La survie en ligne féminine des Romanov...

1ère guerre mondiale et ses conséquences, jusqu'à la Grande Crise.

Re: NOTRE AMI RUSSE GVARDIETS

Message par SIRACOURT » Vendredi 27 Novembre 2009 16:59:14

Il ne peut plus se connecter depuis un mois comme moi jadis. BHR doit communiquer avec lui. C'est un correspondant essentiel pour nous!...Merci!...Je reviendrai plus tard sur le dernier courrier de E.Durel!...
Auteur de LOUIS XVII OU LE SECRET DU ROI, Louise Courteau, Éditrice, Québec, Canada, 2007 et de L'AFFAIRE ROMANOV OU LE MYSTÈRE DE LA MAISON IPATIEV,Louise Courteau Éditrice,Québec,Canada, 2008.

http://romanovfile.multiply.com
Avatar de l’utilisateur
SIRACOURT
 
Message(s) : 395
Inscription : Samedi 27 Janvier 2007 15:01:22
Localisation : Québec, Canada

Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par Alexandre » Dimanche 29 Novembre 2009 09:44:16

eliedurel a écrit :A l'été 2007, j'étais à Ekatérinenbourg. Un accompagnant russe m'a confié "Les autorités russes commencent à reconnaître que les restes inhumés à Saint-Pétersbourg ne sont pas ceux des Romanof". Quelques semaines plus tard, en France, j'apprenais par la télévision qu'on avait retrouvé les deux squelettes manquants : celui de Maria et celui d'Alexis. Si Gvardjets (Russe de Sibérie, je crois) lit ce mot, quel éclairage peut-il nous apporter à ce sujet ?


Elie Durel, j'ai trouvé dans le nouveau numéro de décembre 2009 du magasine "L'histoire", un passage qui pourrait peut-être vous intéresser par rapport à l'affirmation de votre accompagnant russe :

" [...] en mai 2009, le président Dmitri Medvedev mettait en place une commission auprès de la présidence pour mettre un terme aux tentatives de falsification de l'histoire au détriment des intérêts de la Russie."

Que pensez-vous de cela ?
Alexandre
 
Message(s) : 112
Inscription : Dimanche 06 Janvier 2008 16:29:26

Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par eliedurel » Dimanche 29 Novembre 2009 19:22:33

Cette intitiative est effectivement intéressante, car elle montre qu'il y a toujours un problème sérieux en Russie au sujet de la fin des Romanov que l'on croyait avoir enterrés une fois pour toute après les avoir canonisés. J'observe qu''elle émane de Dmitri Medvedev et non de Valdimir Poutine qui, comme Boris Eltsine, a oeuvré pour régler l'affaire Romanov, elle ne l'est manifestement pas. Je rappelle que deux Russes sur trois ne croient pas à la version dite "officielle".
A Irkoust, j'ai pu observer une autre initiative intéressante de V. Poutine : il a fait érigé une statut monumentale de l'amiral Koltchack (le contre révolutionnaire, chef du gouvernement blanc, fusillé par les Bolchéviques) non loin de celle d'Alexandre III, le père de Nicolas II. Qui dit que M. Poutine ne connaît pas l'art de la manipulation ou de souffler le chaud et le froid ?
Je pense que les autorités russes en ont fait trop en annonçant la découverte des deux squelettes manquants (Alexis et Maria) en voulant clore définitive le dossier Romanov. En fait, elles n'ont fait que raviver la plaie qui ne se refermera jamais. On a trop menti au peuple russe et l'on continue.

J'espère que le correspondant de Sibérie auquel s'adresse aussi ma question n'est pas victime de cette mesure, car il semble ne plus pouvoir se connecter au site. Je plaisante...

ED
______________

Élie DUREL auteur de : « L’autre fin des Romanof et le prince de l’ombre » aux éditions Lanore (France) – « Mémoire d’un résistant » chez Gestes éditions (France) - « L’histoire d’un conscrit de 1913 » aux éditions Ouest-France – « Les amants du Val de Loire » chez Geste éditions (France)
eliedurel
 
Message(s) : 57
Inscription : Mardi 24 Novembre 2009 17:08:18

Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par Alexandre » Dimanche 29 Novembre 2009 20:46:21

eliedurel a écrit :Je pense que les autorités russes en ont fait trop en annonçant la découverte des deux squelettes manquants (Alexis et Maria) en voulant clore définitive le dossier Romanov. En fait, elles n'ont fait que raviver la plaie qui ne se refermera jamais. On a trop menti au peuple russe et l'on continue.


