L'Énigme des Invalides

C'est parfaitement exact et ce faisant Grouchy a accompli ce que l'on attendait de lui.

Compte tenu du retard de 12 heures pris au départ par la poursuite qu'il avait engagée, c'est déjà en soi un résultat remarquable.

Un autre paramètre de l'équation: ni Napoléon ni Grouchy ne connaissaient l'effectif total de l'armée prussienne.
Napoléon est informé que 15000 hommes fuient Ligny par la vallée de la Dyle; Grouchy recueille des informations sur le passage de 30000 hommes près de Gembloux. Même en totalisant les deux cela fait 45000 hommes s'ils peuvent se réunir...

Or Blücher aura 90000 hommes à Wavre le 18 dans la matinée.

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Cordiales salutations,

Henri André

Cela démontre que les Prussiens étaient supérieurement organisés et qu'ils surent manoeuvrer à l'insu des troupes impériales.
Il faut dire qu'ils disposaient d'un Gneisenau alors que les Français n'avaient plus Berthier.

A 10 000 hommes près, sans-doute que non. Mais l'Empereur connaissait le chiffre global des Prussiens.

Enfin, si les Prussiens avaient Gneisenau, les Français avaient Napoléon ! Il a fait le plus mauvais choix en nommant Soult, chef de l'Etat-Major. J'ai lu, avec surprise, dans le dernier "Gloire et tradition" consacré à la bataille de Ligny, que Vandamme avait été également de très mauvaise composition, au point de frôler l'insubordination, voire le sabotage...

Vandamme étant franc-maçon, comme Soult et Grouchy, je me demande -de nouveau- s'il n'y a pas eu un mot d'ordre pour ruiner les efforts de l'Empereur !!!

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"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.

Figurez-vous qu'il s'agit là d'une hypothèse formulée par Bernard Coppens !
Selon lui, certains maréchaux et généraux, échaudés par les ambitions de l'Empereur et las des guerres continuelles, étaient persuadés que celui-ci menait la France à sa perte et il auraient ourdi un complot, un peu comme celui de Von Stauffenberg en juillet 1944, pour non pas éliminer Napoléon, mais pour contrecarrer ses efforts.
Ils auraient estimé qu'une défaite en début de campagne était préférable politiquement et moins coûteuse en vies humaines à la poursuite des hostilités car la cause impériale était à leurs yeux entendue.
Mais de là à y voir la main de la Franc-Maçonnerie, il y a un pas qu'il n'a pas osé franchir...

Pour en revenir aux responsabilités dans la défaite, il nous faut bien reconnaître que les romantismes allemand et français avaient contribué à ériger le culte du "surhomme" - Frédéric II et Napoléon - ne commettant jamais d'erreur.
Cette tendance a faussé, durant tout le XIXème siècle, l'enseignement de l'Histoire.
Beaucoup plus réaliste, le vieux renard qu'était Winston Churchill dira : "Chaque guerre est avant tout une énorme collection de bévues. Le tout est d'essayer d'en commettre moins que l'autre."

Dans son ouvrage consacré au Duc de Wellington, le professeur Henri Bernard évoque au passage le cas de Grouchy.

Voici en résumé ce qu'il en dit :

"La mission de Grouchy était d'empêcher la réunion des deux armées alliées. En marchant directement de Gembloux vers Mont-Saint-Jean, il eût permis cette réunion et ainsi eût été accompli ce que Napoléon voulait éviter. En agissant comme il l'a fait réellement, Grouchy a fixé une partie des forces prussiennes dont 47.000 hommes seulement combattront à Waterloo.
Nous n'avons nullement l'intention de prétendre que Grouchy, chef au passé prestigieux, fut irréprochable. Pas plus que Ney, il n'était un commandant d'Armée, car il s'agissait bien ici d'une Armée qui lui avait été confiée.
Peut-être n'a-t-il pas donné à celle-ci l'impulsion souhaitée ; ses ordres furent imprécis ; il négligea l'itinéraire Ernage, Nil-Pierreux ; ses unités se mirent en mouvement trop tard le 18 au matin ; dans la discussion qu'il eut avec Gérard, celui-ci tint un langage de soldat et il eût été sans doute plus élégant de marcher au canon, -avec une partie des forces, l'autre masquant Wavre -, car c'est après coup que nous constatons que l'intervention eût été inutile.
Ce que nous avons voulu montrer, c'est que, quelles qu'aient été les imperfections de la manoeuvre du maréchal, elles n'ont aucune responsabilité dans le désastre.
...
Grouchy, qui n'avait, tant s'en faut, pas le crédit de l'Empereur, était en butte aux mêmes faiblesses que lui, avec, en plus, l'hostilité -pour de simples questions d'ancienneté - de ses commandants de grandes unités, et en particulier Vandamme, le "mauvais coucheur", comme l'appelait Napoléon.
D'autre part, Houssaye, qui accable le maréchal tant qu'il peut, reconnaît que "Napoléon ne fit rien pour l'éclairer."
En réalité, "jamais réputation ne fut aussi brutalement sacrifiée pour sauver l'amour-propre national, que le fut celle de Grouchy. Il ne faut attribuer cela qu'au voeu populaire de la nation française qui réclamait une victime à laquelle elle pût faire porter la responsabilité de la défaite et à la complaisance que mit Napoléon à fournir cette victime en la personne de son malheureux lieutenant."

