Bonjour Cher Duc,
Je ne m'oppose pas non plus à votre argumentation ; elle est enrichissante et sensée ; mais puisque le débat est ouvert, poursuivons encore un peu ...
Et l'affaire Mallet? Incroyable tout de meme, non?Les services de police fonctionnaient parfaitement, et Malet faisait l'objet d'une étroite surveillance de la part de Fouché lui-même.
Il a fallu le concours malheureux d'un Savary, trop à l'écoute de la requête du conspirateur, pour accepter de le faire enfermer dans cette maison de santé, d'où l'on s'échappait si aisément, une fois la nuit tombée ! ...
Et l'Empereur, comment aurait-il pu pressentir le complot, Lui qui se trouvait alors à Moscou ?
"je reste persuadée que le jeune Général Bonaparte n'a pas attendu nos deux compères pour exercer son génie, qui du reste, faisait partie intégrante de sa personne."
Oui et non, Bonaparte aurait, de par le décret de Brumaire le chargeant de la sécurité des parlementaires à St Cloud, réussi son coup d'Etat, l'armée le soutenait. D'ailleurs le coup d'Etat politique du 18 Brumaire fut un échec, c'est le coup d'Etat du lendemain, donc militaire qui fut un succès.Nous sommes bien d'accord, mais plus "oui" que "non" pour moi.
Par contre il est bien difficile de dire s'il aurait pu se maintenir sans soutien des anciens du Directoire, redonner une image fréquentable de la France aux yeux des monarchies européennes et par là écarter pour un temps le Comte de Provence!Il est bien évident que le rétablissement après de tels bouleversements conjoncturels n'aurait pu s'opérer par l'entremise d'une seul Homme ; matériellement parlant, c'est inconcevable. Bonaparte avait les idées justes quant aux réformes à apporter, mais il lui fallait indéniablement des bras pour les mettre en application.
De plus comme vous le rappeller avec justesse, Napoléon ne pouvait pas se passer de Fouché, les attentats contre la personne de Bonaparte étaient nombreux et souvent déjoués à l'insu de la victime!
Pas sur qu'un Réal par exemple eut été mieux informé.
Fouché avait ses indicateurs depuis longtemps et dans tous les millieux, le Directoire était réputé pour etre un gouvernement corrompu, et pour corrompre il faut etre informé. C'est un travail de longue haleine.Très juste, en effet.
Rose, je ne remets pas en cause les capacités intellectuelles des ministres de Napoléon, ce que je dis est simple, il y avait les intriguants, les futurs traitres d'un coté et les exécutants zélés de l'autre.
Pour coller avec Napoléon III, ce dernier avait des ministres non seulement brillants mais aussi capables d'avoir de la personnalité pour dire franchement ce qu'ils pensaient à l'Empereur, d'ailleurs les ministres n'étaient pas toujours d'accord entre eux!D'accord aussi, mais la personnalité de ces ministres ne pouvait être perceptible qu'exercée dans des circonstances particulièrement délicates.
Et une fois nommés, vous savez comme moi combien l'Empereur rechignait à se séparer de ses "lieutenants" ; tout au plus certains se virent disgraciés, et souvent de façon temporaire.
Vous me direz qu'il s'agit là d'une faiblesse dans le caractère de Napoléon ; soit, mais cette "faiblesse" se nomma bien souvent tolérance et profita bien aux concernés qui en abusèrent.
"Le Grand Homme se croyait capable, et avait, à mon sens, toutes les raisons valables de croire en Lui.
Et quand bien même certains lui reprochaient d'avoir trop souvent chevauché les champs de bataille pour pouvoir diriger correctement la France, il n'en est rien, puisque nous le savons bien, c'est de sa tente, à mille lieues de Paris, que partaient les ordres, les nominations, les mutations et les décrets qui faisaient tourner l'énorme machine ..."
Vous le savez bien, Napoléon parlant de Desaix mort prématurément, regretta ne pas avoir eu un Turennes pour le seconder, lui laisser du répit.
Bien entendu que l'intendance tant militaire que gouvernementale était impressionnante, ceci dit l'Empire de Napoléon n'échappait pas à la règle que celle qu'avait connue la Rome antique : établir une tétrachie afin de s'assurer de la bonne gestion militaire et administrative de l'Empire.
Les moyens de communication n'étaient pas si différents.
Etre partout à la fois, n'est pas gage de sureté tant intérieure qu'à l'extérieure.
Une chose simple, cela plaçait l'Empereur en première ligne, on en voudra à sa personne, l'armée c'était lui!
Il en était conscient puisqu'il choisit sa famille pour le seconder, choix malheureux mais unique choix.
Pour ainsi dire il se réservait l'armée à lui seul et plaçait sa famille à ses ordres.