Par rapport à ces deux corps manquants retrouvés en 2007, vous considérez donc qu'il ne s'agit pas de Maria et d'Alexis. Si ces corps ne sont pas ceux des deux enfants du tsar et si les corps retrouvés en 1991 ne sont pas ceux du reste de la famille impériale, pourquoi ne pas avoir fait semblant de tous les retrouver en même temps, afin de clore l'affaire le plus rapidement possible ? Pour quelle(s) raison(s) les autorités auraient simulé cette découverte, 16 ans après celle de 1991 ? Il aurait été beaucoup plus judicieux de tous les retrouver en même temps...
Alexandre
 
Message(s) : 112
Inscription : Dimanche 06 Janvier 2008 16:29:26

Re: Les desseins de Dieu....

Message par SIRACOURT » Lundi 30 Novembre 2009 16:26:58

Les desseins de Dieu sont impénétrables. Je pense à une "main" invisible, car les contradictions dans cette affaire de découverte des corps des soi-disants Alexis et Maria, permettent curieusement de ne pas refermer le Dossier ROMANOV. J'ai toujours pensé que les vraies dépouilles de la famille de Nicolas II reviendraient un jour en Russie, comme est revenue celle de sa mère Maria Feodorovna en septembre 2006. Qui aurait pu croire à celà!....et c'est arrivé!...
Auteur de LOUIS XVII OU LE SECRET DU ROI, Louise Courteau, Éditrice, Québec, Canada, 2007 et de L'AFFAIRE ROMANOV OU LE MYSTÈRE DE LA MAISON IPATIEV,Louise Courteau Éditrice,Québec,Canada, 2008.

http://romanovfile.multiply.com
Avatar de l’utilisateur
SIRACOURT
 
Message(s) : 395
Inscription : Samedi 27 Janvier 2007 15:01:22
Localisation : Québec, Canada

Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par eliedurel » Lundi 30 Novembre 2009 18:39:25

Michel Wartelle a écrit : "Il vient de paraître dans le journal NEW YORK TIMES du 17 août 2009 dans la page SCIENCE un article de Andrew Polack, qui fait savoir que des scientifiques israéliens ont réussi à transformer l'ADN de quelqu'un sans obtenir de tissu de la personne. C'est une révolution. Il est donc possible de prendre l'ADN de n'importe qui sur n'importe quoi (sur une tasse de café ou un mégot de cigarette). Encore plus fort, ils ont pu changer l'ADN d'une femme en l'ADN d'un homme. Le laboratoire auquel ils ont envoyé l'échantillon ADN modifié n'y a vu que du feu et n'a rien vu de la supercherie. Il suffirait, parait-il, de 425 échantillons ADN pour modifier le profil ADN de n'importe qui. Cette découverte ahurissante ne me rassure pas concernant les études ADN sur les restes des Romanov. En effet, je considère le niveau scientifique des Russes comme un des plus élevés au monde, mais ils sont aussi les meilleurs faussaires au monde (copies de tableaux, gravures de billets de banque, etc...)."

En matière de tests ADN, il faut distinguer : la méthode, les prélèvements sur lesquels elle est appliquée, le type d'ADN extrait et les résultats annoncés. Aujourd’hui, la méthode est fiable à 99,9999% (elle l'était moins il y a 20 ou 30 ans). Toutefois, la fiabilité ou plutôt la précision du résultat dépend du type d'ADN extrait (mitochondrial ou nucléique). Bien entendu, il peut y avoir tromperie sur l'origine de l'ADN étudié et sur les résultats annoncés. S'agissant des tests ADN appliqués sur des restes osseux "attribués" aux Romanov, ce sont ces trois derniers aspects qui posent sérieusement problème, comme je le montre dans mon livre "L'autre fin des Romanof et le prince de l'ombre" aux éditions Lanore (France).

Les manipulations génétiques récentes auxquelles se seraient livrés les Israéliens ne me paraissent pas indispensables (d'autant qu'elles interviennent bien après les conclusions faites sur l'ADN des restes attribués aux Romanof) pour mettre en doute l'identification des Romanov.

Pour tenter de répondre à l’interrogation pertinente d’Alexandre, je dirai déjà ceci : en Russie, il n’y a pas de secrets, il n’y a que des mystères ; le rôle imprégnant de la police secrète y est pour quelque chose.
Il y avait le secret de la sépulture des Romanov, il est devenu le mystère de la sépulture des Romanov.

