Nous entrons ce 25 juillet dans la semaine du 175° anniversaire de la chute de la Monarchie légitime . Comme chacun le sait , c'est la publication au Moniteur du 26 juillet des ordonnances , dont celle soumettant la liberté de la presse périodique à autorisation préalable et celle dissolvant la chambre des députés , qui déclencha l'insurrection , laquelle , en trois jours , mit fin au règne de la branche aînée des Bourbon . Je me propose donc de publier à partir d'aujourd'hui les numéros du Moniteur de cette semaine décisive de notre Histoire ( d'autant que le numéro des ordonnances nous réserve une petite surprise, non sans rapport avec l'énigme qui est au coeur de ce forum , pour ceux qui ont suivi l'affaire du masque , en particulier...). Nous verrons ça demain...
En ce dimanche 25 juillet 1830 , le Roi Charles X , qui réside à Saint-Cloud , après avoir entendu la Messe à midi , a réuni à une heure , en présence du Dauphin , le conseil des ministres au cours duquel on a présenté à sa signature les ordonnances .Le Roi s'est fait lire à deux reprises les ordonnances . Puis , il s'est tourné vers son fils : -Vous avez entendu? -Oui , mon père. -Qu'en pensez-vous? -Lorsque le danger est inévitable , il faut l'aborder franchement et tête baissée. On périt ou l'on se sauve , répondit noblement le duc d'Angoulême , qui avait victorieusement commandé l'expédition française en Espagne en 1823. -C'est votre avis , Messieurs ? dit le Roi en s'adressant à ses ministres . -Oui , Sire , répondit le baron d'Haussez , ministre de la marine et des colonies . Nous sommes d'accord sur la fin , non sur les moyens . Je reconnais que la mesure est indispensable . Mais je reconnais en même temps qu'on n'a pas de moyens suffisants pour la faire réussir . -Vous ne voulez donc pas signer ? demanda le Roi . -Je signerai , Sire , parce que je considérerais comme une lâcheté d'abandonner dans une telle circonstance la monarchie et le roi . Mais je déclare que je me rallie non à ma conviction , mais à la responsabilité de mes collègues.
Ambiance suicidaire consciente...
Après réflexion , le Roi reprit : -Plus j'y pense et plus je demeure convaincu qu'il est impossible de faire autrement. Quand il eut signé et que les ministres en eurent fait autant , Charles X conclut en ces termes : -Voilà de grandes mesures ! Il faudra beaucoup de courage et de fermeté pour les faire réussir .Je compte sur vous . Vous pouvez compter sur moi . Notre cause est commune . Entre nous , c'est à la vie et à la mort .
Pendant que se nouait ainsi le drame , le Moniteur du 25 juillet présentait l'aspect de tous les jours. Le revue de presse étrangère évoquait une émeute à Sébastopol , les transformations sociales en cours de l'Espagne , et les premières initiatives du nouveau roi d'Angleterre , Guillaume IV , après le décès le 25 juin de George IV . Pour l'intérieur ,le journal présente la journée du Roi le 24 juillet , les dépêches reçues d'Alger ,où tout semble calme , de la part du comte de Bourmont ( maréchal depuis le 14 juillet) et de l'amiral Duperré , l'arrivée à Toulon du trésor de la Kasbah , quelques faits divers ou polémiques , dont la condamnation à mort de deux servantes pour tentative d'incendie.On donne "Le mari de ma femme " au Théâtre de l'Odéon , et M.Daguerre présente au Diorama sa "Vue de Paris prise des hauteurs de Montmartre".
Tout est calme . Rien n'annonce la tempête.
_________________ " Mes amis comptent plus que mes idées "
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