L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 07 Sep 2006 19:13 
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Beau feuilleton. :2:


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Message Publié : 08 Sep 2006 18:36 
On lit aussi dans une brochure due à un "prolétaire" : "Napoléon est descendu dans la tombe mais le bonapartisme n'est pas mort; il s'est fait républicain."
Louis-Philippe forme le dessein, non de combattre la légende, mais de s'approprier le nom de Napoléon pour en tirer sa part de gloire.
Le roi rend au vainqueur d'Austerlitz de multiples et solennels hommages. Il rétablit la statue de Napoléon sur la colonne Vendôme et charge le sculpteur Seurre d'exécuter une statue de l'Empereur avec son chapeau et sa redingote, destinée à remplacer celle qui avait été renversée en 1815.
Celle-ci est inaugurée par Thiers le 28 juillet 1833 et au moment où le voile qui la recouvrait glisse à terre, le roi s'écrie : "Vive Napoléon !"
En 1831, la Monnaie frappe une série de 165 médailles commémorant les grands événements du règne impérial. Toujours à la même époque, un diorama installé derrière le Château d'eau, rue Samson, expose une composition de Daguerre représentant le tombeau de Sainte-Hélène. La foule des Parisiens s'y précipite; le roi, accompagné de la reine Marie-Amélie et de toute le famille royale, s'y rend également, guidé par un ancien officier de la Grande Armée, devenu aide de camp du souverain, le général d'Houdetot, et les journaux ministériels s'empressent d'annoncer cette visite comme une hommage rendu par les Orléans à la mémoire de l'Empereur.
La reine Hortense, de passage à Paris, ne veut pas manquer un spectacle aussi émouvant pour elle et elle se rend rue Samson incognito.
Henri Heine écrivait qu'on ne se figurait pas à l'étranger combien le peuple français était encore attaché à Napoléon, nom magique qui l'éblouissait.
"Mille canons dorment dans ce nom aussi bien que dans la colonne de la place Vendôme, et les Tuileries trembleront si ces mille canons s'éveillent un jour. De même que les Juifs ne prononcent pas sans nécessité le nom de leur Dieu, on désigne rarement ici Napoléon par son nom, on l'appelle presque toujours "l'Homme", mais on voit son image partout."

(à suivre)


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Message Publié : 08 Sep 2006 19:57 
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Lol ! C'est Lourdes :pape: ...avec l'Homme fait Dieu :diablotin: ... et le sang transformé en vin ! :AI:

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Message Publié : 08 Sep 2006 20:49 
Celui qui fait l'objet d'une légende n'est-il pas le plus souvent déïfié ? :4:


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Message Publié : 08 Sep 2006 20:54 
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Vous situez bien le problème ! Jamais plus un homme ne doit etre objet de légende ... De cette manière , l'homme sera , non plus Dieu ce qui n'est pas sa vocation , mais vraiment l'Homme ... :4:

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Message Publié : 08 Sep 2006 22:46 
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Et le Grand Monarque annoncé ? :photo:

Il paraît qu'il sera comme Napoléon et Saint-Louis concentrés en une seule personne (D'après Léon Bloy). :16:


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Message Publié : 08 Sep 2006 22:48 
"Il est plus facile de renoncer à une passion que de la maîtriser." (Nietzsche)


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Message Publié : 08 Sep 2006 23:03 
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Lol ! Votre Léon Bloy donnait lui aussi dans le syncrétisme belliqueux de sa génération ! Vous ne prendrez plus de mouche avec ce vinaigre-là aujourd'hui , Bruno ! :livre: Les jeunes générations ne veulent surtout plus d'hommes providentiels . Elles demandent que l'Etat leur soit soumis et les servent ! Et c'est là grande sagesse :20: !

