L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 19 Mars 2008 23:23 
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Vous allez me faire rougir ... :rougi: Et voilà, je rougis ! :rougi:
Heureusement que je suis cachée derrière mon ordinateur ...!

En même temps, vous avez l'art et la manière de remplir mon encrier de ces petits mots qui embaument ma plume et la rendent si bavarde ...

Pour vous remercier de votre infinie délicatesse, je vais différer quelque peu le suspens ... :4:

Arrivé à Grenoble, le Comte de La Bédoyère s'arrêta sur la place d'Armes.
Marchand qui avait déjà passé en revue les deux régiments, était occupé à leur distribuer des cartouches, avant de les poster sur les remparts du front sud-est, juste en face de la route conduisant à La Mûre ...

Quelques heures s'écoulèrent, dans cette ambiance tumultueuse, où le peuple continauit à s'exprimer dans une totale agitation ; quant aux troupes de la garnison et aux cannoniers, il suffisait d'entendre leurs propos pour deviner leur sourde impatience d'en terminer avec les royalistes.

La Bédoyère, fort de ces constatations, et dont la fidélité aux Bourbons s'était déjà trouvée rudement ébranlée, soudainement tira son épée, et s'écria :

"- A moi, Soldats du 7è, A moi ! mes braves camarades. Je vais vous montrer notre chemin. En avant ! Qui m'aime me suive !" ...

Alors, tous les tambours se mirent à battre la charge, pendant que les compagnies se réunissaient aux cris de : "Le 7è à la porte de Bonne ! Pendant que tous lançaient d'incessants : "VIVE L'EMPEREUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUURRR !" en traversant le faubourg au pas accéléré ...

Arrivés à hauteur des dernières maisons, La Bédoyère hurla " HALTE" !

(Ecoutez comme c'est magnifique ! ) :aime:

Il leur fit alors former le carré et présenter les armes. Puis, tirant de sa poche l'ancienne aigle du régiment, que tant de victoires avaient sacrée, il la leva pour la montrer à la troupe assemblée de vant lui ...

Aussitôt, les Soldats l'acclamèrent, lui , l'aigle et l'Empereur, avant de reprendre furieusement leur marche, l'aigle portée sur une branche de saule, brillant au soleil ...
Plus déterminés que jamais, imprégnés à nouveau de ce courage sans limites que leur inspirait toujours leur Empereur, ils suivirent La Bédoyère, le coeur léger ...

Averti entre-temps par un adjudant de la place, Marchand courut vers la porte de Bonne ...
Là, le colonel Roussille, du 5è de Ligne, lui confirma la "défection" de La Bédoyère ...

"-Ce coquin-là, continua-t-il, avait réussi à séduire mes Grenadiers ; si je ne m'étais pas trouvé ici, il les aurait emmenés !"

Marchand s'enquit de la position de de Villiers ; on lui apprit que ce dernier était parti à la poursuite de La Bédoyère ...
Ce général galopait, en effet, sur Vizille, après avoir eu le toupet de se saisir du cheval destiné à La Bédoyère ... :11:

Après quelques kilomètres parcourus, le voilà arrivé à la hauteur de La Bédoyère.
Commençant par lui parler en toute amitié, il poursuivit en le grondant un peu,puis le supplia, pour finir par le sommer de faire demi-tour !

Le brave La Bédoyère au grand coeur noble et fidèle, demeura imperturbable, et, aux mots "Patrie et Roi" qu'invoque son général, il répond fièrement...... : "Patrie et Empereur !"

Tentant enfin de haranguer les troupes, la voix de Villiers est aussitôt couverte par des "VIVE L'EMPEREUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUR !" tonitruants !

Désespéré, et sûrement penaud, le général retourne sur Grenoble, pendant que nos hommes continuent leur marche à la rencontre de la Vieille Garde ... :aime:




:salut:


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Message Publié : 20 Mars 2008 0:25 
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Quel talent, mais là on reste trop sur notre faim! :4: :Madame:


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Message Publié : 20 Mars 2008 0:33 
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On a l'impression d'un effet d'ivresse, presque de folie, lorsque La Bédoyère harangua la foule et les soldats, j'imagine la scène de liesse!

