L'Énigme des Invalides

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 Sujet du message : L'EMPIRE SOUS LE FEU D'ARTIFICE
Message Publié : 16 Juin 2010 12:00 
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C'est en 1612 qu'eût lieu le premier vrai grand feu d'artifice, en l'honneur du mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche.
Par la suite, et au cours du XVIIème siècle, il fut fait usage d'explosifs déflagrants, créant à la fois le son et la lumière, et ce, suivant un procédé dérivé de la fameuse poudre noire.
Très en vogue au XVIIIème siècle, les feux d'artifice furent néanmois considérés comme étant trop coûteux, et susceptibles par là-même, de ne concerner qu'une population aisée de privilégiés.

Il fallut donc attendre le 1er Empire pour voir la France renouer avec cette tradition festive et monarchique.
Au printemps 1810, l'illustrateur Louis-Pierre Baltard (1764-1846) réalisa un album de 18 planches retraçant les cérémonies et les fêtes organisées pour célébrer le mariage de l'empereur Napoléon Ier avec Marie-Louise.

L'une des planches représenteit le grand feu d'artifice donné pour l'Empereur, de l'Hôtel de Ville de Paris, le 10 juin 1810. Pour admirer le spectacle, le couple impérial et leur cour avaient pris place dans la galerie installée pour l'occasion sur la place de l'Hôtel de Ville, les feux étant tirés de l'autre rive de la Seine.

Un magnifique spectacle que Le Moniteur relata en ces termes :

« Ce feu était divisé en trois parties […] La première scène était l'attaque de deux forts sur lesquels marchaient des tirailleurs qui lançaient des étoiles brillantes au bruit d'une musique guerrière, des trompettes et des tambours. Les forts lançaient des bombes et des boulets qui, en retombant dans la rivière, se changeaient en feux, d'où s'élançaient de nouvelles pièces d'artifice que les eaux multipliaient à l'infini […]. Pendant ce temps, le vaisseau, symbole de la ville de Paris, qui avait été tenu caché, descendait complètement illuminé, et venait se placer au milieu de deux colonnes d'un très bel effet : une guirlande magnifique élancée derrière ce tableau l'a dignement couronné. […] [Pour finir] on a vu partir la grande guirlande, dont l'immensité et l'éclat surpassant tout ce qu'on a pu voir encore en ce genre, a laissé voir, en disparaissant, tout l'ensemble de la décoration illuminé pour le reste de la nuit en verres de couleur. » [Le Moniteur du 15 juin 1810]

Incontestablement, pour l'Empereur, le spectacle se devait d'être éblouissant et à nul autre pareil.

A noter que, pour l'époque, ce genre de divertissement, rythmant aujourd'hui tous nos 14 Juillet, étaient d'une remarquable beauté et d'une époustouflante ingénuosité !



:salut:


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Message Publié : 28 Juin 2010 10:22 
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Merci, chère Rose, pour cette relation. Encore un peu plus ?

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"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


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Message Publié : 28 Juin 2010 13:57 
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Avec plaisir, cher Bruno. :4:

Pour illustrer ce que j'écrivais plus haut, j'aimerais vous parler de cette soirée privée, donnée en l'honneur des deux Empereurs, sur le site du symbolique château de Compiègne, voilà bientôt 10 ans, puisque c'était en Septembre 2006 ...

Le projet consistait à évoquer deux moments forts de la vie du château, moments appartenant à la fois à l'Histoire et à la légende : le Premier Empire avec Napoléon 1er et le Second Empire avec Napoléon III.

Pour concrétiser cela, un feu d'artifice hors du commun fut élaboré : il s'agissait en effet de mettre en scène pyrotechnique, au moyen du feu et d'une bande son, des instants "forts" de ces deux pages de notre Histoire, le tout alternant avec des scènes bucoliques comme la visualisation du parc du château, ou une gigue du Second Empire.

Les couleurs dominantes de ce feu ne vous étonneront guère : il s'agissait bien sûr d'or, de rouge et de vert ...

La toute première séquence du feu d'artifice faisait revivre cet instant émouvant du "Salut de la Garde Impériale" ...

Etes-vous bien installés ? ... Retenez votre souffle, l'Empereur n'est pas très loin ... :4:
Dans la pénombre de ce site majestueux, le battement des tambours et les appels des trompettes annonçaient l'arrivée de l'Empereur ... L'Histoire se mît en marche ...Le feu d'artifice, éblouissant et fulgurant, s'élança sur ses traces ...
Les morceaux choisis furent sélectionnés parmi ceux de la Garde Consulaire, et la pyrotechnie, fabuleuse et inventive, s'occupait de simuler feux de bivouacs et lueurs annonciateurs de la bataille !...

Dans le seconde séquence du spectacle, vous allez voir briller le Soleil d'Austerlitz !...

Napoléon lance les armées impériales à l'assaut du plateau du Pratzen ...Et la formidable bataille s'engage sur des morceaux pathétiques de Beethoven ...
En même temps, la pyrotechnie fait tonner les pièces d'artillerie, l'on entend le roulement des milliers de fusils émettant leurs charges détonantes pendant que s'élève dans les cieux la clameur de dizaines de milliers d'hommes, poussée crescendo jusqu'à ce que la bataille soit gagnée par Napoléon !...

