par A.Lionel » Vendredi 23 Mars 2007 01:54:48
Bonsoir Rapentat, effectivement vous avez mis le doigt dessus, l'Europe du haut moyen-age était sans attrait pour les peuples d'Orient (Romains d'Orient compris) et le Roi de France en était bien conscient, c'est grace aux croisades qu'il affermit son pouvoir non pas en imposant son autorité mais en distribuant des faveurs.
Les chevaliers rentrés d'Orient avaient été émerveillés par la qualité de vie dans ces lointaines contrées, ils avaient découvert le gout du luxe, chose qui était peu commune à cette époque.
Rentrés dans leur fiefs, ils voulurent continuer à avoir le meme train de vie, importer des étoffes précieuses, des parfums, des épices rares...Tout cela fit la richesse des principautés "italiennes" qui disposaient des ports les plus proches et des bateaux les mieux armés pour joindre l'Orient.
Mais les revenus des fiefs n'étaient pas suffisants pour pouvoir importer en quantité ces richesses, de plus, pas question de s'endetter, car si le seigneur féodal paraissait tout puissant à la tete de son fief, il avait pour première mission de protéger ses administrés des autres seigneurs mais aussi des invasions barbares. Un mauvais seigneur pouvait etre retrouvé pendu un beau matin s'il ne remplissait pas ses obligations.
Comme on dit souvent "une passion peut se transformer en vice" et c'est ce qui se passa, le seigneur féodal s'adressa à la seule personne qui pouvait lui donner suffisement d'argent pour continuer à vivre dans le luxe.
Le Roi, au départ, octroyait des fiefs supplémentaires à celui qui lui serait fidèle, ainsi le seigneur voyant son domaine s'agrandir pouvait financer ses dépenses.
Les petits seigneurs qui étaient les plus puissants vassaux à cette époque, firent de meme dans toute la France et le Roi devint rapidement le créancier de ses vassaux qui, jusqu'aux croisades, n'étaient pas tous fidèles ou, en tout cas, étaient en situation de quasi indépendance vis-à-vis du pouvoir royal. Non seulement le Roi ne légiférait plus mais ne rendait presque plus la justice au-delà de son domaine royal.
Il faut noter car c'est très important, que le contrat de fief était très contraignant et n'était pas un engagement pris à la légère, on pourrait dire puisque le Roi était faible, les seigneurs auraient pu le faire chanter, or, manquer à ses obligations allait à l'encontre de l'équilibre social du monde féodal fondé sur le respect de la parole donnée.
Un seigneur félons ipso facto était éliminé par ses pairs, la justice féodale était intraitable là-dessus.
Au XIIIème siècle le Roi eut une idée lumineuse, au lieu d'accorder une terre en guise de fief, il accorda des "fiefs en l'air" qui était une sorte de rente qui pouvait etre retirée à discrétion au cas où le seigneur rechignerait à lui obéir ou en cas de doute sur sa loyauté.
Pour recoller au sujet, les croisades n'étaient pas une colonisation mais un moyen d'affirmer l'autorité royale. Finalement peu importaient les résultats de ces croisades, au départ c'étaient les petites gens qui répondirent à l'appel de l'Empereur d'Orient, les grands seigneurs furent obligés de repondre aux appels de leurs vassaux qui eux-memes devaient suivre l'engouement populaire.
Le Roi manifestement en tira la conséquence, comme dans bien d'autres domaines, qu'il lui fallait impérativement recréer le lien direct entre lui et le peuple, les croisades furent un des moyens du rétablissement du pouvoir monarchique en France.
Bien à vous.
DDR.
"Les vraies conquêtes, celles qui ne donnent aucun regret, sont faites sur l'ignorance."