Bonjour
Personnellement je pense que Napoléon dans sa vie individuelle peut ne pas intéresser mais qu'il vit d'une vie tout à fait symbolique fascinante qui relève de l'histoire des mythes et qu'il est, aujourd'hui, qu'on le veuille ou non, qu'on le sache ou non clairement, une figure du héros, et cette vie là échappe totalement à l' Histoire et à ses faits.
«Le héros est héros parce que dans chaque difficulté de la vie il aperçoit la résistance contre le but interdit et qu’il combat cette résistance avec toute son aspiration qui tend vers le trésor difficilement accessible ou impossible à atteindre ; cette aspiration paralyse et tue l’homme du commun » (Jung)
« Connaître les mythes, c’est apprendre le secret de l’origine des choses. En d’autres termes on apprend comment les choses sont venues à l’existence mais aussi où les trouver et comment les faire réapparaître lorsqu’elles disparaissent » Napoléon relève de ce qu'écrit ici Mircea Eliade par des aspects que je ne développerai pas.
Mais la représentation de Napoléon a une force telle sur l’imaginaire, qu' elle est, qu'on le veuille ou non, une partie intégrante de l’atmosphère mentale collective avec sa puissance de contrainte, qu'elle justifie qu’en pratique la question de son exactitude, si elle peut être posée, ne soit jamais retenue, et même supposée créée par les livres elle fait partie de l’univers mental collectif donc a une certaine force morale de contrainte, d’autorité coercitive, à cela on reconnaît les caractères d’une représentation mythique. C’est , dès les commencements, une structure mythique, un in illo tempore , qui va se développer avec le jeune Général Bonaparte en héros destiné à conquérir le pays, le monde, et d’abord Paris , ainsi on voit à l’oeuvre le travail de l’imagination qui transforme la réalité trop normale, « le mythique a toujours contaminé le réel », le nom d’Epopée donné au régime exprime bien, cette transfiguration.
« Les mythes modernes sont encore moins compris que les mythes anciens, quoique nous soyons dévorés par les mythes » écrivait Balzac....