Vivement la suite.
Merci chère Rose!

PS : mon précédent message à croisé le votre.

Bonne nuit!


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Message Publié : 20 Mars 2008 11:05 
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Quel bonheur d'écrire pour vous ! :aime:

Merci Cher Duc, et merci à tous ceux qui participent à cette page émouvante et sublime de la vie de notre Empereur.

Préférant la quiétude du soir et la lueur des chandelles pour écrire de tout mon coeur et de toute mon âme, je vais devoir vous laisser encore un peu sur cette faim qui n'est autre que le désir de continuer ensemble cette route, certes pleine d'embûches, mais ô combien captivante ! :4:




:salut:


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Message Publié : 20 Mars 2008 21:41 
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Bonsoir,

La nuit est tombée, les chandelles se sont allumées, l'atmosphère sereine et paisaible invite au voyage ... Le feu crépite dans la cheminée ...

L'Empereur n'est pas très loin ... :2:

Non, vous n'êtes pas sur la route de Vizille, du moins pas encore, mais je voulais vous faire savourer l'ambiance d'une "Malmaison", là où les Roses s'épanouissent le mieux ... :4:

Rejoignons donc La Bédoyère et le 7è de Ligne...

Le départ tumultueux de de régiment n'avait pas laissé la garnison indifférente.
Marchand s'excitait à vouloir faire fermer les portes de la ville, mais, peine perdue !...
En effet, de nombreux soldats profitant de dégradations à l'une des courtines, s'échappaient en masse, emmenant armes et bagages, et formant ensuite sur le route de petits pelotons, courant sur la route de Vizille ...

Marchand ayant surpris des "Vive l'Empereur" murmurés, lança un regard sévère aux "coupables", qui répondirent par des éclats de rire ! :aime:

Les royalistes ne savaient plus que faire pour remotiver les troupes, car même en tentant de les "acheter", ils n'eurent pas gain de cause ...

C'est ainsi qu'ils avaient décidé d'apporter du vin et de la viande aux canonniers se trouvant sur les remparts ...
Ils en furent pour leurs frais, car les soldats acceptèrent les vivres avec empressement, et, tout en mangeant et en buvant, ils criaient encore et toujours : ..... "VIVE L'EMPEREUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUR ! :aime:

Au milieu de ce désarroi royaliste, voici qu'arrive l'aide de camp Randon, sur son cheval blanc d'écume, ete informa Marchand de ce qui venait de se passer à Laffrey ...

Le général se résigna alors à quitter Grenoble, en espérant arriver encore avant Napoléon ... Il fixa alors le départ à deux heures du matin ...

Délai bien trop important ... La nuit est venue et ... Napoléon approche ! :aime:

Soudain, le général Marchand est interpellé par de véritables hurlements ...
S'approchant alors de la fenêtre de son hôtel qui domine les remparts, il aperçoit ce spectacle inouï :

Juste en face de la porte de Bonne, plus de deux mille paysans, armés de fourches et de vieux fusils, torches à la main pour éclairer ce début de soirée, s'avancent à la droite et à la gauche des Soldats de Napoléon ...
Arrêtés par les murs de défense, cette foule tumultueuse se masse dans le vaste terrain de la zone militaire, et se remet à vociférer à pleine gorge :

VIVE L'EMPEREUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUR ! VIVE L'EMPEREUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUR !

Du haut des bastions et des courtines, canonniers et fantassins répondent aussitôt par les mêmes cris, que répète avec passion, tel un magnifique et magnanime écho, le peuple de Grenoble, qui se presse au pied des remparts ...

A ce moment-là, Raoul, notre officier d'ordonnance, s'approchant avec deux Lanciers, de la barrière fermant la palissade du chemin, se met à crier :

"- OUVREZ ! AU NOM DE L'EMPEREUR !

Le colonel Roussille qui avait le commandement de la porte de Bonne, vint alors s'en remettre à Marchand, qui lui répondit :

"-Dites au colonel de répondre par des coups de fusil !"

