Je suis en train de lire "l'Histoire illustrée de la guerre de 1914" de Gabriel Hanotaux, dont j'ai eu la chance de dégoter une édition d'époque pour une somme modique. (Mais l'ouvrage est disponible en e-book, comme un petit coup de Google vous le montrera). Cette bataille y est décrite par le menu puisque pas moins de quatre tomes (sur 17) lui sont consacrés.
Il en ressort en effet un rôle capital des généraux que vous citez tout au long du front, d'autant plus que les manoeuvres qui se déroulent sur la Marne et l'Ourcq retentissent, de proche en proche, jusqu'à l'Est.
La bataille de la Marne eût été vaine si dans le même temps le front avait été enfoncé en Lorraine, par exemple.
Et il semble que Galliéni fut largement à l'origine de l'idée de l'offensive de flanc sur l'Ourcq, qui lança toute la bataille.
Néanmoins, on ne peut nier à Joffre un rôle de coordinateur.
il est évident que les allemands n'auraient pu prendre paris pour des raisons logistiques évidentes et certainement pas avec des troupes complétement épuisées manquant de tout ( munitions chaussures .......) et a bout de potentiel.
Pourtant, von Kluck, grâce à son retournement éclair vers le Nord, n'a pas été loin de réussir à contre-déborder l'armée qui l'attaquait sur l'Ourcq au niveau de Nanteuil le Haudouin, en dépit des taxis, de la batterie Nivelle, etc. Cela était permis par l'avance trop prudente et donc trop lente des armées lancées dans la brèche entre lui et von Bülow, sur le cours moyen de la Marne (de la Ferté sous Jouarre à Mézy/Marne en gros).
Certes, il n'aurait pu se jeter sur Paris au risque de donner à cette brèche les dimensions d'un gouffre, mais l'armée du camp retranché débordée et battue, il aurait pu coulisser vers l'Est et battre ensuite les armées remontant lentement vers la Marne.
De proche en proche il aurait été possible de tourner par l'Ouest et de battre successivement les armées françaises - et dans le même élan, peut-être pas de prendre Paris, mais de la couper du reste du pays. C'était d'ailleurs l'ambition de von Kluck lorsqu'il galopait bille en tête à travers le plateau de la Brie. Les deux Morins franchis, il n'y avait plus d'obstacle naturel jusqu'à la Seine, couloir de communication de Paris vers le Sud-Est...
(Pour l'anecdote, mon travail d'ornithologue de ces deux dernières années m'a emmené presque sur tous les lieux célèbres de cette partie Ouest de la bataille de la Marne, des sites de la bataille de l'Ourcq à la brèche susévoquée sur le plateau de la Brie... j'ai été bien surpris en lisant Hanotaux de découvrir combien de ces villages paisibles, si loin du front fortifié de 1915-17, ont été pris, repris, bombardés, brûlés !)