Par Albert Martin, webmestre du forum napoleon1er.com
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Chers membres du Forum Napoléon 1er,
Vous le savez, Bruno Roy-Henry mène un combat inlassable à l'égard des Autorités par le biais de livre, articles, lettres, sans compter les nombreux messages postés sur ce forum, réclamant l'ouverture du Tombeau Impérial des Invalides, convaincu qu'il est, qu'un serviteur de l'Empereur y repose, alors que ce dernier reposerait à Westminster en Angleterre.
Cette affaire, sur laquelle je m'étais brièvement penché après la parution de son livre " Napoléon, l'énigme de l'exhumé de 1840 - L'Archipel, 2000 ", méritait sans doute de ma part une étude plus approfondie.
C'est fait.
Je vous le dis de suite, je ne partage pas toutes les vues de BRH sur cette question. Aussi, certains de mes propos heurteront-ils les partisans de cette thèse. Lui et moi avons coopéré à différentes reprises dans un domaine qui nous est cher, la recherche de la vérité historique. Je souhaite que cette coopération continue. Il sait toute l'estime que je lui porte. Qu'il accepte ma réflexion, comme étant celle d'un homme qui ne veut pas être dupé, ni ne veut duper personne !
Bien cordialement.
Albert
http://perso.club-internet.fr/ameliefr/ ... Henry.html
On lira avec intérêt, la réfutation de Christophe Bourachot, libraire-éditeur (Librairie des Deux Empires)
http://perso.club-internet.fr/ameliefr/ ... achot.html
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Roy-Henry
Colonel
Posté le: Saturday 17 Aug 2002 00:28 Sujet du message: REPLIQUE DE BRH AU WEBMESTRE:
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Albert qualifie la parution du travail de Rétif «d'opportuniste », au moment du bicentenaire. C'est méconnaître que son manuscrit était prêt depuis 1967 et qu'il a été refusé par tous les éditeurs de Paris... Sauf Jérôme Martineau dont la petite maison d'édition fit d'ailleurs faillite très peu de temps après... On comprend que Rétif ait hésité avant de se décider à sauter le pas ! Finalement, l'ouvrage parût en février 1969, mais l'affaire du référendum gaullien vint obérer sérieusement son impact !
Ses observations sur la fragilité des témoignages humains sont pleines de bon sens. Ceci étant, c'est bien le 17 octobre 1815 que Napoléon débarqua à Sainte-Hélène : c'est du moins la version reprise par le Dr Ganière.
Sur l'affaire des cercueils, je me rallie à l'exposé d'Albert, mais j'émets encore des réserves : elles sont dues au témoignage de Bertrand qui a signé un PV rédigé par Montholon, et qui -de plus- ne mentionne jamais les cercueils en acajou (il parle uniquement du « fer blanc » et du cercueil en plomb. Ce qui est tout de même étrange.
Et puis, il y a le morceau de cercueil ramené par Gourgaud et déposé depuis à l'île d'Aix : un centimètre de trop par rapport au corbillard. Je n'ai rien inventé...
Sur le geste de Guillard prélevant un morceau d'épiderme facial de « Napoléon », on ne sait pas grand chose en effet. Peut-être s'est-il contenté de détacher un morceau de peau qui adhérait trop fortement au revêtement de satin qui doublait l'intérieur du cercueil en plomb. Le musée de l'armée considère comme authentique cet épiderme facial. Le ministère de la défense a avalisé cette position (cf. sa réponse à mon courrier en date du 26/7).
Donc, jusqu'à preuve du contraire, la position du musée de l'armée doit-être acceptée. Ceci m'arrange, c'est certain... Mais, pour une fois que les autorités affirment une position qui me satisfait (en attendant un résultat problématique, qui pourrait bien -pourtant- infirmer mes travaux), il ne faut pas faire la fine bouche !
Sur Joinville, je le vois mal ne rien faire, au cas où l'Angleterre eût tentée d'arraisonner la Belle Poule, alors que pour la quasi-totalité des officiers et l'unanimité des équipages, ce sont bien les Cendres de Napoléon qui étaient à bord de la frégate royale... Jouer les blasés aurait paru éminemment suspect !