Et, accourant sur les remparts, il y voit là deux mille hommes, aux gibernes remplies de cartouches ... Il y a là aussi une vingtaine de bouches à feu et des gargousses à mitraille ...
Et Marchand se met à imaginer qu'un seul coup de fusil pourrait disperser les asssaillants, ou mieux ! Qu'une seule canonnade suffirait à les foudroyer !...

Alors, il tente sa chance, et se met à haranguer les Soldats, les conjurant de défendre la ville, et leur donnant l'ordre de charger les armes ...

La réponse ne se fait guère attendre, et vous la connaissez bien maintenant :4:
En effet, à toutes ces paroles, Marchand n'entend en retour que des : ... VIVE L'EMPEREUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUR ! :aime:

A ce moment, Marchand venait de comprendre que les Soldats n'obéiraient plus.

Pour autant, il ne s'avoue pas vaincu de suite, car une étincelle d'espoir vient de le caresser ...

S'adressant à un lieutenant d'artillerie qu'il connaissait comme un royaliste éprouvé, c'était Mr de Saint-Genis, il lui dit :

"- Si les hommes ne veulent point tirer, les officiers ne tireront-ils pas ?"

Et le lieutenant de répondre :

"- Mon général, nous serions hachés sur les pièces ! Nos canonniers nous ont prévenus." ...

Mais tout ceci n'a que trop duré ; depuis maintenant plus d'une heure qu'ils attendent la soumission de Marchand, les habitants des faubourgs ne tiennent plus en place ...

Les paysans, les ouvriers, les soldats, tous se ruent contre la palissade, renversent les palanques, pour atteindre, enfin, la porte de la ville ...

Mais c'est bien là l'ostacle le plus difficile à abattre, et les haches comme les pics de brisent sur la massive porte, toute garnie de fer ...

Dans cet immense tumulte, les cris "OUVREZ! OUVREZ" ! se mêlent avec harmonie avec ceux de "VIVE L'EMPEREUUUUUUUUUUUUUUUR" !

On entend même une cantinière fredonner :

"- Bon ! Bon !
Napoléon
Va rentrer dans sa maison" ...

L'Empereur irrité et agacé par cette résistance trop longue, bien que passive, parvient à se frayer un chemin parmi la foule, et accompagné du bouillant La Bédoyère, il s'écrie avec autorité :

"- Je vous donne l'ordre d'ouvrir !"

Roussille riposte :

-"Je ne reçois d'ordre que du général
-" Je le destitue" !
- "Je connais mon devoir, je n'obéirai qu'au général".

Fou de colère, La Bédoyère crie aux Soldats de Roussille :

-"Arrachez-lui ses épaulettes" !

Le tumulte est à son comble...

Les Soldats enfermés, vocifèrent et tentent de briser la porte à coups de crosses, pendant que Marchand, les clés en mains, et rentré dans son hôtel, va se préparer à quitter Grenoble ...

Ce sont les charrons du Faubourg St Joseph qui vont accélérer sa fuite, en apportant un gigantesque madrier qui aura raison de cette porte massive, grâce aux coups portés par une vingtaine de bras vigoureux ...

Le bois éclate, les poutres se disjoignent ... Marchand, quant à lui, s'échappe par une autre porte, tandis que le commandant Bourgade arrive à la porte de Bonne ... avec les clés !

La résistance aura duré deux heures ; au moment où tout cède sous les coups de bélier, le commandant Roussille se décide à ouvrir la porte ...

C'est le délire le plus total chez les Soldats ! Leur Empereur est bien là !
A ses premiers pas dans Grenoble, à chaque instant, Il risquait l'étouffement, tant la foule le pressait de toutes parts, aidée en cela par les Soldats, tous se précipitant à sa rencontre, tous se ruant à sa suite , et finissant par porter en triomphe leur Empereur, à travers la ville brillant soudain de mille feux plus éclatants que jamais !

Les habitants voulaient l'emmener à la Préfecture, mais c'est à l'Hôtel des Trois Dauphins que tient l'un de ses anciens Guides de l'Armée d'Italie, que Napoléon souhaite descendre ...

A peine arrivé, un grand tumulte, accompagné de cris d'enthousiasme et d'applaudissements s'élèvent dans la rue ...

