A la fin de cette année 1809, au cimetière Saint-Marx de Vienne, apparaissait une plaque de marbre, fraîchement encastrée dans la muraille, où l'on pouvait lire ces mots poignants :
ICI REPOSE
LE COMTE CHARLES LASALLE
GRAND-OFFICIER DE LA LEGION D'HONNEUR
GENERAL COMMANDANT LA CAVALERIE LEGERE DE L'ARMEE FRANCAISE
SES GRANDES QUALITES LE RENDIRENT CHER A SON SOUVERAIN
LES REGRETS QU'IL A LAISSES DANS L'ARMEE
CONSACRENT SA MEMOIRE A LA VENERATION DE TOUS LES MILITAIRES.
MORT AU CHAMP D'HONNEUR, A WAGRAM,
DANS LA TRENTE-QUATRIEME ANNEE DE SON AGE.
Il est vrai que la Grande Armée avait pleuré Lasalle, et ces quelques lignes inscrites sur sa tombe étaient le message de ses frères d'armes, évoquant la prodigieuse image de ce héros d'Epopée ...
Et pourtant, au fil de mes lectures sur ce grand personnage de notre Histoire, je me suis laissée persuadée que ces mots n'étaient encore que l'ombre légère de la réalité, tant il sut accumuler en quinze années, plus de gloire, de bravoure, plus d'amours et plus de joies que n'en peuvent contenir une centaine d'existences des mieux remplies !
Cher Lourmarin, vous avez raison de nous rappeler ce héros, digne de l'Empereur !
Lui, comme Bessières peuvent être placés au premier rang sur les tables de l'Histoire, pour avoir combattu sans autre espoir que de venir en aide à leurs compagnons, ces valeureuses divisions Boudet et Molitor, combattant fougueusement à Essling et à Aspern avec un acharnement dépassant toutes forces humaines, sous le feu de 500 pièces et les attaques acharnées de l'armée autrichienne !
L'homme d'aujourd'hui ne peut que s'incliner devant une telle bravoure !
Quand je pense à Lasalle, je ne peux m'empêcher de me remémorer également la division Saint-Sulpice, qu'il avait également sous ses ordres, et qu'il sollicita, en renfort de troupes fraîches, lors de la bataille de Wagram, criant au Colonel :
-"Suivez-moi ! ... Cuirassiers, au galop !... VIVE L'EMPEREUUUUUUUUR !"
Le lourd régiment s'était alors ébranlé dans un fracas d'acier, les escadrons suivant avec fierté ce jeune héros adoré de toute l'Armée ...
Les chevaux, foulant pesamment le sol, fendaient les champs de seigle derrière ce hussard au dolman écarlate, souple sur sa monture nerveuse ...
Apparut soudain cette longue colonne d'habits blancs défilant sur la route, et à la vue desquels les cinq cents Cuirassiers coiffés du casque à crinière noire, de leurs bouches béantes firent s'élèver jusqu'aux cieux un si retentissant "VIVE L'EMPEREUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUR !"
qu'il me semble encore en entendre l'écho ...
Larrey ne put que confirmer la stupeur de ces rudes Soldats,pourtant si souvent accoutumés à braver la mort, à la bafouer même ....
Mais cette fois, le coup était trop rude, et les sanglots éclatèrent dans un gémissement incontrôlable ...
Consolons-nous en pensant que cette dernière charge, au cri de "VIVE L'EMPEREUUUUUUUUUUUUUUR!" était certainement la fin que le grand Lasalle avait toujours rêvée de connaître ...