Sur la question de la main, si Marchand nous dit bien la vérité (main gauche rosée et état potelé), cela n'a rien à voir avec le moulage remis par Bertrand à Rohan-Chabot ! Car cette main moulée est singulièrement décharnée... Avait-elle donc le même aspect, celle aperçue dans le cercueil ?
La gaze légère, une espèce de moisissure qui recouvrait le tout... Ou une gaze très épaisse ? ceci n'a pas empêché Guillard de faire ses constatations. En l'occurrence, je me fie davantage à son témoignage qu'à celui de Las Cases-fils ! Qui contredit celui de Marchand.
Pour les sources concernant la naissance de Cipriani, la date de 1773 est donnée par le Dr François Paoli, dans son ouvrage « le Dr Antommarchi ou le secret du masque ». Celle de 1780, par Gilbert Martineau in « le dictionnaire Napoléon », paru en 1987.
Pour les vases, Albert oublie de citer Hudson Lowe qui a écrit qu'ils avaient été placés « à côté du corps » ; ce qui n'est pas précisément entre les jambes...
Pour mon acrobatie p.115, encore une fois, c'est un effet (?)[nda: erreur de manip: ce passage s'est effacé; mais comme personne ne me lit:10:

]. ça n'est peut-être pas en effet- Cipriani. Mais ce n'est pas Napoléon.
Merci pour les précisions portant sur les hommes ayant conduit le cercueil jusqu'au caveau. Pour ma part, je les connaissais : elles sont données également par le Dr Ganière. Albert en déduit que le corps a légèrement glissé vers les pieds ! Ok, mais le coussin supportant la tête aussi, alors ! Rien de tel n'a été remarqué en 1840...
Une observation : il suffit de huit hommes pour porter les trois-quatre ( ?) cercueils en 1821. En 1840, il en fallut dix, soit deux de plus... Et sur une distance nettement moins importante !
Les orteils : ils ont gonflé après la fermeture du cercueil ? Possible. En 1840, ils ne le sont pas. Voilà des membres qui grossissent et maigrissent ensuite. Ceci a dû être le cas des mains, je présume ?
Que chacun tente l'expérience : Passez une paire de soquettes fines, en fil de soie de préférence. Coupez-en l'extrémité pour laisser apparaître quatre orteils. Que se passe-t-il ? Les rebords retombent légèrement, mais pas complètement, car le cinquième orteil (en l'occurrence, le plus petit) retient l'ensemble. Encore faut-il qu'il n'y ait pas une chaussure pour bloquer le tout, même si l'empeigne s'en est ouverte...
Pour les décorations : pas de commentaires. La position d'Albert se rapproche de celle du colonel Guégen : « ils n'ont rien vu »!!! Donc, les témoins ont tout inventé !
L'éboulement du caveau ! Mais, a-t-on songé qu'il a été refait ? Ce point est incontestable. Il a été admis par Mac-Carthy! Aussitôt après le départ des Français, en vue de l'achever ? Peut-être... Mais les documents anglais sont étonnamment rares pour cet aspect des choses ; pour ne pas dire inexistants ! Or, qu'y avait-il de suspect à terminer ces travaux ? Pourquoi ne retrouve-t-on aucun document sur cette période ? Quelques correspondants qui travaillent à Londres nous en apprendront plus très bientôt...
Pour les parements jaunes, il faudra que je relise la version de 1825. Celle que j'ai sous la main (en fait, celle de la bibliothèque municipale de La Rochelle) est une édition intermédiaire. Je ne les ai pas sur mes étagères... Détail à éclaircir. Mais si la version d'Albert est la bonne, Antommarchi n'a pas songé à la modifier, dans l'hypothèse où elle émanerait de son éditeur et non de lui, ce qui -en tout état de cause- me surprend ! Et il ne l'a nullement corrigée entre 1825 -date de sa parution- et 1838 : date de son décès à Cuba...