Et voici de qui apporter de l'eau à mon moulin !

La biographie que Christian Legros consacre à Grouchy tend à démonter un à un tous les griefs qui ont pu lui être adressés.

En voici l'analyse personnelle qu'en a faite l'un des plus éminents membres de forum Napoléon 1er (il s'agit d'un copier-coller qui respecte le style et la syntaxe de son auteur) :

Enfin, Grouchy. S’il avait suivi les conseils de Gérard, lors de l’affrontement au sujet du « bruit du canon », il aurait dû faire un peu plus de vingt cinq kilomètres avec sa troupe, pour joindre Plancenoit en fin de journée, et tout çà en huit heures ou moins, quand il reçut la fameuse et douteuse lettre de Soult. Compliqué, non, sans taxis de la Marne, ou plutôt de la Dyle ? Cette lettre, comme le dit l’auteur, est plutôt à la charge de Grouchy : différentes copies, originaux du SHD retrouvés une vingtaine d’années après l’incendie de sa demeure, alors qu’il les pensait perdus, … . Malgré tout, il fut arrivé vers 20h, s’il avait démarré au « bruit du canon ». Mais pour cela, les troupes prussiennes se rendant à Waterloo, et celles de Wavre, qu’ils avaient en queue, l’auraient gentiment laissé passer, sans l’attaquer. Et s’il fut arrivé vers 20h, ses troupes eurent été probablement balayées par la panique générale. Au lieu de çà, il rapatriera environ 30000 hommes à Paris. De faite, Grouchy n’aurait pas dû suivre Blücher vers le nord, mais se maintenir à la droite de Napoléon, afin d’empêcher le prussien de joindre Wellington. Un problème, ce n’était pas les ordres de Napoléon, malgré que Grouchy le lui ait proposé au soir de Ligny. Et çà, à toutes époques, les ordres sont les ordres pour un militaire. En Egypte, dans le Desvernois que je lis actuellement, à El-Byr-El Bar, Davout et Belliard refuseront de monter à l’assaut au « bruit du canon », pour secourir Desaix et Desvernois, car Desaix avait dit de ne pas bouger sans un ordre de vive voix !
Après Ligny, seuls Soult et Grouchy sentirent que Blücher ne rentrait pas chez lui, et que les pertes de temps du 16, le soir après les combats, et du 17 au matin pouvaient être lourdes de conséquence. Il me semble que Napoléon n’avait pas admis ou compris (ne voulait pas ?) que ses ennemis avaient appris au contact de son génie, et n’étaient plus des buses ! L’auteur l’exprime en page 462 : « L’Aigle a péché par orgueil et le dieu de la guerre l’a puni. », et cela fait office de conclusion au désastre de Waterloo pour moi.

Je dirais plus simplement que Napoléon a été mal "éclairé" et Grouchy aussi. Mais si ce dernier avait des doutes, il aurait dû mieux faire rechercher les traces des Prussiens...

Très bonne réponse, que je partage entièrement !!!

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"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.

Si un reproche peut lui être adressé, c'est celui de s'être conformé trop strictement aux ordres reçus.
Il n'a pas été capable ou n'a pas voulu les interpréter.
En les appliquant au pied de la lettre sans esprit d'initiative, Grouchy s'est conformé à son devoir mais il a manqué son rendez-vous avec l'Histoire.