L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 14 Avr 2008 0:45 
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Bonsoir à vous, mes chers amis.

Me voilà de retour pour passer à nouveau quelques moments, passionnants et passionnés, autour d'une page de la vie de notre Empereur.

Merci d'être là, merci de prendre le temps de lire et celui de commenter pour animer ce fil ; enfin, merci pour votre courtoisie, si rare de nos jours, et si peu constante lorsqu'à certains endroits l'on fait mine de se l'approprier, qu'elle n'en paraît que lus précieuse encore sur ce Forum ...

Telle une délicate rose, je la respire, je m'imprègne de son subtil parfum, et aussitôt je sens naître en moi une sérénité incomparable ! :aime:

Si je me suis permis cette petite parenthèse, c'est que, voyez-vous, durant ces quelques jours d'absence, ces lieux m'ont véritablement manqués, et c'est bien la toute première fois que je vis cela ... grâce à vous. :2:

Mon cher Duc, concernant votre rapide description du personnage "Ney", je vous rejoins totalement.
Et c'est certainement dans cette incapacité de juger des évènements avec un certain bon sens, que nous pouvons lui trouver quelque excuse dans l'évolution de son comportement vis-à-vis de l'Empereur ...

L'appui théorique des libéraux fortifia le gros Louis, en ralliant toute la bourgeoisie.
Le roi et ses ministres craignaient l'effet que pouvaient produire l'indiscipline et la violence des chouans sur l'opinion, et même la simple réorganisation d'une armée catholique et royale ...

Les avances du roi au parti constitutionnel ne firent qu'irriter les royalistes qui s'indignaient et déblatéraient contre le roi lui-même, clamant qu'ils voulaient pendre tout le monde !

Bref, l'abattement alternait avec l'exaltation.

A compter du 10 Mars, beaucoup de royalistes étaient partis, et les berlines et chaises de poste, sur la route de Rouen, dans leur défilé, faisait penser à une émigration...

Benjamin Constant disait que les royalistes affichaient un réel découragement, tout en proclamant l'épouvante, ajoutant que tout était perdu parce qu'on n'avait pas suivi leurs conseils ...

Leurs conseils, quels étaient-ils donc ?

Hé bien, c'était d'organiser la chouannerie à travers toute la France ; mais c'était également d'aller combattre Bonaparte et les Bonapartistes, avec les armes de Bonaparte et des Jacobins : la dictature, la Terreur, la Cour martiale, les arrestations en masse, la suspension de la liberté individuelle.

L'avis des royalistes, le gros Louis l'avait suivi un bref instant, dans la nomination de Clarke et de Bourrienne à la Guerre et à la Police.
Mais il s'était arrêté là ... Et il était maintenant accusé de détenir les instruments, sans s'en servir ...

Mais à la place d'un Bourrienne, l'on eût préféré un Fouché, sur qui l'attention des royalistes s'était fixée avec d'autant plus de raison que celui-ci s'efforçait de détourner les soupçons en flattant le roi partout et en tous lieux, avec la prétention de dire qu'il réussirait s'il était appellé au ministère !..

C'est ainsi que, dans la soirée du 15 Mars, Fouché fut amené près du comte d'Artois, pour un entretien qui dura de dix heures à minuit ...
Entretien durant lequel semble-t-il, Fouché reçut, de la part du roi, le ministère de la Police, qu'il refusa sans aucune hésitation ...

N'étant pas l'homme des situations compromises, et jugeant que la cause du gros louis était perdue pour le moment, il tenta de faire comprendre sa pensée au prince, en le quittant sur ces mots :

-"Monseigneur, sauvez le roi ; je me charge de sauver la monarchie" ...

Mais le comte d'Artois ne fut pas convaincu de la sincérité de Fouché sur sa promesse, en devenant ministre de Napoléon ...
Le duc d'Otrante était en effet soupçonné d'être à la fois complice de Drouet d'Erlon et de Lefebvre- Desnoëtte ...

