L'Énigme des Invalides

C'est le 7 Septembre 1854 que fut constituée la Commission de publication, sur la proposition d'Achille Fould, alors Ministre d'Etat, et dans le rapport duquel on pouvait lire ceci :

"Depuis le Premier Empire, chaque fois que la France a été appelée à jouer , par sa diplomatie ou par ses armes, un rôle actif dans les évènements qui intéressent l'Europe, on a vu les esprits se reporter naturellement vers les souvenirs de cette grande époque, y rechercher quelque pensée de l'Empereur applicable à la difficulté présente, et en demander la solution aux prévisions de son génie" ...

Aux plus humbles d'entre-nous, nul doute que ce préambule reste, plus que jamais, à l'ordre du jour ...

Toutefois, l'exercice reste des plus délicats ...

Car, en effet, pour pouvoir se reposer encore sur ce préambule, empreint de sagesse et de vérité, encore faut-il cerner, avec lucidité et honnêteté, les pensées du Grand Homme ...

Or, comme nous le savons, ces pensées ont trop souvent été, et le sont d'ailleurs toujours, déformées pour mieux "servir" les uns et les autres...

D'une façon générale, il convient de dire que ses idées, ses desseins, ses projets plus ou moins vastes où se préparaient ses actions, ainsi que ses commandements d'une grande valeur d'expression, tout ceci a pris désormais un caractère de pérennité , dont découle toujours un intérêt d'actualité ...

En s'instruisant de ses pensées, nous nous rapprochons donc encore plus du Grand Capitaine, et le comprenons aussi beaucoup mieux...

Ces pensées, exprimées dans de nombreux documents écrits par lui-même, nous assurent l'avantage de le retrouver, au plus vrai de Lui-même, et bien mieux que dans n'importe quelle histoire ...

Paradoxalement, Il est très méconnu parce-qu'on a beaucoup écrit et jasé sur Lui ...
Devant Lui, Il trouve sans cesse les mêmes préjugés, les mêmes passions de partis, qui lui font une si pitoyable incompréhension !

Mais il restera toujours des limites, semble-t-il, car chaque homme, quel qu'il soit a son secret, parfois même inconscient ...
L'essentiel résidant dans le fait de veiller à ne pas interpréter ses pensées en s'écartant par trop de leur véritable destination ...

Toute son oeuvre en découle, et si l'on a le sentiment qu'elle garde, de jour en jour , sa grandeur héroïque d'origine, celle-là même qui éclaire l'actualité, alors il sera permis de croire que les pensées du Grand Homme ne sont pas très éloignées des nôtres ...

Rose, le problème avec Napoléon - si on peut dire que c'est un problème? - c'est qu'au travers ses ciatations, il arrive de trouver tout et son contraire, ce qui est logique, avec le temps on change et meme on se doit de changer, d'évoluer.

S'agissant du Mémorial, parce que c'est de cela qu'il s'agit, il faut prendre l'oeuvre dans son contexte : le ménagement des Anglais du fait de sa captivité, le recul pris par l'Empereur vis-à-vis de ce qu'aurait été l'Europe s'il n'avait pas échoué en Russie et son message pour la postérité, hautement politique - bonapartiste en fait - qui ne ment pas sur les actes de son épopée mais qui sait taire les aspects dérangeants.

Ici il faut lire entre les lignes, le message politique de Napoléon n'est autre que celui de la grandeur perdue par la France de la restauration, la réduction de son influence en Europe, la capacité de faire face à l'adversité meme quand tout semble perdu...

Par conséquent il est bien plus facile de comprendre pourquoi les pensées de l'Empereur ont été au mieux interprétées au pire complètement déformées si ce n'est avilies.

La grande différence avec Napoléon III, c'est que le neveu avait des idées bien arrétées sur des sujets plus terre à terre notamment en économie et sur le plan administratif, les conditions à "l'université" de Ham étaient plus propices peut-etre, Napoléon III allait de l'avant, Napoléon Ier était nostalgique de sa propre gloire, Louis-Napoléon aurait à tout réaliser alors que Napoléon Ier avait tout fait ou presque.

On sent bien aussi ce sentiment bonapartiste issu du Mémorial en la personne de Louis-Philippe lui qui, volontier, se déclara Roi des Français.

En vérité, meme si on n'a rien lu sur l'Empereur, il demeure autre chose que son code civil et qui est universel : avoir repoussé les limites de la gloire, là où personne n'est jamais allé.

