BRH a écrit :Désolé, cher ami, mais il y a un détail sur lequel je ne suis pas du tout d'accord et sur ce point -je le crains- nous ne pourrons nous entendre...![]()
Vous osez affirmer: "enfin, soyons precis, d'un cigare impregne de scoth 12 ans d'age..."
Je récuse totalement cette assertion !
Pour moi, c'était un havane (Romeo y Julietta) imprégné d'un vieux cognac hors d'âge !![]()
Comment pouvez-vous vous laisser intoxiquer par le lobby Wasp ?![]()
François Delpla a écrit :Le Haltbefehl est, j'espère que personne n'en disconviendra, quelque chose de très étonnant : la première fausse note dans une partition militaire fort réussie et scandée par trois triomphes, contre la Pologne, la Norvège puis la France. Plus étrange encore, cette série militaire en forme de promenade faisait suite à une série ininterrompue de triomphes politiques et diplomatiques, depuis 1933.
Comme je comprends qu'avant 1990 personne ne se soit frotté à ce problème ! et qu'ayant tout de même à expliquer ce déconcertant blocage, on se soit contenté de prendre au premier degré des bribes permettant d'incriminer d'impalpables lubies de dernière minute soit de Hitler et Göring, soit de Hitler et Rundstedt, soit des trois ensemble !
Mais dès lors qu'on prétend traiter le problème historiquement, c'est-à-dire en l'examinant sous toutes ses faces et en intégrant toutes les données, il faut affronter la question : de cette campagne à l'ouest, Hitler attend quoi ?
L'école fonctionnaliste d'histoire du nazisme, qui reste dominante et en tout cas n'a pas été assez critiquée, accuse volontiers les mécréants dans mon genre de "prétendre que tout est dans Mein Kampf". Personnellement je ne me sens pas concerné. J'admets parfaitement qu'il y ait eu des improvisations, comme par exemple l'Anschluss (certes annoncé dans ce livre, et dès les premières lignes, mais pas sous cette forme). Dans cette campagne de France, cependant, nous retrouvons bien, trait pour trait, ce qui est prophétisé en 1926 : un coup écrasant contre la France, destiné à la dégoûter de tout esprit de revanche mais point à lui prendre des territoires métropolitains ni coloniaux. Et ce pour une raison fondamentale : il faut dans le même temps ménager l'Angleterre, en lui faisant comprendre que l'Allemagne ne veut rien sur l'Atlantique et reporte vers l'est tout son appétit d'"espace vital".
Le quitte ou double de la percée de Sedan s'accompagne ainsi en toute logique d'une offensive diplomatique, dont le principal vecteur n'est pas Nordling mais Dahlerus.
J'ai rappelé plus haut à Clayroger le chapitre 12 de Churchill et les Français (1993) parce qu'il avait tendance à nier cette offensive diplomatique . Or l'unique document d'époque sauvé des destructions et autres dissimulations est ce papier miraculé "Offres éventuelles de paix de l'Allemagne", que Reynaud a oublié de retirer de la petite partie de ses archives qui s'est retrouvée au Quai d'Orsay alors qu'il faisait le ménage dans la grande, consultable (librement entre 1986 et 1993, avec autorisation de la famille depuis 1993) aux Archives nationales.
Cependant, et à ce propos Daniel a raison de renvoyer à ma Ruse nazie (1997), seul livre consacré au Haltbefehl à part celui de Vanwelkenhuyzen (1994), j'ai beaucoup avancé pendant ces quatre années, notamment en découvrant cette mention ignorée de moi-même et de mes devanciers dans le guide des archives anglaises de la SGM : "'Une partie de la correspondance avec la Suède pour 1939 et 1940 a été détruite en 1940 devant la menace d'une invasion ennemie".
Voilà, ce me semble, une belle ouverture de piste pour tout courageux doublé d'un ennemi viscéral de la censure. Tiens donc, on n'a détruit qu'une partie ! et que ce qui concernait la Suède !! Les Huns menaçaient de débouler, et on laissait à leur disposition les cartons du Foreign Office concernant l'Allemagne et ses antinazis, ou les autres belligérants, ou l'URSS, pour s'acharner sur les relations du gouvernement de Sa Majesté avec un neutre de 3 millions d'habitants !
Mais puisqu'on n'avait détruit que sélectivement, il ne restait qu'à explorer ce qui survivait pour essayer au maximum de reconstituer le reste, ou au moins de comprendre de quoi il parlait. Le fait de rester, 13 ans plus tard, le seul à l'avoir fait ne me donne aucune mauvaise conscience, c'est grave, docteur ? Et qu'ai-je trouvé ? qu'on avait éliminé TOUT ce qui concernait les navettes de Dahlerus ! Il reste cependant une preuve qu'il a fait connaître à Londres un plan portant son nom, concocté au ministère des Affaires étrangères de Stockholm et présenté à Göring notamment le 11 mai : le cabinet anglais en a débattu le 23 mai, sans doute sur proposition de Halifax, pour le rejeter, vraisemblablement sous l'impulsion de Churchill. Dites-moi si je vous ennuie.
Ces éléments et beaucoup d'autres m'ont conduit à penser que Hitler en était bel et bien à l'avant-dernier étage de son programme. Si le premier ministre en poste le 10 mai à l'heure de l'offensive avait continué, le 23, de s'appeler Chamberlain, une paix laissant explicitement ou non à l'Allemagne les "mains libres à l'est" moyennant l'évacuation de l'ouest (d'où le terme nazi de "généreuse") avait toutes chances d'advenir. Là je vois tout de suite des orthodoxes se récrier alors j'ajoute : tel me semble être, en tout cas, le calcul hitlérien, et la totalité du dossier plaide en ce sens.
Seulement voilà : il y a maintenant un autre premier ministre, incapable d'apprécier sportivement la générosité. Il urge donc de laisser aux belligérants, et notamment au britannique, un petit délai pour se débarrasser du trublion.
Ce n'est qu'une explication ! mais pour l'instant il n'y en a pas d'autre.
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