Devant une admiration aussi fervente, le premier instinct commande de s'incliner.
Votre enthousiasme, Cher Lourmarin, laisse transpirer une sincèrité louable et respectable.
Ceci dit, le brillant cavalier que fut Murat ne peut effacer l'horrible tache noire de sa trahison, car trahison, il y eût...
Comment, en effet, définir le comportement de ce proche lieutenant de Napoléon, qui donne son accord à l'Autriche pour combattre contre les siens ??
Hissé aux somments les plus élevés de la gloire, il en dégringolera tout aussi rapidement dans l'esprit de ceux qui l'ont admiré, à juste titre, jusqu'en 1812 ...
La défense de sa Patrie, la reconnaissance qu'il eût dû observer vis-à-vis de son Chef suprême, tout partait en fumée dans l'objectif de son seul intérêt personnel !
A l'époque où l'Honneur, la Patrie, le Drapeau et la bravoure sont de mise, je trouve totalement immoral de se comporter comme un Murat après 1812 ...
Car il ne suffit pas toujours d'être "sabreur" pour enfoncer hardiment les lignes ennemies, et poursuivre l'adversaire en fuite pour l'écraser, ou arriver le premier à Vienne pour y récolter tous les honneurs, et une grande popularité pour ses charges héroïques ...
Il faut aussi que ce tempérament fougueux ne nuise pas à l'entourage ; or, chacun sait que Murat n'avait que peu de considérations pour les troupes qu'il commandait ...
Par ailleurs, s'il possédait ce courage qui fît de lui un infatigable cavalier, il lui manquait sûrement cette réflexion qui amène à considérer les conséquences de mouvements aussi impétueux ...
Quant à l'enchantement produit par un cavalier, quant à ces charges formidables qui ne cessent de nous porter admiratifs, je préfère, et de loin, le calme d'un Bessières, excellent Officier de cavalerie, capable d'exécuter les ordres reçus avec intelligence, tout en sachant faire preuve d'audace sur un champ de bataille ...
Austerlitz ...Iéna ... Eylau ... Friedland ...
Ce Fidèle parmi les Fidèles n'a pas manqué de se distinguer par des charges toutes aussi héroïques, notamment à Eylau ...
Napoléon disait, à son propos :
"-Si j'avais eu Bessières à Waterloo, ma Garde aurait décidé de la victoire".
