L'Énigme des Invalides

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 Sujet du message : Napoléon et la Liberté...
Message Publié : 12 Juil 2005 9:24 
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Au cours de sa prestation de serment, le 2 décembre 1804, l'Empereur prononça ses paroles:

"Je jure de respecter et de faire respecter la liberté politique et civile."

A-t-il trahi son serment par l'excès des mesures policières et de la censure sous son règne ?

N'-t-il pas dit:

"Je ne hais point la liberté ; je l'ai écartée lorsqu'elle obstruait ma route ; mais je la comprends, j'ai été nourri dans ses pensées".

Fut-il dictateur par nécessité ou par tempérament ? La liberté ne s'exerce que dans des nations policées. C'est ce qu'il constatait:

"Il ne faut pas croire que la nation fût déjà prête pour manier dignement sa liberté. La masse avait encore, dans l'éducation et le caractère, trop des préjugés du temps passé."

De mon point de vue, son tempérament s'accordait bien aux circonstances. Et les Français de l'époque préféraient certainement ce qui les rapprochait de l'égalité plutôt que de jouir d'une liberté d'expression qui ne signifiait rien pour les ruraux de cette période.


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Message Publié : 12 Juil 2005 10:58 
Citer :
A-t-il trahi son serment par l'excès des mesures policières et de la censure sous son règne ?


Bien entendu, c'est une évidence.

Nous pouvons également dire, qu'il a trahi un autre serment, celui dans lequel, il jurait de maintenir l'intégrité du territoire français :7: .
C'est en çà que Napoléon m'a terriblement déçu, quand je regarde d'un oeil citoyen l'histoire écoulée en 1789 et 1815. . . Le peuple de France attendait beaucoup de cet homme, certes il leur a bien rendu, mais à quel prix.

Amicalement


Dernière édition par Anatole le 13 Juil 2005 9:15, édité 1 fois.

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Message Publié : 12 Juil 2005 11:48 
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:salut: Est-ce complètement de sa faute si il a laissé la France plus petite qu'il ne l'avait trouvée?
Sinon, il est certain que les français étaient plus attirés par l'égalité que par la liberté au sens strict, d'ailleurs cela va durer jusqu'à la révolution industrielle...
Bien à vous.
:2:


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Message Publié : 12 Juil 2005 12:16 
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Citer :
A-t-il trahi son serment par l'excès des mesures policières et de la censure sous son règne ?


[color=blue][b]Bien entendu, c'est une évidence.[/quote]

Bof... Les Français se moquaient bien de la suppression du Tribunat en 1807. Les mesures de police prises par Fouché ne touchaient guère que la noblesse encore légitimiste ou d'irréductibles jacobins...

Citer :

Nous pouvons également dire, qu'il a trahi un autre serment, celui dans lequel, il jurait de maintenir l'intégrité du territoire français :7: .
C'est en çà que Napoléon m'a terriblement déçu, quand je regarde d'un oeil citoyen l'histoire écoulée en 1789 et 1815. . . Le peuple de France attendait beaucoup de cet homme, certes il leur a bien rendu, mais à quel prix.


Mais lui n'a pas trahi ce serment ! C'est parce qu'il a voulu le respecter qu'il a perdu son trône ! Ce n'est pas Napoléon qui a signé le traité de Paris du 30 mai 1814 !

Avant le 10 mars 1814, s'il avait accepté les conditions des coalisés, savoir les frontières de 1792, la paix lui aurait été accordée !


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Message Publié : 12 Juil 2005 19:21 
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Napoléon et la liberté, voilà un thème qui me paraît fort intéressant, essentiel même, surtout quand on veut considérer l'héritage napoléonien actuellement.

Pour aborder tout de suite un point de détail, on ne peut nier que sous son règne la censure et la propagande n'aient été fort actives, que ce soit dans la politique elle-même mais aussi dans les arts. On connaît évidemment les cas de Chateaubriand et de madame de Staël. Cependant, les dangers étaient grands, les réunions politiques et autres complots dans une France politiquement encore instables étant à redouter, à considérer sérieusement. A mon avis, la censure est une affaire de circonstance, quant à la propagande (ne serait-ce que les bulletins de la grande armée), elle tient à la survie même d'un régime qui s'est tout de même forgé voire légitimé sur la gloire militaire - voir l'imperium miliaire des Romains par exemple. N'a-t-on pas vu les comploteurs prêts à agir en France dès que Napoléon se trouvait - ou était supposé être - en difficulté militairement ?