Pour le masque, les travaux du préfet Milliat soulignent que le visage et la partie du crâne moulée sont bien ceux d'un individu et non pas un modelage(cf. l'affaire du masque en cire dit « Noverraz »). J'estime qu'il est impossible de fondre un visage authentique dans une autre tête elle-même moulée. Aujourd'hui, peut-être... Mais, à l'époque, je ne le pense pas ! Et pourquoi prendre un crâne si différent de celui de Napoléon ? Antommarchi aurait été plus habile : il aurait eu recours à un vrai sculpteur qui aurait fait un « travail » irréprochable !Pour l'affaire du masque, c'est notre point de désaccord. Albert estime que le masque a été « modelé » à l'image de certains portraits de Bonaparte jeune. Je m'inscris en faux contre cette assertion. Le masque Antommarchi est bien celui d'un individu réel aux traits jeunes et émaciés. Les dissymétries constatées -tant sur le visage que sur le crâne (tempes, front, etc .)- en sont bien la preuve.
Cet individu ne serait pas Cipriani ? Possible! En tout cas, ce n'est pas Napoléon !
Quant à mon imagination fertile concernant cette fameuse scène avec O'Meara, je m'inspire -Albert le sait bien- de Rétif. Qui a quelques arguments...
- Si la fraude s'est faite, et c'est le cas -Albert en convient lui-même- O'Meara ne l'a pas dénoncée. Or, le bonhomme est mort en 1836. Et n'a jamais contesté l'authenticité du masque Antommarchi, largement répandu dans le public à compter de 1833 ! Conclure qu'il était complice me semble la logique même. Et comme O'Meara aimait l'argent, il faut bien qu'il ait été désintéressé ou qu'il soit à la base de cette fraude...
- Et cette fraude n'est pas passée inaperçue ! En tout cas, pas pour le pasteur Boys, qui a tenté de l'exploiter à son tour à des fins personnelles, en exhibant -lui aussi- sa propre version du masque mortuaire de Napoléon qui ressemble -à s'y méprendre-au masque Antommarchi ! Preuve que cette effigie sort bien de Sainte-Hélène: Boys qui a veillé Cipriani mort et laissé un de ces acolytes toute la nuit auprès du cadavre (merci à Albert « de Londres » (« albertuk ») pour ces détails).
Je trouve la position d'Albert trop caricaturale sur l'affaire de la caricature. J'ai -à mon tour, après Rétif- attribué ladite caricature à Ibbetson, manquant sans doute de cette objectivité qui sied à l'historien ! Je ne le cache pas : la consultation des archives de Rétif de la Bretonne m'a « retourné », m'amenant à modifier mon manuscrit initial dans un sens plus favorable à sa thèse. Je n'ai pas eu la possibilité de recueillir son avis. L'auteur des caricatures étant inconnu (ce n'est certainement l'imprimeur-graveur Silk), il m'est apparu que ce ne pouvait-être qu'Ibbetson, le dessinateur le plus précis de tous les croquis de l'Empereur pris par les Anglais à Sainte-Hélène (aux dires même de Mac-Carthy). Mais, je l'admets : c'est un point qui doit-être approfondi !
ET QUI L'A ETE, Merci aux lecteurs objectifs de le noter !!! Quant aux autres...
Merci d'avoir suivi ma suggestion de comparer ladite caricature avec le profil peint par Steuben (qui a connu Gourgaud). La comparaison est édifiante, mais -cette fois- en ma faveur, même si Albert -je le sais- aura du mal à l'admettre !
Pour les observations sur la Bonté de l'Empereur sur Cipriani, d'accord ; j'aurais dû citer ce passage de Bertrand concernant la pension à faire passer à la veuve de Cipriani et de sa fille. Il n'avait donc pas de fils ? Bien sûr que si : et l'Empereur le savait pertinemment ! Et cette lettre a-t-elle seulement été rédigée ? l'a t'on retrouvée dans la correspondance de Liverpool (encore un travail pour « albertuk » !). Tout ça ressemble beaucoup à un écran de fumée...
