Montoire, brouillard diplomatique ?

[BRH]

Un des effets indirects de l'armistice est d'avoir détourné Hitler de l'AFN. Mais, il ne comptait guère s'en soucier, tout à son espérance de signer une paix de compromis avec l'Angleterre. Celle-ci faisant de la résistance, il se focalisait sur son projet d'attaquer l'URSS.

Le gouvernement Pétain visait -avant toute chose- la cessation des hostilités, estimant que la poursuite de la lutte en métropole était inutile. Et il espérait que la paix serait signée, au plus tard, en automne. Bien entendu, il ne pouvait accepter l'armistice qu'à deux conditions : la sauvegarde de la marine et celle de l'empire colonial. Hitler le savait parfaitement, d'où une certaine modération de sa part sur ces deux points jugés capitaux par Pétain, Weygand et Darlan.

Si cela a pu favoriser plus tard la cause alliée, ceci n'était pas expressément voulu au départ. Néanmoins, on peut créditer ce gouvernement de cette volonté, puisque si Hitler avait exigé la remise de la flotte et de pouvoir prendre pied en AFN, les autorités se seraient effectivement retirées à Alger.

[Daniel Laurent]

Bonjour,

Si cela a pu favoriser plus tard la cause alliée, ceci n'était pas expressément voulu au départ. Néanmoins, on peut créditer ce gouvernement de cette volonté, puisque si Hitler avait exigé la remise de la flotte et de pouvoir prendre pied en AFN, les autorités se seraient effectivement retirées à Alger.

Et c'est bien la que l'on peut, encore, voir Hitler a la manoeuvre et manipulant habilement ses adversaires : Il se moque de l'Afrique, laisse a Petain et consorts leurs hochets (La Flotte inutilisable, l'Afrique sans interet pour le Fuhrer) et les amene ainsi a l'essentiel pour lui, a savoir se coucher, pensant avec quelques bonnes raisons que les Anglais ne vont pas tarder a suivre.

[boisbouvier]

La question qui est posée dans le fil est: fallait-il continuer la guerre en AFN plutôt que signer l'armistice ?(Sommes-nous d'accord là dessus ?)
Or, le livre du Colonel L-C. Michelet montre avec forces preuves à l'appui qu'en acceptant de signer l'armistice plutôt que de se rendre en AFN pour y continuer la lutte, le Maréchal a rendu un service éminent à la guerre car l'attaque "indirecte" de l'Angleterre eût été beaucoup plus profitable à Hitler que l'attaque "directe".
Maintenant, est-ce pour cette raison que Pétain a demandé l'armistice ?
Evidemment, non.
C'est pour relâcher la pression exercée par l'armée allemande sur la population française, belge et même hollandaise. Quinze millions de réfugiés sur les routes de l'exode, ça compte quand même pour un gouvernement responsable.
Mais dès lors que cet armistice a été utile à la fois sur le plan de la politique intérieure et sur celui de la politique extérieure que peut-on lui reprocher ?

[Daniel Laurent]

Mais dès lors que cet armistice a été utile à la fois sur le plan de la politique intérieure et sur celui de la politique extérieure que peut-on lui reprocher ?

D'avoir ete utile sur le plan de la politique intérieure et sur celui de la politique extérieure a Hitler et pas a la France...

[boisbouvier]

Ni Hitler ni Göring n'en conviennent !
"Notre plus grande faute fut l'armistice" dans Eberhardt Jäckel "La France dans l'Europe d'Hitler" tiré des Bunkergespräche.

[Daniel Laurent]

Tiens, voila Boisbouvier qui croit en ce que les nazis disait, a la fin de la guerre et ou ils cherchaient de vaines raisons a leur echec.
Hitler a meme bave sur Mussolini apres l'avoir encense pendant des annees...
[quote«Si je dis que le nazisme est fondé sur le mensonge, j’aurais l’air d’enfoncer une porte ouverte.
Si je dis que la plupart de ses mensonges restent à découvrir, je risque d’être moins facilement compris»[/quote]
François Delpla

Du chemin a faire dans la comprehension du nazisme, Boisbouvier, mais vos lunettes roses petainistes representent un grand handicap !

[boisbouvier]

Si vous savez mieux que Hitler et Göring quelles erreurs ils ont commises... je m'incline...avec un profond respect.

[Daniel Laurent]

Si vous savez mieux que Hitler et Göring quelles erreurs ils ont commises... je m'incline...avec un profond respect.

Superbe aveu de votre totale incapacite d'analyse des documents historiques disponibles ce qui, au vu des incongruites que vous tentez peniblement de promouvoir, ne m'etonne pas le moins du monde !

[boisbouvier]

Merci pour le compliment.
Ça fait toujours plaisir!

