Faut-il réhabiliter la mémoire du maréchal Pétain ?

Les Totalitarismes à l'assaut de l'Europe !

Faut-il réhabiliter Pétain ?

oui
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41%
non
7
41%
ne sait pas
3
18%
 
Nombre total de votes : 17

Faut-il réhabiliter la mémoire du maréchal Pétain ?

Message par BRH » Dimanche 13 Mai 2007 15:06:40


J'ai voté oui... avec les réserves qui s'imposent!

Le drame de Pétain, c'est qu'il avait 84 ans en 1940! Ne l'oublions pas...

En dehors des affres de la sénilité, ce qui -je crois lui a fait défaut- c'est la lucidité d'un de Gaulle!

Le 17 juin 1940, lorqu'il annonce qu'il faut cesser le combat, il ne doute pas un seul instant que l'Angleterre va demander la paix et signer une paix de compromis avec Hitler. Son appel est maladroit, car il coupe les jarrets de l'armée (ce qu'il en reste).

Cependant, il se reprend et dès la fin de juillet 1940, il comprend que l'Angleterre va résister. Se tenant en étroit rapport avec Franco, il va pousser celui-ci à finasser lors de l'entrevue de Saint-Jean de Luz. Par contre, il se laisse imposer Montoire par Laval et cette désastreuse poignée de main.

L'esprit de résistance "à la Weygand" ne va dès-lors pas cesser de perdre du terrain au profit des collaborationnistes.

Bien sûr, on ne peut que condamner les décrets ant-juifs.

Il essaiera de se débarasser de Laval: en pure perte!

Mais, dès l'entrée des Américains en guerre, et même avant, il espère tout de leur intervention. Il le dit d'ailleurs dans un message sybillin aux Français où il leur demande de ne pas perdre espoir en contemplant les étoiles dans le ciel (allusion très claire à la bannière étoilée).

Après le 11 novembre 1942, il n'est plus qu'un chef d'état fantoche dont on peut se demander s'il a bien pu encore protéger les Français de la rigueur d'une occupation de plus en plus insupportable.

Je suis persuadé qu'avec 10 ans de moins, le vieux maréchal se serait envolé pour Alger après l'occupation de la Zone Libre.

Mais, on ne refait pas l'histoire...

Par contre... on peut refaire un procès!

Quant à son régime, celui de Vichy, il n'y a aucun doute: condamnable et condamné!!!
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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Message par Administrateur » Dimanche 13 Mai 2007 15:11:02

AVERTISSEMENT: ce sujet -comme quelques autres- est assez sensible.

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Toute entorse à ces règles sera sanctionnée par la suppression immédiate du post incriminé.

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Message par BRH » Dimanche 13 Mai 2007 15:15:58

Certaines personnes ne comprennent pas bien:

"Qui donc était le chef de ce régime de Vichy qui est à condamner, alors que pour Pétain il faut comprendre? "


Ah, mais comprendre ne veut pas dire excuser...

Pour vraiment "comprendre", je pense qu'il faut avoir vécu les évènements. Ou en avoir discuté longuement avec les témoins, ce qui est mon cas. Ma grand-mère maternelle, sans être "pétainiste", ne comprenait pas la condamnation à mort du maréchal. Elle était persuadée que De Gaulle et Pétain, chacun à leur façon, avaient oeuvré pour le salut de la France: vieux thème récurrent de l'épée et du bouclier! Elle estimait que de Gaulle avait cédé devant la pression des communistes.

Au contraire, mon grand-père paternel considérait Pétain comme un traitre et un vieux fasciste, ce qui est paradoxal, puisque c'est lui qui s'était battu en 14/18 et avait pourtant pu apprécier l'humanité de son chef! Mais il n'en démordait pas. C'était un thème à proscrire des réunions familiales: surtout, ne pas parler de Pétain!

Alors, aujourd'hui, Pétain n'a presque plus de défenseurs: il sont tous morts et ceux qui le défendent encore sont -pour la plupart- des nostalgiques de Vichy... Ce qui n'est pas mon cas !

