par BRH » Mercredi 25 Juillet 2007 21:53:26
Je redonne ici l'analyse du général Buisson sur la bataille de l'Aisne, en ce qu'elle concerne la VIème armée.
La Bataille de l'Aisne
2ème phase - Juin 1940
1 - Situation
Au début du mois de Juin, les Allemands ont liquidé le Nord de la France. La position de résistance des Armées Françaises passe par (de l'Ouest à l'Est): la Somme, Canal du Nord, Oise, Canal des Ardennes, Ailette, Chemin des Dames, Canal de l'Oise, Aisne, Montmédy, Ligne Maginot.
2 - ORGANISATION
De l'Oise à l'Argonne, la position est tenue par le Groupe d'Armées n°4, sous le commandement du Général Hutzinger, ayant à sa gauche le Groupe d'Armées du Général Besson.
1er - à gauche : VIème Armée - Général Touchon-P.C. Congis.
7ème C.A. - Général Noël
47ème D.I. - 7ème D.I.
28ème D.I.
17éme C.A. - Général de la Porte du Theil -
44ème, 45ème et 42ème D.I.
P.C. Ville en Tardenois.
3 - ÉTAT DES DIVISIONS ENGAGÉES
a/ Hommes
Divisions en ligne fatiguées par vingt jours de combat ou secteur de combat. Arrêt de l'ennemi sur la ligne de repli.
Effectifs diminués par les pertes de ces combats, les évacués, les permissionnaires non rentrés. (26ème D.B.C.A. le 10/6).
Changements et glissements fréquents avec marches pour l'aménagement des C.A.
b/ Matériel.
- Artillerie : Complet.
- Infanterie : Complet.
D.C.A. : F.M. et mitrailleuses. (peu de munitions)
D.C.B. : 25 - à peu près complet.
47 - peu. Matériel peu connu.
37 - pétoires.
- Aviation : Néant.
4 - DÉTAIL DES DIVISIONS ENGAGÉES
- 7ème D.I. - Gal Huppel Inf : 93-102-130.
Art : 31- 231.
G.R.D.40.
- 20ème D.I - Gal Corbe Inf : 2-47-115.
Art : 7-207.
G.R.D.20.
- 27ème D.I - Gal de Bilemont Inf: 7I-159
7ème Demi-Brigade
Art : 58-258
G.R.D.20
- 28ème D.I - Gal Lestien Inf : 97-99-
25ème Demi-Brigade.
Art : 2-202.
G.R.D.22.
- 41ème D.I - Gal Bridoux Inf : 101-103-104.
Art : 13-213.
G.R.D.
- 42ème D.I - Gal Keller Inf : 80-94-150.
Art : 61-261.
G.R.D.37.
- 44ème D.I - Gal Boisseau Inf : 6-26ème D.B.C.A.
173 Demi-Brigade.
Art : 91-291.
G.R.D.41.
- 45ème D.I - Gal ROUX Inf : 31-85-113.
Art : 55-255.
G.R.D.33.
- 53ème D.I - GalEtchebarrigaray Inf : 208-329.
Art : 22-
G.R.D.60.
- 56ème D.I - Gal de Mierry Inf : 294-306-332.
Art : 26-226.
G.R.D. 63.
- 59ème D.I. - Gal Lascroux Inf : 83-135.
Art : 84.
G.R.D.
- 82ème D.I. - Gal Armingeat Inf : 4 et 6èmes Tirailleurs.
1er Zouaves - 439 R.P.
Art : 66-266.
G.R.D. 82
- 235ème D.I - Gal Trolley de Prévaux Inf : 9-108.
Art : 323. G.R.D.
- 238ème D.I - Gal Debeney Inf : 25-114.
Art :
G.R.D.
- 240ème D.I - Gal Buisson Inf : 42ème R.I.C.
40ème Demi B.T.
- Brigade Polonaise - Gal Maczek 1 Bat Chars.
1 Bat porté.
5 - LA BATAILLE
Le front du Groupe d'Armées, étendu sur cent cinquante kilomètres, est tenu par neuf divisions, ce qui représente seize kilomètres au minimum par D.I.
Or, au peloton des élèves-caporaux, on apprend qu'une D.I. tient défensivement sur six kilomètres d'une position organisée.
Dans le cas présent, il n'y a dans la presque totalité des cas pas de position organisée, pas de tranchées, pas d'aviation, pas même l'avion de reconnaissance divisionnaire de l'ancienne guerre.
Le 5 juin
Les Allemands attaquent sur l'Ailette, sur le front des 7ème, 41ème et 28ème D.I. L'attaque est menée comme elle le sera par la suite sur toutes les coupures, à l'aide des moyens de 1918 : préparation d'artillerie, infanterie en masse, reconnaissances, et emploi de l'aviation de bombardement en plein.