Il est d’autant plus difficile d’y voir clair et de faire jaillir la vérité que les faits relatés sont différents d’une personne à une autre et, émanant d’une même personne, il y a des variations dans le temps. On observe aussi des incohérences et des invraisemblances et le mensonge se mêle à la vérité. Dans « La mort du dernier tsar », l’historien Nicolas Ross fait, comme à son habitude, une étude très détaillée et documentée sur la sépulture des Romanov. Si les éléments recueillis l’amènent à émettre des doutes et des réserves, il ne se risque pas à faire surgir une vérité de ce magma. Il faut d’ailleurs reconnaître que l’exercice est intellectuellement difficile (je crois que c’est recherché).
Je vais oser une explication, parmi d’autres, en faisant le plus simple possible.
Rappelons que onze corps (les 7 membres de la Famille impériale et 4 serviteurs) se sont volatilisés dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918. Selon Yourovsky, l’assassin désigné par le juge Sokolov, la tentative d’inhumation au lieu-dit des Quatre-Frères a été ratée. À mon avis, elle l’a été, car les corps auraient été découverts et reconnus par les gens du voisinage qui se seraient aperçus qu’il ne s’agissait pas des Romanov et qu’en tout état de cause il en manquait trois. Les faire brûler partiellement, les traiter à l’acide et les enfouir sommairement en un autre lieu (au Vallon du Porcelet) permettait de ne pas les identifier et de faire croire à une dispersion pour régler le problème du nombre (c’est la raison pour laquelle le bruit à circulé que les restes de Démidova et d’Alexis avaient été jetés dans les marais avoisinants).
Je considère que seuls les quatre serviteurs ont été massacrés dans la maison Ipatief (ils étaient condamnés comme traitres à la Révolution pour avoir voulu continuer à servir le Tsar et leur assassinat a fait l’objet d’une mise en scène pour accréditer le massacre de la Famille impériale). Leurs corps ont été transportés au lieu-dit des Quatre-Frères pour une mise en scène d’inhumation des Romanov. On peut être sûr que le cadavre du docteur Botkine a été traîné là (son dentier a été retrouvé et très vraisemblablement l’un de ses doigts coupés pour voler une bague ou une chevalière de valeur).
Donc, ces quatre corps méconnaissables ont été sommairement jetés dans une fosse très peu profonde (la roche affleure) et recouverts de traverses de chemins de fer.
Près de 60 ans plus tard (en fait 70 ans par rapport à l’annonce publique) nous sommes face à une histoire au moins aussi rocambolesque que celle racontée par Yourovky en 1932 pour relater les conditions d’inhumation des Romanov. L’initiative revient à Guéli Riabov (officier de la Milice et donc sbire du KGB) couvert officieusement (sans l’accord du gouvernement) par le ministre de l’Intérieur Chtchelokov (il s’est suicidé). En 1979, Riabov et son « associé » Avdonine extraient « secrètement » trois crânes de cette fosse et ils les gardent chez eux (Advonine 2 crânes et Riabov 1 crâne) durant un an avant de les remettre en place, non sans avoir fait de nombreuses photos et même des moulages qui sont présentés à l’expert médico-légal Abramov ? Celui-ci dit être en présence d’un père (Nicolas II), d’un fils (Alexis) et d’une fille (vraisemblablement Anastasia). Huit ans plus tard, le même expert affirmera qu’il s’agit de Déminova et de deux des Grandes-Duchesses !
En juillet 1999, dans des conditions épouvantables, a lieu l’exhumation officielle de 9 squelettes dont l’attribution (en particulier les crânes) va étonnement varier avant des tests ADT pour le moins contestables.
L’initiative de Riabov a été manifestement couverte par le KGB qui est sans doute à l’origine de la mascarade. Aux cadavres préexistants d’autres ont été ajoutés peu avant l’inhumation officielle faite sous le regard de personnes attitrées et sous celui de la caméra. La présence de restes de cervelle dans un crâne : « …Certaines parties de la cervelle ont conservé leur couleur, leur structure, leurs circonvolutions… » et d’autres indications rendent probable cette hypothèse. On a pu ajouter à ce moment-là, et peut-être même, avant les restes de membres de la famille Romanov (le Grand-Duc Michel, la sœur de l’Impératrice … ce ne sont pas les cadavres qui manquaient).
Riabov et Advonine n’ont effectué aucun dénombrement des restes enfouis dans la fosse au moment où ils l’ont découverte non fortuitement (seulement 3 crânes retirés). Soit ceux (KGB) qui organisaient la manipulation ont été dépassés par les initiatives des deux compères et ils n’ont pas pu trouver à temps des cadavres en nombre suffisant et surtout en « qualité » satisfaisante, soit ils ont été eux-mêmes trompés par les initiatives de leurs prédécesseurs qui sont aussi intéressés à la sépulture de Romanov (peut-être du temps Béria en 1946).

Je m’arrête là, car j’ai déjà été bien long. Dans mon livre « L’autre fin des Romanof et le prince de l’ombre », je développe un peu plus, mais j’ai surtout retenu l’absence de deux corps (Alexis et Maria). En effet, cette constatation conforte la « thèse » que j’ai développée à partir de témoignages authentiques.
Les deux squelettes manquants auraient miraculeusement retrouvé en 2007. J’observe que le sort qui leur a été réservé jusqu’à présent reste mystérieux et il ne semble pas envisagé de les inhumer à Saint-Pétersbourg avec ceux attribués aux autres membres de la Famille impériale.