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Message Publié : 09 Sep 2006 17:32 
Le 22 juillet 1832, le duc de Reichstadt meurt à Schönbrunn.
Sa fin émouvante fournit une nouvelle occasion à la presse de proclamer la gloire napoléonienne. Bien qu'Apponyi écrive alors : "On pleure plus à Vienne le petit-fils de l'empereur d'Autriche qu'à Paris le fils de Napoléon", l'impression causée par la mort du jeune prince résonne douloureusement dans le coeur des Français et particulièrment dans les couches populaires. Le bulletin que "Le Temps" publiait depuis six semaines sur la lente agonie de l'Aiglon, réimprimé et vendu à un sou, excite la compassion.
Dans les chaumières, à côté du portrait de l'Empereur, on suspend celui de son fils et on entoure l'un comme l'autre de couronnes d'immortelles "comme la face du Sauveur durant la Semaine sainte".
Si certains avaient pu penser qu'à partir de cette date l'ombre de Napoléon, qui planait sur la Monarchie, allait s'évanouir à tout jamais, on s'apercevait qu'il n'en était rien comme le pressentait Metternich qui, peu de temps avant la mort du duc de Reichstadt, écrivait à son ambassadeur à Paris : "Je vous prie de rendre le Roi très attentif au personnage qui succédera au duc de Reichstadt; le jour du décès du duc, le jeune Louis Bonaparte se regardera appelé à la tête de la République française."
Or, lorsque la reine Hortense était venue à Paris quelques mois plus tôt, elle avait été accueillie avec bienveillance, bien que secrètement par Louis-Philippe qui avait prononcé des paroles encourageantes : "Le temps n'est pas loin où il n'y aura plus d'exilés. Je n'en veux aucun sous mon règne..."
Moins spectaculaire, mais plus redoutable pour l'avenir, est la part que l'enseignement officiel accorde à l'épopée impériale, bien que les programmes d'histoire s'arrêtent à 1789.
Un "Manuel de l'Instituteur" édité en 1847, après avoir conté la chute de Napoléon 1er, ajoute : "Ainsi tomba du trône l'homme extraordinaire qui attacha si profondément son nom à un siècle et fit pendant vingt ans de la nation française la plus grande, la plus heureuse des nations"; un livre de lecture très répandu dans les écoles à la veille de la révolution de 1848, consacre deux chapitres à l'éloge de Napoléon : "Tous ces titres, il les a mérités par ses victoires et par le bien qu'il a fait à notre pays."

(à suivre)


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Message Publié : 11 Sep 2006 17:44 
L'opposition républicaine profite de toute cette effervescence napoléonienne et, se réclamant des Cent-Jours autant que de 1789, appuie à la Chambre toutes les pétitions ou propositions de tendance bonapartiste. Presque tous les républicains importants sont ou seront en relation avec des membres de la famille impériale.
La presse de gauche encourage le mouvement et ne manque pas une occasion d'emboucher les trompettes de la Renommée pour célébrer la mémoire de l'Empereur. Des journaux jacobins comme "La Tribune", "La Révolution", avaient déjà soutenu la cause du Roi de Rome.
Dans cette utilisation de la légende, le gouvernement ne peut aller aussi loin que la gauche; il lui est difficile de crier "Vive la République !" pour l'amour de l'Empereur. Mais l'opposition ne risque-t-elle pas de jouer, elle aussi, un jeu de dupe, d'être débordée par le bonapartisme après avoir utilisé le napoléonisme pour déborder à son tour le régime ?
La Fayette, dès 1831, avait exprimé ses craintes et Metternich multipliait les mises en garde. Finalement, le gouvernement de Louis-Philippe laisse faire. Beaucoup d'anciens fonctionnaires de l'Empire sont réintégrés dans l'administration et d'anciens officiers dans l'armée; les généraux des guerres napoléoniennes sont à l'honneur.
A l'aube du 30 octobre 1836, alors que la neige tombe sur Strasbourg, encore endormie, Louis-Napoléon, en uniforme de colonel d'artillerie, entre au quartier Austerlitz, suivi de son état-major de conjurés et, s'avançant au milieu de la cour, s'écrie : "Soldats du 4ème régiment d'artillerie, le neveu de l'Empereur Napoléon peut-il compter sur vous ? Soldats ! votre colonel a répondu pour vous; répétez donc avec lui : Vive Napoléon ! Vive l'Empereur !"
On connaît la suite, la tentative du jeune prince tourne court et malgré l'avertissement que constituait pour la monarchie de Juillet ce putsh manqué, Louis-Philippe entend rester fidèle à sa politique.
Magnanime, il laisse Louis-Napoléon s'embarquer pour les Etats-Unis et les complices acquittés sont l'objet de vibrantes manifestations de sympathie de la part des bonapartistes.
La même année, la construction de l'Arc de Triomphe de l'Etoile, commencée sous Napoléon, est achevée.
Tout semble ainsi concourir à préparer l'accomplissement du dernier voeu de l'Empereur : le retour de ses Cendres en France.

FIN.


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