Or, en refusant ce ministère qu'on lui avait peut-être offert pour le confondre, il venait de renforcer ces soupçons !

Aussi, dans la nuit même, Bourrienne reçut l'ordre de faire arrêter Fouché, mais aussi Davout, Rovigo, Réal, Bassano, Lavallette, Flahaut, Exelmans, ainsi que quelques dix-sept autres "suspects de bonapartisme militant" ...




:salut:


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Message Publié : 14 Avr 2008 2:32 
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:salut: "Hé bien, c'était d'organiser la chouannerie à travers toute la France ; mais c'était également d'aller combattre Bonaparte et les Bonapartistes, avec les armes de Bonaparte et des Jacobins : la dictature, la Terreur, la Cour martiale, les arrestations en masse, la suspension de la liberté individuelle." (Rose)

C'est le point central de la politique de Louis XVIII et la justification de conserver le personnel administratif et militaire impérial comme garant au cas où les royalistes auraient voulu etre plus royalistes que le roi.
On comprend dès lors que le retour de l'Aigle montrait l'absence de consensus sur la monarchie, l'absence de soutien au Roi et l'obligation pour lui de revenir deux fois grace au soutien des armées étrangères.
Une fois la menace des Chouans dissipée par Louis XVIII (on peut dire qu'il les aura trahi par obligation), celui-ci s'efforcera d'obtenir le départ de ces troupes étrangères.

Vivement la suite!!!
:2:


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Message Publié : 16 Avr 2008 0:26 
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Voici un petit bout de la suite, Cher Duc ... :4:

Nous sommes le 16 Mars ...
Dans la matinée, Bourrienne, respectant l'ordre donné, envoya Foudras et des agents à l'hôtel de Fouché...

Comme à son habitude, le duc d'Otrante resta imperturbable, et, lisant l'ordre d'arrestation, il à Foudras, il s'exprima en ces termes :

"-Ce mandat n'est pas régulier. Je vais protester par écrit".

Ce Fouché parvenait à impressionner la police, aussi bien que Napoléon n'impressionait ses Grenadiers !
Ils le laissèrent traverser son cabinet de travail, le regardant descendre dans le jardin par un petit escalier dérobé, et au moyen d'une échelle posé sur le mur voisin, qui dépendait de l'hôtel de la Reine Hortense, le virent disparaitre ...chez Lombard-Tarradeau, un ancien secrétaire de la police qui habitait dans le quartier ...

On dit qu'il y resta caché durant plusieurs jours ...

Bourrienne, de son côté, estimait que l'arrestation de plusieurs personnes ne changeraient rien à l'évolution des évènements.
Aussi, en resta-t-il là, après cette tentative d'arrestation manquée ...

Souvenez-vous, lors de la séance royale, le gros louis avait ému jusqu'aux larmes, en prétendant qu'il préférerait mourir pour la défense de son peuple ...

Mais juste avant la cérémonie, il avait dit au duc d'Orléans qui lui demandait ce qu'il ferait si Bonaparte arrivait aux portes de Paris :
"Il ne faut pas faire seulement cette supposition-là !" ...


Ce n'était là qu'une apparence que se donnait le gros roi, pour cacher sa détermination à quitter les lieux à l'approche du Grand Homme ...

Blacas proposa même hardiment d'aller à la rencontre de Napoléon, en calèche découverte, avec les deux Chambres. Quant à Vitrolles, il ajoutait à la procession l'archevêque de Paris portant le Saint Sacrement !...

Plus sérieusement, Bourrienne proposa de rejoindre Lille, au triple avantage d'être une place forte, une ville frontière et une cité à l'âme fortement teintée de royalisme !

L'idée de Marmont, quelque peu saugrenue, consistait à faire des Tuileries une véritable citadelle, pour s'y enfermer durant deux mois, avec quelques trois mille hommes et les vivres pour subsister tout ce temps ...

