 1821 et
du masque exposé à la Malmaison, qui lui daterait
plutôt de 1822 [note : allez savoir !]. Pour terminer sur les
masques de provenance hélénienne, il faut mentionner les
masques Gilley qui seraient des essais d’Antommarchi antérieurs
au type classique. Ces masques du type « Antommarchi »
furent rapidement contestés entre autres à cause de leur
manque de ressemblance avec l’effigie de l’Empereur à la fin de
sa vie [c’est nous qui soulignons]. Dès lors, d’autres masques
apparurent, parmi les principaux faux masques, il y a lieu de retenir
les types suivants… »
Ah bon ! Parce que les autres, ceux dont
on vient de parler, seraient les vrais masques ? Nous venons de voir
qu’il n’en est rien, que le masque Burguersh, soit –disant
réalisation de l’archétype du masque « Antommarchi
», est un masque d’un autre individu que Napoléon, qu’il
ne peut pas en être autrement ! Examinons-les, cependant, comme
le propose le colonel Chaduc, car il pourrait bien se trouver parmi eux
le véritable masque mortuaire de l’Empereur !
« le masque du type Arnott : On
connaît trois exemplaires du type
Arnott, il aurait été fait à partir d’une
empreinte en cire prise clandestinement (à l’insu des membres
de la suite de Napoléon) par le docteur Arnott dans la nuit
du 5 au 6 mai. Il ne ressemble en rien au type Antommarchi. »
masque de type Arnott
Et pour cause ! Car il est beaucoup plus
ressemblant que l’Antommarchi ; photographié par Badié en
1861 aux Tuileries.
Napoléon III le tenait pour un masque authentique –comme
son oncle Jérôme- preuve que les Bonaparte se
défiaient du masque « officiel » ! Personnellement,
je pense que
c’est un « vrai-faux » : Arnott, sachant l’imposture
commise par Antommarchi, a décidé d’en profiter
; il aurait soudoyé le jeune comte Léon (enfant naturel
de Napoléon) pour mouler son visage et le faire passer
pour celui de son père. Pour l’instant, ceci reste une
hypothèse : ce qui est avéré, c’est la
présence de Léon en Allemagne en 1827, date à
laquelle apparaît le masque
Arnott…
le masque du comte Pasolini : il
proviendrait d’un surmoulage réalisé clandestinement
à Sainte-Hélène par des fidèles serviteurs
de l’empereur. »
Sans intérêt :
fabriqué à partir de papier mâché
trempé dans du lait ; si cela était vrai, le
résultat n’en demeure pas moins nul !
° « le masque du Royal United
Service Museum de Londres provient d’un imposteur qui se faisait
appeler « prince » Louis
Charles de Bourbon. Ce masque est de provenance totalement inconnue,
il présente un personnage joufflu et édenté
ressemblant en rien à Napoléon en 1821. »
copie du masque Burton,
déposé au Royal United Service Institute
(Rusi), de 1947 à 1973.
Napoléon par
Girodet
Alors là, c’est le summum de
la désinformation et de la mauvaise foi ! Ce masque a
été vendu par Charles Alder en 1939 à l'Angleterre
après qu'il eût été déposé,
les années précédentes, au Royal United Service
Museum à Londres, suite à un prêt à long
terme. Quand cette institution s'est transformée en Royal United
Service Institution, le masque a disparu, aux environs de 1972. Charles
Alder le tenait de William Reeves, un marchand d'objet d'arts
excentrique. Ce dernier assurait avoir acquis le fameux masque «
par échange ou achat de feu Victor Masséna, prince
d’Essling » ! Le sieur Alder a témoigné avoir eu en
mains les documents signés du prince Masséna et
authentifiant ladite relique. En tout cas, sa provenance est loin
d’être totalement inconnue, même si elle est discutable…
- Le Masque de Londres la machoire
replacée, - Profil de Plon-Plon, - Profil de Napoléon 1er
à Sainte-Hélène.
Photos de Patrick W. Sheehan - Le masque Corso
(du nom de son propriétaire qui l'avait acquis en 1986 à
Londres).
Ce masque fut vendu à New-York le 2 décembre 2004 pour 11
000 $. Il s'agit selon toute vraisemblance du même masque que le
Rusi, sans doute détourné par un conservateur en 1973 et
revendu discrètement en 1986.