Pour résumé, je dirais que les initiatives officieuses du KGB n’ont pas été maîtrisées correctement (l’arroseur arrosé !) avant qu’une décision d’inhumation officielle soit prise dans un contexte politique compliqué (d’où l’attitude de Gorbatchev et d’Eltsine).

Il serait intéressant d’avoir l’analyse de Michel Wartelle (Siracourt) sur cette affaire dans l’affaire dès lors qu’il défend la thèse de la survivance de l’Impératrice et des quatre Grandes-Duchesses.

ED
_______________

Élie DUREL auteur de : « L’autre fin des Romanof et le prince de l’ombre » aux éditions Lanore (France) – « Mémoire d’un résistant » chez Gestes éditions (France) - « L’histoire d’un conscrit de 1913 » aux éditions Ouest-France – « Les amants du Val de Loire » chez Geste éditions (France)
eliedurel
 
Message(s) : 57
Inscription : Mardi 24 Novembre 2009 17:08:18

Re: Message pour ÉLIE DUREL

Message par SIRACOURT » Jeudi 03 Décembre 2009 20:42:54

Vous avez fait une trés bonne synthèse de l'affaire! Nous sommes d'accord:
1. Sur le seul massacre des domestiques et du docteur Botkine dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918.
2. Sur le projet d'exfiltration de la famille Romanov de la maison Ipatiev par un souterrain (pour moi ce fut un échec, sauf pour Tatiana !...).
Par contre, je ne suis pas d'accord avec vous sur les points suivants(ou sont vos preuves?):
1. Sucide du tsar( par un saut du train!), impensable d'aprés moi de part sa profonde morale religieuse, qui condamne le sucide (relire le livre d'Anna Vyroubova, "Souvenirs de ma vie", Payot, Paris, 1927, p: 60.)
2. Les 4 filles du tsar enfermées dans des caisses de bois pour aller au train en gare d'Ekatérinbourg.
3. Mort d'Anastasia à Perm.
4. Alexandra, Tatiana, et Olga tuées sur la route de Kazan.
5. Maria à Omsk.
6. Maria finalement marié à Nicolas Sokoloff...
Par contre qu'ORLOFF ait projeté d'envoyer la famille au Danemark me semble une hypothèse plausible.
Plusieurs destinations pour la famille impériale étaient envisagées:
1. L'Espagne.
2.Le Danemark.
3. Le Vatican.
4. L'Allemagne.
5. La Pologne.
6. L'Ukraine.
7. L'Angleterre ou l'Irlande en dernier recours.
Enfin, avez-vous lu mon livre?
Cordialement, MW
Auteur de LOUIS XVII OU LE SECRET DU ROI, Louise Courteau, Éditrice, Québec, Canada, 2007 et de L'AFFAIRE ROMANOV OU LE MYSTÈRE DE LA MAISON IPATIEV,Louise Courteau Éditrice,Québec,Canada, 2008.

http://romanovfile.multiply.com
Avatar de l’utilisateur
SIRACOURT
 
Message(s) : 395
Inscription : Samedi 27 Janvier 2007 15:01:22
Localisation : Québec, Canada

Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par eliedurel » Vendredi 04 Décembre 2009 13:22:00

