Tenter d'apercevoir la Terreur des années 1793-1794 dans la seule Histoire interne de la France, cela reviendrait à considérer une partie d'échecs en n'envisageant que le mouvement des pièces blanches.
En effet, la guerre, les affrontements civils et la Terreur sont le plus souvent liés fatalement ...
Le régime jacobin ne s'opposait pas à moins de six Etats, qui étaient la Grande-Bretagne, la Prusse, l'Espagne, la Hollande et le Royaume de Piémont-Sardaigne, tout en même temps que de nombreux adversaires de l'intérieur, dans l'Ouest et le Sud de la France.
Et contre tous ces ennemis, il alignait quatorze armées, parfois victorieuses, parfois vaincues, mais la situation demeurait périlleuse et engendrait l'anxiété du Pays.
Aussi, tout naturellement, la guerre, plus que toute autre chose, était devenu la préoccupation première des pensées du Général Bonaparte.
Un journaliste jacobin disait que la République avait
nationalisé la guerre.
La politique étrangère y était mené en totale opposition avec la tradition diplomatique, avec des débats parlementaires publics sur les problèmes extérieurs ; par ailleurs, des correspondances diplomatiques, en principe "secrètes" , étaient publiées.
La France organisait des élections et tentait d'instaurer la démocratie dans les territoires qu'elle souhaitait conquérir.
Ainsi, l'élément idéologique, loin d'avoir disparu pour laisser place à l'esprit de conquête, était bien le facteur qui amena la République Française à accepter des compromis avec d'autres Etats, de manière significative.
Et c'est cette attitude qui vint ajouter aux relations européennes, une notion de méfiance, de haine et de rancune, qu'il ne faut pas perdre de vue si l'on veut bien comprendre la nature des guerres, ainsi que le rôle des généraux, entre 1792 et 1815 ...
Néanmoins, il est vrai que la première Coalition ne se forma pas seulement par suite du sentiment de révolte de ses membres, due à la Révolution, ou effrayés par son côté subversif.
Avec le temps, ce qui poussa la France vers le désir d'expansion territoriale fut bel et bien ce bon vieil appétit de conquête, les considérations de stratégie militaire , ainsi que la simple nécessité économique, et là, surtout depuis l'arrivée sur scène du Général Bonaparte : il fallait, en effet, que la guerre paie, mais pas seulement dans l'objectif de se financer elle-même, mais aussi pour maintenir le régime en place, et remplir des coffres que l'inflation et la crise économique avaient vidés ...
Maints régimes français s'étaient persuadés que la sécurité nationale du pays ne serait assurée que par l'occupation d'une partie de l'Allemagne jusqu'à la rive gauche du Rhin.
En résumé, la France voulait déjà l'hégémonie de l'Europe occidentale.
L'Angleterre, quant à elle souhaitait "une France faible", en plus du contrôle des mers ...
Et ce fut, globalement, la cause fondamentale de l'affrontement prolongé de ces deux pays.
La guerre, du côté français, avait en outre déjà trouvé une logique et une dynamique qui lui étaient bien propres.
Avec les armées immenses de citoyens réunies grâce à "la levée en masse", la guerre offrait à ces centaines de milliers d'hommes, l'occasion de suivre leur élan révolutionnaire, alors que l'ère des conflits armés internes étaient passés.
Ces immenses armées remportèrent des victoires pour la Révolution, tout en incitant plus encore la République à s'orienter sur l'option militaire.
Pour conclure, je dirai que la France des années 1792-1815 fut un pays, où, bien plus qu'à n'importe quelle autre période de son Histoire, les élites économiques, politiques et militaires aspirèrent à la guerre.
Bonne nuit !