Bien à vous.
DDR

Cher Duc,

"Tout et son contraire", cela est tout-à-fait juste, en même temps que "logique", et vous l'avez très bien perçu.

Logique, par ce qu'évidemment le Bonaparte de la première Campagne d'Italie ne peut avoir les mêmes objectifs ni les mêmes motivations que l'Empereur de 1805, ou encore celui de 1814 ...

Le contexte ainsi que les circonstances évoluant au fil du temps, l'Homme est bien contraint de s'adapter ; cela est tellement évident que si l'on songe un seul instant au retour de Napoléon de nos jours, ce dernier, sans nul doute, adapterait ses plans aux temps modernes de notre époque.

Enfin, ces apparentes contradictions ne peuvent qu'égarer tous ceux qui n'ont qu'une approche superficielle du Grand Homme, ainsi que ceux, évidemment, qui n'ont de cesse de vouloir ternir sa crédibilité ...

Ainsi, il m'est arrivé de lire, tout récemment, que Napoléon dénigrait le brave Desaix, simplement parce qu'il ne figurait pas dans une liste intitulée "les plus grands généraux de la Révolution et du Consulat" ...

Il faut bien avouer que cette vision réductrice et faussée de la réalité n'a d'autre objectif que de chercher à "confondre" Napoléon ...
Et c'est sans compter les citations que l'on vous sert à tour de bras, citations sciemment tronquées, pour leur donner le plus souvent une signification qu'elles n'ont guère dans leur contexte initial ...

A mon sens, il est grave de déformer ainsi les pensées de Napoléon, pensées qui, si l'on sait rester humbles, ne nous donnent d'ailleurs pas toujours l'opportunité de sonder l'âme impériale ...

Bien amicalement.

Bonsoir,

Je viens de m'inscrire sur votre forum. J'ai mis un certain temps avant de me décider. J'ai lu un très grand nombre de messages sur plusieurs forums napoléoniens. En fait il faut écrire "napoléoniens". J'ai été effaré de ce que j'ai pu découvrir : un respect relatif, très relatif vis-à-vis de Napoléon, un manque de respect envers les interlocuteurs, une philiosphie de bazar aromatisée de "droit de l'hommisme" très en vogue actuellement, un ramassis de penseurs, de censeurs. Une atmosphère lourde. Et tout le monde se proclame napoléonien. Qu'en serait-il sur un forum anti-napoléonien???

Par contre sur ce forum, j'y ai trouvé le calme. Et, c'est ce qui m'a décidé, les posts pleins de poésie de Rose. Et ne cherchez pas de flagornerie dans mes propos. Rose s'exprime avec des phrases, à la fois pleines d'élégance et de ferveur. Ses posts mettent en relief une admiration des plus sincères et des plus émouvantes pour ce génie, ce Titan que fut Napoléon. L'écriture de Rose nous rappelle que l'oeuvre de Napoléon fut avant tout un rêve, un grand rêve de gloire.

Cordialement

Cher Lourmarin,

Devant tant d'éloges, je reste confuse et rougissante, bien cachée, Dieu merci, derrière mon écritoire moderne, d'où je vous adresse mes plus chaleureux remerciements ...

Mais avant tout, je viens vous souhaiter la bienvenue dans les salons de ce forum, dont l'atmosphère, ainsi que vous l'avez très justement remarqué, fleure bon la courtoisie, la politesse, ainsi que le respect de chacun des intervenants, en même temps que celui de Napoléon ...

Il faut toutefois reconnaître que toute mélodie ne peut être harmonieuse que si le chef d'orchestre est lui-même un grand musicien ...
Et il me plaît de comparer ce forum à un groupe de musiciens, dont le chef, en la personne de Monsieur Bruno Roy-Henry, n'a jamais cessé de donner le ton, juste, harmonieux et d'une courtoisie exemplaire ...

Ceci expliquant cela ...

Votre remarque est pertinente, et elle traverse mon esprit bien souvent : la plupart des fora napoléoniens indiquent une tendance "anti-napoléonienne", à telle enseigne que, bien souvent, les sujets abordés dérivent rapidement en querelles de chiffonniers, où les uns prennent les autres à parti, dès l'instant où leurs réflexions sur un sujet divergent !...

A partir de là, plus d'échanges possibles, et si l'on ne veut pas prendre de mauvais coups, il ne reste plus que la fuite en avant, sans se retourner !...

