Comment, avec un bilan économique et social autrement moins brillant que Louis Napoléon, avec un charnier humain autrement plus conséquent, l'oncle parvint encore à rassembler des partisans sous ses fenêtres jusqu'après waterloo... Ti'Breton) ...
Votre conclusion, cher Ti'Breton, me fait frissonner, tombant aussi brève et cinglante que le couperet d'une guillotine !
Pensez-vous, avec la sincérité qui vous caractérise habituellement, pensez-vous qu'il soit judicieux, voire plausible, de comparer deux périodes de l'Histoire aussi contrastées,( tout en étant complémentaires l'une de l'autre) que le Premier et le Second Empire ?
Pensez-vous honnêtement que les deux Hommes qui l'orchestrèrent puissent être mis en parrallèle, hormis par le nom qui leur confère ce lien de parenté ?
Personnellement, je ne le crois pas.
Je ne retracerai pas ici le bilan positif du règne de Napoléon 1er que vous connaissez comme moi, mais je voudrais tout de même rappeller quelques points qu'il ne faut pas perdre de vue pour une juste analyse.
Il est pour habitude, lorsque l'on évoque Napoléon III, de mettre en exergue l'extraordinaire avancée dans le domaine social et industriel. Ce n'est bien sûr pas contestable.
Mais le génie "multiple" de l'Oncle ne s'est pas retrouvé chez le neveu, loin s'en faut !
Napoléon III ne fut pas le visionnaire qu'était Napoléon 1er, et, par conséquent, ses actions sur le plan politique et militaire manquèrent d'éclat.
Le principe des nationalités qu'il voulait faire prévaloir en Europe, son côté quelque peu imbu des principes humanitaires, firent ressortir du personnage une diplomatie plutôt "brouillonne".
Il s'engage avec les Anglais dans la guerre de Crimée, connaît de graves déconvenues au Mexique, tout comme en Italie, pour terminer dans une guerre désastreuse que fut celle contre la Prusse.
Elle lui coûtera en effet son trône et ternira le bilan de son règne.
Voilà peut-être un début d'explication à votre questionnement sur le manque de popularité du neveu par rapport à l'Oncle, une cinquantaine d'années précédentes ...
Ceci dit, et bien qu'il soit tout-à-fait exact de reconnaître à Napoléon III son action positive dans le domaine social et industriel, force est de reconnaître tout aussi bien que l'oeuvre du grand Homme que fut l'Oncle, ne manque guère d'éclat, et ceci tous domaines confondus ... Politique, militaire, social, économique, culturel, artistique, littéraire, architectural ...
Bref, nul ne peut contester que Napoléon 1er fut, en même temps qu'un remarquable dirigeant politique, un organisateur et un administrateur de talent qui réussit le brillant exercie de faire basculer la France de l'Ancien Régime dans la modernité du XIXème siècle.
Car en effet, la gloire que lui apporta ses victoires militaires ne lui firent pas oublier les affaires intérieures, même s'il déplora souvent n'avoir jamais assez de temps à leur consacrer !
L'un de ses plus grands mérites reste pourtant d'avoir donné à la France ce système administratif et juridique efficace qui lui faisait si gravement défaut pour assurer au pays une gestion ferme.
Par ailleurs, en centralisant tous les pouvoirs, il assura la santé financière de l'Etat, et instaura de grands travaux publics.
Il contribua également à la prospérité de l'industrie, qu'il protégea par un service de douanes rigoureux.
Soucieux d'une agriculture florissante, mais s'inquiétant d'un commerce peu actif, il instaura le crédit et les chambres de commerce ; quant à l'armée, il la fit renforcer, possédant ainsi rapidement la plus imposante "machine de guerre" que le monde ait jamais connue ...
Et ce que représente le Second Empire, c'est essentiellement la mise en application des principes et des institutions établis sous le Premier Empire. Une sorte de continuité dans le chemin tracé par Napoléon 1er.
Et c'est en restaurant l'Empire et en faisant connaître à la France des années de paix intérieure, que Napoléon III a démontré l'intérêt et l'efficacité du régime bonapartiste.
Pour ce qui est des guerres, Napoléon 1er n'a cessé d'y être confronté, le plus souvent bien malgré lui, et ce n'est pas parce qu'il fût également un maître dans le domaine militaire, qu'il faut l'accuser d'avoir provoqué "un charnier humain".
Les guerres de l'époque, hélas, dans leur conception globale, ne pouvaient s'inscrire dans la défense de notre pays, sans comptabiliser de morts, beaucoup trop de morts ...
Mais, encore une fois, sur le bureau de Bonaparte, Premier Consul, se trouvait le dossier de la guerre !...