[boisbouvier]

Hitler and his advisors, however, had a larger Mediterranean or African strategy in mind
and put the Spaniards off. When gradually in July and August Hitler and his aides began to
consider more seriously the advantages of capturing Gibraltar and bringing Spain into the war,
they had made their armistice with the French with whom they had seduced themselves into
visions of future arrangements in Africa. These considerations helped stalemate negotiations
with Franco's emissaries and Hitler had little to offer Franco when they met at Hendaye. Spain
became the "Verdun" beyond which the Germans could not pass in the western theater of the
Second World War. Goda's book helps correct the usual attempts to understand German planning
solely in terms of Poland, Britain, and the Soviet Union and points the direction for future
research and the conceptualizing of World War II strategy. Historians must now pay more
attention to the importance of Spain in determining the direction the war took

[b]Pour ceux que la question d'Hendaye et de la position de l'Espagne dans la WW2 intéresse, propose la lecture (malheureusement non traduite en français) de l'article de Bertram Gordon, professeur à l'université John Mills de Californie.
Il dissèque en 45 pages tous les détours de cette politique fluctuante de franco visà vis d'Hitler.
En juillet- août 40 c'est Franco qui demande à entrer dans la guerre aux côtés de l'Axe et Hitler qui s'en désintéresse.
En octobre, à Hendaye, Franco serait encore favorable à cette entrée en guerre et c'est Hitler qui se montre pingre sur les contreparties exigées par Franco.
Curieusement, il ménage Pétain à Hendaye, vis à vis de Franco le 23 octobre, comme il le ménagera vis à vis de Mussolini, à Florence, le 28.

[boisbouvier]

Je résume l'opinion de Bertram Gordon sur Hendaye après lecture d'ouvrages qu'il considère comme fondamentaux tels que ceux de Norman Goda (Tomorrow the World)", de Denis Smyth ("Diplomaty and Strategy of Survival"), de Mathieu Séguéla ("Pétain- Franco"), de Gérard Weinbergh, de Donald Detwiller ("Hitler, Franco und Gibraltar"), de Monica Siedentopf, de Herbert Feis, de "The Halder War Diary" du général Halder, de F.H. Hinsley ("Hitler's strategy")...
Cette opinion s'oppose frontalement à celle d'un Hendaye qui ne serait qu'une gesticulation de Hitler pour masquer son projet fondamental de l'attaque de l'URSS.
Pendant l'été qui suit la défaite de la France et l'armistice, Hitler est occupé par l'opération "Lion de mer" et ne prête qu'une attention distraite aux propositions de Franco de se joindre à lui dans la guerre en échange de gains territoriaux: Maroc, Oranie... car Franco, à l'inverse des gouvernements espagnols actuels est une puissance impérialiste... parmi d'autres.
En octobre 40, par contre, quand il s'avère que l'Angleterre ne peut être envahie, la stratégie indirecte consistant à attaquer l'Angleterre en Méditerranée prend de la consistance et Hendaye est le moment où l'accord de Franco sur la prise de Gibraltar est recherché.
Gordon précise même ceci :

56Hitler indicated that Gibraltar would be taken by the same special forces which had captured
Fort Eben Emael in the early days of the campaign against Belgium in May 1940. See Schmidt,
Statist auf Diplomatischer Bühne, p. 501.

Or, ce sera un échec. Hitler ne prendra jamais Gibraltar dont Gordon dit que les Anglais, l'estimant indéfendable, avaient planifié l'évacuation.
Dés lors une question se pose: pourquoi cet échec ?
J'ai dit que Franco avait fait des réponses dilatoires mais Gordon pense plutôt que c'est parce que Hitler n'a pas voulu en payer le prix pour ménager les Français.
Qu'avait-il donc à craindre d'eux ?
Le passage de l'Empire et de la flotte du côté anglais ou anglo-gaulliste.
De fait, les bases d'Oran, de Bizerte, de Dakar et de Casablanca étaient d'un grand poids dans la guerre aéro-navale tant en Méditerranée qu'en Atlantique nord et sud.

[Chef Chaudard]

Votre affirmation semble un peu limitée.

Hitler rencontre Laval la veille de Franco. Il lui signale que la France devra céder des territoires en Afrique. Laval répond fermement, mais vaguement, que les colonies, c'est la France. Hitler n'insiste ni ne précise.

On ne sait pas ce qui est négocié le lendemain avec le Caudillo, faute du compte rendu (manquant, selon les Américains). Mais Hitler connaissait les demandes Espagnoles par avance. D'où sa remarque à Laval?