Quelques ouvriers arrivèrent pour déposer sous le balcon, les débris de la porte de Bonne, disant à l'Empereur :

-"A défaut des clés de ta bonne ville de Grenoble, nous t'en apportons la porte" !...

L'Empereur resta 36 heures à Grenoble.

Dans la journée du 8 Mars, il reçut l'Académie, le Conseil Municipal, le Clergé, le Tribunal, la Cour ...
Il retint longuement les professeurs de nla Faculté de Droit, discutant avec eux de questions juridiques, les surprenant par sa justesse d'esprit ... Mais nous, nous ne sommes guère surpris ! :4:

Une fois ces audiences terminées, arriva encore l'un de ses grands moments d'émotion, que je suis heureuse de partager ici avec vous, ce soir ...

Ecoutez bien ...

Après ces réceptions, l'Empereur passa en revue la garnison ...

Tous ces Soldats portaient désormais la cocarde tricolore, souvent sales et usées, qu'ils étaient aller rechercher au fin fond de leurs havresacs, ou encore dans la coiffe de leurs shakos ...

Et, tout en défilant devant leur Empereur, les uns et les autres criaient, les yeux embrumés d'une grande émotion : ....

- " C'est celle d'Austerlitz" !....

- " C'est celle de Friedland" ! ...

- "Je l'avais à Marengo" ! ...


:VE2: :VE2: :VE2: :AI: :AI: :AI:





:salut:



PS : Je vous souhaite un excellent week-end de Pâques ! :4:


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Message Publié : 20 Mars 2008 22:59 
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l'épisode de ce soir était dantesque ! mille merci ! :Madame:

j'ai bien aimé aussi :

Citer :
A ce moment, Marchand venait de comprendre que les Soldats n'obéiraient plus


... il en est qui ne comprennent guère vite..

merci et bon week-end à vous-même :VE2: :VE2: :VE2:


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Message Publié : 20 Mars 2008 23:13 
N'étant point encore intervenu jusqu'ici, subjugué que j'étais par ce récit, je tiens à saluer votre plume alerte et votre don de restituer avec talent des atmosphères.
Shako ! :salut:


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Message Publié : 21 Mars 2008 1:05 
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:honneur: Vous la méritez chère Rose mais attention vous n'avez pas fini! :4:


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Message Publié : 21 Mars 2008 15:36 
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Merci, Chère Rose, nous attendons la suite.......!!!


:salut:

_________________
L'amour n'est qu'un plaisir, l'honneur est un devoir. (Pierre Corneille, Le Cid).


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Message Publié : 25 Mars 2008 1:38 
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A vous, Braves et fidèles Grognards, je souhaite le bonsoir, après cette petite trève de Pâques ...

C'est avec grand plaisir que je vais reprendre cette route impériale, avec d'autant plus d'ardeur que notre Cher Duc semble bien m'avoir promis la Croix, si j'arrive jusqu'à Paris ! :2: :4:

Souvenez-vous ... Nous étions restés à Grenoble, en compagnie de l'Empereur et de ces Soldats ralliés à Lui, fiers et heureux d'évoquer la provenance de leurs cocardes tricolores, au moment même où Il passait la revue ...

Aussitôt après, les régiments de la garnison de Grenoble reprirent la route en direction de Lyon.
Il y avait là le 4è de Hussards et le 7è de Ligne, formant colonne, sous le commandement de Cambronne.

Nul doute que tout autre que Napoélon aurait hésité à placer en avant garde des Soldats qui, la veille, venaient de changer de drapeau ...

Mais l'Empereur connaissait trop bien l'esprit de l'Armée pour s'en défier ...
Par ailleurs, mettre en avant ces Soldats nouvellement ralliés à Lui, ne pouvait qu'exacerber leur enthousiasme, renforcer leur détermination et affermir leur dévouement.
Pour le côté moral de la chose, il valait mieux qu'apparaissent en premier ces hommes, qui étaient sensés prendre la route pour combattre l'Homme à côté de qui, désormais ils marchaient ; en effet, ces derniers étaient la preuve vivante du succès de Napoléon ...