Et de s'exprimer ainsi :

"- Je me fais fort de mettre le château en tel état de défense qu'il faille, pour s'en emparer, un siège en règle et des batteries de brèche. Les ministres, les membres des deux Chambres resteront avec le roi, mais les princes devront quitter Paris. De cette façon, l'auguste personne du roi ne risquera rien, car si toute la famille royale était au pouvoir de Napoléon, peut-être la ferait-il périr pour détruire des droits opposés aux siens, mais quel avantage tirerait-il de la mort du roi, quand son frère et son neveu seraient en liberté ?" ...

Plan machiavélique, s'il en fut !!

Mais ce plan, s'il avait trouvé suffisamment de partisans pour être exécuté, aurait mis l'Empereur dans une situation pour le moins tragique.
Toutefois, pour ce faire, il importait d'avoir l'assentiment du roi qui visiblement se trouvait troublé par ces évocations de sa mort "pour Bonaparte" ...

Malgré tout, ce projet ne fut pas complètement repoussé dans un premier temps, mais présenté au Conseil ... Marmont alla même jusqu'à établir des ouvrages, espérant obtenir d'un instant à l'autre, l'ordre d'en commencer les travaux !...

Mais comme nous l'avons compris depuis longtemps, le gros louis ne pensait qu'à organiser sa fuite, au cas où Napoléon arriverait près de Paris ; mais, dans le même temps, il faisait tout pour feindre de ne point vouloir faire cette supposition ...

Le Comte d'Artois, de Blacas, le duc de Berry et quelques autres familiers des Tuileries continuaient à se bercer d'illusions ...

Que demander de plus ? Le Pays, on l'avait puisqu'on avait les Chambres ...et les généraux ... Et puis, l'on comptait aussi sur Ney ...

Enfin, n'avait-il pas été question, pour le duc de Berry, de résister à Napoléon, en établissant un camp à Melun ? ...


:VE2: :AI: :2:
(IL n'est plus très loinde Paris, Cher Duc.... :4: )



:salut:


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Message Publié : 16 Avr 2008 3:36 
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:salut: Chère Rose, Marmont alors voulait rejouer la Révolution mais au profit du roi, quelle idée stupide, espérer que Napoléon ne fit pas exécuter le gros Louis parce que les prétendants auraient été en fuite, il lui manquait vraiment de la suite dans les idées. On ne sauve pas un régime honnit de la sorte.
A mon sens Napoléon aurait emprisonné le roi direction Valençay! :rire2:
Et un plébiscite derrière, le tour était joué. :VE:

Au plaisir de vous lire. :Madame:


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Message Publié : 17 Avr 2008 1:17 
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C'est un rendez-vous bien charmant que celui qui invite à évoquer
La mémoire du Grand Capitaine, toujous entouré de ses "compagnons"...
Dans ces lieux impériaux où se profile majestueusement l'Ombre Sacrée
Un parfum de roses a remplacé l'odeur âcre de la poudre du canon ...

En cette mi-mars 1815, pas plus de canons que de roses, mais un retour impérial et majestueux, comme nous prendrons plaisir à l'évoquer un peu plus tard. :2:

Pour l'heure, et après que le pays tout entier eût été enfin informé du débarquement de l'Empereur, on en était venu à la dissimulation, voire au mensonge, quand ce n'était pas la presse elle-même qui, prétextant des interruptions télégraphiques, faisait silence sur l'évolution de la situation, ou n'hésitait pas à donner de fausses nouvelles ...

Ainsi, l'entrée de Napoléon à Grenoble ne fut pas évoqué, et l'on présenta l'abandon de Lyon par le Comte d'Artois comme une manoeuvre stratégique !!

Toutefois, le peuple n'était pas dupe, et se trouvait renseigné par les courriers qui circulaient dans les villes et les villages, annonçant la marche rapide de Napoléon ; par ailleurs, et malgré la vigilance de la police, des lettres particulières arrivaient du Lyonnais et de la Bourgogne ...

