duc de Raguse a écrit :Mes chers compagnons,
Pendant de longues années l'historiographie européenne plaçait la période de la Renaissance comme une rupture majeure dans l'histoire des société occidentales - et même mondiales puisque l'une de ses conséquences fut les Grandes Découvertes et le début de la colonisation.
Les historiens jugeaient, en suivant ainsi les contemporains des XVème, XVIème et XVIIème siècles, ce moment comme une remise en cause totale de la période médiévale, un nouvel "âge d'or" de la civilisation après un millénaire de barbarie.
Il semblerait que depuis une trentaine d'années cette vision fut mis en pièces par certains historiens français et italiens (Jean Delumeau par exemple). En effet, dans de nombreux cas, la Renaissance et le mouvement humaniste n'ont fait que poursuivre les innovations médiévales (techniques de navigation, mathématiques, outils notariers de marchands...) et elle n'a pas empêché guerres et conquêtes "barbares" (celle de Trente Ans par exemple ou l'exploitation des Amérindiens), ni le maintien de pratiques obscurentistes (chasse aux sorcières ou encore maintien de l'astrologie comme science).
Plus récemment, les auteurs modernistes se sont intéressés à l'extension du phénomène humaniste de la Renaissance (Peter Burke par exemple) afin de souligner que les pays d'Europe ont "capté" ce phénomène en ne transposant pas directement le modèle italien ou flamand chez eux, mais en l'adaptant à leur culture propre, souvent en fonction de leur politique diplomatique, le laissant souvent coexister avec des idées et des arts très médiévaux - comme la Hongrie de Mathias Corvin.
Pensez-vous que la Renaissance soit le berceau de la civilsation occidentale moderne, du capitalisme, de l'esprit scientique moderne ou encore de la laïcité ? Ou bien au contraire, qu'elle ne soit qu'une simple phase de transition ?
Merci pour vos réponses,
duc de Raguse.
Cher Duc,
"la Renaissance? Ou bien au contraire, qu'elle ne soit qu'une simple phase de transition?"
Et bien je pense que oui, comme d'ailleurs le moyen-âge.
Quelques exemples du moyen-âge:
La Scolastique: sur son apogée dans le 13ième siècle elle était une méthode austère, qui appliquait rigoureusement les lois de la raison et stimulait la pensée originale. Ces méthodes devenaient du bien commun et même un Descartes devait beaucoup à ces méthodes. Et la Scolastique était pratiquée par des gens qui sont grandis dans les nouveaux centres urbains, des "intelectuels" indépendants qui vendaient les connaissances comme des vendeur de marchandises, mes des marchandises de la connaissance. Et dans des "universités". Et pourtant qu'ils étaient des Catholiques croyants, ils n'avaient pas peur de chercher le comment et pourquoi. On avait le "quaestio" et à la fin le "determinatio", mais pour comprendre le "quaestio" on avait le "disputatio" qui mène au bout du temps une vie à lui seul.
Les "intellectuels" de Chartres: l'homme était le but et le centre de la "Création". Et comme ça on venait à la science rationelle. L'humanisme était déja in statu nascendi.
Et on a déja une plus grande flux des connaissances Greco-Arabes via les "villes-états" de l'Italie, qui recevaient les réfugiés de Byzance, et la Reconquista de l'Espagne, comme par exemple l'Aragon. Un Petrus Venerabilis laisse le Coran traduire pour mieux combattre les infidéles, mais entretemps on apprend le Greque, l'Arabe et toutes les sciences et philosophies de l'héritage Greco-Romain enrichie par les penseurs arabes. Et même toute cette civilisation musulmane, comme j'ai lu chez
Robert Foissier dans deux chapitres élaborées, n'était elle pas aussi un pas vers la Rennaissance via l'intermédiaire de Byzance et les nouveaux états nés de la Reconquista en Espagne et n'oublions pas aussi la Sicile de Roger II et plus tard des empereurs de la sainte empire romaine?
J'ai lu maintenant pendant deux semaines des ouvrages sur le moyen-âge et je ne vois pas en quoi cette période diffère de toutes les autres de l'histoire de l'humanité dans sa quète de son destin.
Oops, déja une heure du matin en Belgique. Le reste est pour demain.
Cordialement,
Paul.