
Imberator, soyez le bienvenu.
Je vous trouve bien sévère sur cette question de légitimité de Napoléon en 1815, à croire que vous en oubliez la chronologie et simplement des faits évidents.
Meme Rose me surprend aussi.
Vous dites "Oui, aucun doute, Napoléon est seul !
Et certes cela influe sur son tempérament combatif.
Mais le plus grave c'est que c'est toute la France (ou presque) qui l'a abandonné."
Si on en entend par seul le fait d'etre à Elbe j'en conviens mais son retour en France fut loin d'etre anecdotique, les Français étaient las de ce Louis XVIII et de sa cour, cette immixtion dans les affaires locales de la France telles qu'on aurait pu les concevoir sous l'Ancien régime était insupportable.
Certes les Français furent contents de ce retour à la paix imposée par les puissances coallisées, en tout cas la grande bourgeoisie bien repue l'était, aucun doute là-dessus. La fin de la conscription aussi fut un soulagement général mais le prix à payer devint vite bien lourd car la société voulue par Louis XVIII imposait un retour à l'ordre ancien couvert par le maintien des principales institutions et par celui des fonctionnaires impériaux. La notion de mérite fut vite oubliée!
L'abaissement de la France, allait en contradiction avec ce qu'une génération de Français avaient connu depuis une génération et l'on sait bien que sous Napoléon, sauf l'année 1811 qui fut noire, la paysannerie - soit l'immense majorité des Français - vivait bien, l'Empereur y avait veillé en abaissant le plus possible les impots agricoles et favorisa l'agrandissement des terres cultivables, il n'avait pas cessé la politique redistributive des biens nationaux.
Meme en 1811, il mit la main dans les caisses de sa fortune personnelle pour enrayer les disettes.
Alors en 1814 Louis XVIII ne pouvant etre naturellement populaire, ne pouvait s'appuyer que sur l'étranger, la grande bourgoisie affairiste et les grands promus de l'Empire qui aspiraient à jouir de leur fortune, ils étaient très inffluents et nombreux voire meme incontournables pour le nouveau roi!
Napoléon, durant la campagne de France donc en 1814 - Bruno nous parlait aussi de son génie militaire de l'année précédente sur un autre fil : la fameuse bataille de Dresde qui aurait pu etre décisive et donc définitive.
viewtopic.php?f=30&t=957 - avait retrouvé sa vigueur, sa combattivité alors qu'il était en infériorité numérique qui aurait fait renoncer le commun des mortels.
La défaite de Leipzig n'avait pas entamé le moral des troupes pour autant, les Marie-Louise avaient fait leur preuve depuis deux ans meme si l'expérience manquait parfois pour poursuivre l'ennemi et en finir alors qu'il se repliait en désordre.
1815 est celui de la détermination, il débarqua seul à golfe Juan décidé à reprendre son trone sans tirer un seul coup de fusil, certes la France entière n'était pas là à l'acclamer, il évita des villes qui lui étaient hostiles, je ne referais pas l'histoire, Rose l'a remarquablement faite il y a quelques mois sur ce lien
viewtopic.php?f=30&t=4230.
Napoléon n'était plus seul en tout cas, les Français étaient partagés entre refus de le voir revenir, expectative
et réel enthousiasme.
Le 20 mars 1815 Napoléon arriva aux Tuileries acclamé comme jamais vu et 5 jours après les puissances du Congrès de Vienne formèrent la septième coalition. Louis XVIII avait pris la fuite!!!
Napoléon voulut rassurer les Français, d'abord il mit au vote l'Acte additionnel aux constitutions impériales qui rendait l'Empire plus libéral (on peut discuter du bien fondé de cette décision mais peut-etre sur un autre fil), celui-ci fut approuvé par les Français mais il y eut 2/3 d'abstention.
Je le disais bien, les Français étaient dans l'expectative et les notables étaient fortement enracinés dans les provinces et l'on sait ce que cela donne quand une administration est maintenue et favorisée...
L'Empereur ne pouvait pas du jour au lendemain changer la multitude de fonctionnaires et de pouvoirs locaux ralliés à Louis XVIII ou nommés par lui.
La guerre était là et en Avril Napoléon voulut s'assurer de la bourgeoisie avec l'Acte additionnel, celui-ci était suffisament vague pour pouvoir revenir à la dernière constitution impériale tout en garantissant un bannissement perpétuel des Bourbon qui, à mon sens, prouvaient une nouvelle fois leur traitrise envers les Français! (il y a 67 points dans cet Acte additionnel, mais ne nous y arretons pas à moins que...).
Napoléon demanda la paix, oui vous lisez bien, il demanda la paix, il n'était pas l'agresseur, il ne menaça personne! C'était un gage pour la France entière inquiète de revenir à ces campagnes militaires ravageuses.
Mais les Alliés le mirent au ban de l'Europe.
Il y avait là assez pour affirmer qu'il n'était plus seul en France, qu'il ne s'était pas remis en selle avec l'appuis de puissances étrangères et cela changait tout!!!
Vous dites que Napoléon n'aurait pas tenu en place en temps de paix, pourtant que n'a t-il pas accepté pour réussir la Paix d'Amiens brisée par les Anglais pour des raisons économiques : la France en paix concurrançait l'Angleterre sur son supposé terrain de prédilection!
Que n'a t-il pas accepté pour ménager le Tsar de Russie et il faut l'avouer que celui-ci était disposé à le trahir dès Tilsitt!!! Que dire des Anglais qui firent assassiner Paul Ier, le père du Tsar Alexandre, alors qu'il était près à discuter avec le Premier Consul!!!
Que n'a t-il pas fait, en gage de paix afin de préserver la famille impériale autrichienne battue trois fois en campagne!!!
Meme la Prusse, certes rapetissée mais demeurée préservée en tant que royaume n'aurait mérité que le morcèlement et l'intégration dans la Confédération du Rhin et une part plus grande réservée au Grand Duché de Varsovie!
Napoléon aurait pu, aurait du, aller plus loin après ces victoires de 1805,1806,1809, mais il a choisit la paix à chaque fois, une paix qui laissait toujours les pouvoirs politiques en place et c'est le reproche que je ferai toujours à l'Empereur. Cette personnalité du XVIIIème qui lui collait à la peau.
C'est l'Angleterre, celle qui ne se battait jamais, qui poussa à la guerre Napoléon et les souverains d'Europe, c'est elle encore qui s'attribua les lauriers de la victoire à Waterloo alors que la première formation alignée était anglo-hollandaise et prussienne, Wellington en avait le commandement alors que son Etat ne représentait pas la moitié des troupes! Le vrai vainqueur c'est Blucher sans lui les "Anglais" étaient battus avec ou sans Grouchy!!!
Qualifier que les Français ne savaient plus se battre en 1815, qu'ils n'avaient pas la foi, c'est aller vite en besogne, je ne crois pas que la troupe donna l'effet de la couardise!
La défaite de Waterloo eut lieu à un fil, rien de plus!
Enfin, gommer les réalisations civiles monumentales de Napoléon c'est soit un manque de connaissances soit de la mauvaise foi?
Bien à vous.