Cheminant sur la route de Lyon, l'Empereur et sa Garde furent constamment escortés par une foule de paysans, qui suivaient ainsi la colonne jusqu'au village suivant, où ils étaient remplacés par un nouveau flot de population ! :2: :VE2:

Mas voyons ce qui se tramait du côté royaliste ...

Le Comte d'Artois, déjà arrivé à Lyon, avait nourri l'espoir que les canons de Grenoble auraient eu raison de "l'usurpateur" ...
En tout état de cause, il était bien déterminé à l'arrêter sur la rive gauche du Rhône...

Le problème était que Grenoble avait ouvert ses portes, et que les 30.000 hommes qui, d'après les ordres de Soult, devaient se concentrer sur Lyon, n'y étaient toujours pas arrivés ...

Le Comte d'Artois persista néanmoins à choisir la résistance, et fit poser une barricade au début du pont de la Guillotière.
Un pont qu'il aurait aimé faire sauter, mais dut y renoncer, moins par manque de poudre, que par crainte de la colère du peuple, dont la sourde hostilité n'échappait plus à personne maintenant, et qui saurait user de sa force pour marquer sa désapprobation, comme il nous l'avait déjà montré précédemment, dans la bonne ville de Grenoble ...

Le 8 Mars, la garde nationale et les troupes prenant les armes pour une revue, le Comte d'Artois leur dit :

"- Mes amis, il me faut seulement mille hommes, et je réponds de la ville".

Il passa devant l'Infanterie, à qui, le matin même il avait fait distribuer un écu ...
Un certain nombre de volontaires s'inscrivirent sur le registre ...
Quelques rares vivats se firent entendre dans les rangs, sonnant faux dans le morne silence observé aussi bien parmi les troupes, que dans la foule ...

Le lendemain, le Comte d'Artois ayant fait afficher une proclamation à l'armée, et une autre aux "braves Lyonnais de la garde nationale", il fut rejoint par le duc d'Orléans ...
Ce dernier vit de suite que toute chance de défendre Lyon était perdue.

"- Cette affaire-ci, dit-il, ne saurait être longue. Il me semble qu'il ne reste d'autre chose à faire que de tâcher d'emmener les troupes et de vous replier."

Mais le Comte d'Artois se récria .. Quelle impression produirait en France, l'abandon de la seconde ville du royaume ! ...

Quoiqu'il en soit, et avant de prendre une quelconque décision, il voulut attendre Macdonald, qui arriva vers neuf heures du soir.
On délibéra jusqu'à minuit, pour s'entendre dire que les chefs de Corps ne répondant pas de faire tirer leurs hommes, il ne restait plus qu'à évacuer Lyon ...

Toutefois, plus audacieux, Macdonald proposa de tenter une dernière fois de "ramener les troupes au devoir", après les avoir passées en revue, dès le lendemain matin ...

Pendant cette délibération, des conciliabules se tenaient dans les casernes, ainsi que dans les cabarets de faubourgs ...

Le lendemain 10 Mars, les Voltigeurs, donnés comme gardes d'honneur au duc d'Orléans, avaient jetés leurs cocardes blanches dans la boue, et le poste refusa de prendre les armes, lorsque le prince apparut ...
Un petit moment avant la revue prévue à 6 heures, le général Brayer vint avertir Macdonald que les troupes refusaient d'être passées en revue par le Comte d'Artois ...
Alors, Macdonald se proposa de commencer à passer la revue seul, et d'y appeler ensuite le prince, dès qu'il jugerait le moment opportun ...

Le plan ayant été accepté, le Maréchal se rendit Place Bellecour ...

Aussitôt, les Soldats le saluèrent aux cris de nombreux "Vive le Maréchal!" ... immédiatement suivis d'un silence glacial .... lorsqu'il commença son allocution royaliste ... :11:

C'est alors qu'il envoya chercher le Comte d'Artois par un aide de camp ...

Après être passé devant le front des régiments, et observé les visages sombres, menaçants et muets, le prince s'évertua durant plusieurs minutes pour ne récolter qu'un timide "Vive le roi" , de la bouche d'un sapeur de Dragons ...

Le Comte d'Artois sombra alors dans une colère rouge, tout en donnant l'ordre de renvoyer les troupes sans les faire défiler !

