Dans ce récit, le réalisateur a effectué un véritable travail d'historien en regroupant en une seule histoire moult anecdotes authentiques.
Ce film généreux, populaire et très pédagogique dans sa forme se distingue par son humanisme et son ambition avouée de dénoncer l'absurdité de la guerre.
Cette parenthèse enchantée n'aura pas de suites : le temps, l'usure, les morts à venger auront raison de cette logique de survie, de cette gestion au quotidien de l'horreur, de cette résistance à la propagande.
Ainsi, Noël 1915 ne verra pas se renouveler le miracle de l'an 1914.
Un miracle dont un poilu résuma l'incongruité : "J'étais là à serrer la main des hommes que j'avais essayé de tuer quelques heures auparavant."
Cet épisode minuscule au regard d'un conflit qui a fait huit millions de morts a été occulté par les armées françaises et allemandes.
C'est donc dans les archives britanniques que Carion a exhumé les faits qui composent la trame de son film.
A l'époque, des photos prises durant les fraternisations par des soldats avaient été publiées à la une des journaux anglais alors qu'en France, un général les avait fait réquisitionner et détruire.
Le cinéaste ne masque pas non plus les conséquences de cet acte pour ceux qui osèrent braver la discipline militaire : dissolution des régiments, troupes mutées dans d'autres secteurs, officiers dégradés...
A noter que le film a été tourné en Roumanie bien que l'équipe ait obtenu un accord de principe de l'armée française pour l'occupation d'un terrain militaire.
Mais un général obtus est intervenu en ces termes : "Je ne vous empêche pas de faire ce film, mais pas chez moi. Ce serait être associé à un long métrage sur la fraternisation !"
Commentaire navrant à l'heure où l'on met sur pied une armée européenne...
