bonjour,
au fil de mes lectures sur le sujet, j'ai acquis la conviction croissante que l'Empereur était vraisemblablement dans un état dépressif au moins depuis le jour de la bataille de Waterloo; ceci expliquerait pour moi les constats surprenants sur la lenteur dans la prise de décison voire les erreurs commises au cours de cette bataille; les commentaires que j'ai pu lire par ailleurs à propos de la fatigue physique (voire de la maladie) et/ou de l'état d'usure de Napoléon me paraissent hors sujet : cet homme avait la capacité de transcender les obstacles physiques qui traditionnellement nous arrêtent et cette capacité n'était certainement pas éteinte à 46 ans !
seul un état dépressif peut bloquer à ce point l'expression d'une telle force..
on observera cet état à plusieurs reprises après ce funeste jour : quand il se refuse à regrouper son armée pour reprendre la bataille, lorsque Marchand le trouve prostré sur son lit pendant plusieurs heures, sur le Bellerophon où il ne prend même plus la peine de se raser pour passer les troupes anglaises en revue, etc..
quand a commencé cette "maladie" ? difficile de dater bien sûr mais l'issue douloureuse de la campagne de France a pu jouer le rôle d'un catalyseur décisif; on pourra aussi se souvenir de la tristesse qu'il ressentait après chaque bataille (vraisemblablement depuis Toulon d'ailleurs) lorsqu'il parcourait le champ des victimes : toutes ces horreurs vues depuis la Révolution ne peuvent laisser une âme intacte..
et puis je crois qu'il y a un élément déterminant qui est régulièrement ou presque passé sous silence :
je pense que bon nombre d'acteurs de ce forum ont, comme moi, un ou des enfants, alors j'aimerais que nous pensions à Napoléon, non plus cette fois comme un souverain, un être au génie inaccessible, mais simplement comme un père..
Mettons nous un moment à la place d'un homme qui sait que son fils est vivant (vivant, j'insiste, car on peut arriver à "composer" avec la mort de ses proches même en dépit de l'horreur que l'on ressent..je sais de quoi je parle) et qu'il ne pourra néanmoins jamais le revoir, l'accompagner pour ses premiers pas dans la vie, savoir ce qu'il devient simplement !
Figurons nous ce père à qui on a arraché son fils sans espoir de le revoir (et il me semble qu'il avait déjà bandonné cet espoir durant les Cent Jours) et éclairons ses derniers gestes de cette lumière noire..
voilà pour moi, une réalité que l'on oublie parfois.
pour conclure (provisoirement) j'ajoute que j'ai appris il n'y a pas si longtemps les conditions du retour en France des restes mortels de l'Aiglon... j'ai été profondément choqué et j'ai honte de mon pays et de ses dirigeants successifs pour avoir poursuivi d'une telle haine, dépassant les frontières de la mort, celui à qui ils (nous) doivent tant !
ps: je me demande d'ailleurs s'il ne vaudrait pas mieux finalement que le tombeau de Porphyre soit vide afin que nous ne devions pas aux nazis le rapprochement du père et du fils..
