Avec plaisir, cher Bruno.
Pour illustrer ce que j'écrivais plus haut, j'aimerais vous parler de cette soirée privée, donnée en l'honneur des deux Empereurs, sur le site du symbolique château de Compiègne, voilà bientôt 10 ans, puisque c'était en Septembre 2006 ...
Le projet consistait à évoquer deux moments forts de la vie du château, moments appartenant à la fois à l'Histoire et à la légende : le Premier Empire avec Napoléon 1er et le Second Empire avec Napoléon III.
Pour concrétiser cela, un feu d'artifice hors du commun fut élaboré : il s'agissait en effet de mettre en scène pyrotechnique, au moyen du feu et d'une bande son, des instants "forts" de ces deux pages de notre Histoire, le tout alternant avec des scènes bucoliques comme la visualisation du parc du château, ou une gigue du Second Empire.
Les couleurs dominantes de ce feu ne vous étonneront guère : il s'agissait bien sûr d'or, de rouge et de vert ...
La toute première séquence du feu d'artifice faisait revivre cet instant émouvant du "Salut de la Garde Impériale" ...Etes-vous bien installés ? ... Retenez votre souffle, l'Empereur n'est pas très loin ...
Dans la pénombre de ce site majestueux, le battement des tambours et les appels des trompettes annonçaient l'arrivée de l'Empereur ... L'Histoire se mît en marche ...Le feu d'artifice, éblouissant et fulgurant, s'élança sur ses traces ...
Les morceaux choisis furent sélectionnés parmi ceux de la Garde Consulaire, et la pyrotechnie, fabuleuse et inventive, s'occupait de simuler feux de bivouacs et lueurs annonciateurs de la bataille !...
Dans le seconde séquence du spectacle, vous allez voir briller le Soleil d'Austerlitz !...Napoléon lance les armées impériales à l'assaut du plateau du Pratzen ...Et la formidable bataille s'engage sur des morceaux pathétiques de Beethoven ...
En même temps, la pyrotechnie fait tonner les pièces d'artillerie, l'on entend le roulement des milliers de fusils émettant leurs charges détonantes pendant que s'élève dans les cieux la clameur de dizaines de milliers d'hommes, poussée crescendo jusqu'à ce que la bataille soit gagnée par Napoléon !...
Dans la troisième séquence, nous assistons au couronnement de Napoléon 1er Empereur, dans toute sa gloire, et entouré de toute la pompe impériale qu'il se doit : Paisiello et Berlioz réussissent à merveille dans cet exercice de taille !...
Quant à la pyrotechnie, elle ne se laisse pas impressionner, arborant de gigantesques perspectives de lumières, dessinant les arcs de l'imposante Cathédrale de Paris ... pour la pompe et le cérémonial du moment ... Rien n'est laissé au hasard ! ...
Une quatrième séquence, moins "brillante", mais non moins intense, fut réservée à l'épisode de La Bérézina ...L'éclat si vif du Soleil impérial, peu à peu s'atténue, et l'astre vient se coucher dans les brumes glacées des steppes de Russie, au son du canon, des batailles et des morts ... Tchaikovsky orchestre ce moment bouleversant, pendant que la pyrotechnie, ingénieuse, mixe un impressionnant mélange de la bataille avec le bruit du canon, tout ceci rehaussé d'un immense rougeoiment, annonciateur de la défaite dans un véritable magma d'hommes et de souffrance !...
Une cinquième séquence nous emmène dans l'avenue des beaux- Monts, ouverte par Napoléon 1er en 1810, avec la promenade nostaligque d'un ancien grognard : nous sommes en 1830 ...
Schubert l'accompagne sur un rythme léger, et la pyrotechnie trace le chemin de l'avenue vers l'infini ...
Les jeux du feu semblent soudain se calmer ...
L'Histoire souffle un peu ....
... Pour se réanimer bientôt sous le Second Empire où la fantaisie espagnole de l'Impératrice Eugénie tient pour un instant le devant de la scène ...
Voici alors que retentissent à nouveau le bruit des voitures et des trompes de chasse de la musique du Second Empire !
C'est l'arrivée d'Eugénie et de Napoléon III dans leur impériale demeure, sous les notes entraînantes de Chabrier ...
La pyrotechnie s'éclate dans un grand mélange de couleurs et de batailles, simulant un désordre apparent qui rappelle les courses dans les allées du château.
Sixième séquence, intitulée "la folie d'Offenbach", symbolise une époque, un art de vivre dans lequel tourbillonnaient les fêtes et les divertissements sans fin !
Offenbach rythme ce tempo fracassant sur ce petit entr'acte toujours aussi coloré !...
Une huitième séquence avant la clôture nous rappelle Sedan, et cette terrible année que fut 1870, sur une musique choisie de Mozart ...
La pyrotechnie s'emballe à nouveau, faisant jaillir de lourdes pulsations toutes colorées de rouge sang :
C'est le retour de la bataille, ponctuée de défaites successives et imparables !...
Enfin, le bouquet impérial surgitdes ténèbres, tonitruant et hautement coloré, pour marquer la fin de ce prodigieux spectacle , en même temps que les gloires impériales et impérissables de Compiègne, ressuscitées par la magie de l'artifice, (et quel artifice !), pour une soirée devenue inoubliable !
Les musiques de Berlioz et "Abel Gance" caressant les fleurs de ce bouquet final à la française !