Prenons un point de vue plus général. Le mot de liberté est toujours, pris tout seul et comme concept, un leurre très dangereux, on le voit aujourd'hui, la liberté toute seule étant soeur du nihilisme. Non, au contraire, la liberté s'exprime dans une société qui a du sens. Or quelle était cette société alors que Napoléon prit le pouvoir ? Une société tiraillée entre la Révolution et la contre-Révolution et menacée de l'extérieur dans son indépendance. Comme à Rome on pouvait légitimer un dictateur en période de crise, Napoléon a joué le rôle du sauveur, à l'intérieur comme à l'extérieur. Il a fallu le pouvoir d'un seul pour restaurer l'ordre et restructurer la nation française autour de valeurs qui fixeraient le cours de la Révolution, sans plus faire de cette dernière une force nécessairement destructrice et dangereuse, implosive.
Mais le problème est celui-ci : pourquoi s'être fait sacrer empereur, et ne pas avoir favorisé une république modérée ? Pour plusieurs raisons à mon avis. L'époque veut que la France est inexpérimentée démocratiquement, et la Révolution dans sa nature incontrôlée fait encore songer au spectre de la Terreur. La monarchie, par contre, est plus stable et aurait le mérite d'être mieux perçue de l'étranger. Je vois dans l'Empire une sauvegarde des valeurs de la Révolution, ainsi qu'un régime qui synthétise les expériences républicaine et monarchique. Un homme gouverne, de façon autoritaire, et, supposément, en despote éclairé, et le mérite républicain est introduit. Evidemment, l'éducation inexistante du peuple rend aberrante l'idée de suffrage universel, il fallait d'abord l'éduquer, et comme le dit BRH, il était vierge ou presque d'une expérience qui ne pouvait alors lui manquer, surtout du côté des masses peu éclairées.

Au niveau de l'héritage maintenant, Napoléon personnifie, même dans ce contexte précis, la tension entre la liberté et la raison qui est au coeur du processus intellectuel politique français, de sa trajectoire profonde et signifiante (quoique occultée aujourd'hui à dessein) depuis les Lumières. A mon sens, il est l'homme qui a voulu réaliser la vraie république, celle de la virtus, au sens presque romain, celle de l'élitisme méritocratique. C'est, en un sens, le règne autoritaire de la Raison pour le Bien du peuple. Reste que le grand homme n'a pas eu le temps d'achever ce qu'il avait sans doute en tête, parce qu'une société n'évolue pas aussi vite qu'on le voudrait, parce que l'éducation de tout un peuple prend du temps, de même que l'évolution de ses mentalités, et aussi à cause des défaites militaires qu'on a évoqué précédemment. Mais peut-on reprocher à un homme qui a sincèrement oeuvré pour la France, avec la limite de ses moyens et de son génie, de l'avoir mutilée ? Je ne le crois pas.


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Message Publié : 12 Juil 2005 20:10 
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Citer :
Mais peut-on reprocher à un homme qui a sincèrement oeuvré pour la France, avec la limite de ses moyens et de son génie, de l'avoir mutilée ? Je ne le crois pas.


Ai-je bien lu ? Votre culte de l'homme supérieur est -il vraiment un fanatisme indifférent aux souffrances de la masse des victimes de l' idole ?

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Message Publié : 12 Juil 2005 20:40 
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Je ne voue pas de culte à Napoléon, j'en admire certains aspects, et le caractère exceptionnel du personnage. Accessoirement, je ne voue de culte qu'à la Foi et à la Raison.

Quant à ma phrase, je disais simplement que Napoléon n'a pas fait exprès d'essuyer des défaites militaires pour mutiler la France. Certes il eût mieux fait de consolider ses acquis, de laisser ce blocus continental qui l'entraînait - ou qui l'aurait entraîné sans doute encore - à des guerres incessantes. Quant aux victimes, je connais le mythe de l'Ogre évidemment, la légende noire de la Restauration, etc. Mais il y a des valeurs qui méritent qu'on se battent pour elles. Autant je suis un sincère catholique, autant la méritocratie est pour moi importante, et l'Ancien Régime n'en prenait pas la direction. Dieu et la Vertu ne sont pas un privilège.


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Message Publié : 12 Juil 2005 20:55 
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[b]Votre idée de la Foi catholique est imbibée de modernisme ! Il faut aller à la découverte de la foi des humbles dont nul ne conserve le souvenir , et pour qui le droit au mérite n'est qu'une tentative de réhabilitation de l'orgueil ! Le Chrétien n'a que faire de tout ça ! :20:

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Message Publié : 12 Juil 2005 21:22 
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Sauf que je n'ai pas défini ici mon idée de la foi catholique. Votre inquiétude quant à la raison et au mérite est légitime dans le sens où cela peut paraître aller à l'encontre du rejet des vanités du monde par le chrétien humble et tourné vers la spiritualité - je pratique moi-même cette humilité, je la connais. D'ailleurs au début de l'Empire romain des philosophes stoïciens encouragaient même les stoïciens à ne pas participer au pouvoir (les temps changèrent ce qui culmina dans la personne de Marc-Aurèle, l'Empereur stoïcien). Mais si je pense au mérite, ce n'est pas pour l'orgueil, c'est dans l'idée d'une société hiérarchisée selon une échelle de valeurs. Les hommes capables devraient gouverner, et en quoi est-ce un mal ? C'est l'intérêt général qui le commande, mais si je pense au mérite c'est un mérite vertueux - et l'orgueil, la soif du pouvoir, ne le sont pas.


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Message Publié : 12 Juil 2005 21:25 
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La recherche du mérite ouvre la voie à la compétition , donc à la négation de l'autre , donc à la trahison du message évangélique . Votre référence à Marc-Aurèle m'inquiète . Vous aimez Renan ?

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