La bonne aubaine ! C'est tout juste ce que désiraient ces braves Soldats ...!

La préoccupation du peuple était également toute à l'Empereur, et c'est massé le long du Rhône qu'il L'attendait, Lui que l'on disait maintenant tout proche de la Guillotière ... :2:

Et, de toute cette foule, pas un cri ne s'éleva pour saluer le frère du roi de France ...

Macdonald le rejoignant à l'Evêché, lui conseilla alors de partir sur-le-champ ...

Le duc d'Orléans avait quitté la ville deux heures auparavant.
Il croisa en route le général Simmer se rendant à Lyon avec le 72è de Ligne.
Or, au vu des circonstances, il jugea préférable de faire rétrograder ce régiment sur Roanne, pour l'interrompre dans sa marche vers Lyon...

Mais le général Simmer répondit à cet ordre que ses hommes étant fatigués, il avait l'intention de les cantonner dans le prochain village.

Ayant compris au ton et à l'expression du visage de Simmer, quelles étaient ses véritables intentions, le prince n'insista pas ...

Toutefois, Macdonald était coriace, et poursuivait encore l'espoir de pouvoir défendre Lyon ...
Il avait bien compris que ses Soldats ne tireraient pas les premiers, mais il se disait qu'ils risposteraient bien si l'on tirait sur eux ...

Il suffisait qu'une vingtaine d'hommes, qui, par dévouement au roi, ou dénaturés par l'appât d'argent, acceptent de se vêtir en gardes nationaux et à ouvrir les hostilités ...

Ainsi formula-t-il sa demande au Maire, le Comte de Farges ...

Celui-ci, pourtant royaliste fervent, répondit, à la grande stupéfaction du Maréchal, que dans tout Lyon, il ne se trouvereait pas un seul homme prêt à cela !...

Alors, plus que jamais déterminé, Macdonald finit par se rendre sur les quais du Rhône, occupés par les troupes, résolu qu'il était, de faire prendre des fusils aux officiers de son Etat-Major, et à tirer lui-même le premier ! ...

Mais, alors qu'il arrivait près du pont de la Guillotière, vers deux heures, un grand tumulte se fît entendre ... :2: :2: :2: .....

C'était les Hussards de Napoléon qui débouchaient du faubourg, précédés d'une foule considérable de paysans, agitant de grands bâtons, au sommet desquels ils avaient accrochés des mouchoirs !

Et tous criaient d'enthousiasme .... :

VIVE L'EMPEREUUUUUUUUUUUR ! VIVE LA LIBERTE !!

Le pont était obstrué par une colonne d'Infanterie ...
Afin de s'approcher plus près de la barricade, Macdonald descendit de cheval, mais à peine avait-il fait quelques pas, que la barricade fut broyée par les Hussards, aidés des Soldats de la garnison ...

Et les deux troupes de fraterniser, en poussant toujours de prodigieux cris de :

"VIVE L'EMPEREUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUR !"

Cette fois, notre homme capitula, et sautant rapidement en selle, il prit la fuite au grand galop, poursuivi durant presque trois lieues, par des Hussards fort désireux de le ramener près de Napoléon ! ...

Le Grand Homme n'était pas très loin ; aussi, la population comme la troupe, espérant à tout moment Le voir apparaître, demeura sur les quais jusqu'à la nuit ...

Et .... vers neuf heures, ce soir-là, des acclamations s'élevèrent dans l'obscurité, et provenant des faubourgs, gagnant les ponts et jusqu'à la rive droite du Rhône, annonçant, enfin, à toute la ville de Lyon, l'arrivée tant attendue de l'Empereur ! :2:

Un témoin raconta que, pour arriver jusqu'aux appartements de l'Evêché, que le frère du roi avait quitté le matin même, Napoléon "dût passer sur la foule" ! ...

Après avoir accompagné l'Empereur à l'Evêché, le peuple s'éparpilla dans toute la ville, l'illuminant de torches, et chantant La Marseillaise.

:VE2: :VE2: :VE2: :VE2: :AI: :AI: :AI: :AI:



L'Empereur va maintenant veiller sur votre sommeil ... Bonne nuit ! :4:





:salut:


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