Pour mon témoin principal, le tsar a été tué par les Allemands. Cette version n’est pas nouvelle puisqu’elle a effectivement été évoquée : Nicolas II serait mort lors de son transfert d’Ekatérinenbourg vers Perm, sans doute à la suite d’une altercation violente avec des officiers allemands : il aurait refusé d’être conduit en Allemagne. Comme pour toutes les allégations de mon « informateur », je me suis efforcé d’en vérifier la vraisemblance. D’une source allemande, j’ai eu la confirmation que Nicolas II aurait bien été entre les mains d’officiers allemands et qu’il aurait catégoriquement refusé un exil en Allemagne. Désespéré, il se serait alors jeté hors du train. J’ai retenu cette hypothèse, car je la crois inédite et elle ne me paraît pas invraisemblable. Je conçois toutefois qu’elle puisse être destinée à disculper les officiers allemands qui auraient tué le tsar « accidentellement » dans la confusion créée par son refus d’obtempérer.
La plus grande erreur personnelle que le Tsar ait commise est certainement d’avoir abdiqué de sa propre initiative (cette décision ne lui a pas été imposée). D’un point de vue religieux, abdiquer était certainement plus grave que de se suicider. Après avoir été sacré, Nicolas disposait d’un pouvoir de nature divine que seul Dieu pouvait lui retirer. Par cette décision qui a horrifié sa mère, il s’est coupé de son peuple éminemment croyant et s’est privé de la protection de l’armée. Il faut bien comprendre que pour le tsar la relation à Dieu n’était pas la même que celle du commun des mortels. De droit, il était le chef de l’Église orthodoxe, presque un dieu vivant pour les fidèles. Cette erreur peut à elle seule justifier un suicide.
J’observe aussi que la culture russe (je ne dis pas dit la religion orthodoxe) exaltait le suicide. Le premier opéra de Glinka « La vie pour le tsar » est l’œuvre fondatrice de la culture russe qui incite en effet les Russes « …à braver joyeusement la mort dans un élan sacrificiel… ». Viscéralement Russe, Nicolas II appréciait particulièrement cette œuvre magnifique.
Par ailleurs, il est notoire que le couple impérial refusait catégoriquement un exil en Allemagne. Nicolas et Alexandra préféraient plutôt mourir que d’accepter l’hospitalité de leur cousin le kaiser Guillaume II qui a une grande responsabilité dans leur malheur, tout juste l’admettaient-ils pour leurs enfants. Nicolas II préférait aussi mourir plutôt que de valider le traité scélérat de Brest-Litovsk et d’être l’otage d’un kaiser sans scrupules.
Je crois que l’on peut dire que Nicolas II était tout simplement humain. Il adorait sa femme et ses enfants. Introverti, il était torturé par le sort fait aux siens et il se sentait entièrement responsable de ce qu’ils subissaient. Son abdication ayant produit l’effet inverse à celui qu’il recherchait, à savoir protéger ses proches, il n’est pas difficile de comprendre son désespoir, même s’il savait le cacher. Pour lui faire ratifier le traiter de Brest-Litovsk, on faisait pression sur lui en maltraitant sa famille. Ainsi, le suicide a pu être le dernier geste d’amour de Nicolas pour son pays et pour les siens. Et puis, il avait les faiblesses d’un homme, on ne peut donc pas écarter l’hypothèse qu’il ait pu plonger dans une grave dépression qui aurait pu le mener à mettre fin à ses jours. Faut-il le rappeler que le suicide relève, soit d’une détresse psychologique incontrôlable, soit d’un acte héroïque (comme celui de ces résistants qui se sont suicidés par crainte de parler sous la torture).
Voilà les raisons pour lesquelles cette possibilité ne me paraît pas incongrue.
L’hypothèse du tsar fusillé sur un champ de tir militaire peut paraître plus glorieuse, mais je n’y crois pas, car les témoignages sont rares et imprécis. Il me paraît y avoir aussi des problèmes de cohérence.

Nous reparlerons de l'éventuelle survivance lorsque j'aurais terminé votre livre et pris connaissance de vos preuves.

ED
__________

Élie DUREL auteur de : « L’autre fin des Romanof et le prince de l’ombre » aux éditions Lanore (France) – « Mémoire d’un résistant » chez Gestes éditions (France) - « L’histoire d’un conscrit de 1913 » aux éditions Ouest-France – « Les amants du Val de Loire » chez Geste éditions (France)
eliedurel
 
Message(s) : 57
Inscription : Mardi 24 Novembre 2009 17:08:18

Re: Le sucide du tsar?

Message par SIRACOURT » Vendredi 04 Décembre 2009 15:44:12

Tout ce que vous dites de la psychologie du tsar me parait juste. Je pense qu'il est rentré dans une grande dépréssion à partir de 1916. Il faut lire les souvenirs d'Anna Vyrobova sur ce point. Je suis d'accord avec vous sur la faute impardonable de son abdication. Un roi ne doit jamais abdiquer. Il perd alors toute sa puissance spirituelle et politique. Louis XVI était plus solide malgré une dépression évidente à partir du retour de Varennes. Il n'a jamais abdiqué.
Je ne peux me résoudre à penser que Nicolas II s'est sucidé, sauf dans une crise de panique extrême ou il aurait perdu la tête (en russe, souma sachol!)...Lisez-mon livre et revenez-nous vite sur le reste de mes questions. Merci.
Auteur de LOUIS XVII OU LE SECRET DU ROI, Louise Courteau, Éditrice, Québec, Canada, 2007 et de L'AFFAIRE ROMANOV OU LE MYSTÈRE DE LA MAISON IPATIEV,Louise Courteau Éditrice,Québec,Canada, 2008.

http://romanovfile.multiply.com
Avatar de l’utilisateur
SIRACOURT
 
Message(s) : 395
Inscription : Samedi 27 Janvier 2007 15:01:22
Localisation : Québec, Canada

Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par eliedurel » Dimanche 06 Décembre 2009 11:03:04