Dans la capitale, les déclarations officielles étaient démenties par le retour du Comte d'Artois, du duc d'Orléans, de Macdonald, ainsi que par le départ furtif de nombreuses dames du Faubourg Saint Germain.

On savait également que, sur le conseil de Vitrolles, les diamants de la Couronne étaient passés à Londres, accompagnés de plusieurs millions de traites ...

Maintenant, la foule mécontente s'exprimait haut et fort, ne craignant plus la prison puisqu'il n'y en aurait jamais assez pour l'y enfermer !
Cette foule anonyme criait son enthousiasme, parlant ouvertement des nombreux succès inouïs de l'Empereur, tout en évoquant sa rentrée prochaine à Paris ... :2:

Que ne donnerais-je pour (re) :4: vivre ce moment-là !!
Mais je pense vous l'avoir déjà dit ... :rougi:

La bourgeoisie, quant à elle, était atterrée : à la Bourse, c'était la panique totale , et la rente avait fortement chuté à la nouvelle du débarquement de Napoléon ...

Bref, la confiance avait disparu, comme cela s''est toujours observé dans le milieu de la Finance, dès qu'une rupture dans la structure politique provoque une perte des repères.

Même les Officiers généraux, qui au départ avaient montré tant de résolution, commençaient à s'inquiéter ...

Ainsi, le 13 Mars, Oudinot écrivit à Clarke :

"-Je ne sais que penser de l'esprit des troupes ... Demain, les Grenadiers se mettront en marche. J'espère qu'ils seront sages." ...

Le lendemain, il ne doutait plus du tout, et s'exprima en ces termes :

-"Non seulement les troupes ne se battront pas, mais elles renforceront le corps de l'ennemi aussitôt qu'elles le pourront."

Le 15, c'est le général Ornanot qui dit à la Comtesse Dupont :

"- Moi, je tiendrai mon serment au roi, mais il n'y aura pas un soldat qui ne jette son fusil devant Napoléon" ...

Comme on peut le constater, le ton était donné, et de tous côtés, l'harmonie des intentions éclatait tel un Soleil après une nuit d'orage ...

Les mêmes rapports arrivaient au Minitère de la Guerre, parce que l'armée pensait et parlait de même.

En entrant au Mans, l'émouvante image des Soldats et Officiers de la 61è, y compris leur Colonel, tenaient en leurs mains des bouquets de violettes ... :aime:

Dans le 11ème, on riait en s'exclamant :

"- On nous appelle à Paris pour le roi, mais nous y allons pour l'Empereur !"

Et ce Colonel du 41è qui tenait dans son portemanteau l'Aigle de son Régiment, sans en cacher le fait au Préfet de Limoges !....

Du côté de Villejuif, le même état d'esprit régnait dans les cantonnements, quand on pouvait entendre, ici et là, les Soldats se faisant la promesse "de ne pas faire de mal au roi, mais de ne jamais tirer sur le Petit Caporal" ... :aime:

Dans toutes les casernes de Paris, on entendait : "Vive le Père la Violette " !

A l'entrée de La Flèche, cette bribe de conversation entre le Comte de Lucé et un fantassin, fut rapportée :

"- Vous allez à Paris ?"
"- Oui, mais le petit Général y sera avant nous" !
"- On vous a trompés. Il est peut-être mort en ce moment".
"- Vous n'en savez pas plus long que notre Colonel. Il nous l'a dit ...Est-ce que vous croyez que jamais un Soldat français se battra contre l'Empereur pour votre Louis XVIII ?" ...

Le lendemain, en se levant, le roi donna des ordres à Marmont qui était, pour la circonstance, chargé du commandement supérieur des Gardes du Corps et des Compagnies rouges.
Mais il n'était plus question d'une défense des Tuileries ; Marmont proposa au gros louis de se diriger vers le Havre ou encore Dunkerque pour pouvoir compter sur d'éventuelles aides de la mer.