Mais je ne peux m'empêcher de penser que c'est bien facilement que la chambre du front populaire a voté les pleins pouvoirs au Maréchal ! On me dit: "ils ont agi sous la contrainte"! Quelle contrainte ? La menace des chars de Weygand ? Si c'est le cas, ils se sont comportés comme des lâches; dans ces conditions, ils avaient leur place à côté du maréchal sur le banc des condamnés !!! Je vous rappelle que seulement 80 parlementaires ont voté non ou se sont abstenus sur ce vote d'abdication entre les mains du maréchal...

Il faut le reconnaître: l'époque était terrible! Le crime de Pétain, c'est de s'être laissé berner et manoeuvrer par Laval, ce jouet entre les mains des Allemands...

Mais Pétain n'a jamais dit: "je souhaite la victoire de l'Allemagne"! En 1944, il aurait souhaité transmettre ses pouvoirs au général de Gaulle. Il en a été empêché par Laval, tout d'abord, puis par les Allemands.

En 1945, on l'a accusé de complot contre la République: cette thèse n'a pas tenu; l'accusation a dû se contenter de l'inculpation "d'intelligence avec l'ennemi"!

Vous le noterez, personne n'a songé à l'accuser de complicité dans le crime de génocide: les esprits n'étaient pas prêts. C'est Papon qui a payé à sa place...
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Message par BRH » Lundi 14 Mai 2007 17:48:32

"Pétain a profité du chaos de l'invasion et de sa popularité pour instaurer un Régime qui n'avait plus rien à voir avec la République sous le vocable de "Révolution Nationale", précipitant la France dans une collaboration active avec l'Allemagne nazie !"


Rien à voir avec la République! Mais, c'est certain... Quel Français voulait défendre la République ? A part les républicains...

La République, c'est le régime des brigands ! Et les brigands avaient mangé le fromage, tandis que le loup Hitler avait forcé la porte...

L'impopularité du régime était totale!

Il est vrai qu'après avoir claironné aux Français "nous vaincrons, parce que nous sommes les plus forts", ces mêmes brigands avaient du mal à expliquer comment les Allemands pouvaient pendre leur linge à Saint-Jean-de-Luz...

Il n'y avait pas que les brigands, il y avait aussi leurs électeurs qui oubliaient les belles promesses: "du pain, la paix et la liberté", pour constater qu'ils avaient des rutabagas, la guerre et l'occupation...

Le maréchal avait-il une part de responsabilité dans le désastre ? Oui, car il avait soutenu Gamelin. En attendant, on était sous la botte nazie et aucun homme politique -sauf Laval- ne se croyait capable de négocier avec les "Huns"! Le maréchal aurait peut-être assez de prestige pour négocier avec l'Adolf "entre soldats, dans l'honneur"!

Lui-même l'a cru probablement: accepter la charge du pouvoir à 84 ans, il fallait être très orgueilleux, ou inconscient; ou aimer son pays...

Un peu des trois, probablement... Notez qu'il n'a pas réclamé le pouvoir: on lui a donné! Même Reynaud a conseillé à Lebrun d'appeler Pétain!

Lebrun pouvait-il faire autrement ? Il le pouvait, mais personne n'aurait suivi. Rappelons les chiffres: seulement 80 députés et sénateurs pour refuser les pleins pouvoirs à Pétain...

En juillet 40, tout le monde ou presque a constaté que les fascistes avaient gagné (on était loin du compte, car les nazis étaient encore pires).
Combien de maires, de conseillers généraux -anciens "républicains" ont trafiqué sur la devise italienne pendant l'été 40 ? La majorité...

Ils ont tout perdu et ne s'en sont pas vantés à la Libération!

Seul, de Gaulle... Et une poignée de despérados! ont décidé... de résister; coûte que coûte, vaille que vaille!

Mais c'était des fous! Car pour gagner, il fallait que l'Angleterre résiste!!! Et tout le monde pensait qu'elle allait s'entendre avec Hitler! Ce dernier le croyait, il l'espérait même!Dieu merci, il y avait Churchill...

Mais -on l'a oublié- Churchill était quasiment le seul résistant en juin 40 au sein du cabinet...
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Message par A.Lionel » Mardi 15 Mai 2007 07:16:46

Bonjour, j'ai voté oui, je suis presque entièrement d'accord avec votre argumentation, à cette chose près qu'en 42 Pétain aurait du menacer de démissionner au lieu de démettre Laval, Pétain était très populaire, cette démission aurait posé un gros problème aux Allemands.
On peut aisément penser que les Français auraient été bien plus ardents à rejoindre activement la résistance.
Egalement à l'image de la Suède certes mieux lotie politiquement, vous évoquiez les lois anti-juives, le Roi de Suède porta l'étoile jaune, court-circuitant ainsi la politique raciale allemande.