Je suis très surpris que l'on puisse avoir du mal à concevoir que Nicolas II ait pu mettre fin à ses jours. Anéanti, culpabilisé, abandonné...il n'était pas un surhomme. Certaines de ses conceptions culturelles, son analyse, mais aussi son état psychologique et le contexte du moment ont très bien pu le pousser à un geste désespéré ou a provoquer une situation qui a abouti au même résultat. Je considère seulement qu'il s'agit d'une hypothèse plausible qui s'intègre dans un processus que j'ai tenté de reconstituer. Je n'ai aucune volonté d'infliger une vérité qui, comme pour le reste, ne sera jamais prouvée ou admise unanimement. On est au niveau de l'intime conviction, c'est donc au lecteur de se la forger. Dans cette affaire aussi tragique que passionnante par ses mystères, il est un terme à bannir absolument, celui de "preuve".

Pour ne pas être influencé avant de lire le livre de M. Wartelle qui me le recommande, je n'ai pas été plus avant pour prendre connaissance des échanges commencés en août 2007 !
Je reviendrai le week-end prochain pour livrer mon sentiment et poursuivre le débat (s'il y a des débatteurs).

E. Durel

____________

[list=]D'Elie Durel : "L'autre fin des Romanof et le prince de l'ombre" aux éditions Lanore (France) 2009[/list]
eliedurel
 
Message(s) : 57
Inscription : Mardi 24 Novembre 2009 17:08:18

Re: FÊTE DE L'EMPEREUR NICOLAS II

Message par SIRACOURT » Dimanche 06 Décembre 2009 23:09:50

Aujourd'hui c'est la fête de St Nicolas Le Thaumaturge et donc celle du tsar Nicolas II, que je n'oublie pas. C'est aussi la fête régimentaire du "3 ème Tirailleurs de Sa Majesté", qui fut fondé le 29 juin 1799, puis devint avac le temps, régiment d'infanterie de réserve de la Garde. le 8 septembre 1877. J'en suis curieusement le "gardien moral", étant "membre associé" de l'union de la Garde depuis plus de 50 ans. La vie est curieuse et c'est "un destin" me disait encore il y a quelques années un ex-président de l'Union de la Garde.
Auteur de LOUIS XVII OU LE SECRET DU ROI, Louise Courteau, Éditrice, Québec, Canada, 2007 et de L'AFFAIRE ROMANOV OU LE MYSTÈRE DE LA MAISON IPATIEV,Louise Courteau Éditrice,Québec,Canada, 2008.

http://romanovfile.multiply.com
Avatar de l’utilisateur
SIRACOURT
 
Message(s) : 395
Inscription : Samedi 27 Janvier 2007 15:01:22
Localisation : Québec, Canada

Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par eliedurel » Lundi 07 Décembre 2009 13:18:51

En attendant de revenir sur le fond, je lance une recherche pour retrouver le prénom complet du lieutenant ou capitaine de cavalerie S. Andreïvski qui, le 12 mars 1922, accompagnait von Schwabe, un ancien capitaine du régiment de cuirassiers de l'Impératrice douairière , lors de la première visite à l'Inconnue de Berlin présentée comme étant Anastasia.

ED

Élie DUREL auteur de : « L’autre fin des Romanof et le prince de l’ombre » aux éditions Lanore (France)
eliedurel
 
Message(s) : 57
Inscription : Mardi 24 Novembre 2009 17:08:18

Re: Capitaine Stépan Andreievsky

Message par SIRACOURT » Lundi 07 Décembre 2009 19:59:01

Le dimanche 12 mars 1922, Madame Tolstoi et sa fille, le capitaine Nicolas Adolphovitch Schwabe et le capitaine Stépan Andreievsky vinrent à Dalldorff voir Anastasia. Malheureusement, Je n'en sais pas plus sur ce capitaine Andreievsky.
Auteur de LOUIS XVII OU LE SECRET DU ROI, Louise Courteau, Éditrice, Québec, Canada, 2007 et de L'AFFAIRE ROMANOV OU LE MYSTÈRE DE LA MAISON IPATIEV,Louise Courteau Éditrice,Québec,Canada, 2008.

http://romanovfile.multiply.com
Avatar de l’utilisateur
SIRACOURT
 
Message(s) : 395
Inscription : Samedi 27 Janvier 2007 15:01:22
Localisation : Québec, Canada

Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par eliedurel » Mardi 08 Décembre 2009 08:36:16

Merci pour la précision sur le prénom. A bientôt.

ED

__________

Élie DUREL auteur de : « L’autre fin des Romanof et le prince de l’ombre » aux éditions Lanore (France) – « Mémoire d’un résistant » chez Gestes éditions (France) - « L’histoire d’un conscrit de 1913 » aux éditions Ouest-France – « Les amants du Val de Loire » chez Geste éditions (France)
eliedurel
 
Message(s) : 57
Inscription : Mardi 24 Novembre 2009 17:08:18

Re: La survie en ligne féminine des Romanov...