Le roi qui poursuivait son unique idée de s'enfuir sans résistance aucune, écouta distraitement Marmont, sans lui répondre, et réitéra ses ordres ...
Quant à Vitrolles, dont l'animosité contrastait avec la passivité du souverain, suppliait le roi de se retirer à La Rochelle :4: où, selon lui, la moitié de la France serait à ses genoux ...

Ses propos, tout comme ceux de Marmont, restèrent vains ...
Tout ce qu'il obtint fut un départ retardé pour Lille , car, disait-il en aparté, "il n'y a pas besoin de soleil pour éclairer la honte de cette fuite" ...

C'est juste un peu avant minuit qu'une douzaine de voitures entrèrent dans la cour des Tuileries ...
Celle destinée au roi s'arrêta sous la marquise du pavillon de Flore.

Aussitôt les Gardes nationaux de service accoururent pour un dernier salut. Dans cette foule, régnait un silence religieux ...

Soudain la porte des appartements du roi s'ouvrit, et un huissier portant un flambeau en sortit ...immédiatement suivi du roi que soutenaient le comte de Blacas ainsi que le Duc de Duras ...

Le spectacle que donnait la vue de ce vieux roi infirme, ainsi chassé de la demeure de ses ancêtres, et contraint à s'expatrier à nouveau, après déjà vingt trois ans d'exil, impressionna beaucoup.

A cette heure , jugée pathétique, on ne voyait plus qu'un roi malheureux et menacé, portant sur ses épaules tous les malheurs de sa race.

Ici et là, on entendit de faibles "Vive le roi", et quelques sanglots ...

Faut-il être atteint de sensiblerie mal placée pour pleureur un tel roi incapable !!

Un vieux serviteur (ayant sûrement perdu la raison), alla même jusqu'à crier : "Il porte une couronne d'épines" !
Savait-il seulement qu'il fallait avant tout être un "Grand Homme" pour supporter les plus grandes souffrances ?? :VE2:

Au milieu de cette foule prosternée, le vieux louis eût beaucoup de peine à avancer : on lui baisait les mains et lui touchait ses vêtements comme on l'eut fait vis-à-vis d'un Grand Homme ... ! :VE2:

Le gros louis n'avait que très peu de sensibilité ; mais cette nuit-là, paraît-il, il se montra quelque peu "troublé" ...

En aparté à Blacas, il dit :

"- Je l'avais prévu ; je ne voulais pas les voir ; on aurait dû m'épargner cette émotion (Que d'égoïsme et de petitesse !)

Puis élevant la voix, il dit à la foule présente :

"- Mes enfants, votre attachement me touche. Mais j'ai besoin de forces. De grâce, épargnez-moi ...Retournez dans vos familles ... Je vous reverrai bientôt".

Arrivant enfin à sa berline, il s'éloigna, entouré d'une escorte de Gardes du Corps.

Le Comte d'Artois se mit en route, dans sa chaise de poste ; le duc de Berry et Marmont se rendirent au Champ de Mars, où s'étaient trouvés réunis précipitamment les différents Corps de la Maison du roi, pour se diriger ensuite sur la route de Beauvais.

Tous les ministres partirent dans la nuit ...

Je vous la souhaite, quant à moi, excellente, et .. prenez garde de ne pas rêver du gros louis ! :diablotin:


:VE2: :AI: :2:




:salut:


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Message Publié : 17 Avr 2008 22:45 
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Paris, 20 Mars 1815 ...

La capitale s'éveille sans gouvernement ...

Très tôt ce matin, le départ de la cour se propagea, que vint confirmer une proclamation du gros louis, affichée partout.

Les principaux bonapartistes sortirent enfin soulagés de leur retraite, prêts à apporter leur aide au grand évènement qui allait s'accomplir ... :2:

Et chacun de s'activer désormais sans contrainte : l'on voit ainsi à Villejuif Sébastiani et d'autres Généraux précipiter la défection de l'armée royale ...
Lavalette se précipite à l'Hôtel des Postes, dans l'espoir d'y recueillir des nouvelles du Grand Homme ... Mais point de nouvelles pour l'instant ...

