par norodom » Mercredi 14 Juillet 2010 14:23:00
Bonjour,
L'énigme du "Haltbefehl"... voilà donc le titre d'un sujet passionnant, qui me fait cependant sourire...
Qui donc a "inventé" ce mot qui semble surgir de la planète des "savants" ?
Eh ben.!.. quand je pense que des animateurs d'une radio-campus ont produit une émission sur le thème "L'Histoire n'a pas besoin de savants".!
"Enigme", tout comme la signification de ce mot l'indique, y ajoute un parfum de mystère...
Mais est-ce vraiement une énigme ?...
Cependant, si l'on se réfère à la traduction des mémoires de guerre de W. Churchill, où l'on relève des versions différentes de généraux allemands acteurs de l'époque, il est permis de penser que l'emploi du mot "Enigme" n'est pas ridicule.
J'ai été persuadé pendant longtemps, que l'arrêt des blindés devant Dunkerque était lié à un problème de ravitaillement en carburant.... pourquoi...
Au début de l'année 1945, j'étais au 1er RIC à Toulouse et peu de temps avant que mes copains rejoignent le bataillon "Armagnac" à la Pointe de Grave, j'ai été le témoin d'un exposé sur les moyens de protection contre les engins blindés.
Assistaient à l'évènement, des témoins, pour la plupart gradés, qui ont vécu les combats dans la région de Dunkerque et bien évidemment il fût question de la situation de l'époque...
Une phrase est restée gravée dans ma mémoire << ils ont eu du pot que les chars manquent de carburant >> une fois... bon !... un autre témoignage dans le même sens... tiens,tiens ! et puis plus tard dans d'autres circonstances... comment ne pas être amené à réfléchir... c'est ce que j'ai fait et qui m'a permis, à la lumière d'autres témoignages, de faire la relation avec les difficultés que présentait le terrain...
Pour la petite histoire, j'ajoute qu'à mon grand désarroi, j'ai dû me contenter d'assister au départ de mes copains, restant tristement sur le quai de la gare.... je n'avais pas 17 ans... récusé!
En suivant le scénario et la chronologie des évènements de mai 1940, et aussi en examinant la carte des opérations, il faut garder à l'esprit que dans toute démarche qui intervient dans une stratégie, il y a un élément prépondérant, la logique... l'incontournable logique !.
Je vais schématiser, laissant ainsi, éventuellement à chacun, le loisir d'en développer chaque point...
En premier lieu, il faut écarter l'idée d'une manoeuvre politique de l'ennemi, avec le dessein de ménager les britanniques, dans le but de conclure une paix....
... celà est contraire à la logique !
Le moyen inéluctable d'aboutir à un tel résultat est de faire étalage du maximum de sa force et d'anéantir l'adversaire, afin de l'avoir à sa merci et de pouvoir lui assigner des conditions implacables...
... une position contraire équivaut à un coup de bluff !
L'anéantissement...c'est bien le but que voulait atteindre l'ennemi, impitoyablement, sans merci !.
Seulement voilà, il y avait des impondérables...
- J'ai cité la configuration du terrain... Eric van den Bergh l'évoque au point 4 de son intervention du 4 juillet...
...j'y ajoute que les difficultés ne concernaient pas que les seuls blindés mais aussi les moyens de ravitaillement en carburant qui les suivaient.
Et puis, se posait la question d'éviter les pièges... plus particulièrement les mines.
Là, on n'était plus dans les vastes étendues des Ardennes, le terrain meuble, marécageux ou sablonneux, se prêtait mieux au minage et l'itinéraire des blindés était prévisible.
- La résistance acharnée des troupes dont la mission était de protéger un couloir vers la mer
résitance qui n'excluait pas totalement un renversement, même temporaire, de situation
Ces situations n'ont pas échappé à l'Etat-Major allemand et il est permis de penser qu'elles justifiaient une inquiétude...
mais il fallait coûte que coûte obtenir le résultat escompté...
Göring offrit sa solution... la solution... le plein emploi de la Luftwaffe, avec la condition d'avoir le champ libre afin d'éviter que les blindés se trouvent sous les bombes lâchées par ses avions.
Et Hitler dans tout çà ?
Initialement il semblerait (j'emploie le conditionnel) qu'il ne fût pas l'instigateur de l'arrêt, mais il devait trancher sur une divergeance dans les ordres donnés par von Brauchitsch et von Rundstedt et s'appuyant sur l'avis de ce dernier, sa décision finale n'avait plus à être discutée.
Et l'on en vient au comparatif... la réussite relative de l'embarquement des troupes sur les unités de la Royal Navy aurait-elle été compromise si c'eût été les blindés au lieu et place de la Luftwaffe qui avaient la mission d'achever le boulot ?
Nul ne peut répondre à coup sûr, à cette question, sans émettre des hypothèses... il faut admettre que la solution qui a été choisie aurait été bien plus efficace, si Göring n'avait pas sous-estimé l'intervention de la RAF
Les Hurricanes intervenant sans cesse causèrent beaucoup de pertes en avions et en pilotes allemands. Ce harcèlement opiniâtre fût la cause des imprécisions dans les lâchés sur les objectifs...
Un très grand nombre de bombes allemandes, n'atteignant pas leur objectif, s'incrustèrent dans le sol de consitance meuble, sans exploser.
Ce n'est pas exagéré d'écrire que les Hurricanes furent les artisans de l'échec, tout relatif, mais échec quand-même de l'option Göring.
Voilà donc ce dont j'ai cru bon de soumettre sur ce forum, éclairé de longue date par des témoignages, d'acteurs directs, ou rapportés et dont j'ai pesé la cohérence en m'appuyant sur la logique.
Je l'ai écrit au début << j'ai schématisé >>, ce n'est pas facile !
Cordialement,
Roger