Nous nous sommes expliqués, Albert et moi, sur cette légende à la fin de mon livre « Visage de Cipriani ». En la faisant figurer à la fin, je ne fais que nommer les choses que je pense avoir démontrées : auparavant, je légende « masque Antommarchi », ou « visage de l’exhumé ». Ce n’est qu’à la fin que je légende « Cipriani », à dessein…
Je ne voulais certainement pas semer le trouble dans l’esprit du lecteur ! Albert reconnaît lui-même un mystère dans cette main décharnée qui –je le rappelle- ne correspond pas à la description de Marchand « état potelé ». Quand Marchand a t’il menti : en 1821 ou en 1840 ? Nous le savons, les mains de Napoléon étaient pleines de grâces, et –effectivement- plutôt potelées ; et sans doute pas avec des doigts si longs…
Je regrette l’allusion à Hitler, initiée par Ben Weider… Les Anglais avaient certainement une plus haute opinion pour Napoléon qu’Américains ou Russes auraient jamais pu avoir pour le chancelier-démon, surtout après la révélation de l’ampleur du génocide contre les Juifs… la preuve : c’est le début extraordinaire de la popularité de « Boney » dans la baie de Torbay, en juillet 1815 ! Il fallait vite éloigner ce « diable d’homme » aux antipodes…
Pour Laumann, Albert se trompe : il fait allusion aux bruits d’une substitution dans son ouvrage, mais développe seulement sa thèse dans 3 articles de la revue Paris-Magazine en novembre 1919 : et ce n’est pas pour la réfuter –bien au contraire ! Ce qui me laisse à penser, sachant les difficultés d’alors de Clémenceau avec nos bons alliés anglo-saxons ! Clémenceau était homme à faire flèche de tout bois…
Albert emploie un peu trop l’arme de la dérision sur la fin de sa réfutation… il est vrai que je ne donne pas toujours dans la dentelle !
L’affaire n’est pas terminée. Elle rebondirait fortement si je décidais quelques personnes ayant fréquenté de hauts personnages à mettre par écrit les confidences qu’elles m’ont faites… N’oubliez pas que Jarnac n’est éloignée de Cognac –ma ville natale- que de 14 km !
Ah, ces François, quels étonnants personnages (le roi-chevalier et le président-monarque…).
Je ne crois pas un seul instant à cette anecdote de la Commune. Je ne me souviens pas l’avoir lu dans la brochure du colonel Pol-Payard ! Les aigles et les armoiries à l’entrée de la crypte ont bien été martelées à cette époque ; il semble cependant que les iconoclastes aient reculé devant l’ombre du grand capitaine…
Ceci étant, le travail de M. Martin n'est pas complètement superficiel et contribue –d’une certaine manière- à la réflexion sur l’ensemble du problème. Il apparaît pourtant que l’on est au bout de la polémique : pour départager substitutionistes et légalistes, il n’y a qu’un seul moyen de trancher : l’ADN ! Sauf à voir apparaître de nouveaux documents ou de nouveaux témoignages ; ce n’est pas exclu…
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Florian
Colone
Posté le: Saturday 17 Aug 2002 07:43 Sujet du message:
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Deux modestes remarques:
-Albert accuse Retif le mercantilisme ( ce qui, soit dit en passant, est en général plus le fait des éditeurs que des auteurs, il n'est qu'à voir la déferlante de réedition de Max Gallo pour septembre ) et n'hésite pas à porter aux nues, quelques lignes plus loin, M Weider qui défend ses thèses à coup de millions de dollars, de cocktails dinatoire et autres opérations médiatico-gustatives...
-Sur les disparités de témoignages dues selon Albert à une logique défaillance de la Mémoire des auteurs, force est de constater que dans cette perspective, une grand partie de sa démonstration n'a aucune valeur puisqu'elle s'appuie sur ces mêmes témoignages... Il faut bien se baser sur quelque chose, en l'occurence les Mémoires des divers témoins. Si ceux ci se sont trompés (volontairement ou non), c'est leur integrité qui est en jeu et pas celle de leur exegètes.
-Sur l'histoire du gaze, je reproduis un de mes anciens messages:
Citation:
Voici un petit extrait d'un ouvrage d'Abéric Cahuet et relatant l'exhumation de 1840:
"D'un geste pieux, le docteur Guillard roule lentement sur elle même, en commençant par les pieds, la couche soyeuse. Mais il s'arrête presque aussitôt. Quelque chose d'inouï vient de se produire qui glace de terreur tous ces gens, debout et frissonants depuis dix longues heures de cette attente et qui ne sont plus maîtres de leurs nerfs: Le corps a remué. Une sorte de convulsion a violemment agité la "forme", des pieds à la tête. On a pu croire que Napoléon se réveillait. Un vent de folie passe dans les cerveaux. Mais cela ne dure heuresement qu'une seconde. Des gens de sang froid, le médecin, se rendent bien vite compte du phénomène qui a produit ce semblant de vie terrifiante... La vérité, c'est que, sous le geste du docteur, l'air s'était précipité avec force entre l'ouate et le corps, chassant les gaz les plus légers st soulevant par ondulation l'enveloppe sur tout le chemin."