Mais une fois dans ces lieux, il ne peut résister à la tentation ! Comment lui, Lavalette, ami de l'Empereur et ancien Directeur des Postes, comment se trouver là sans en reprendre la direction ?
Ce qu'il fit donc, de sa propre autorité ...

Alors, il pût, tout à son aise, avertir l'Empereur par une dépêche que le gros louis avait quitté Paris ; puis, il arrêta l'expédition des lettres ministérielles ainsi que la correspondance du Préfet de la Seine, interdit l'envoi du Moniteur contenant la dernière proclamation du roi, interdit aux maîtres de postes de fournir des chevaux à quiconque, sauf si ce n'est par autorisation signée de sa main ou d'un Ministre de l'Empereur, envoie enfin, dans toutes les directions, une circulaire ainsi rédigée :

-"L'Empereur sera à Paris dans deux heures, et peut-être avant. La capitale est dans le plus grand enthousiasme. Tout est tranquille. Quoiqu'on fasse, il n'y aura pas de guerre civile. VIVE L'EMPEREUR !".

Voilà ce qui s'appelle "recadrer les choses" ! :4:

A ce moment, Napoléon se trouvait à Fontainebleau ...
Il était parti, très tôt le matin, de Pont-sur-Yonne, escorté du 13è de Dragons, et était ainsi arrivé vers dix heures dans la fameuse "cour du Cheval Blanc" où l'attendait Mr de Plancy, préfet de Seine-et-Marne, pour le féliciter ...

L'Empereur, parcourant ce vaste palis qui lui rappelait tant de souvenirs douloureux, ne s'en montra pas ému, déclarant au contraire qu'on était bien ici ...

Sur le coup de midi, alors qu'il venait de dicter un ordre du jour, portant qu'il coucherait à Essonnes, le courrier de Lavalette lui parvint ; et, presque dans le même temps, les courriers de Mme Hamelin et du vieux Comte de Ségur lui apprenaient aussi la fuite du roi ...

Le visage pâle de l'Empereur s'illumina alors d'un magnifique sourire ... :2: , lorsqu'il dit :

"- C'est bon, je serai ce soir aux Tuileries ..."

Il renvoya aussitôt le courrier afin de faire dire à Lavalette d'aller l'attendre aux Tuileries avec le duc de Bassano ...

Durant le trajet de Fontainebleau à Paris, la voiture n'avança que très lentement, tant une masse de paysans, acclamant et chantant, obstruait la route, augmentée de nombreux détachements de l'armée royale qui s'avançaient dans le plus grand délire pour "voir" l'Empereur !...

Arrivé enfin près des Fontaines de Juvisy, l'Empereur s'arrêta pour passer plusieurs régiments en revue ...

Et, ce faisant, il se souvenait que, tout juste un an auparavant, dans la nuit fiévreuse du 30 Mars 1814, il avait appris la funeste capitulation de Paris ...

Je m'arrêterai là ce soir, car l'Empereur est si proche de nous, qu'il est bon de laisser quelque suspens pour cette nuit ...

... d'autant que notre Duc a quelques kilomètres de retard ... :4:
et que notre "Fidel" semble être tombé dans une embuscade ... :15:

Pourvu que les royalistes ne l'aient pas pris en flagrant délit d'enthousiasme à la lecture de ce récit ! :4:

Bonne fin de soirée à tous, et ... :VE2:




:salut:


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Message Publié : 18 Avr 2008 2:46 
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:salut: Chère Rose, je viens de changer de monture, je suis équipé pour l'arrivée triomphale à Paris! :Madame: :VE2:


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Message Publié : 18 Avr 2008 7:52 
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Inscription : 04 Déc 2004 19:13
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Bonjour,

"Fidel" commence de sortir de son "embuscade" avec optimisme; je vais mieux et redouble d'attention pour le déroulement de ces événements; merci !! :20:
..prêt à attraper le 1er tgv pour aller serrer la main du Patron et lui donner 2 ou 3 modestes mais éclairés conseils !!

bonne journée.