Comme est très discutable –pour ne
pas dire plus- l’opinion des Conservateurs aux Invalides qui se
succèdent à ce poste, assurant ne voir aucune
ressemblance entre la physionomie de ce « death mask of Napoleon
» et l’Empereur, alors même que cette ressemblance est
indubitable, notamment avec les photographies de
Jérôme (frère de Napoléon) et de son
fils, surnommé « Plon-Plon » ( neveu de
Napoléon). En témoigne toute l’enquête
réalisée en
coopération avec Albert Martin, webmestre du site
napoleon1er.com,
qui établit notamment par les techniques du morphing la
cohérence
de ce masque avec le « lebendmaske » ,
propriété
du Rolletmuseum à Baden, en Autriche. L’informatique est
impitoyable
pour la thèse encore défendue aujourd’hui par le
Lt-colonel Chaduc. C’est sans doute pourquoi mon courrier
établissant ces faits auprès du général
Devaux, directeur du
Musée de l’Armée, est resté sans réponse
à ce jour ! Voyons donc ce que l’on pense du « lebendmaske
» :
° « Le masque du musée
de Baden prétendument offert par Antommarchi à
l’ex-impératrice Marie-Louise,
remariée au comte Neipperg, aurait servi de jouet à
leurs enfants. Il est ensuite intercepté par le docteur Rollet
puis déposé par son fils au musée de
Baden. Ce plâtre n’évoque en rien un mort et semble
plutôt avoir été moulé sur un sujet en
pleine santé d’une quarantaine d’années. »
Le
masque du musée de Baden
En effet ! Mais ce n’est pas aux enfants
de Neipperg et de Marie-Louise que
ce masque servait de jouet. C’est aux enfants de leur intendant,
le baron de Werklein, qui avait comme consigne de le soustraire
à la curiosité de l’Aiglon, l’infortuné
Napoléon II. Comme Albert Martin, nous pensons que ce masque a
pu être réalisé du vivant de Napoléon,
probablement lors de son exil elbois… Je dois admettre qu’au
départ je ne voyais guère de ressemblance avec
l’Empereur. La superposition informatique du death mask et du
Lebendmaske m’a ouvert les yeux : même structure osseuse,
même forme des yeux, même emplacement de la mâchoire
(sauf de profil, où c’est un peu moins vrai). Tous ces
résultats ont été communiqués aux
autorités ; sans que jamais elles n’y donnent aucune suite ! La
volonté de faire l’impasse sur cette enquête est
manifeste…
« A l’étude des différents masques, le masque de
type Antommarchi apparaît bien comme le plus authentique
même s’il présente quelques anomalies [c’est un euphémisme !] . On lui reproche son manque de ressemblance, mais il
ne faut pas oublier que tous les témoignages des assistants
s’accordent à dire que l’empereur était comme rajeuni
dans la mort [note :
immédiatement, après le décès ; et encore 6
heures après la mort (30 ans) ; et le matin du 6 mai, à 8
heures (quarante ans) ; le soir à 4 heures (plus que
son âge : 52 ans) : le lendemain 7 mai à 4 heures du soir
–lors de la prise du masque- certainement plus de 60 ans : c’est
exactement la physionomie du death mask !] . D’ailleurs, dans un premier temps Antommarchi se
refusa à prendre l’empreinte de Napoléon le jugeant trop
peu ressemblant [ Cet argument est
grotesque ; il était certainement plus ressemblant 12 heures
après la mort que 48 heures plus tard ! Et c’est parce
qu’Antommarchi n’avait pas de plâtre qu’il a renoncé
à
tenter un moulage le 6 mai…] . Ce
n’est qu’une fois que Burton se décida qu’il l’assista de peur
d’être
écarté du projet
[le Lt-colonel Chaduc reconnaît donc
bien que c’est Burton et non pas Antommarchi qui est l’auteur de la
partie faciale] . D’autre part, il ne
faut pas oublier que
le masque réalisé par Antommarchi n’est le
résultat d’un moulage que pour la partie centrale, le reste est
issu d’un modelage. »
Que de contradictions dans cette
conclusion, et que de contre-vérités ! Nous pensons avoir
fait justice de cette thèse saugrenue du « bloc central
», invention pure et simple du baron de Veauce qui en mettait
lui-même en doute la plausibilité… Une enquête
confiée à un organisme scientifique et certifié
conduirait immanquablement à reconnaître la fraude et la
supercherie ! Quelle est la raison qui empêche la proclamation de
cette vérité ? A vrai dire, c’est l’existence d’une autre
fraude, d’une autre supercherie, dont celle-ci n’est que la partie
émergée de l’iceberg : la non-présence des Cendres
de Napoléon dans le cercueil de porphyre rouge sous le
dôme des Invalides !
Dans ces conditions, Mon Colonel, je vous prie instamment de mettre fin
aux errements du passé et de
diligenter auprès des organismes compétents (CNRS
ou autre), l’enquête scientifique qui s’impose. Et vous
prie de croire en l’assurance de mon très respectueux
dévouement .
_______________________________________________
"contrairement à Antoine de Caunes,
BRH croit que Saliceti était le père
naturel de Cipriani (p.192 de son livre).
Encore un indice de plus...
Saliceti et Cipriani: père
et fils ?

Juxtaposition de la caricature et du masque d'Antommarchi

Portrait de Napoléon et quatre de sa suite
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