Tensions inter-alliées : une logique du déni.

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Tensions inter-alliées : une logique du déni.

Message par Baron Percy » Vendredi 25 Avril 2008 17:54:23

Les relations unissant Churchill, Roosevelt et de Gaulle furent, on le sait, placées sous le signe de la complexité, voire du confit.
Si Churchill avait, en 1940, accueilli de Gaulle avec générosité, les rapports ne tardèrent pas à se tendre.
Des litiges en Syrie puis à Madagascar révélèrent en effet que des intérêts antagonistes séparaient parfois les deux alliés. Et Churchill supporta d'autant plus difficilement l'intransigeance hautaine de De Gaulle qu'elle risquait de le brouiller avec son allié américain.
Car Roosevelt préféra deux années durant miser sur Vichy, croyant que le maréchal Pétain résisterait, le temps venu, aux exigences allemandes.
En accueillant à coups de canon les GI's débarqués en Afrique du Nord, en acceptant sans mot dire l'invasion de la zone libre, en sabordant la flotte à Toulon, Philippe Pétain ruina cette espérance. Mais Roosevelt ne désarma pas. Tenant de Gaulle pour un apprenti dicateur, il se mit en quête d'un troisième homme qu'il crut pour un temps trouver dans le général Giraud. Fait prisonnier par les Allemands en 1940, ce soldat courageux, évadé de la forteresse de Königstein, présentait, du point de vue patriotique, toutes les garanties ; par ailleurs, son vichysme rassurait les cercles réactionnaires qui plébiscitaient la politique intérieure de l'Etat français tout en rejetant la collaboration.
Les Américains firent donc venir, par sous-marin, Giraud de métropole en Algérie, où il devint leur homme lige.
Son désir de se cantonner aux questions militaires sans "faire de la politique" ne décut pas la Maison-Blanche, ravie de constater que ce général lui causait aussi peu de tracas.
Néanmoins, en conservant la législation pétainiste - mesures antisémites incluses - et en retenant en prison des centaines de détenus politiques, Giraud s'aliéna vite le soutien des démocrates et des progressistes en France, mais également à l'étranger, où la presse anglo-saxonne se déchaîna. Refusant de dialoguer avec de Gaulle, il s'attira, en outre, les foudres de la Résistance intérieure désormais rassemblée au sein du Conseil national de la Résistance (CNR) qu'avait fondé Jean Moulin, les clandestins ne pouvant se résoudre à soutenir un homme qui, dans l'Empire, maintenait l'esprit vichyste.
Malgré les conseils sagaces de Jean monnet, chargé de convertir Giraud aux vertus de la démocratie, l'homme ne fit pas longtemps le poids. Excédés par la complaisance qu'il manifestait à l'égard des Etats-Unis, certains de ses soutiens le forcèrent à négocier avec de Gaulle.
C'est ainsi que Giraud accueillit son rival 30 mai 1943 et accepta de coprésider avec lui un gouvernement provisoire, le Comité français de libération nationale (CFLN) que les Alliés ne reconnurent que péniblement et quelque peu contraints et forcés.

(D'après Olivier Wieviorka in "Histoire du débarquement en Normandie")
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