L'ennemi, donc, sur l'aile gauche du IVème Groupe d'Armées, pénètre jusqu'à la ligne d'arrêt, très faiblement étoffée.
Le 6 juin
L'attaque de l'aile gauche continue.
Vers 15 heures, l'ennemi met en oeuvre la nouvelle arme : attaque massive par blindés. (Faux: aucun panzer dans cette attaque !) La 28ème D.I., la 41ème D.I. et la 7ème battent en retraite derrière l'Aisne.
La 27ème D.I. est alertée. Elle contre-attaque en direction de Soissons, mais ne réussit qu'à recueillir les éléments de la 41ème D.I.
Le 7 juin
L'Allemand prépare la rupture de l'Aisne. Pour cela, il amènera toute la journée ses moyens à pied d’oeuvre.
Le 8 juin
Attaque de l'Aisne, toujours sur l'aile gauche du IVème Groupe d'Armées. 41ème, 28ème, 44ème D.I., jusqu'à l'est de Pont-Arcy, charnière du canal de l'Oise à l'Aisne et de l'Aisne.
Partout il franchit l'Aisne, grâce aux trous très importants de notre dispositif et à la disproportion des moyens. Mais, alors que devant la 26ème D.B.C.A., aile gauche de la 44ème D.I., ses gains se bornent à la rive sud de l'Aisne, à gauche, il réussit à percer dans la région de Soissons, établissant une tête de pont. Le P.C. de la 28ème D.I., à Serches, manque d'être enlevé.
La 28ème D.I. s'installe face à l'est sur la Vesle, sous la protection du 22ème B.C.A., qui tient le plateau de Bazoches.
La 27ème D.I. contre-attaque sur Soissons, se heurte aux chars allemands et se replie.(Faux ! Toujours aucun panzer sur ce front !!).
La 238ème D.I., envoyée en renfort, est embarquée. Les routes sont encombrées de réfugiés. Elle n'arrivera pas, et sera dirigée sur la Marne par la suite.
Le 9 juin
La 27ème D.I. se replie de Soissons sur l'Ourcq d'Oulchy le Château. La 28ème D.I. cède du terrain. Il se produit un trou entre elle et la 44ème D.I. Le commandement bouche ce trou en y mettant la 45ème D.I. qu'il retire de l'Aisne (région de Berry au Bac), à 3 H 30 du matin.
Exact: très mauvaise idée; La 45ème DI laisse un trou vers Berry au Bac qui ne sera pas vraiment défendue, faute d'effectifs suffisants. Par contre, les panzers de Kleist vont bien déboucher par la tête de pont conquise facilement, suite à l'incompréhensible pression de Touchon...
De cette opération découlent une série de fausses manoeuvres, bientôt la pagaille. Autobus parisiens non employés alors que la troupe fait le chemin à pied ou par des moyens de fortune. Les Allemands ayant étendu l'attaque à l'ensemble du front, certaines unités, accrochées, restent sur place (4 bataillons sur 9 - 1 groupe de 75).
La 44ème et la 42ème D.I. s'étirent dans les deux sens pour tenir l'Aisne. La 42ème arrive à Berry au Bac et y trouve les Allemands installés depuis le départ de la 45ème.
L'artillerie de la 28ème D.I. est donnée à la 45ème.
Ordre de repli est donné dans la nuit aux 44ème, 45ème et 42ème D.I. sur Fismes.
Trou entre Fismes et Fére en Tardenois.
Nuit du 9 au 10
La 26ème D.B.C.A. organise une tête de pont pour la défense de la Vesle à Fismes. Le 22ème B.C.A. est sur la rive sud de la Vesle à Bazoches.
La 53ème D.I. est toujours à Mailly.
Le 10 juin
L'ennemi poursuit son attaque générale.
A gauche, la 27ème D.I. retraite sur Château-Thierry. La 238ème, amenée en renfort, se place à sa droite derrière la Marne. La 44ème, sous les ordres de laquelle ont été placés les éléments de la 28ème, se bat sur la Vesle, à Fismes. La 45ème s'oriente Nord-Sud pour essayer de joindre la 238ème et la 44ème. Dans l'après-midi, la 44ème, attaquée par derrière, se replie sur Lhéry - Tramery. La 45ème a passé la Marne à 23 heures.
La 42ème se replie sur la Vesle, à l’est de Reims.
La 82ème tient la montagne de Reims.
A 19 heures, les chars allemands sont à Reims.
Le Groupement chars Maczek débarque à Épernay.
Le 11 juin
L’ennemi passe la Marne à Château Thierry et progresse en direction du Petit Morin.
La 20ème D.I., arrivant de l'Est est débarquée entre Dormans et Épernay et est engagée en pagaille avant d'être rassemblée.
La gauche des 27ème, 238ème et se replie sur Montmirail.(Exact ! On sent que la bataille n'est pas correctement conduite par Touchon: il ne songe qu'à l'alignement derrière des cours d'eau et n'envisage plus aucune contre-attaque, même locale!).
