L'Énigme des Invalides

Cher Reichstadt,

J'ai la faiblesse de penser que si l'Empereur avait vaincu en Russie, un pouvoir libéral aurait pu être mis en place.

A mes yeux Napoléon était l'Ami des Peuples, contrairement à ce qu'affirment un certains nombre de napoléoniens fêlons. Il a eu une influence non négligeable sur l'histoire de l'Europe au XIXème siècle.

Cordialement

Mal conseillé certes, mais également entêté et surtout incapable de trouver une solution au fameux guêpier dans lequel il s'était fourvoyé.
En abandonnant l'Espagne à Joseph et à quelques maréchaux plus ou moins inspirés, Napoléon a commis une faute majeure et c'est hélas dans son chef qu'il convient d'établir le constat d'incohérence.
Il ne fut en fait jamais véritablement en mesure d'appréhender la complexité de la problématique espagnole.
Or, cette épine permanente fut l'aiguillon qui réveilla les nationalismes en Europe, ébranla l'Empire sur ses bases et marqua le début de l'ère des défaites...

En Espagne lorsque Napoléon est à la tête de l'armée, la victoire est au rendez-vous.

Les maréchaux se sont trop souvent mal comporté, esclaves de leurs petites haines personnelles les uns vis-à-vis des autres, de leurs mesquines jalousies.

Mais l'Histoire a donné raison au Grand Homme, car les chefs de la guérilla espagnole ont été victimes de l'inepte Ferdinand VII dans la guerre civile en 1823.

Même si certains se refusent à l'admettre, la Liberté voyageait dans les fourgons de la Grande Armée.

La présence française a été, pour les pays d'Europe, un gage de progrès sous l'Empire.

Le guerrier espagnol a été très surprenant dans cette longue guerre: très endurant et capable d'exploits individuels, il ne tenait pas en troupe régulière... Mais donnait le meilleur de lui-même dans la guerrilla !

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"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.

Cher Lourmarin, je partage totalement votre réflexion.

Et, contrairement à ce qui a été dit plus haut, Napoléon n'a jamais vraiment sous-estimé les difficultés que lui réservait l'Espagne ...

Pour preuve, le 28 Mars 1808, il écrivait cette lettre à Murat :

"- Monsieur le grand-duc de Berg, je crains que vous ne me trompiez sur la situation de l'Espagne, et que vous ne vous trompiez vous-même. L'affaire du 20 Mars a singulièrement compliqué les évènements.
Je reste dans une grande perplexité. Ne croyez pas que vous attaquiez une nation désarmée, et que vous n'ayez que des troupes à montrer pour soumettre l'Espagne.
La révolution du 20 Mars prouve qu'il y a de l'énergie chez les Espagnols.
Vous avez à faire à un peuple neuf ; il a tout le courage et il aura tout l'enthousiasme que l'on rencontre chez les hommes qui n'ont pas usé les passions politiques".

Mais lors de cette révolte d'Aranjuez, et comme vous l'avez si bien exprimé, Cher Lourmarin, Murat comme tant d'autres Maréchaux ou Grands Officiers, montra peu d'intelligence politique , en agissant bien plus pour son intérêt personnel que selon les intentions de l'Empereur !

Enfin, si Napoléon reconnut bien plus tard qu'il avait commis une erreur en allant en Espagne, pour autant il est tout-à-fait inadéquat de parler "d'abandon".

Il n'était pas Homme à fuir ses responsabilités, mais nous savons tous que la guerre d'Autriche allait de nouveau le préoccuper.

C'est pourtant bel et bien ce qu'il a fait en laissant la péninsule ibérique aux mains de subordonnés incapables de gérer la situation insurectionnelle qui s'y développait.
Nul ne devrait ignorer que le fait d'ouvrir un second front à l'Est alors que la guerilla faisait rage en Espagne était une erreur majeure dont les conséquences allaient s'avérer incalculables par la suite.
Les plus grands génies peuvent aussi commettre des bévues...

Je me permets de rappeler, à Joker, que c'est la Cinquième coalition qui ouvre les hostilités en avril 1809. C'est la France qui est attaquée par l'Autriche.

Le principe défensif de Napoléon étant de porter la guerre chez celui qui est à l'origine des hostilités, Napoléon devait ABSOLUMENT être sur le théâtre d'opération autrichien.

Même en se défendant, Napoléon est victime de la critique, du dénigrement de certains.

Cette mauvaise foi ABSOLUE est insupportable.

Cardialement

En effet, Lourmarin, Napoléon se devait de quitter l'Espagne.

Quand tant de responsabilités pèsent sur les épaules d'un Homme, fusse-t-il ce Génie que nous connaissons, il fallut bien choisir les priorités parmi les évènements qui se présentaient simultanément.

L'Autriche, sensément, lui commandait de revenir de la Péninsule Ibérique.

Aujourd'hui, il est bien facile de juger, de critiquer et de fustiger, en occultant allègrement le contexte, les circonstances, les feux qui s'allumaient de toutes parts, en Europe !

Quoiqu'il en soit, je persiste à dire qu'il n'y a jamais eu "abandon" de la part de Napoléon, et pas plus en Espagne qu'en Russie !

Où voyez-vous de la mauvaise foi dans mes propos ?
N'est-ce pas plutôt votre aveuglement idolâtre qui vous empêche de considérer les faits dans leur crue réalité ?
En portant le conflit à l'Est, en débutant la campagne de Russie alors que le guêpier espagnol bourdonnait et menaçait d'exploser, Napoléon a pris un risque délibéré qui s'avéra fatal par la suite.
L'ouverture de deux fronts aussi éloignés était une gabegie sur le plan stratégique.
La guerre d'Espagne allait engloutir les meilleures troupes impériales et précipiter la chute en suscitant le réveil nationaliste dans l'Europe occupée.
En laissant délibérément cette plaie purulente s'infecter, l'Empereur favorisa l'extension de la gangrène à l'Empire tout entier...

Jomini, grand critique militaire, disait que pour venir à bout de l'Espagne, il eût gfallu une campagne d'au moins deux ans, et des finances suffisantes, soit trois cents à quatre cents millions de francs pour nourrir l'Armée durant ce laps de temps ...

Le temps !
Ce temps si précieux qui manqua cruellement à Napoléon !

Sa politique universelle lui assignait toujours de nouvelles tâches, le contraignant à parer aux coups portés contre Lui, de tous côtés à la fois.

Ainsi l'Autriche n'avait pas laissé couler le temps durant lequel l'Empereur se trouvait aux prises dans cet imbroglio espagnol, sans le mettre à profit !
Elle réarmait, préparant la ve,geance de ses défaites essuyées,vengeance qu'elle n'avait pas encore réussi à prendre jusque là ...