Cette réaction est accrédité par le témoignage de l'enseigne Pujol qui receuille auprès des témoins directs de l'inhumation leurs impressions immédiatement après l'opération: "Pour tous, le corps avait eu un mouvement très prononcé semblable à une convulsion nerveuse."
L'explication du vent qui fait onduler le voile est somme toute peu convaincante, les témoins n'auraient pas tous été bernés par un phénomène qu'ils auraient d'ailleurs du comprendre, si ce n'est sur le moment, du moins quelques secondes après. Non, je pense plutôt que ceux qui ont connu l'Empereur ont été frappés, (d'ailleurs, on précise que le médecin et certains des témoins "de sang froid" n'ont pas été sujet à une telle illusion) on le serait pour moins, par la supercherie. Leur stupefaction a été si flagrante qu'il a bien fallu trouver une excuse... on s'est alors passé le mot.
Voici quelques autres extraits tout aussi troublants:
"Il y a une minute de stupeur et d'adoration. Bertrand regarde avec l'attitude de quelqu'un qui va se précipiter. Gourgaud, Marchand, Emmanuel de Las Cases, Arthur Bertrand, Marchand, les serviteurs sanglotent convulsivement"
Pourquoi? L'émotion est elle celle des "retrouvailles" ou celle de la stupeur?
"Mais bientôt, se manifestent des curiosités sacrilèges. On parle de soulever le corps pour mieux l'examiner, de sortir et d'ouvrir les vases pour juger de l'état de conservation des viscères. Gourgaud violemment proteste. Il n'en peut supporter d'avantage . Il crie que c'est bien là l'Empereur, qu'il n'y a aucun doute possible..."
Pourquoi tant d'empressement? Si certains veulent allez plus avant dans l'examination (qui sont ils?), c'est certainement que tout le monde n'est pas convaincu, que tous les doutes ne sont pas du tout dissipés....
Un peu plus loin, l'auteur évoque le transfert du cerceuil jusqu'au bateau: "Et chacun prend sa place dans le cortège lorsque l'on entend, avec surprise, s'élever une sorte de discussion. Mais c'est presque aussitôt fini. On a pu cependant reconnaître les voix de Gourgaud et de Las Cases."
Quelle peut donc être la raison d'une telle querelle à un moment si solenel? Ce doit vraiment être important...
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Philippe Delorme
Caporal
Inscrit le: 16 Aug 2002
Messages: 11
Posté le: Saturday 17 Aug 2002 10:58 Sujet du message:
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Parmi les différentes "reliques" dont parle Albert, rapportées en France par les "pélerins" de 1840, il serait intéressant de savoir s'il n'y a pas quelque parcelle organique (en dehors du fameux morceau "d'épiderme" qui peut être contesté) : cheveux, ongles, etc ?
Susceptibles d'être l'objet d'une analyse ADN sans que l'on ait à ouvrir le tombeau de porphyre...
En savez-vous plus ?
Philippe Delorme
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Martial
Capitaine
Inscrit le: 22 Feb 2002
Messages: 256
Localisation: l'Alsace 68
Posté le: Saturday 17 Aug 2002 11:47 Sujet du message: Mysticisme
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Albert se demande pourquoi les anglais auraient enterre la depouille de l'Empereur a Westminster. Ne se pourrait il pas que ce soit par croyance? Je m'explique : apres l'avoir retenu prisonnier sur leur ile dans des conditions parfois difficile (sans exagerer tout de meme car c'etait loin d'etre un bagne) surtout moralement et psychologiquement; ils pouvaient encore le detenir definitivement en l'enterrant chez eux. Apres avoir tant fait peur au monde, les anglais se trouvaient ainsi definitivement les vainqueurs du geant et avaient la satisfaction morale de le detenir prisonnier pour l'eternite. Car apres tout si l'on admet la these de Bruno, il faut bien qu'il y ait une raison a l'echange des depouilles et celle ci en vaut bien une autre et me parait tres admissible dans cette histoire tenebreuse.
