J'avais fait une première réponse, mais malheureusement suite à un problème technique, elle s'est perdue. Je vais donc à nouveau répondre plus brièvement.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Je trouve assez cocasse cette expression: "l'incroyable attitude de Bertrand PEUT avoir d'autres explications"! Je note l'emploi du pluriel qui signifie que la liste en est certainement infinie...

Infinie ? Non. Mais il y en a d'autres. Notamment la fatigue de Bertrand qui est me semble-t-il le motif invoqué par lui-même.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Que ce seul fait soit insuffisant pour conduire à l'hypothèse de la substitution, je vous l'accorde. Mais combiné à d'autres, il y conduit tout droit...
Ce seul fait ne conduit pas à l'hypothèse de la substitution. C'est sans rapport évident. On ne peut déduire de cette histoire d'épée l'hypothèse de la substitution.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Le débat n'est d'ailleurs pas là, mais sur le fait qu'il n'existait aucun témoignage permettant d'accréditer la substitution. or, les témoignages sur l'attitude de Bertrand existent; et une telle attitude -en soi- n'est-elle pas un témoignage ?
Témoignages sur l'attitude de Bertrand ? Peut-être, même si ce fait semble l'objet d'une contestation. Mais pas la moindre mention d'une idée de substitution dans ce témoignage.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Ces éléments sont tirés de l'ouvrage d'Albéric Cahuet.
Un livre qui se présente clairement comme un roman ! Curieux mélange !
Bruno Roy-Henry a écrit :
Ils viennent de trouver une confirmation par l'apport de Me Alric qui a eu l'insigne privilège de pouvoir lire les écrits d'Ali concernant l'expédition des Cendres (conservés par Jacques Jourquin); il est signalé que les témoins devaient se tenir à cinq ou six pas du cercueil, dans le plus profond silence! Ce qui n'empêchera pas les conciliabules, après la phase des "sanglots" !!! Et c'est bien ce moment de tension qui amènera Gourgaud à intervenir: en criant d'une voix forte que c'était bien là l'Empereur et en jetant -c'est une image- tout son poids dans la balance!
Selon les "légalistes", les écrits d'Ali apporteraient la confirmation définitive de l'inexistence de la substitution. Encore un beau dialogue de sourds en perspective, à ce que je vois !
Bruno Roy-Henry a écrit :
Ceci prouve d'une manière indubitable, que certains témoins ont eu des doutes et que ces doutes ont été formulés assez haut pour que Gourgaud intervienne, alors que Rohan-Chabot était tétanisé par les sanglots et l'attitude de Bertrand: bref, il ne dominait plus la situation qui lui échappait totalement...
Ce n'est pas une preuve indubitable.
Bruno Roy-Henry a écrit :
C'est cela que vous qualifiez "d'absence de témoignages" accréditant la substitution: il me semble que vous manquez de la moindre objectivité; je veux dire, de celle qui sied à un historien...
Absence de témoignage, je persiste. Les doutes que vous attribuez aux témoins ne sont formulés nulle part clairement. Au contraire, les témoins disent avoir reconnu Napoléon et cela ne vous trouble pas. Cela ne vous amène même pas à vous dire parfois que l'hypothèse de la substitution n'est qu'une hypothèse qui peut très bien être fausse. Au contraire, vous répétez sans cesse qu'il s'agit d'une certitude absolue et qu'il faut être de mauvaise foi pour ne pas s'en rendre compte.
Bruno Roy-Henry a écrit :
En effet, l'ouverture du cercueil n'était pas prévue. Il semble pourtant bien peu vraisemblable que les gouvernements n'aient pas envisagé cet aspect de la question de l'exhumation. L'attitude de Thiers le prouve: pour pallier sur place au refus du gouvernement anglais, il prévoit cette fiction d'un conseil de salubrité destiné à vérifier que le cercueil ne contient pas un foyer d'infection ou une dépouille imaginaire...
Vous mélangez les choses. La mention de la "dépouille imaginaire", c'est Joinville qui en parle ouvertement au gouverneur. Pour Thiers, la fiction d'un conseil de salubrité a justement pour but d'obtenir l'ouverture dont le véritable but (qui ne doit pas être dit clairement) est de vérifier que les Anglais restitue bien le corps de Napoléon et non autre chose.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Thiers était un homme prévoyant: ne pas examiner la dépouille à Sainte-Hélène obligeait à le faire une fois en France. Et ceci sans pouvoir mettre en avant la position des Anglais: il n'aurait pas été possible d'interdire la présence de dessinateurs, de plusieurs médecins, voire des journalistes...
Ce souhait de restreindre l'assistance est clairement formulé dans les instructions à Rohan-Chabot. Thiers ne justifie pas cela par la volonté de cacher la substitution dont il aurait connaissance, mais au contraire d'éviter la présence de personnes indésirables qui pourraient relancer de vaines rumeurs en se prévalant d'une présence lors de l'exhumation.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Pourtant, il est évident que sur ce point, il n'a pas rencontré l'accord de Palmerston qui s'en est tenu à sa déclaration: remettre le cercueil et son contenu... Un point, c'est tout!
Donc il n'y avait pas de complicité entre les deux hommes.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Vous m'avez mal lu: j'ai toujours soutenu que Joinville "savait"; par contre, je me suis interrogé sur le rôle de Chabot qui n'était pas -à mon avis- dans la confidence. Il était là pour jouer le rôle "d'idiot utile"!
Cette théorie de Rétif est en contradiction complète avec les sources que vous citez. Dans les textes, il s'avère que c'est Rohan-Chabot le véritable chef de l'expédition tandis que Joinville joue les utilités.
A mon avis, Rétif n'avait pas connaissance de ces informations quand il a élaboré sa théorie, mais vous l'avez quand même suivi malgré que cela ne concordait pas avec ce que vous aviez mis en lumière. C'est bien dommage, car cela décrédibilise en partie votre travail.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Je viens de vous répondre... Surtout vous méconnaissez le contexte de l'époque: Joinville était un prince royal, le 3ème fils de Louis-Philippe; ce sont des choses qui comptaient, surtout pour un Anglais à cheval sur les traditions! Un petit gouverneur de Sainte-Hélène devait quand même en tenir compte...
C'est plutôt vous qui méconnaissez le contexte de l'époque alors que vous fournissez les textes qui l'éclairent. Pour Joinville, Thiers a utilisé cette expédition pour rappeler à la famille d'Orléans ses conceptions d'un roi qui règne mais ne gouverne pas.
Par ailleurs, un "petit gouverneur" se montrera peut-être d'autant plus inflexible à l'égard d'un prince royal qu'il peut se réfugier derrière une application stricte des instructions reçues.
Bruno Roy-Henry a écrit :
La psychologie, mon cher: l'expression du refoulé... N'avez-vous pas lu Freud ? Je croyais que l'historien moderne était ouvert à l'apport des autres disciplines en sciences humaines!
Bon, un acte manqué, si vous voulez.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Je suis toujours émerveillé de la manière dont vous simplifiez les choses sans rien y connaître: c'est d'abord Raoûl Rétif qui s'est posé des questions; à dire vrai, Laumann avait commencé avant lui. Il ya tout lieu de penser que cet aspect des choses a dû être abordé avec Gabriel Hanotaux...
Les extraits du livre de Rétif ne font généralement pas dans la nuance. Déjà le titre est tout un programme...