Cher Duc, bonsoir ....
Je m'aperçois que j'ai dû trop bien dormir après vos souhaits, car j'ai raté la journée du 28 Mars !
Ce soir-là, Napoléon n'avait pas encore pris sa décision ...
De Saint Dizier où il se trouvait, il gagna Doulevent, et c'est là que Lavalette lui remit le billet qui disait en substance :
"-
La présence de l'Empereur est nécessaire , s'il veut empêcher que sa capitale soit livrée à l'ennemi. Il n'y a pas un moment à perdre."Cette fois, l'Empereur n'a plus qu'une idée, et s'écrie :
-"A Paris !"
Le même soir à dix heures, le Conseil est réuni aux Tuileries.
Tous, sauf Joseph, estiment que quitter la capitale serait une faute lourde de conséquences ...
L'unanimité s'étant exprimée pour retenir l'Autrichienne et le gouvernement à Paris, la décision allait être arrêtée, lorsque Joseph fit lecture d'une lettre de l'Empereur qu'il détenait depuis quelques jours déjà :
"-
Vous ne devez pas permettre que, dans aucun cas, l'impératrice et le roi de Rometombent entre les mains de l'ennemi. S'ils avancent sur Paris avec des forces telles que toute résistance devient impossible, faites partir dans la direction de la Loire la Régente, mon fils, les grands dignitaires, le Trésor ..."
Ainsi le Maître avait décidé, et tous s'en tinrent à son conseil. Mais tous se disaient aussi qu'en abandandonnant Paris, l'impératrice y laissait aussi sa couronne.
De Paris, Marmont envoie un billet aux avant-postes dans la nuit du 28 au 29 Mars :
"- L'ennemi gagne du terrain : nous pouvons être cernés ce soir..."
C'est le sauve-qui-peut, et, à 9 heures, dans ce matin pluvieux du 29 Mars 1814, les Parisiens regardent en silence le long cortège remontant les Champs Elysées, composé des berlines vertes aux armes impériales, et dans lesquelles se sont engouffrées l'impératrice, le roi de Rome, Laetizia, la reine de Westphalie, Cambacérès, les dames d'honneur ainsi que les ministres ...
Dand la brume matinale, l'or des lourds carosses du sacre qu'encadrent les lanciers de la Garde, brille de tout son éclat ...
Enfin, pour fermer cette marche impériale, roulant avec grand fracas sur les pavés humides, voici qu'arrivent les fourgons remplis des bijoux de la Couronne, du glaive impérial, d'argenterie, de la vaisselle de vermeil, des costumes du Sacre, ainsi que du Trésor représenté par trente-deux petits barils d'or ...
Toutefois, les Parisiens semblent ne pas s'alarmer de la situation, et continuent à vaquer à leurs occupations ou à s'adonner à leurs loisirs ...
Les faubourgs sont noirs de monde : Le canon n'est plus très loin ...
Devant une maison de Belleville où est apposé cet écriteau : "Ici, o, voit la bataille pour deux sous", une file de badauds piétinent ...
Tandis que les marchands d'eau-de-vie cirent à tu-tête :"Prenez la goutte ! Cassez la croûte !", de petits groupes de soldats passent, entourant leurs prisonniers ...
Pendant tout ce temps, Napoléon a quitté Doulevent, ce jour, 29 Mars à trois heures du matin ... (Toujours aussi matinal notre Empereur !

) ...
Au pont de Dolencourt, plusieurs courriers lui apportent des nouvelles fraîches : Meaux vient d'être pris ... La bataille fait rage à Claye, pendant que Marmont et Mortier s'efforcent de défendre la capitale ...
Parviendront-ils à tenir jusqu'à l'arrivée de l'Empereur ??
Napoléon entre à Troyes : la Garde vient de marcher quinze lieues, l'équivalent de 60 kilomètres ...depuis le matin ...
Quant au reste de l'Armée, il suit tant bien que mal ...