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Roy-Henry
Colonel
Inscrit le: 21 Feb 2002
Messages: 670
Localisation: Aunis
Posté le: Saturday 17 Aug 2002 13:11 Sujet du message: Restes corporels de l'exhumation...
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En dehors des mèches "de Bovis", je n'en connais pas !
Cette mèche, retrouvée à Besançon, a servi aux examens du professeur Locard, dans les années cinquante (directeur du laboratoire de police judiciaire de Lyon), en vue de démontrer que le masque en cire, dit "Noverraz", copie conforme du masque Antommarchi, était bien le masque de Napoléon.
Pour cela, il avait prélevé des poils (cheveux, sourcils, poils de barbe) pris dans la cire de ce masque, pour les comparer aux cheveux de cette fameuse mèche.
Conclusion: comme ces poils et ces cheveux étaient en tout point identique, Locard concluait que les deux provenaient bien du même individu et selon toute probabilité, que cet individu était bien Napoléon!
Nous savons aujourd'hui qu'il n'en est rien!
Monsieur Bernard Douchin est propriétaire de cette autre mèche "de Bovis" qui a le même aspect et la même consistance que la mèche "de Bovis" retrouvée à Besançon.
Il a confié à Ben Weider l'analyse d'un des cheveux: résultats: ce cheveu est entièrement différent des cheveux authentiques de Napoléon qui ont servi aux recherches sur l'arsenic. Détail qui a son importance, il ne présente pas de dose "anormale" d'arsenic...
On peut donc conclure sans crainte de se tromper: ces cheveux ne sont pas ceux de Napoléon...
Comment avoir la certitude qu'ils proviennent bien de Sainte-Hélène ?
Edmond de Bovis était bien enseigne de vaisseau à bord de la Belle Poule, lors de l'Expédition des Cendres. Mais, rien ne prouve qu'un témoin de l'exhumation lui ait confié cette mèche de cheveux...
C'est pourtant probable: car ce n'est pas n'importe quelle mèche puisque -comme l'a affirmé Locard- elle est identique aux poils trouvés sur le masque "Noverraz"...
D'après le propriétaire de ce masque (en Suisse), lesdits poils ne comportent pas de traces significatives d'arsenic: encore un point commun!
Peut-on aller plus loin ? Malheureusement, non: les cheveux "de Bovis "ont été coupés et ne présentent donc pas le bulbe nécessaire à la recherche d'ADN. Par contre, les poils de barbe du masque "Noverraz", Si!
Mais en admettant que l'on obtienne une signature ADN, avec quoi la comparer ? Avec les descendantes de Caroline ? Pour moi, il ne fait aucun doute que le résultat sera négatif... On ne sera pas plus avancé!
C'est pourquoi l'épiderme facial de "Napoléon" aux Invalides est si précieux! C'est pourquoi on nous en refuse l'analyse...
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citoyen GAUDIN
Caporal
Inscrit le: 13 Aug 2002
Messages: 17
Localisation: CHELLES
Posté le: Saturday 17 Aug 2002 13:19 Sujet du message: QUE FAIRE ALORS?
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Messieurs félicitations.
Autant pour Albert que pour BRH.Vos theses me font
réver moi qui ne suis ni historien ni scientifique mais un simple passionné de l'empereur.Chacune des theses ont des elements convaincants et j'ai vraiment du mal à me faire une idée.Mais vraiment, j'aimerai savoir si il y a eu substittution ou non car tout simplement quand j'amene ma fille (7 ans) aux Invalides et que je lui dit:" tu vois dans ce tombeau il y a Napoleon", je voudrais que ce soit vrai.
En tout cas je tiens à vous dire que je suis disposé à vous soutenir dans n'importe quelle démarche qui pourra nous amener la vérité .
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VIVE L EMPEREUR
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Albert
Administrateur du Forum
Inscrit le: 17 Feb 2002
Messages: 295
Localisation: France
Posté le: Saturday 17 Aug 2002 13:56 Sujet du message: Démonstration sans valeur ?
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Cher Florian,
Où m'avez-vous lu accusant M. Rétif de la Bretonne de mercantilisme à l'occasion de la parution de son ouvrage ?
J'y juge cette parution opportuniste, en regard des festivités du bicentenaire de la naissance de Napoléon Bonaparte en cette année 1969. Les festivités n'ont pas été élaborées en quelques mois. Le livre non plus !