Il est clair que les marges de manoeuvre de Pétain étaient très limitées, la France devait plier devant le vainqueur, la question est : jusqu'à quel point? Jusqu'à y laisser son honneur?
Que l'ennemi demande des réparations, fussent-elles trop dures : fortes indemnités financières, cessions du territoire est une chose et l'on ne peut que s'incliner quand on est vaincu, mais aller jusqu'à une collaboration politique totale en est une autre.

L'idée d'Hitler fut ingénieuse, au lieu d'imposer un diktat insurmontable pour les Français, il poussa leur dirigeants à la collaboration, il les tenait.
C'est exactement l'inverse que ce qui fut décidé à Versailles en 19.

Vous dites, cher Bruno, une chose importante qui peut etre invalidera ce que je viens d'exprimer, c'est l'état d'esprit des Français de 40, pour beaucoup, Pétain était le sauveur, le vainqueur de Verdun, Montoire est effectivement le tournant, je m'empresse d'ajouter que l'attitude des communistes fut impardonnable tout comme celles des socialistes ou tout simplement de la droite française, non extrémiste, qui ne sut pas faire la différence et le choix entre l'URSS et le communisme et L'Allemagne et le national-socialisme qui, selon elle, semblait plus proche du monde des affaires - un capitalisme sans libertés politiques - .
Finalement nous avons récolté en juillet 40 ce que nous avions semé en 38 (Munich), voire en 36 (non intervention pour soutenir les républicains espagnols) et meme voire en 35 (remilitarisation de l'Allemagne et non intervention de la France).

Bien à vous.
"Les vraies conquêtes, celles qui ne donnent aucun regret, sont faites sur l'ignorance."
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Message par A.Lionel » Mardi 15 Mai 2007 07:17:48

Re, j'oubliais, de Gaulle gracia Pétain sa peine fut commuée en prison à vie, on dit souvent que ce fut en raison de son grand age, est-ce valide?
"Les vraies conquêtes, celles qui ne donnent aucun regret, sont faites sur l'ignorance."
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Message par duc de Raguse » Mercredi 16 Mai 2007 10:21:43

J'ai voté non, à moins que l'on scinde la vie de Pétain en deux ! :wink:

Il est clair que les marges de manoeuvre de Pétain étaient très limitées

Encore fallait-il ne pas mener sa politique d'armistice qui débouchait, naturellement, sur la collaboration !

j'oubliais, de Gaulle gracia Pétain sa peine fut commuée en prison à vie, on dit souvent que ce fut en raison de son grand age, est-ce valide ?

C'est exact ! :wink:
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Message par Baron Percy » Jeudi 17 Mai 2007 00:50:35

Vote négatif pour ma part, même si je suis favorable à ce qu'on lui fasse un nouveau procès afin de tenter d'éclairer les zones d'ombre et de repréciser le rôle tenu par chacun des protagonistes de cette période.
Selon moi, l'excuse du grand âge ne tient pas.
Pétain a failli à l'honneur militaire en associant son nom à une politique collaborationniste aux relents clairement antisémites.
En tant que chef de l'Etat français, il ne peut être absout de ses responsabilités écrasantes dans l'instauration de ce régime à la solde de l'occupant.
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Message par Pedro » Jeudi 17 Mai 2007 09:29:35

Je passe ici en coup de vent, mais je dois dire que je ne partage pas sur ce point l'avis de mon ami Bruno. Je sais ses convictions gaulliennes mais il m'est toujours apparu un tantinet trop clément vis à vis de Pétain.

Nous en avons discuté bien des fois... Si j'admets que la sénilité a pu obscurcir le jugement du maréchal, je suis certain que la mise en place d'une législation anti-sémite en octobre 1940 avait son plein accord. Et cela, c'était le 1er pas vers ce que nous savons.

En foi de quoi Pétain n'a jamais représenté la France: il ne valait pas mieux que les autorités félones mis en place par les conseillers pro-anglais de Charles VI !!!
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A propos de sénilité...

