Albertuk a écrit :
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En cas de substitution, Chabot devait impérativement passer sous silence l'existence de ce rapport de Marchand, ou même le PV de Montholon, dont on ne connaîtra l'existence qu'en 1955 !
Je crois qu'il faut raisonablement penser que, même si les mémoires des uns et des autres ont été publiés tardivement, les PV eux ont faits autorité depuis le retour des testamentaires en France.
Je ne suis pas du tout certain que ces PV établis par les testamentaires aient été publiés. En ce cas, Antommarchi aurait dû en tenir compte. C'est quand même lui le premier qui parla de quatre cercueils dont deux en acajou ! De plus, certains critiques n'auraient pas manqué de souligner cette contradiction...
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Pour Montholon, vous faites erreur: il n'est emprisonné qu'après le coup de Boulogne tenté par Louis-Napoléon, c'est à dire en août 1840.
OK mais il devait bien être en disgrâce de la Monarchie de Juillet car il ne fut pas invité à se joindre à l'expédition de 1840 alors que, quand même, il avait été le premier bénéficiaire du testament de Napoléon et donc son testamentaire le plus important !
En fait, il était en Angleterre, en rapport étroit avec Louis-Napoléon. De ce fait, il semble bien que le gouvernement n'ait pas tenu à sa présence !
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Le seul PV de "Marchand' que je puisse constater en phase avec celui de Lowe fut celui-ci:
« Procès-verbal d'ensevelissement.
Ce jourd'hui sept mai mil huit cent vingt et un, a Longwood, ile de Sainte-Hélène, le corps de l'Empereur Napoléon, étant revêtu de l'uniforme des chasseurs de sa garde, a été par nous soussignés déposé dan un cercueil de fer blanc doublé de satin blanc, oreiller et matelas de même étoffe. Nous y avons également déposé le coeur renfermé dans un vase d'argent, surmonté l'aigle impérial, et la boîte contenant l'estomac; de plus, d'argent aux armes impériales, un couvert d'argent, une assiette d'argent, six doubles napoléons d'or de France, quatre napoléons simples d’or, un double napoléon d'argent, un napoléon simple d'argent, un napoléon d'un demi-franc, deux doubles napoléons d'or d'Italie.
Ce premier cercueil ayant été soudé en notre présence, a été placé ans un autre en plomb lequel après avoir été également soudé a été renfermé dans un troisième cercueil de bois d'acajou.
Le cercueil a été placé sur le lit de camp dans la chapelle ardente et recouvert d'un drap mortuaire en velours violet sur lequel nous avons étendu le manteau que, depuis la bataille de Marengo, l'Empereur portait dans toutes ses campagnes.
Aprés quoi nous apons dressé et signé le présent procés-verbal, les jours et an que ci-dessus.
Signé: le comte DE M0NTH0L0N, le comte BERTRAND, MARCHAND. »
Ce PV a bien été établi en 1821, comme celui de Lowe. Il est bien probable que Lowe ait tout simplement répliqué les informations de ce PV et c'est peut être une des raisons qu'il reproduit la mention de 3 cercueils.
Sans doute, c'est le seul PV historiquement connu. Mais c'est une erreur de la part de Thiers de parler du PV de Marchand; il aurait dû dire: "Le PV de Montholon". Compte-tenu de la disgrâce de ce dernier, il n'y avait aucun inconvénient à parler du PV de Bertrand.
Par conséquent, on ne peut pas écarter d'emblée l'existence éventuelle d'un rapport de Marchand, indépendant de la pièce susvisée.
Pour cette probablilité que Lowe ait répliqué le PV de ces messieurs les exécuteurs testamentaires de l'Empereur, on ne peut pas l'écarter non plus; mais ceci reste étrange: il est bien surprenant qu'il ne se soit pas fié exclusivement aux rapports de ses officiers ou médecins.
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Mais, par exemple, Marchand qui écrit après 1840, rectifia cette information et parla de 4 cercueils dans ses mêmes mémoires après avoir cité ce PV en mentionnant 3. Ce qui fit dire aux commentateurs de ces mémoires que Marchand se contredisait. En fait, il reproduisait le PV de 1821 tel quel, quoique rectifia un peu plus loin en parlant de 4 cercueils.