Je ne suis pas en désaccord avec vous simplement qu'il n'eut pas le choix et tout génial qu'il était, il avait besoin d'etre seconder efficacement. C'est Napoléon qui le dit et pas moi.
On peut etre un génie si on est mal entouré les idées ne sont pas nécessairement bien appliquées ou pas appliquées du tout.En effet, ce n'est pas parce que l'Empereur aimait à tout superviser, qu'Il pouvait faire tout, tout seul.
Et le fait de s'ccuper de tout le rendait bien sûr plus vulnérable dans le génie qui l'habitait ... Il en était d'ailleurs bien conscient.
Pour le choix de sa famille, ce fut plus une décision "logique" que malheureuse, même si les conséquences ne furent pas celles escomptées par le Grand Homme.
Sorti brusquement de la foule pour se trouver propulsé sur le devant de la scène, Il sentit qu'Il avait besoin de quelques points d'ancrage, ici et là, pour le conforter dans sa position, et le soutenir.
Alors, quoi de plus légitime que de choisir parmi les siens propres, ceux dont le sang rapprochait plus que quiconque ?
Mais les frères, comme tant d'autres étrangers à la famille, gorgés d'honneurs et de biens, eurent tôt fait de lâcher la main de leur trop généreux frère !
C'était donc bien un souhait de sa part que d'être secondé, et votre conclusion est toute de bon sens, même si elle s'oppose à la mienne :
Pas d'application judicieuse et sérieuse des idées de Napoléon, sans un environnement politique faible et efficace, mais sans le génie de leur Chef suprême, ces subordonnés n'auraient pas fait de prouesses, pour la simple et bonne raison que les idées n'auraient pas été formés dans leur esprit.
"Jamais peut-être ce pays qui est le nôtre, n'aura été aussi fermement et aussi méthodiquement administré"
Sur le territoire national je suis d'accord, quant au Grand Empire c'est plus discutable, souvenez-vous de l'application du Blocus continental qui n'était pas respecté par sa famille alors sur les trones d'Europe!Ce fameux Blocus fut surtout boycotté en premier lieu par le Portugal, qui continuait à fricotter avec la perfide Albion !
La manoeuvre aurait pu réussir, sans la tricherie de ce pays.
"Car vous conviendrez, comme moi, qu'il possédait bien d'autres génies que celui "militaire", même si ce fut, hélas, l'époque où la guerre rythmait le quotidien des familles."
Bien sur, c'est indéniable, loin de moi l'idée d'avoir le moindre doute! :4:
Y'a intérêt !!
"En adéquation avec les aspirations des Français, Napoléon III le fût souvent, assurément, mais qu'aurait-il fait de mieux que son Oncle, si son règne avait été celui de la guerre incessante avec la Perfide Albion ?"
Je ne sais pas, Napoléon III avait senti le danger prussien après leur victoire contre l'Autriche à Sadowa, mais il n'eut pas la force de forcer les députés à voter les crédits militaires permettant de rétablir la conscription pour tous sans exception, lever une armée beaucoup plus puissante que celle de la Prusse. Les Prussiens étaient quasiment deux fois plus nombreux lors de la guerre de 70!!! C'est dire.
Donc il est difficile de répondre à votre question, Napoléon III était loin d'etre un génie militaire mais il avait vu juste pour l'état de l'armée française et celle prussienne.La réponse à cette question est en effet bien délicate, voire impossible objectivement parlant.
Mais je voulais simplement dire, (pardonnez-moi si je me répète, ) qu'il n'est peut-être pas judicieux de vouloir mettre en parrallèle deux époques aussi contrastées avec deux hommes somme toute bien différents , tant dans la personnalité que dans le charisme.
C'est pourquoi je proposais ceci, même si la question reste plus inabordable, ne vaudrait-il pas mieux s'interroger sur la conduite d'un Napoléon 1er sous le second Empire, et sur celle d'un Napoléon III sous le premier Empire ...
Non pour y apporter une réponse, mais plutôt pour prendre conscience de la difficulté d'affirmer que l'un fut meilleur que l'autre.
Ne serait-il pas plus juste de dire qu'une époque fut plus "facile" , ou plutôt moins chaotique que l'autre ?
En guise de conclusion, je pense qu'il serait intéressant de prendre en chacun des deux Empereurs, plusieurs points de comparaison, pour jauger de leurs compétences respectives, comme par exemple, leur image personnelle vis-àvis de l'Armée, vis-à-vis du peuple français, le bien-fondé de leurs décisions, politiques, sociales ou administratives, vis-à-vis du peuple et perceptibles eu égard aux réactions de ce dernier.
Alors, très certainement, trouverions-nous quelques points communs, mais aussi de grandes disparités.
Je vous souhaite une excellente journée.

et ......
