L'opposition républicaine profite de toute cette effervescence napoléonienne et, se réclamant des Cent-Jours autant que de 1789, appuie à la Chambre toutes les pétitions ou propositions de tendance bonapartiste. Presque tous les républicains importants sont ou seront en relation avec des membres de la famille impériale.
La presse de gauche encourage le mouvement et ne manque pas une occasion d'emboucher les trompettes de la Renommée pour célébrer la mémoire de l'Empereur. Des journaux jacobins comme "La Tribune", "La Révolution", avaient déjà soutenu la cause du Roi de Rome.
Dans cette utilisation de la légende, le gouvernement ne peut aller aussi loin que la gauche; il lui est difficile de crier "Vive la République !" pour l'amour de l'Empereur. Mais l'opposition ne risque-t-elle pas de jouer, elle aussi, un jeu de dupe, d'être débordée par le bonapartisme après avoir utilisé le napoléonisme pour déborder à son tour le régime ?
La Fayette, dès 1831, avait exprimé ses craintes et Metternich multipliait les mises en garde. Finalement, le gouvernement de Louis-Philippe laisse faire. Beaucoup d'anciens fonctionnaires de l'Empire sont réintégrés dans l'administration et d'anciens officiers dans l'armée; les généraux des guerres napoléoniennes sont à l'honneur.
A l'aube du 30 octobre 1836, alors que la neige tombe sur Strasbourg, encore endormie, Louis-Napoléon, en uniforme de colonel d'artillerie, entre au quartier Austerlitz, suivi de son état-major de conjurés et, s'avançant au milieu de la cour, s'écrie : "Soldats du 4ème régiment d'artillerie, le neveu de l'Empereur Napoléon peut-il compter sur vous ? Soldats ! votre colonel a répondu pour vous; répétez donc avec lui : Vive Napoléon ! Vive l'Empereur !"
On connaît la suite, la tentative du jeune prince tourne court et malgré l'avertissement que constituait pour la monarchie de Juillet ce putsh manqué, Louis-Philippe entend rester fidèle à sa politique.
Magnanime, il laisse Louis-Napoléon s'embarquer pour les Etats-Unis et les complices acquittés sont l'objet de vibrantes manifestations de sympathie de la part des bonapartistes.
La même année, la construction de l'Arc de Triomphe de l'Etoile, commencée sous Napoléon, est achevée.
Tout semble ainsi concourir à préparer l'accomplissement du dernier voeu de l'Empereur : le retour de ses Cendres en France.
FIN.
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