C'est d'autant plus étrange, que Marchand ne s'étend pas sur cette erreur. C'est ce laconisme qui est suspect ! Un bef commentaire de sa part aurait rassuré tout le monde ! Ce silence est donc accusateur, surtout si on le rapproche de la lettre qu'ila écrite à Joseph en 1840, où il prend bien soin de ne pas décompter les cercueils !!!
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Pourquoi cette erreur de 3 cercueils? J'avais évoqué l'hypothèse que l'enveloppe intermédiare, de 2 à 3, était une caisse en bois pour isoler les deux métaux et éviter la détérioration des cercueils métalliques. Une autre raison simple peut être que la plupart des PV de 1821 avaient déjà été rédigés par Montholon sous la dictée de Napoléon qui lui-même indique la façon dont il avait voulu être inhumé... Marchand par exemple explique bien qu'un des PV était déjà prêt avant le décès de Napoléon et qu'il ne fallait qu'y ajouter la date et heure ! Bref, Napoléon aurait donc prévu ses cercueils mais c'était sans compter sur les problèmes techniques avec la suggestion de Andrew Darling de mettre un cercueil (ou caisse) intermédiaire entre fer-blanc et plomb.
C'est une explication astucieuse que rien -malheureusement- ne vient étayer ! Que certains des PV aient été rédigés à l'avance, c'est une certitude, mais certainement pas celui de la mise en bière ! Il n'y aurait eu aucun inconvénient à ce que Marchand donne cette explication. Il ne l'a pas fait et ce silence demeure lourd de sous-entendus...
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mais il n'en demeure pas moins qu'elle s'est transformée en cercueil d'acajou par un coup de baguette magique...
Oui, ceci est indéniable. Le cercueil intermédiaire ne pouvait pas être en acajou. Il pouvait être en tout autre bois exotique, ou en simple caisse intermédiaire à isoler les 2 métaux.
Nous sommes bien d'accord, il n'ya pas lieu de revenir sur ces détails, saufpour signaler que c'est un indice puissant en faveur de la substitution...
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Donc, à vous suivre, le cercueil de Napoléon n'était pas en acier recouvert d'une fine pellicule d'étain, mais en étain, purement et simplement !
Le PV français parle de
fer blanc et celui de Lowe parle de
tin. Pour moi, c'est la même chose que le métal de fer utilisé pour les boîtes de conserve. On n'avait pas les moyens de fabriquer de l'acier inoxidable à Ste Hélène à cette époque. Par contre, il fallait très certainement isoler les 2 métaux car tous les deux devaient contenir des oxydes (tant celui de fer que celui de plomb) et donc des transferts chimiques pouvaient se produire en fil des ans en absence d'un isolant chimique adéquat: le bois.
Certainement. Reste que ce fer blanc est signalé en 1840 comme étant "rouge de rouille", ce qui est extrêmement surprenant et peut laisser penser que l'humidité était très forte dans le tombeau, ce qui est en contradiction avec son état en 1840, la maçonnerie étant environnée d'argile rouge, un argile qui conserve l'humidité à la surface et certainement pas à douze pieds de profondeur !!!
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...un de plomb et un seul d'acajou ! Et les autres éléments, comme les vases à côté du corps et non entre les jambes ! C'est absolument capital et cela signe la SUPERCHERIE !
Pour les autres invraisemblances apparentes, il peut y avoir des explications plus ou moins vraisemblables, et donc je pense qu'il est difficile de convaincre qui que ce soit. La parfaite conservation est elle un constat indiscutable qui avait, déjà en 1840, fait couler de l'encre, les uns ne pouvant expliquer le phénomène et les autres certifiant qu'un embaumement avait certainement eu lieu à Longwood sans que ce fut su. Bref, cette parfaite conservation, constatée par les hommes de l'art (Guillard) ne souffre d'aucun débat: le tout est de l'expliquer!
Pour la médecine légale d'aujourd'hui, cet état de conservation est inexplicable ! Il n'est pas la suite logique de l'état du corps en 1821 (cf. le rapport Stéphany)!
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Rappelez-vous la phrase ambigüe de Bertrand après l'inhumation de Napoléon le 9 mai 1821: "on dit qu'il ne restera pas là longtemps"!
