Très cher Ti'Breton,
D'aucuns disent et continueront toujours à dire que Napoléon forgea sa légende ,("grâce" ),et, dans son exil hélénien.
Je combats farouchement ce raisonnement, bien trop convaincue que le Grand Homme construisit, pas à pas (de géant, certes), mais progressivement cette "légende" jusqu'à Sainte Hélène, où là, bien sûr, il trouva le point d'orgue de cette fabuleuse destinée.
Pour en revenir au sinistre geôlier (pardonnez-moi, mais je ne peux lui trouver aucune sympathie!), je veux bien admettre qu'il fût dirigé par le gouvernement anglais, et qu'il n'eût certainement pas grande marge de manoeuvre dans ses décisions.
Mais, cher Ti'Breton, très honnêtement, dites-moi, est-ce que Lowe, outre les ordres de ses supérieurs, se devait de compresser encore plus qu'il ne l'était, le budget réservé pour le "séjour" de l'Empereur sur cette île noire ?
Devait-il accentuer la misère de ces lieux, poussant Napoléon à vendre une partie de ses biens personnels ?
Fut-il contraint, après le contrôle obligatoire requis, de retenir par devers lui certains présents offerts à son "prisonnier" ? De le priver sciemment de lecture, sachant que ce fût là, l'un des rares loisirs qu'il lui restait ?
Devait-il accepter que la nourriture soit aussi malsaine, et les conditions de vie quotidienne aussi oppressantes ?
Comment, enfin, cet homme, que certains voudraient laver de toute responsabilité, comment ne put-il s'apercevoir que l'Empereur n'avait pas d'autre choix que de tenter de vivre comme un Homme, un grand Homme, mais un Homme qui souffrait déjà tant moralement ?!
Souvenez-vous, cher Ti'Breton, de l'arrogance de ce britannique odieux, de son irrespect envers le plus grand Homme de l'époque, remplaçant avec un plaisir malsain, son titre d'Empereur par celui de "Général" !!
Et pensez-vous qu'il y fût également obligé par le gouvernement anglais ??
Non, vraiment, je ne peux le plaindre, même s'il fût, comme vous le pensez, "condamné à mort" en se voyant sollicité dans cette mission.
Et si l'Angleterre a rendu un service à l'Histoire de France, ne pensez-vous pas que c'est bien là la moindre des compensations, même si la perfide Albion n'imaginait pas offrir une telle opportunité au Captf de Ste Hélène ?!
Les compagnons de l'Empereur, ses "serviteurs" du dernier exil, étaient pour la plupart "intéressés", mais il n'en reste pas moins vrai que les conditions de vie étaient presque en tous points identiques pour eux ...Et qu'ils eurent à supporter également le poids de l'isolement et de l'absence de leurs proches.
Bien que ne saisissant pas le rapport entre ma conclusion et votre toute dernière question

, j'y répondrai avec grand plaisir :
Lorsque je m'attachai à la mémoire de Napoléon, (j'étais "petite", c'est vrai

), ce fut au travers du regard étincelant de mon prof' d'histoire, laquelle nourrissait pour Napoléon une véritable passion, qu'il était impossible d'ignorer !
Alors, dans ses deux prunelles qui brillaient à l'évocation du Grand Homme, j'aperçus tout, d'un seul coup :
La redingote grise, le petit chapeau (pas mou, sauf lors de passages répétés sous des pluies torrentielles

), le visage noble et régulier à la beauté antique, mais aussi toutes les victoires et autres batailles qu'elle savait si bien nous conter, sans oublier le triste épisode d'une fin de vie, certes bien "choisie" pour la postérité, mais ô combien douloureuse pour notre Empereur !
En un mot, tout en Lui m'interpella et ... m'interpelle toujours.