:VE2:


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Message Publié : 18 Avr 2008 23:15 
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Inscription : 13 Nov 2007 13:45
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Voilà de vrais Braves , et l'Empereur, sans nul doute, vous aurait comptés parmi ses fidèles, vous récompensant de la magnifique :honneur: ! :2:

Alors, et puisque, mes chers Cavaliers, vous voilà fin prêts pour ce grand moment d'émotion, je vous propose d'aller vous joindre à la foule de ce 20 Mars 1815, afin de vibrer à son rythme dans l'attente fiévreuse de l'arrivée de l'Empereur ... :aime:

Il est à peine sept heures du matin, et déjà un premier flot se pressait devant les Tuileries ; mais ne nous y trompons pas : il ne s'agissait que des habitants des quartiers voisins, beaucoup plus motivés par la curiosité que par leur attachement à Napoléon ...
D'ailleurs, la plupart de ces premiers spectateurs devaient être plus disposés à regretter le départ du roi qu'à vouloir apporter leur aide à la restructuration de l'Empire ...
Pour ne citer qu'un exemple illustrant ce qui précède, fervents défenseurs de l'Empereur et royalistes se trouvant tous réunis au même endroit, c'est de justesse qu'un Officier à la demi-solde échappa à un groupe de royalistes se jetant sur lui, exaspérés à la vue de sa cocarde tricolore ! ...

Enfin, vers dix heures, toute une colonne de peuple déboucha sur la Place du Carrousel en criant à tue-tête :

" VIVE L'EMPEREEEEEEEEEEEEEEEEUUUUUUUUUUUUUURRRRRRRRR !

A bas la garde nationale ! A bas la calotte !"

Il s'agissait, cette fois, des habitants des faubourgs ...
S'approchant des grilles du Château, ils tentèrent de les ébranler ...
Sans se servir de ses armes, un détachement de miliciens dispersa l'émeute ainsi formée ...

Repoussés des Tuileries, les émeutiers parcoururent toutes les rues, vociférant les mêmes cris, et répandant la terreur sur leur passage ...

Et voici qu'après cette première alerte, survînt un nouveau tumulte : un cliquetis d'armes se fit entendre, puis un bruit de sabots de chevaux galopant sur le sol pavé, un roulement de pièces d'artillerie, des baîonnettes et des sabres étincelants, et tout cela sous les cris incessants de :

"VIVE L'EMPEREEEEEEEEUUUUUUUUUUUURRRRRRRRRRRRR
" !

Ce fut un véritable remous qui fut ressenti dans cette foule en délire, sous la pression de plus en plus puissante des Soldats...à l'apparition des Officiers à la demi-solde conduits par Exelmans, venu de Saint Denis avec un escadron de cuirassiers et quelques artilleurs et leurs canons ...

Sur leur passage, tout se faisait entndre : acclamations, murmures, sifflets ...

Voyant les grilles fermées, la colonne s'arrêta et un général vînt s'entretenir avec l'adjudant-commandant Laborde ...
Il fut finalement décidé qu'Exelmans et sa troupe occuperaient les Tuileries, mais tout en maintenant la milice à ses postes et que les factionnaires pourront être des gardes nationaux comme des Soldats ...

Le restant de la journée offrit ce spectacle étrange d'un officier à la cocarde tricolore , en sentinelle à côté d'un grenadier de la garde nationale arborant la cocarde blanche et la fleur de lys en décoration ...

Désormais, c'était le drapeau tricolore qui flottait aux Tuileries, et à deux heures, on l'avait hissé à l'Hôtel de Ville, ainsi qu'au sommet de la colonne de la Grande Armée ...