Message par eliedurel » Mercredi 09 Décembre 2009 21:36:15

Comme il m’y avait vivement invité, j’ai donc lu le livre de Michel Wartelle qui s’est déjà exprimé sur le mien.
Par rapport à ces histoires mystérieuses qui sont entrées dans la légende, j’ai déjà dit que je bannissais le mot preuve, j’ajoute aussi certitude et vérité.
Dans son livre « Anastasia retrouvé », Tatiana Botkine a écrit : « Nul fard, nul artifice, autre que la forme romancée de ce témoignage. Je vous livre ce que j’ai vécu, avec toute ma sincérité, avec toutes mes certitudes ». Indiscutablement, Michel Wartelle a des certitudes. Il dit lui-même que cela est l’œuvre de sa vie, avec le juge Sokoloff il partage donc le même engagement. À cet égard, son implication est aussi respectable qu’émouvante.

Comme il l’a indiqué dans ce forum, nous avons des points de convergences pour considérer que la Famille impériale n’a pas été massacrée dans la maison Ipatief, qu’elle a fui par un tunnel et qu’il y a eu survivance.
Je suis d’accord avec lui lorsqu’il dit que la légende veut que ce soit Yourovski « l’âme du complot qui fit périr la famille Romanof dans le sous-sol de la maison Ipatief…Il semble même que ce fut tout le contraire…» Toutefois, il ne mentionne pas le rôle déterminant de la Tchéka dans la protection de la Famille impériale, sans cela rien n’était possible. Yourovski était en effet l’homme fort de la Tchéka locale. Pour cause, il était, avec le prince Orloff dont il était un proche, l’un des cinq fondateurs de la police secrète bolchévique.
Par contre, je ne partage pas sa relation des faits sur l’assassinat de membres de la famille Romanof à Alapaïevk. Ils n’ont pas été assassinés par des tchékistes qui en réalité les protégeaient, mais par les bolcheviks de Bieloborodof, le président du soviet régional de l’Oural. Il a raison de dire que Bieloborodof, proche de Trotski le commissaire du peuple à la guerre, était « en conflit ouvert avec la politique de Moscou : laisser partir la famille Romanov à l’étranger ». En réalité, il s’opposait à Lénine et à Sverdlof qui garantissait sur sa propre vie celle des membres de la famille impériale. À Ekatérinenbourg, Bieloborodof était en rivalité avec Yourovski et Golostchekine, le commissaire militaire pour l’Oural, proche de Lénine et lui aussi tchékiste. Je crois que ces oppositions, tant à Moscou que dans l’Oural, sont fondamentales pour avoir une compréhension de la fin des Romanof.
Bieloborodof est une des clés pour comprendre ce qui a pu se passer dans l’Oural pour le Romanof. Il voulait faire un gigantesque charnier de tous les Romanof. Je ne crois pas qu’il ait réussi à obtenir la peau de Nicolas II (et de son fils), même s’il en rêvait. Je ne crois donc pas à la condamnation et à l’exécution du tsar sur un champ de tir militaire. Par contre, il est tout à fait possible qu’ayant eu connaissance de la mort du tsar, il est lui-même inventé cette version pour s’en vanter.
Michel Wartelle a du mal à concevoir l’hypothèse que j’avance concernant la mort de Nicolas II et pour laquelle j’ai déjà fourni des précisions. Je crois qu’il s’est passé quelque chose alors que le tsar était entre les mains d’officiers allemands chargés de le conduire en exil en Allemagne avec sa famille. J’aborderai plus loin la problématique allemande.
Je partage avec lui l’hypothèse d’un pseudo-massacre de la Famille impériale dans la maison Ipatief et l’assassinat des quatre serviteurs qui a servi de mise en scène, tant sur place qu’au lieudit des « Quatre frères ». À part évoquer l’impossibilité pour 11 assassins de fusiller 11 victimes dans une pièce d’environ 21 m2 (ce que je partage), je regrette qu’il n’ait pas plus argumenté cette thèse. Il n’a pas non plus suffisamment mis en exergue la parodie d’enquête du juge Sokoloff dont je considère qu’il a été « instrumentalisé » par le prince Orloff pour accréditer une version officielle de la fin des Romanof qui convenait à tout le monde : le peuple russe a lui-même jugé, condamné et exécuté le tsar et les siens. Sur le plan de la doctrine révolutionnaire bolchévique, c’était politiquement correct, cela accréditait la thèse des Blancs selon laquelle les Rouges étaient des barbares et les autres pays (Allemagne, Angleterre, France et même États-Unis) se trouvaient, au moins en partie, dédouanés de leurs responsabilités.