Lors de la rencontre avec Pétain, pas un mot...
D'où des questions stupides:

- pourquoi Hitler ne précise-t-il pas sa pensée lors de la rencontre avec Laval? Pourquoi ne cherche-t-il pas, s'il est prêt à négocier les colonies Françaises le lendemain, à savoir jusqu'où la France peut aller dans la négociation? Il pourrait proposer des contreparties, faire des offres. Rien...

- il connait déjà les conditions de Franco, quand il le rencontre. Les deux dictateurs tombent d'ailleurs d'accord à Hendaye: c'est dit dans les documents diplomatiques qui suivent (même si l'un et/ou l'autre n'ont aucune intention de remplir ses obligations). Pourtant Hitler ne souffle pas un mot à Pétain le lendemain. C'est le bon moment pour tenter d'obtenir quelque chose du Maréchal, si vraiment il veut Gibraltar. Surtout que Pétain fait un appel du pied pour proposer l'entrée de la France dans la guerre, aux côtés des Allemands. Il peut aussi offrir un échange du Maroc contre des colonies prises aux Anglais, proposer la libération des prisonniers, que sais-je d'autre. Et pourtant, rien, pas un mot... Pourquoi?

Pour tout dire, le Hitler qui n'ose pas froisser les Français me gêne: il n'a pas hésité à les agonir de reproches sur leur volonté guerrière, ils sont responsables de la guerre, il leur rappelle leur condition de vaincus, affirme qu'ils ne s'en sortiront pas à si bon compte, etc... pourquoi soudain aurait-il peur de Laval et du Maréchal au point de ne pas oser même leur parler de redistribution en Méditerranée? Tout ce qu'il risque, c'est qu'ils refusent, pas qu'ils le mangent!

[Daniel Laurent]

On ne sait pas ce qui est négocié le lendemain avec le Caudillo, faute du compte rendu (manquant, selon les Américains)

Un petit bout a transpire en 1946 :

Les relations de Franco avec l’Axe
Washington, 4 mars. Le département d’Etat a publié une série de documents concernant les relations du général Franco avec l’Axe durant la guerre.

Il s’agit d’abord d’un mémorandum de l’ambassadeur d’Allemagne en Espagne, Sohrer, daté du 8 aout 1940, déclarant que : Le gouvernement espagnol se déclare prêt, sous certaines conditions, à abandonner sa position de non-belligérance et à entrer en guerre au coté de l’Allemagne et de l’Italie.

Le mémorandum ajoute : Le gouvernement espagnol pose comme conditions à son entrée en guerre :
1 – La réalisation de ses demandes territoriales : Gibraltar, Maroc Français, portion de l’Algérie colonisée et habitée par des Espagnols de façon prédominante (Il s’agit d’Oran) et agrandissement du territoire de Rio-de-Oro, ainsi que des colonies du golfe de Guinée
2 – Donner à l’Espagne l’assistance militaire et toute aide nécessaire pour faire la guerre.

Le deuxième document est une lettre de Franco à Mussolini, ou il rappelle son intention d’entrer en guerre au moment favorable, dans la mesure des moyens à sa disposition et le désir des Espagnols d’entrer en possession des territoires dont l’administration actuelle est la conséquence de la domination et de l’exploitation franco-anglaise.

Le troisième document est une lettre de Franco à Hitler, datée du 22 octobre 1940 (Veille de l’entrevue de Montoire) dans laquelle le Caudillo discute les conditions pour l’entrée en guerre de l’Espagne et conclut en adressant au Führer son adhésion inébranlable et complète.

Le quatrième document est constitué par des notes sur une conversation entre Hitler et Franco, le 23 octobre 1940, ou ce dernier affirme une fois de plus que l’Espagne s’est toujours sentie à tous les moments a l’unisson avec l’Axe ... et que, dans la guerre actuelle, elle lutterait avec joie aux cotes de l’Allemagne."

Source : le Monde du 6 mars 1946

[Daniel Laurent]

Et, question de faire rire chef Chaudard sur ce fil pourtant pas drole, j'ajouterais que ces revelations americaines citees par Le Monde figurent dans le "Montoire, Verdun Diplomatique" de Louis-Dominique Girard ( Andre Bonne, Paris, 1948) que M. Boisbouvier connait par coeur et cite frequemment mais incompletement...

[boisbouvier]

Toujours la même chose :
1/ Les faits ;
2/ L'interprétation.

Les faits ?
Franco a-t-il conclu une alliance militaire avec Hitler à Hendaye ?
Pétain a-t-il cherché à reconquérir les colonies dissidentes après Montoire ?
Le GA Rougier-Churchill a-t-il eu lieu ?
Pétain n'a-t-il pas démis Laval le 13 décembre ?

Leur interprétation ?
C'est du n'importe quoi.
C'est du Delpla.
Et je ne compte pas recommencer ici une polémique qui nous a épuisés tous les deux,... mais lui surtout qui refuse de continuer.