Loïc Bonal a écrit :Les Allemands ont certes une division parachutiste à l'été 1940, la 7. Flieger Division, mais avec les pertes assez lourdes qu'elle a subies en Belgique et en Hollande, elle a besoin d'être réorganisée et renforcée.
L'Allemagne ne dispose alors que d'une division aéroportée ("Luftlande"), la 22. Infanterie Division, qui elle a subi de très lourdes pertes en Hollande et n'est pas utilisable avant l'automne 1940.
Certes, ils auraient pu avoir recours à des divisions "normales", comme en Crète en mai 1941 (où ils utilisèrent comme renfort aéroporté une division de montagne), mais il ne faut pas exagérer leur potentiel.
Je pense pour ma part que c'était suicidaire de procéder de la sorte.
Cela peut se justifier pour la Crète ou Rhodes, où la décision peut se faire en s'emparant de quelques points clefs. Il n'en est pas question pour un pays comme la Grande-Bretagne. L'absence de renforcements venus par mer en raison de la crainte réelle ou supposée (à mon avis réelle) qu'inspirait la Royal Navy, et les extrêmes difficultés présentées par l'absence de maîtrise du ciel (avec les pertes qui en sont corollaires) me paraissent parfaitement justifier une attitude expectante à ce moment là.
La Crète, face à une force anglo-grecque faible, mal structurée et qui ne dispose pas d'un appui aérien significatif, c'est déjà un drame et la défaite et la destruction ne sont évitées que grâce à l'énergie de Student et à la détermination de quelques dizaines de paras du Sturm Regiment. La Grande-Bretagne, vraiment ?
les Allemands amènent effectivement le gros de trois régiments parachutistes en Crète en une seule vague, mais cela comprend également tous les planeurs disponibles (l'attaque par planeurs est d'ailleurs un fiasco). A l'été 1940, il n'en avait en tout cas pas autant à mettre en ligne, puisqu'ils disposaient de deux régiments affaiblis seulement (Fallschirmjäger Regimenter 1 et 2, à trois bataillons chaque, plus quelques unités d'appui et de soutien).
Loïc Bonal a écrit :1) non. L'entraînement d'une division ordinaire aux opérations aéroportées ne saurait être bâclé en deux semaines. La 22. Infanterie Division a suivi une instruction poussée en ce sens tout au long de la "Drôle de Guerre" ; la 91. Infanterie Division en 1944 en suivra une de quatre mois pour une opération mineure.
Si le commandement allemand voulait des divisions bien rôdées pour ce genre de missions, il fallait prendre des délais qui outrepassaient l'été 1940.
Ceci étant dit, ces divisions n'ont guère de spécificités organisationnelles ou en matériels (excepté peut-être des canons plus légers de type montagne). Seule leur formation est différente. La 5. Gebirgs Division en Crète n'a ainsi jamais reçu d'instruction sur les opérations aéroportées, ce qui ne l'empêchera pas de parachever la victoire allemande.
2) Les opérations aéroportées allemandes n'ont jamais été menées avec autre chose que des Ju 52. Les Ju 86, complètement démodés, seraient des proies trop faciles pour la RAF, et les Fw 200 sont très rares et engagés dans des opérations de surveillance. De toute manière, à part pour conjurer le sort à Stalingrad, ce dernier appareil n'a jamais été affecté à autre chose.
Il faut aussi compter avec les nécessités autres qui absorbent une partie du potentiel de transport aérien. Tous les Ju 52 ne sont pas disponibles pour une action aéroportée.
3) les planeurs ne peuvent amener à pied d'oeuvre qu'une toute petite force d'assaut. Qui plus est, ils ont besoin, pour leur remorquage jusqu'à proximité de l'objectif, d'un... Ju 52.
Là, Bruno, vous cherchez vraiment à adapter la réalité à une idée. Une telle action aéroportée était... suicidaire. Il aurait fallu une supériorité aérienne nette (qui n'a jamais été obtenue malgré les efforts de la Luftwaffe en plusieurs semaines de combats), la tranquilité maritime pendant quelques jours (et Scapa Flow est proche, trop proche pour cela), des effectifs de première vague supérieurs à ceux disponibles et des capacités de transport (tant aériens que maritimes) outrepassant largement ceux réellement disponibles en juillet-août 1940.
Parce qu'amener à pied d'oeuvre une division, c'est une chose. La ravitailler et la renforcer en est une autre. Et il est certain que sur le long terme, à ce petit jeu d'usure, les Anglais auraient gagné.
Il faut aussi considérer un élément : seul le transport naval permettait d'assurer un renforcement crédible de la tête-de-pont aéroportée. Mais ce transport n'était réalisable qu'avec la supériorité aérienne qui maintiendrait la Home Fleet à l'écart. C'est le serpent qui se mord la queue et à mon sens, le commandement allemand avait bien compris ce problème lorsqu'il a voulu dans un premier temps acquérir le contrôle du ciel au-dessus de la Manche et de l'Angleterre méridionale.
Daniel Laurent a écrit :c'est peut-etre parceque le Reich ne s'en est pas donne les moyens, ne l'avait pas prepare avec le soin qui caracterise les autres operations, bref parceque Hitler ne l'avait pas reellement en ligne de mire ?
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