ARTE diffusait hier un documentaire qui a secoué l'Allemagne.
Il s'agit d'une enquête, menée durant cinq ans, qui démontre la façon dont les Quandt, la dynastie principale actionnaire de BMW, a profité du IIIème Reich pour prospérer.
Malgré sa collaboration active ave le régime nazi, la famille Quandt a réussi à passer sans encombre au travers des mailles de la dénazification, alors que bien d'autres groupes industriels ont été condamnés à de lourdes réparations envers les victimes.
Ce fut le cas, entre autres, de la famille Krupp.
Le documentaire brosse la manière dont les Quandt ont su fonder leur dynastie en s'appuyant sur Hitler et en le soutenant dans son ascension vers le pouvoir.
Dès 1933, Günther Quandt, fondateur de la dynastie, rachète à bas prix des entreprises juives. Sa femme, Magda, le quitte pour épouser un certain Goebbels, responsable de la propagande nazie. Mais ils resteront en bons termes...
C'est à cette époque que le chancelier Hitler adresse une note de politique industrielle à la toute-puissante Fédération allemande de l'industrie automobile. Le Führer y assure que la bourgeoisie n'a rien à craindre, grâce au soutien de l'Etat nazi.
En 1939, les filiales allemandes de la General Motors et Ford approvisionnent 70 % du marché allemand de voitures. Sans oublier Volkswagen, dont le patron, Ferdinand Porshe, ami de Hitler et de Himmler, s'est lui aussi mis au service des ambitions nazies, en profitant des largesses du régime et de sa législation du travail inhumaine.
Sans le travail, dans des conditions atroces, des déportés et des travailleurs forcés des pays conquis, toute l'industrie allemande se serait effondrée : au printemps 45, la main d'oeuvre de VW était à 90 % non allemande.
Paradoxalement, les victimes de l'ordre fasciste ont ainsi contribué à prolonger la vie des industries de guerre allemandes.
Quant aux Alliés, victorieux, ils avaient tout intérêt à voir l'économie allemande reprendre le dessus plutôt que de s'effondrer.
Ainsi, après la débâcle, des industriels comme les Quandt ont continué à prospérer, le miracle économique allemand faisant le reste.