Au sujet de la religion mise au service de la propagande impériale, j’ai sous les yeux une lithographie où est représenté le martyre de Saint Napoléon.
On y lit :
« Saint Napoléon, Martyr, (15 août)
Saint Napoléon, né en Italie, se rendit illustre par l’éclat de ses vertus. Son amour pour le peuple, et sa ferme constance dans la foi chrétienne, lui attirèrent les persécutions de Dioclétien ; il fut de ceux qui soutinrent avec un courage extraordinaire les tourments les plus inouïs. Il fut jeté dans un affreux cachot et étendu sur des pierres aiguës, exposé aux morsures des vipères qui lui enlevaient des lambeaux de chair. Enfin accablé par tant de tortures, il alla recevoir dans le ciel la juste récompense que lui avait mérités sa foi et son martyr. Le Souverain Pontife Pie VII a fixé le 15 août pour la fête de ce saint en témoignage de sa bienveillance et de sa satisfaction pour les soins que s’est donné l’Empereur Napoléon 1er à rendre l’Eglise Catholique de France son ancienne splendeur. »
Et devinez quelle tête il a le martyr ?
On pourrait citer également certains passages cocasses du Catéchisme impérial.
Autre chose.
Lors de l’affaire de Noirmoutier, Bonaparte, désireux de se concilier l’affection des Vendéens, n’oublia pas d’associer le clergé aux cérémonies organisées en l’honneur des braves :
« Si, parmi ceux qui se sont distingués, il y a des prêtres, envoyez-les de préférence ; car j’estime et j’aime les prêtres qui sont bons français et qui savent défendre la patrie contre ces méchants hérétiques d’Anglais.» (Lettre au préfet du département de la Vendée, 26 juillet 1800)
L’abbé Coussays, qui avait été au feu, fut logiquement convié. On commit l’imbécile erreur d’envoyer auprès de lui, Jean-Alexandre Cavoleau, secrétaire général du préfet, mais aussi curé constitutionnel déprêtisé, marié avec une ci-devant religieuse. On imagine l’accueil… et Coussays déclina l’invitation.
Bonaparte dut se passer de l’abbé mais ne l’oublia pas quand il ordonna de réaliser une estampe immortalisant l’événement. Ainsi lit-on en légende :
« Les douze Vendéens qui ont chassé les Anglais de Noirmoutier présentés le 16 fructidor an 8 aux Consuls, aux Ministres et Conseillers d’Etat assemblés par le Ministre de l’Intérieur et le général Hédouville. L’un de ces Braves remet aux Secrétaires la lettre d’un des Prêtres du pays qui a contribué avec eux au succès de cette action et assure le premier Consul de la bonne conduite de ce prêtre et de ces confrères. Buonaparte, d’après l’avis de l’Assemblée, donne ordre que l’on admette au Prytanée un enfant de chacun de ceux qui parmi ces Défenseurs de la Patrie se trouve être père de famille. »
Salutations respectueuses.