La 45ème laisse à Dormans un un bataillon qui sera fait prisonnier. Le reste de la division s'organise au sud de la Marne, sur Verneuil.
La 44ème franchit la Marne (ordre de repli) à 12 heures, à Reuil-Oeuilly. La 26ème D.B.C.A se retourne défensivement sur la rivière. Les 6ème R.I. et 173ème demi-brigade sont à quelques kilomètres au sud - Forêt d’Enghien - Boursault;.
Reims est tenu jusqu'au soir par le 439ème Régiment de Pionniers. On a laissé des D.I. à la Montagne de Reims, (survivance des souvenirs historiques), pendant les journées du 11 et du 12 : la 42ème D.I., qui se replie sur la Marne, la 82ème, le groupe 235ème et 1Oème, qui est à Verzy - Verzenay dans la soirée.
La 7ème D.L.M. reçoit l'ordre de se porter sur Épernay, mais ne part que le lendemain, (trente chars), disloquée en deux groupes, car le commandant de la 14ème D.I. en conserve une partie.
La 53ème D.I. Légère, venant de Mailly, s'installe entre Châlons et Outrepont (S.E. de Châlons), avec deux régiments, sur un front de cinquante kilomètres !
Le 12 juin
A gauche, les Allemands avancent leurs moyens.
La 27ème D.I. est à Montmirail, derrière le Petit Morin. La 238ème, en crochet défensif, se replie sur la gauche, puis recule un peu en direction de l'est.
La 59ème arrive à 19 heures entre Montmirail et Cézanne. La 45ème se replie en direction de Montmort.
La 44ème tient à Oeuilly, derrière la Marne.
On commence à dégarnir la Montagne de Reims, qui tient toute la journée, mais, les Allemands étant à Nanteuil la Fosse le soir, il faut se replier. On regroupe les 1Oème et 235ème D.I. A droite, la 14ème s'aligne à la Montagne de Reims, la 3ème, région de Souain, la 6ème D.I.C. (nouvelle) à l'est d’Épernay;, prolongée par la 36ème.
Mais les chars allemands sont sur la route Reims-Châlons.
Les ponts sautent à 12 heures. Les D.I. décrochent,
Le 13 juin
Les Allemands percent à Montmirail, tombent sur la 52ème D.I. Légère, qui débarque. Elle est rejetée avec la 235ème et la 7ème et disparaît de la bataille.
Ces D.I. retraitent vers Sézanne.
Au centre, la 44ème est accrochée à la forêt d'Enghien, se replie vers 13 heures à Ablois, et la 26ème D.B.C.A. contre-attaque de Morangis sur le plateau d'Ablois à 14 heures.
.c.Action locale de la 7ème D.L.M.
Les Allemands étant à Romilly, ordre de repli lui est donné sur Vertus, qu'elle atteindra dans la nuit.
A 21 heures, les Allemands entrent à Romilly.
Les Divisions d'Infanterie ont perdu de un tiers à trois quart de leurs effectifs. La 53ème tient derrière la Marne.
Le 14 juin
Le 18ème Corps d'Armée arrive de l'Est, (56ème et 306èmes D.I.) et débarque en pleine bataille. Son artillerie et une bonne partie de son infanterie sont immédiatement capturées.(Exact ! Mesure trop tardive qui aurait due être prise au moins depuis le 10 juin !!!).
La 44ème D.I., en arrière-garde, reçoit un ordre de repli sur Morains le Petit, qu'elle atteint à 8 heures du matin. A 11 heures, elle retraite sur Euvy, puis sur Champfleury, par Fére Champenoise, où sont identifiés à midi le passage d'éléments de dix divisions.
Le soir, nouvel ordre de repli prescrivant de traverser l'Aube. Bombardement des colonnes par avions. La 3ème D.C.R. se replie de nuit sur l'Aube.
Le 15 juin
Les Allemands, glissant le long de la Seine, postent à chaque pont un ou deux chars et quelques sides, qui interdisent les passages et la reconstruction d'un pont. De ce fait, toutes les colonnes en retraite qui s'y présentent, roquent vers l'est et viennent par la suite se heurter aux grandes colonnes blindées allemandes, dont le passage est signalé:
- Le 15 : Auxerres - Tonnerre à 18 heures.
- Le 16 : Avallon à 5 h - Clamecy ;à 6 h 30 - Sens à 12 h - Saulieu ;à 12 h - Dijon ;et Montbard à 14 heures.
Les colonnes disloquées franchissent parfois la Seine, mais seront faites prisonnières dans la région Montbard, Chaource, Châtillon, Dijon, exténuées par les fatigues de dix jours de combats en retraite, sans alimentation, sans munitions, sans ordres.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !
Napoléon