Institués par Bonaparte lui-même, ces Voltigeurs, dont on ne parle que rarement, étaient bien méritants !
Le génie militaire de Bonaparte (à l'imitation de César, qui avait ses vélites) s'est montré dans la formation de ce corps.
La différence entre les tirailleurs et les voltigeurs réside dans le fait que les premiers évoluent de façon irrégulière, en étant éparpillés, tandis que les autres agissent en corps, nombreux et rassemblés.
Les qualités requises pour être admis dans ces troupes sont une réputation de courage bien établie, une petite taille, de la vigueur et une grande agilité. Leur uniforme est celui de l'infanterie française, avec comme distinction propre, le collet jaune.
Ils portent la grenade, et jouissent de la même haute paye que les grenadiers, bien que la plupart d'entre eux soient de la plus petite taille.
Chaque régiment d'infanterie a une compagnie de voltigeurs, qui marche toujours devant les grenadiers. Au lieu de tambours, ils ont deux trompettes (cornets).
Les voltigeurs sont armés d'un fusil court (carabine) et d'un sabre court ; la giberne est fixée sur les reins par une ceinture; d'après les règlements, leur sac doit être très léger.
En présence de l'ennemi, les compagnies de voltigeurs de tous les régiments sont rassemblées, formant un corps distinct qui mène l'attaque ; ils sont en général employés à escalader les montagnes (s'il y en a) ou à forcer les passages difficiles; les grenadiers suivent à courte distance, mais c'est le privilège des voltigeurs d'ouvrir la route à la victoire.
On leur rappelle, d'ailleurs, à l'occasion, cet honorable avantage.
Depuis leur création, les voltigeurs ont été de la plus grande utilité pour les armées françaises. La fierté de la grenade, l'espoir d'être les premiers au pillage, tout a contribué à élever l'esprit de ces soldats de petite taille au plus haut degré de valeur enthousiaste.
"Pendant la dernière campagne d'Italie, observe un correspondant, au cours de laquelle j'ai servi dans la division de grenadiers du général Parteneau, après le passage de l'Adige, aux affaires de Montebello et de Caldiera, au passage de la Piave et du Tagliamento, ainsi qu'à la prise de Palmanova, les voltigeurs ont supporté seuls le poids des journées; les grenadiers (à l'exception de quelques bataillons) n'ont pas tiré un coup.
Ils ont eu les mêmes avantages en Calabre, et dans les Abruzzes.
A Gaète, ce furent les voltigeurs et la légion corse (appelée dans l'armée la "légion des cousins", parce qu'ils prétendent tous être apparentés à Bonaparte, ou être ses voisins à Ajaccio) qui furent les premiers à monter sur la brèche et qui prirent la ville d'assaut."
"J'ajouterai à cette note, poursuit un autre officier, que les voltigeurs que j'ai eu l'occasion de voir, soit comme déserteurs, soit comme prisonniers de guerre, m'ont dit qu'ils avaient été soumis à un long et souvent périlleux entraînement, avant d'avoir été admis dans une compagnie de voltigeurs.
Ces hommes doivent être experts en voltige, en saut, en course, à la nage, dans l'escalade des rochers les plus escarpés et des arbres les plus hauts, etc.
J'ai vu un de ces petits gars, natif de Versailles, faire un saut de 21 pieds, il m'a dit qu'il sautait sans difficulté plus de 25 pieds, avant d'avoir reçu dans la poitrine une sévère ruade d'un cheval sur la croupe duquel il tentait de sauter pour frapper un cavalier ennemi." ...