Dans le collège Louis le Grand avoisinant, le fils de Carnot apercevant d'une lucarne les trois couleurs, appella tous ses camarades !
Aussitôt l'étude fut interrompue, faisant place à des cris de joie et des embrassades à n'en plus finir ! :VE2: :2: :AI:

Un peu plus loin, ce sont des ouvriers qui, atteints de la même frénésie, accouraient des faubourgs du temple, de Saint-Martin et de Sant-Antoine, en chantant tout en descendant vers les boulevards du sud ...
ils se souvenaient avec émotion que c'était le chemin si souvent emprunté par l'Empereur, lorsqu'Il revenait de Fontainebleau ... :4:

La bourgeoisie, quant à elle, affichait un visage triste et mécontent : imaginant une seconde invasion, la voilà qui se mit à plaindre le "bon roi", "ce pauvre Louis XVIII, un si brave et si honnête homme" ! :16:

Déjà le personnel de la cour impérial avait repris possession des Tuileries ; depuis le début de l'après-midi, la foule avait pu apercevoir furtivement l'entrée des ministres, des conseillers d'Etat, des chambellans, des écuyers, des fourriers du palais, des aides de cérémonies, tous vêtus en grand uniforme ...

Egalement des valets de pied, des maîtres d'hôtel, puis des Dames du palais, des Femmes de dignitaires,de généraux, de conseillers d'Etat, de grands industriels, dissimulant, sous des redingotes fourrées d'hermine, leurs épaules nues, ornées de diamants, ainsi que leurs robes de cour parées de ... violettes. :aime:

Dans cette assemblée somptueuse, deux personnes se distinguaient, parce que vêtues de noir : il s'agissait de la Reine Hortense, portant encore le deuil de l'Impératrice Joséphine, et la Princesse Julie, en deuil de sa mère, Madame Clary ...

Tout ce beau monde se retrouva, se félicita dans une joie non dissimulée.
Les femmes parcoururent avec enthousiasme les salles qui avaient constitué des lieux de fête où jadis brilla leur beauté ... La salle des Maréchaux, la galerie de Diane, la salle du trône ...

Dans la salle du Trône, elles ne manquèrent pas de constater que les fleurs de lys étaient seulement appliquées, et qu'en arrachant une fleur, une abeille apparaissait ! :aime:

Alors, bien que se trouvant en grande toilette, ces femmes se mirent fébrilement au travail, et au bout d'une demi-heure, le tapis était redevenu ... impérial ! :aime:

Aux Tuileries, en ce jour magique et majestueux, l'on pouvait encore apercevoir le Duc de Bassano, Reichstadt et Fidel, :4: Cambacérès, le Duc de Plaisance, le Duc de Gaëte, le Duc de Rovigo, Lavallette, Thibeaudeau, Decrès, Regnaud de Saint -Jean-d'Angély, Daru, le Comte de Ségur, grand maître des cérémonies .
Il y avait aussi Davout, le Maréchal Lefebvre, Exelmans, Dejean, le Duc de Padoue, Durosnel et aussi une foule d'Officiers généraux !...

Comme jadis, les mêmes huissiers se tenaient aux portes des appartements ...

Tout ce monde de l'Empire avait le sentiment de s'éveiller d'un mauvais rêve qui avait duré un an ...

Peu à peu, les heures s'écoulant, ce "tout-Paris" allait se trouver plongé dans une nuit brumeuse, enveloppant leur insupportable attente d'une émotion intense et grandissante ...

A suivre ... :4:





:VE2: :VE2: :VE2:





:salut:


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Message Publié : 19 Avr 2008 0:22 
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Inscription : 04 Déc 2004 19:13
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Il semblerait que ce soit plutôt le 20 mars en effet.. mais qu'importe (ou presque), l'essentiel est qu'il semble que, grâce à Rose, je sois parvenu aux Tuileries en mars 1815.. :2:
:VE2:


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