Un vieux texte, prêté à DP:
Les Trahisons de Talleyrand :
Ce personnage passe pour un génie de la politique parce qu’il a su traverser au moins cinq changement de régimes sans en subir de contrecoups. En réalité, Talleyrand ne doit pas seulement être accusé d’avoir « tourné sa veste », ce qui ne serait pas bien grave, n’étant ni le premier ni le dernier à l’avoir fait !
Qu’on puisse le ranger parmi les êtres méprisables pourra choquer, mais comment caractériser autrement ses trahisons ?
1- l’évêque-apostat : à sa décharge, il embrasse l’état ecclésiastique sans vocation. Devenu évêque d’Autun, il est élu député aux Etats Généraux. C’est lui qui officie à la fameuse messe du 14 juillet 1790 où il reçoit le serment de Louis XVI de respecter la nouvelle Constitution.
Ceci ne l’empêche pas de prôner la nationalisation des biens de l’Eglise et d’appuyer la constitution civile du clergé. Ce qui est encore compatible avec l’intérêt national.
2- Le ministre fourbe : chargé des relations extérieures en 1797 par le Directoire (après un exil aux Etats-Unis), on peut s’interroger sur son rôle dans l’ échec d’une seconde expédition d’Irlande (la première avait échoué sous Hoche en décembre 1796). Alors que la Royal Navy se révolte pendant l’été 1797, les préparatifs français n’avancent pas. L’occasion est trop belle ; mais, malgré Hoche et ses successeurs, il semble qu’une main invisible s’ingénie à rendre inefficace ce projet : les militaires murmurent qu’une haute personnalité proche des directeurs sabote l’entreprise. On prononce le nom de Talleyrand qui aurait perçu de fortes sommes d’argent de la part des Anglais !
Cette affaire est liée à l’expédition d’Egypte. Talleyrand en conçoit le projet et y intéresse Bonaparte ; par ce moyen, il éloigne de France un général factieux, au grand profit des Directeurs qui tremblent devant le vainqueur de Lodi. Talleyrand se serait entendu avec les Anglais pour permettre à la croisière de Bonaparte de gagner l’Egypte. En contrepartie, l’expédition d’Irlande est délaissée. Quelques centaines de soldats sous Humbert parviendront à débarquer en Irlande. Ils ne pourront empêcher l’écrasement des révoltés.
3- Le conseiller machiavélique : toujours chargé des Relations extérieures sous Bonaparte, Talleyrand propose de procéder à l’arrestation du duc d’Enghien au cours du conseil du 10 mars 1804 où siègent Cambacérès, Fouché, Lebrun et Régnier. Seul Cambacérès s’oppose à ce projet. Talleyrand et Fouché en sont partisans, afin de mêler Napoléon aux intérêts des brumairiens (pour la plupart anciens conventionnels).
Dans une lettre datée du 11 mars, Talleyrand préconise que deux détachements se rendent maîtres de Louis-Antoine, duc d’Enghien. Il sait très bien que la peine requise contre un émigré ayant porté les armes contre la France, c’est la mort ! La nuit de l’exécution, Talleyrand annonce à ses invités que « le dernier des Condé à cessé d’exister… »
A la restauration, Talleyrand qui a été directement mêlé à l’exécution du duc, n’hésite pas à écrire: « cet assassinat ne pouvait être ni excusé, ni pardonné et ne l’a pas été. » On connaît le mot fameux : « pire qu’un crime, c’est une faute ! »
4- Le conseiller-félon : à l’entrevue d’Erfurt, du 27 septembre au 14 octobre 1808, Napoléon espère son appui pour resserrer l’alliance franco-russe. Le Czar reste froid, en multipliant en façade les démonstrations d’amitié. Talleyrand ne lui a-t-il pas déclaré : « Le Rhin, les Alpes, les Pyrénées sont les conquêtes de la France, le reste est la conquête de l’Empereur, la France n’y tient pas ! » Il ajoute même, un peu plus tard : « Sire, que venez-vous faire ici ? C’est à vous de sauver l’Europe, et vous n’y parviendrez qu’en tenant tête à Napoléon ! »
Il est plus que probable qu’à cet époque –déjà-, Talleyrand reçoit des subsides importants de l’Autriche…
5- Le traître à la France : A partir de 1811, Talleyrand reçoit des fonds du Czar, de Metternich. Il dévoile les plans de Napoléon (en 1810, il écrit au Czar : « j’ai besoin de quinze cent mille francs »). Alexandre connaît ainsi par avance les intentions de Napoléon, par exemple son dessein secret de proclamer un nouveau royaume de Pologne.
En 1813, c’est pire : s’il ne connaît pas en détail les plans militaires de l’Empereur, il révèle approximativement les effectifs : Metternich peut en déduire que la Coalition a des chances de vaincre à l’automne 1813 si l’Autriche la rejoint. Ainsi, les « confidences » du prince de Bénévent coûteront à la France plus de cent mille morts !
Et c’est cet individu qui –partout ailleurs qu’en France- aurait été honni et vilipendé qui passe pour le meilleur de nos diplomates !
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