En le publiant en 1969, il ne pouvait que bénéficier des forts échos de ces festivités. Sa sortie fut accompagnée d'une campagne de presse pour mieux souligner l'effet "pavé dans la mare" voulu par son auteur. Je ne lui en fait pas reproche. Je constate, c'est tout. Après la sortie de son livre, un auteur s'intéresse en priorité au nombre d'exemplaires vendus, jauge indispensable servant à mesurer l'impact de son travail et non pas à l'accumulation des ses droits d'auteur au jour le jour ! Donc, point d'accusation de mercantilisme à son égard. Toute peine mérite salaire !
En citant Ben Weider, je ne le "porte pas aux nues". J'adhère à sa réflexion sur un point précis. Je trouve que vous allez bien vite en besogne en écrivant de la sorte. Il est des points sur lesquels je reste en désaccord avec Ben Weider.
Le fait de mettre en avant les défaillances de la mémoire humaine est utile dans l'affaire qui nous occupe. Partant de là, libre à chacun d'interprêter les divers témoignages en faisant appel à un minimum de bon sens et d'honnêteté intellectuelle. Défaillants ou pas, ils demeurent le fer de lance de toute étude historique sur le Retour des Cendres. Prétendre donc, comme vous le faites, que ma démonstration n'a aucune valeur, est gratuit et ne convaincra personne.
Albert
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NapNap
Colonel
Inscrit le: 27 Apr 2002
Messages: 866
Localisation: Montréal,Québec
Posté le: Saturday 17 Aug 2002 18:34 Sujet du message:
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Cher Albert!
Le fruit de votre réflexion m'arrive comme une grosse pomme sur la tête.
J'en suis encore un peu sonné!
Vos interventions sont vraiment trop rares.
J' y ai vu des explications que je n'avais jamais lues sur le forum.
Il est difficile de se faire une idée quand on ne dispose pas de toutes les données mais le livre de Bruno aurait été vendu en tomes s'il nous les avait toutes rapportées.
J'aurais aimé qu'on y mentionne tout de même quelques une des vôtres,comme par exemple cette affaire de transport du cercueil par les officiers anglais ou l'ordre dans lequelle les objets ont été placé dans le cerceuil.
Mais malgré votre analyse, je trouve que face à la gravité de l'accusation, le gouvernement français devrait procéder à ce test d'ADN qui coûterait au contribuable moins cher que tout le temps et l'encre que l'on consomme à déblatérer sur le sujet.
Vous trouvez pas que la caricature ressemble plus à Las Cases ...?
Sur la réplique de Bruno, vous faites une observation sur le nombre de personnes qui ont transporté le cercueil, huit en 1821 et dix en 1840. S' il y en avait eu qu' un en 1840, je dirais "c'est plus que louche..." mais d'en rajouter deux n'est peut-être qu'une question de faire les choses en grande pompe et n'à sûrement rien à voir avec le poids de l'objet.
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Hypolite
Général de brigade
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Messages: 3850
Localisation: 81
Posté le: Saturday 17 Aug 2002 19:14 Sujet du message: Droit de réponse !
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Je remercie Albert pour son argumentaire serieux et dévelloppé ! Enfin un contradicteur de talent dans cette histoire !
Je dois dire que j'ai trouvé la plupart de ses arguments trés valables !
-Sur la fragilité des témoignages humains: il n'est qu'à voir dans n'importe quelle affaire de Droit Commun, si vous avez 10 témoins d'une scene, vous aurez 10 témoignages différents !
-Sur l'histoire des jambes pliées: le corps a effectivement pu glisser durant le transport, le fait est moin visible coté tête car le cousin aura glissé avec celle ci (aucune déformation, juste un léger espace entre la tête et le cercueil! :crucifié:
-Sur la caricature: même si je ne la trouves pas réussie, je reconnait que si l'on admet le fait qu'il ne portait plus de favories, il peut sagir de Gourgeaud !
-Sur l'affaire des reliques: Cela me fait penser aux morceaux de la Vrai Croix qui auraient remplis une forêt du moyen-age ! Ceci dit, je ne vois pas pourquoi tant de précautions pour un canular !
Voila pour ma 1ere analyse !
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