D'après Liddell Hart, la 1ère vague devait être composée de 10 ID, appuyée par 650 panzers non-endivisionnées (pas de PzD dans cette configuration).
Le transport de cette 1ère vague de 250 000 hommes nécessitait 155 bâtiments de transports de troupes totalisant un tonnage de 700 000 tonnes auxquels s'ajoutaient 1720 péniches, 470 remorqueurs et 1 160 vedettes (E.Boot).
Ces transports furent bien concentrés à la mi-septembre 1940.
Les bâtiments de transports devaient porter 2 pièces de 88 mm au minimum, sans compter les autres pièces plus légères de la Flak. Ils n'auraient donc pas été sans défense face aux destroyers de la Navy.
Il est incontestable que les amiraux allemands craignaient l'intervention de la Home Fleet.
Mais, il est tout aussi incontestable que cette 1ère vague pourrait intervenir avant toute intervention de celle-ci. Et que toute tentative de vive force s'effectuerait de nuit.
Enfin, on se rappelera que les moyens aériens de la RAAF et de la Navy n'étaient pas aussi efficaces que cela dans la surveillance de la Manche, puisque en février 1942, le Scharnost, le Gneisenau et le Prinz Eugen parvinrent à quitter Brest et à franchir le Pas de Calais, au nez et à la barbe des Britanniques...
- Opération Seelöwe (Opération Otarie) :
L'Opération Seelöwe (''otarie'' ou ''lion de mer'', en français...) était un plan d'invasion allemand du Royaume-Uni (ou, plus exactement, de la Grande Bretagne...) au tout début de la Seconde Guerre mondiale. Retardé à fin 1940, du fait de l'évolution géopolitique du conflit mondial (avec l'entrée en guerre de l'URSS puis des Etats-Unis) il fut finalement définitivement abandonné en 1943.
Cette opération était initialement prévue pour le 17 septembre 1940, nécessitant l'emploi de neuf divisions terrestres (plus deux divisions aéroportées) sur des sites d'invasion se situant entre Douvres et Portsmouth. (mais ce plan d'opération de guerre fut, par la suite, reporté à une date ultérieure ; notamment car Adolf Hitler était sûr qu'en battant les Russes grâce à l'opération Barbarossa prévue pour 1941, il priverait les Britanniques d'alliés en Europe et ainsi n'auraient eu d'autre choix que de se rendre...). Mais l'entrée en guerre des USA et les revers de la Wehrmacht en URSS allait par la suite considérablement diminuer les chances de réussite d'une telle opération...
Préalable à l'invasion de la Grande-Bretagne : l'Operation Adler, initialement prévue pour donner à la Luftwaffe la supériorité aérienne sur le front ouest et pour permettre l'invasion des troupes allemandes au sol. Pour ce faire, les transports utilisés auraient été les bateaux que les Allemands avaient employés contre la France durant le franchissement du Rhin (la Kriegsmarine ne possédant pas de vraies barges de débarquement, ce qui réduisait la capacité d'acheminement d'artillerie et de tanks...).
La plupart des analystes militaires restent perplexes sur une réussite de l'opération Seelöwe si elle avait été lancée. D'abord parce que les Allemands manquaient cruellement de bateaux en comparaison à la Royal Navy (et puis parce que les pertes de leurs forces aéroportées durant la bataille des Pays-Bas n'auraient pas été remplacées à temps pour cette nouvelle opération...).
En 1974, des wargames menés à l'Académie royale militaire de Sandhurst (supposant que la Luftwaffe n'avait pas encore gagné la suprématie aérienne...), concluaient que les Allemands pouvaient effectivement établir une tête de pont au Royaume-Uni en utilisant un champ de mine dans la Manche pour protéger leur assaut initial. Mais ensuite, les analystes supposent que les forces terrestres allemandes auraient retardées sur les ''Stop lines'' : une série de positions défensives qui avaient été établies, où chacune d'elles étaient formées d'une combinaison de barrages routiers et de troupes de la British Home Guard.
Et, pendant ce laps de temps, les troupes régulières de la British Army pouvaient se mettre en formation. Puis après seulement quelques jours, la Royal Navy, déployée depuis ses bases de Scapa Flow (Ecosse) aurait atteint la Manche, pouvant alors couper le ravitaillement des troupes allemandes au Royaume-Uni. Isolée (et confrontée à des troupes britanniques régulières, munies de blindés et d'artillerie...) la force d'invasion allemande aurait alors été contrainte à la reddition.
Néanmoins, il faut savoir qu'une invasion allemande de masse par la mer n'était en fait pas nécessaire pour mettre le Royaume-Uni à genoux. En effet, dans des documents britanniques découverts, en 1998, au British Wartime Cabinet, il était indiqué qu'après l'échec du « British Expeditionary Force » en France et son évacuation à Dunkerque, Winston Churchill avait déjà perdu l'appui du Parlement. Et que si la RAF avait été défaite par la Luftwaffe, Churchill aurait alors été remplacé par son ministre des affaires étrangères Edward Wood, lequel préférait faire la paix avec l'Allemagne plutôt que d'avoir à faire face à un massacre de civils sur le sol britannique...
Ronan Blaise