Un auteur de planches d'uniformes, Prétend que Murat aurait émis l'idée d'aller dicter la paix au Czar, après la victoire de Friedland, à Saint-Petersbourg !
F. Hulot a-t-il mentionné la volonté de Murat de poursuivre les Russes jusqu'à Saint-Petersbourg ? On aimerait une citation référencée, parce que je n'ai rien lu de tel dans l'ouvrage de Jean Tulard (son Murat, paru en 1983). D'une manière générale, l'armée -même victorieuse- en avait plein les bottes. Et l'Empereur aussi... Il ne faut pas oublier qu'il avait été tenu en échec pendant sept longs mois par cette armée russe qui avait preuve de sa combativité et de sa résistance (cf. Madelin: Histoire du Consulat et de l'Empire, tome II, chapitre XXII, p.485 à 487). Et, tout de même, de Vilna (qu'il aurait fallu conquérir) à Saint-Petersbourg, il y a près de 900 km. En tout cas, si jamais Murat a exprimé cette intention, Napoléon ne semble même pas en avoir discuté...
Enfin, aller à Saint-Petersbourg pour y dicter la paix n'avait de sens que si l'on y proclamait le royaume de Pologne avec -au minimum- les frontières de 1793, soit la Pologne de 1939, augmentée de la Lithuanie (moins la Galicie). C'était renoncer à toute alliance russe et la certitude que la Russie serait hostile. Les maximalistes chez les Russes, les émigrés parlaient justement de cette éventualité et déjà, d'attirer "Buonaparte" loin de ses bases, où il ne pourrait que s'affaiblir, permettant ainsi un débarquement anglo-suédois en Prusse qui pourrait alors se soulever et entraîner ensuite l'Autriche...
A supposer que Murat se soit hautement exprimé sur la nécessité de ne faire la paix qu'une fois Saint-Pétersbourg conquise -ce que je conteste formellement jusqu'à preuve du contraire- il faut bien voir que cela prolongeait la campagne d'au moins trois mois, avec une Autriche incertaine sur nos arrières. Certes, après Eylau, elle avait refusé de suivre les sollicitations du Czar pour attaquer à revers "l'ennemi du genre humain"; mais c'est parce que de la Prusse Orientale à Vienne, il y avait moins de 500 km. Une fois l'armée sur l'embouchure de la Neva, qui aurait contenu les Autrichiens ? Et quel chef ?
Je n'ai jamais lu une analyse sérieuse sur cette option. Pas même chez Jomini. Peut-être existe-t-elle ? Eh bien, qu'on nous la présente
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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