Bertrand comme les autres pensaient sincèrement que l'Angleterre allait accorder le retour de la dépouille de Napoléon à sa famille. Des demandes en ce sens avaient été faites et l'inhumation était nécessaire car une telle décision allait prendre quelques mois de toute façon. C'est en ce sens simpliste, je pense, que Bertrand mentionne que Napoléon ne resterait pas dans son île prison très longtemps. Cette situation, de quitter l'Empereur même mort, chagrinait ses sompagnons je crois, quoiqu'ils étaient bien contents de rentrer en Europe. Et les anglais avaient bien dû leur dire, pour les rendre à l'aise, que leur gouvernement allait sans aucun doute acoorder le retour de la dépouille. En fait, le gouvernement anglais ne dit pas non, et remit cette décision à la France seule. Si celle-ci avait accordé un tel retour, même pour un ensevelisselent en Corse, l'Angleterre n'aurait pas fait objection. Bref, ceci pour dire que Bertrand comme les anglais, ne voyaient pas pourquoi Napoléon mort devait rester prisonnier sur son île ! Des appels au retour de sa sépulture furent publiés dans le Times en juillet 1821, juste après que son décès fut connu. Personne ne prévoyait un refus français!
Je pense que votre séjour en Angleterre vous fait voir son gouvernement de l'époque sous un jour trop favorable: il est bien certain que les deux gouvernements s'étaient consultés à ce sujet. A mon avis, c'est la raison pour laquelle les ordres de retour en Angleterre du corps du "général Bonaparte" en cas de mort, ont été rapportés en 1820 ! Louis XVIII se souciait peu d'avoir un lieu de sépulture de "l'usurpateur" en Grande Bretagne qui aurait pu devenir un lieu de pélerinage !
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Certes, Thiers fait preuve de diplomatie, mais il suggère explicitement une ouverture du cercueil. Vu les dispositions qu'il prend ensuite à ce sujet, il est assez clair qu'il n'a pas reçu de réponse satisfaisante du Foreign Office. Middelmore ne recevra aucune instruction à ce sujet, je le rappelle...
Les instructions anglaises à Middlemore reprenaient sans doute les instructions du Foreign Office en accord avec les échanges avec Thiers et Guizot, à savoir on devait nommer l'inhumé "Feu l'Empereur Napoléon" et on devait procéder à l'ouverture des cercueils que s'il était constaté un dégât du tombeau ou des travaux d'ouverture antérieure. C'est la raison pour laquelle les anglais avaient communiqué le PV de Lowe, pour servir de constat de l'état du caveau comme laissé en 1821. Mais la surprise fut grande une fois sur place quand les Français firent connaître leur intention d'ouvrir le cercueil. Afin de ménager la susceptibilité, il était convenu de dire que la raison était non un manque de confiance envers les Anglais, mais des raisons sanitaires avant d'embarquer une dépouille mortelle à bord d'un navire. Cette raison avait dû cependant faire rire jaune les Anglais car les Français procédèrent à une autre inhumation sur place deux jours avant Napoléon et embarquèrent le cercueil sans ouvrir celui-là !

C'est évident. Pourtant, je me dois de signaler votre analyse comme erronée: Joinville et Chabot sont formels, les instructions transmises à Middelmore ne contenaient aucune indication sur l'ouverture du cercueil à Sainte-Hélène. Il fallut "plusieurs entretiens subséquents" avec Joinville, pour fléchir le gouverneur. Et encore, Gourgaud relate que "le chef de Justice" voulut encore s'y opposer dans une dernière discussion avec Chabot, au pied même du cercueil !...
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Allons donc ! Certes, il faut demeurer prudent, mais on ne peut pas se contenter de noter que Thiers est dans la contradiction.
Et pourtant... Sur l'affaire de l'ouverture du cercueil, les Français ont conté florette aux Anglais. D'abord on ne va pas ouvrir, ensuite on va ouvrir de toute façon pour faire taire les rumeurs, ensuite on ouvre pour raisons sanitaires. Bienvenue dans le monde de Thiers !
Monsieur Thiers connaissait d'assez près la franchise britannique. A cet égard, il disposait de toute la lucidité nécessaire. C'est probablement ce qui lui valût son éloignement du pouvoir de 1841 à la fin de la monarchie de juillet...