Dans la troisième séquence, nous assistons au couronnement de Napoléon 1er Empereur, dans toute sa gloire, et entouré de toute la pompe impériale qu'il se doit : Paisiello et Berlioz réussissent à merveille dans cet exercice de taille !...
Quant à la pyrotechnie, elle ne se laisse pas impressionner, arborant de gigantesques perspectives de lumières, dessinant les arcs de l'imposante Cathédrale de Paris ... pour la pompe et le cérémonial du moment ... Rien n'est laissé au hasard ! ...

Une quatrième séquence, moins "brillante", mais non moins intense, fut réservée à l'épisode de La Bérézina ...

L'éclat si vif du Soleil impérial, peu à peu s'atténue, et l'astre vient se coucher dans les brumes glacées des steppes de Russie, au son du canon, des batailles et des morts ... Tchaikovsky orchestre ce moment bouleversant, pendant que la pyrotechnie, ingénieuse, mixe un impressionnant mélange de la bataille avec le bruit du canon, tout ceci rehaussé d'un immense rougeoiment, annonciateur de la défaite dans un véritable magma d'hommes et de souffrance !...

Une cinquième séquence nous emmène dans l'avenue des beaux- Monts, ouverte par Napoléon 1er en 1810, avec la promenade nostaligque d'un ancien grognard : nous sommes en 1830 ...
Schubert l'accompagne sur un rythme léger, et la pyrotechnie trace le chemin de l'avenue vers l'infini ...
Les jeux du feu semblent soudain se calmer ...
L'Histoire souffle un peu ....

... Pour se réanimer bientôt sous le Second Empire où la fantaisie espagnole de l'Impératrice Eugénie tient pour un instant le devant de la scène ...
Voici alors que retentissent à nouveau le bruit des voitures et des trompes de chasse de la musique du Second Empire !
C'est l'arrivée d'Eugénie et de Napoléon III dans leur impériale demeure, sous les notes entraînantes de Chabrier ...
La pyrotechnie s'éclate dans un grand mélange de couleurs et de batailles, simulant un désordre apparent qui rappelle les courses dans les allées du château.

Sixième séquence, intitulée "la folie d'Offenbach", symbolise une époque, un art de vivre dans lequel tourbillonnaient les fêtes et les divertissements sans fin !
Offenbach rythme ce tempo fracassant sur ce petit entr'acte toujours aussi coloré !...

Une huitième séquence avant la clôture nous rappelle Sedan, et cette terrible année que fut 1870, sur une musique choisie de Mozart ...
La pyrotechnie s'emballe à nouveau, faisant jaillir de lourdes pulsations toutes colorées de rouge sang :
C'est le retour de la bataille, ponctuée de défaites successives et imparables !...

Enfin, le bouquet impérial surgitdes ténèbres, tonitruant et hautement coloré, pour marquer la fin de ce prodigieux spectacle , en même temps que les gloires impériales et impérissables de Compiègne, ressuscitées par la magie de l'artifice, (et quel artifice !), pour une soirée devenue inoubliable !
Les musiques de Berlioz et "Abel Gance" caressant les fleurs de ce bouquet final à la française ! :2: :4:


:VE2: :AI: :VE2:



:salut:


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Message Publié : 01 Juil 2010 13:41 
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Très honnêtement, quel style remarquable chère Rose qui fait regretter nos absences à ce spectacle lequel, je le suppose, n'a fait l'objet d'aucune diffusion...
Pour Mozart et Sedan, je suppose que vous eûtes droit au Requiem ?

Une question me vient à l'esprit qui n'a que peu de rapport avec ce remarquable descriptif ; Christian Estrosi, maire de Nice, vient de commettre un ouvrage sur Napoléon III... Connaissant l'individu, et avant de tenter l'aventure périlleuse du lecteur assoifé de connaissances nouvelles et de bonnes surprises littéraires, je souhaiterais savoir si quelqu'un, parmi notre noble assistance, aurait déjà lu cet ouvrage ?


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Message Publié : 01 Juil 2010 17:26 
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Du peu que je connaisse de cet individu, je peux déjà vous dire qu'il a été rédigé par un nègre... Peut-être le même qui a prêté la main à Villepin ? :diablotin:

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Message Publié : 02 Juil 2010 10:58 
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Connaissant l'individu, et avant de tenter l'aventure périlleuse du lecteur assoifé de connaissances nouvelles et de bonnes surprises littéraires, je souhaiterais savoir si quelqu'un, parmi notre noble assistance, aurait déjà lu cet ouvrage ? (Bruno) ...

Chercheriez-vous un "cobaye" cher Bruno ? :3:

Trêve de plaisanterie, je n'ai pas lu cet ouvrage ; en revanche j'ai parcouru les réactions diverses, parfois très houleuses et sarcastiques, de certains républicains de Nice ...



:salut:


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Message Publié : 02 Juil 2010 16:35 
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Inscription : 14 Déc 2002 16:30
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Vous avez cité Ti'Breton, chère Rose, même si nos positions ne sont pas éloignées... :4:

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Message Publié : 05 Juil 2010 15:34 
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:rougi: :rougi:

Je suis troublée ... le feu d'artifice certainement ... :rougi:

Quoiqu'il en soit, toutes mes excuses, cher Bruno, et merci à vous, cher ti'Breton pour ce commentaire si flatteur... :4:

Et pour répondre à votre interrogation que j'ai zappée (décidément !), le Requiem de Mozart accompagnait bien l'évocation de Sedan ...

Je vous souhaite une agréable fin de journée.



:salut:


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