Je suis aussi d’accord sur la « piste de Perm » pour laquelle les témoignages sont nombreux, concordants et surtout de premier rang contrairement à ceux présentés pour défendre le massacre de la Famille impériale dans la maison Ipatief. Le juge Sokoloff a écarté cette piste au motif qu’elle n’était faite que pour retarder son enquête !
Dans le livre de Michel Wartelle, je regrette aussi une certaine confusion et un manque d’appréciations quant aux conditions d’exfiltration des membres de la famille impériale.
En effet, lorsque l’on avance l’hypothèse d’une survivance, il me paraît capital d’apporter des éléments assez convaincants pour contester la version « officielle », y compris en ce qui concerne l’attribution des restes retrouvés.
Au sujet du traité de Brest-Litovsk, un visiteur a écrit : « Cette paix est signée depuis mars 1918 (traité de Brest-Litovsk), soit près de 4 mois avant l'assassinat. Donc votre argument ne tient pas, puisque cette guerre n'existe plus... ». Il me semble que juridiquement ce traité n’avait aucune valeur (Lénine n’était investi en rien). Aussi, Nicolas II était-il l’objet de pression et même d’un chantage pour le ratifier, quitte à symboliquement redevenir tsar. Il s’est résolument refusé à cela, préférant mourir (tout comme Alexandra).
Pour en venir à la survivance des quatre femmes qui constitue la révélation de Michel Wartelle, je ne peux qu’exprimer un sérieux doute. Pour avoir moi-même tenté de valider une survivance qui m’a été soufflée, je resterai très prudent. Dans la « thèse » que je me suis efforcé d’étayer, en terme de probabilité j’estime : à plus de 90% le fait que la Famille impériale n’ait pas été massacrée dans la maison Ipatief, à environ 60 % celle qu’il y ait eu une survivante et à un peu plus de 50 % celle qu’elle ait eu dans la clandestinité l’identité sur laquelle j’ai été orienté.
Je pense que l’on est dans le même niveau de probabilité avec la survivance que défend Michel Wartelle à partir de témoignages, de documents et de photos qui ne sont pas des preuves. Les photos me gênent beaucoup, car je peine à trouver une ressemblance. J’ai ainsi moins de regret de n’avoir pas réussi à obtenir (peut-être l’aurons-nous un jour) celle de « ma » survivante clandestine, pour la comparer à la grande-duchesse Maria. Par contre, j’ai recueilli une quinzaine d’indications (dont des témoignages descriptifs) qui ne rendent pas l’hypothèse complètement farfelue (du moins pas pour moi).
Ce qui me gêne aussi c’est, pour bien des raisons, de considérer qu’Anna Anderson était bien Anastasia et ce ne sont pas les tests ADN qui m’ont convaincu du contraire. L’affaire Anastasia a été entretenue pour semer la zizanie au sein de la famille Romanof et peut-être aussi pour servir de diversion.
Je reviens à la problématique allemande que j’évoquais plus haut. Il est indéniable que l’aristocratie militaire et civile allemande a été profondément traumatisée par le fait de faire la guerre à la Russie dont l’impératrice était des leurs, de voir l’empire russe balayé par la Révolution bolchévique et de ne pas avoir su secourir la Famille impériale. Il ne me paraît donc pas surprenant que de grands noms allemands se soient, par croyance plus ou moins sincère ou par contrition plus ou moins consciente, associés à la défense de prétendantes, comme l’Inconnue de Berlin à qui l’on a fait dire dans un premier temps qu’elle était Anastasia
J’observe que la déclaration olographe de parenté n’émane pas des prétendues grandes-duchesses survivantes (Marie et Olga), mais d’Olga Béata, la fille de celle qui serait Marie.
Quant à la survivance de la grande-duchesse Tatiana qui aurait été exfiltrée par un tunnel le 1er juillet 1918, je ne peux l’admettre. Toutefois, on peut concevoir une première tentative qui aurait été un échec. Je crois que toute la famille était présente au complet dans la maison Ipatief le soir du 16 juillet 1918.

ED
___________________________

Élie DUREL auteur de : « L’autre fin des Romanof et le prince de l’ombre » aux éditions Lanore (France) – « Mémoire d’un résistant » chez Gestes éditions (France) - « L’histoire d’un conscrit de 1913 » aux éditions Ouest-France – « Les amants du Val de Loire » chez Geste éditions (France)
eliedurel
 
Message(s) : 57
Inscription : Mardi 24 Novembre 2009 17:08:18

PrécédentSuivant

Retour vers La Grande Guerre (1914-1929)

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 0 invité(s)

cron