Inscription : 14 Déc 2002 16:30 Message(s) : 15822
|
Je remercie les quelques inscrits qui ont bien voulu répondre au dernier message adressé à tous.
Il m'est difficile de les citer, parce que je ne connais pas toujours le nom des anciens inscrits, mais seulement leurs pseudos. Merci de m'indiquer si vous acceptez d'être cités soit par votre nom, soit par votre pseudo.
La plupart conviennent en effet que le 1er déni cité est primordial: s'il s'avère que la caricature est bien celle de Cipriani et non de Gourgaud (ou d'un autre), il est moins facile alors de persévérer dans les autres dénis.
Inversement, si cette caricature n'était pas celle de Cipriani, toute notre construction tombe à terre irrémédiablement.
Essayons donc de raisonner clairement et simplement:
1ère proposition: la fameuse caricature légendée Gourgaud n'est pas celle du général.
Une grande partie de ceux qui se sont intéressés à cette question en sont convenus. Ni la coiffure, ni l'absence de favoris, ni le nez ne correspondent à la physionomie de Gourgaud. Malgré cela, Albert Martin y tient mordicus et n'a jamais voulu revenir sur ce point.
Un autre élément doit être être retenu, c'est que Gourgaud ne sortait pas en compagnie de l'Empereur sans être revêtu de son uniforme. Montholon, par exemple, n'était pas aussi sourcilleux avec l'étiquette. Comme de juste, il a été "croqué" en habit civil.
Rappelons-le, les caricatures ont été dessinées par Denzil Ibbetson à bord du Northumberland, afin de permettre à la garnison de Sainte-Hélène d'identifier les Français. Et notamment, les principaux compagnons de l'Empereur. Albertuk, par ses recherches, a confirmé tous ces points.
Ajoutons un argument psychologique: Gourgaud, d'un naturel coléreux, était plutôt un atrabilaire. Il serait donc surprenant qu'on l'ait croqué le sourire aux lèvres, comme le fameux personnage sur lequel certains s'interrogent encore...
Mais alors, pourquoi cette erreur ? Les dessins ont été faits individuellement, puis reproduits. Et c'est là qu'est née la fameuse composition des cinq têtes. Pour une raison qui nous échappe, Gourgaud a été omis de cette composition. Le personnage inconnu (ne le nommons pas encore Cipriani) s'est vu attribué une identité erronée. Elle a été publiée en 1818.
Rétif de la Bretonne ne s'est pas laissé abusé et a immédiatement compris qu'il s'agissait de Cipriani. Sur ce point, sa veuve n'a rien pu me dire de précis et nous n'avons rien trouvé dans ses archives pour nous éclairer. Il a juste été remarqué que Mme Pardee avait été la 1ère à considérer le masque antomarchi comme celui de Cipriani. Et que cet indice avait mis Rétif sur la piste. Mais nous ne savons pas si ce point particulier a fait l'objet d'un échange entre elle et les Rétif. Ce qui m'a été dit par Mme Rétif, c'est que son beau-père avait rencontré Mme Pardee. Elle en était moins certaine pour son mari.
L'hypothèse Gourgaud étant définitivement écartée (1), cherchons donc quelle pourrait être l'identité du mystérieux personnage.
2ème proposition: Aucun des autres compagnons de Napoléon ne correspond à la caricature, hormis Cipriani.
Cet homme -dont nous recherchons l'identité- était parmi les Français et devait être souvent visible auprès de Napoléon.
Le mieux c'est de lister tous les Français à bord du Northumberland. Il est absolument exclu que ce personnage puisse être étranger à ce groupe:
Bertrand Montholon Gourgaud Las Cases
Cipriani
Marchand Saint-Denis Noverraz Pierron Santini Rousseau Les 2 Archambault Gentilini Lepage
Fritz, le domestique de Gourgaud.
Ce qui fait exactement seize personnes présentes à bord du Northumberland, où elles ont été croquées par Ibbetson, pour les plus importants.
Nous élimineront les 4 premiers personnages (les 3 représentés sur Napoléon et sa suite) et Gourgaud.
Puis, Marchand, Saint-Denis et Noverraz, comme "porteurs de favoris" !
Enfin, Santini, dont le physique ne correspond pas.
Reste Pierron, Rousseau, les 2 Archambault, Gentilini, Lepage et Fritz. Avec une préférence pour Gentilini, car valet de pied. Et Cipriani, bien entendu !
C'est donc parmi ces huit personnes qu'il faut faire un choix. Il est absolument exclu que le personnage caricaturé puisse appartenir au groupe des huit déjà écartés.
Parmi ceux-ci, qui était assez important pour retenir l'attention d'Ibbetson ?
Ce n'est certainement pas le domestique de Gougaud, le nommé Fritz. Ni le cuisinier Lepage. Ni les 2 frères Archambault, valets d'écurie. Ni Rousseau, ancien "ferblantier bougiste", ni Pierron, le chef d'office.
Comment ces hommes auraient pu attirer le regard ? Ils n'avaient accès au pont supérieur qu'à des heures fixes et n'étaient certainement pas autorisés à accompagner l'Empereur au cours de ses promenades journalières sur le pont du vaisseau.
Ne restent que Gentilini et Cipriani. Gentilini, valet de pied, aurait pu suivre de temps en temps Napoléon. Guère plus que Marchand et plutôt moins. Et toujours dans une attitude modeste, celle qui sied à un valet...
Mais pourquoi croquer Cipriani, de préférence aux autres ? Ce n'était guère mieux qu'un intendant. Pourtant, comme le signale le Dr Gagnière, ses fonctions de maître d'hôtel le situe dans l'immédiat entourage de Napoléon. L'on sait qu'il a accès à sa chambre sur le Northumberland et qu'il égaye l'Empereur par l'évocation de leurs souvenirs sur la Corse.
Surtout, avantage déterminant sur les autres, il parle parfaitement l'anglais. Or, Napoléon dans ses promenades sur le pont, a besoin d'un interprète. Le plus souvent, Las Cases l'accompagne. Mais pas toujours. En ce cas, Cipriani est tout désigné.
Et en dehors de cela, Cipriani est en contact avec les Anglais. "L'espion" de l'Empereur ne doit pas hésiter à faire parler le moindre matelot et ensuite raconter cela à son maître. Tout cela ne pouvait échapper à un observateur comme Ibbetson. Il ne pouvait manquer de "croquer" Cipriani. C'est le contraire qui eût été étonnant.
On voit bien que dans ces conditions, l'hypothèse Gentilini n'a aucune consistance.
Il ne reste bel et bien que Cipriani (2). Cela est tellement vrai que le colonel Mac Carthy, alors directeur du Musée de l'Armée, n'a fait aucune difficulté pour l'admettre: Mac Carthy, le "pape" des légalistes !
Merci donc de vos avis. Si une centaine d'entre-vous peut se faire l'ambassadeur de cette évidence, avec son propre entourage ou sur les forums napoléoniens, je suis persuadé que cette vérité finira par s'imposer.
1/ viewtopic.php?t=3411
2/ viewtopic.php?t=2666
|
|