Vous avez raison, Napoléon mérite bien mieux et bien plus que cela !
Et comme Il savait, hier, reconnaître ses fidèles serviteurs, à l'époque où la France pouvait s'enorgueillir d'être dirigée par un Grand Homme, aujourd'hui encore, de son exil au repos éternel, Il sait bien où se trouvent "les siens" !
Nul doute que Napoléon vous aurait également accueilli de suite, pour le servir !

Pardonnez-moi pour cette longue intervention, mais votre présentation m'a inspirée, en même temps qu'elle m'a réchauffé le coeur ...

Que ce forum vous apporte beaucoup de satisfactions, et vous fasse passer de très agréables moments de lecture, et d'enrichissements réciproques.

Au plaisir de vous lire, et ...


Bien cordialement,

Bonjour à tous,

Dès mon premier post j'ai commis une maladresse. Je suis nouveau et je ne prends même pas la peine de saluer tous les membres du forum! Je m'en excuse platement. J'ai toutefois une circonstance atténuante : l'enthousiasme suscité par les textes de Rose. Je voulais préciser également la qualité du choix d'un pseudo tel que "Reichstadt". Le détenteur d'un tel privilège ne peut être qu'une personne de qualité.

Je vous remercie, Rose, pour votre post. Au risque de passer pour un vil flatteur je rajouterai à vos qualités la modestie et la gentillesse. Dans une époque où tout ce qui a fait la grandeur de la France disparaît, quel soulagement de constater qu'il existe des ilots de résistance où régnent encore deux qualités éminemment françaises : l'intelligence et la distinction.

J'ai vu, lu et entendu Monsieur Bruno Roy-Henry dans les médias l'an passé, dans le courant de l'été. Et ce qui est l'âme de son combat scientifique m'est un peu étranger. En effet étourdi par les pages de gloire intense de 1796 à 1813, ému par le Grand Homme et la France qui se battent, le dos au mur, pendant les campagnes d'Allemagne de 1813, de France et la glorieusement désesprée campagne de Belgique, il m'a toujours été pénible de me pencher sur les dernières années à Sainte-Hélène. J'espère pouvoir combler cette lacune sur votre forum.

Je réitère mes amicales salutation à l'ensemble des participants de ce forum.

Cordialement

Lourmarin, enchanté que vous nous rejoigniez et c'est avec plaisir que je vous lirai!
A propos de notre chère Rose, oui son talent de conteur est unique et puisque vous mentionnez la période des Cent Jours, je vous invite à la retrouver ici sur le merveilleux et palpitant récit du "vol de l'Aigle" !http://www.empereurperdu.com/forum/phpBB2/viewtopic.php?f=30&t=4230

Bien à vous.

PS : Rose ne roujissez pas!

Avec un "g" pour rougir! Honte à moi!

Je retiendrai deux grandes vérités dans votre deuxième intervention, Cher Lourmarin :

Oui, notre Ami, le Duc de Reischtadt, est une personne de qualité, dont l'intelligence et la richesse des réflexions, suscitent l'incomparable intérêt et l'immense plaisir d'évoluer sur ce Forum.

A cela, je n'exprimerai qu'un seul regret : celui de ne pas pouvoir le croiser plus souvent ; mais comme tout ce qui est rare est précieux, je me satisfait du doux privilège d'un échange passionnant, de temps à autre, sur un sujet que l'un ou l'autre a l'amabilité de laisser à notre appréciation.

Vous aurez également l'occasion de croiser Fidel, qui, comme son nom l'indique, ne nous quitte jamais, même en pensée.

Quant à votre conclusion, évoquant les dernières années de notre Empereur à Ste Hélène, je dois avouer que c'est toujours le coeur serré que je me les remémore ...
Et au fond de ce que vous appellez si élégamment "l'âme scientifique" de Monsieur Bruno Roy-Henry, je puis vous assurer qu'il existe un profond respect pour le Grand Homme, un attachement sans faille à sa mémoire et, tout comme vous et nous-mêmes, un grand regret de se sentir orphelin dans une France chaotique.

Encore merci d'être venu nous rejoindre.

Bien cordialement.

Cher Duc, c'est trop tard, je suis de nouveau rouge de confusion !

Je vous remercie pour tant d'égards, et vous renouvelle mes amicales salutations.







PS : Avec un S dans "je me satisfais", bien sûr.

Mais j'ai aussi des circonstances atténuantes : c'est notre Cher Duc qui sèle le trouble dans mon orthographe !