Message par BRH » Jeudi 17 Mai 2007 10:47:35

Les témoignages sur les "absences" de Pétain sont assez nombreux et ce, dès la fin de 1940; je n'en ai pas une liste toute faite, mais j'ai moi-même recueilli le témoignage de 2 personnes l'ayant rencontré durant cette période. De Gaulle qu'on ne peut targuer de pusillanimité à cet égard l'a bien dit: "la vieillesse est un naufrage"! Ce n'est pas parce qu'on se lève tous les matins avec "son bâton de maréchal" et que l'on se tient droit comme un "i" que l'on a forcément un cerveau bien irrigué... Il faut s'informer; en tout cas, à d'autres sources que celles dont on a l'habitude. Je précise -si besoin était- que je ne tiens nullement à "jouer" les avocats de Pétain; j'essaye de me comporter en historien sur ce sujet!

"C'est avec une parfaite lucidite et un total assentiment qu'ont eu lieu les rafles du Vel d'Hiv pour ne citer qu'elles et ce n'est qu'à l'arrivee des americains qu'il se souciera de l'horreur des milices francaises."

Voici un point délicat et difficile à traîter: il partageait les idées de ses collaborateurs ? Mais, lesquels ? Veut-on parler de Laval ? Il ne pouvait pas le sentir! Pétain a été surpris de l'aisance de Laval à le débarrasser des politiciens ennuyeux: il en a été très content au départ et en a pris ombrage plus tard: "Qui t'a fait roi?" lui disait Laval (pas en ces termes, mais ça revenait à ça...)! Quant à ses liens avec Darquier de Pellepoix ou Bousquet, ils étaient nuls ! Ces gens-là ont bien été nommés par Pétain, mais sur proposition de Laval. Sur sa responsabilité directe sur les rafles du Vel d'Hiv, je manque d'infos précises: à quel moment en a-t-il été informé, comment a-t-il réagi exactement ? N'oublions pas que le port de l'étoile jaune fut une ordonnance nazie et pas un acte de Vichy: cette mesure fut proscrite en zone libre, même après son occupation...

"Il n'a nullement chercher à préserver la France de la barbarie mais il a voulu conserver une place à la France dans le régime nazi."

Je ne partage pas du tout ce point de vue; il faudrait l'étayer par des preuves, des documents. N'oublions pas que la thèse du "complot contre la République" s'est écroulée au moment du procès de 1945. De plus, la grave accusation de vouloir "conserver une place à la France dans le régime nazi" ne tient pas une seconde: si cela avait été le cas, pourquoi n'a-t-il pas déclaré la guerre à l'Angleterre ?

"Il n'a à aucun moment chercher à préserver sa patrie de l'envahisseur."

On oublie qu'il est resté Chef d'Etat -Major de l'Armée et généralissime désigné en cas de guerre jusqu'en 1931 ! Puis qu'il a été ministre de la défense dans le cabinet Doumergue, en 1934 (où il n'a pas fait grand chose pour le réarmement, il faut le souligner!). Enfin, après son amabassade en Espagne auprès de Franco, -à la demande de Daladier-, c'est Reynaud qui l'a supplié d'entrer au gouvernement ! C'est ce même Reynaud -mis en minorité au sein de son cabinet- qui a conseillé à Lebrun d'appeler le maréchal Pétain! ca, c'est un fait historique... Quant à "vendre" la patrie, c'est plutôt un effet de manche qu'autre chose: SAUF que -effectivement- l'appel du 17 juin à cesser le combat a été catastrophique: il a coupé les jarrets de l'armée et en tant que tel, constituait une cause d'incrimination devant le Haute Cour... Etait-ce volontaire, ou une maladresse due à l'influence de conseillers mal intentionnés ? C'est un débat qui n'est pas tranché, puisque même les adversaires de l'armistice reconnaissent que la lutte était perdue en métropole...

"Pourquoi ne pas être parti à Alger ?"

Son intérêt personnel, c'était de partir à Alger! De Gaulle l'a reconnu:" si le Maréchal était parti à Alger, il serait rentré à Paris sur son cheval blanc, avec nous derrière...". Weygand a insisté, voire menacé pour obtenir ce départ... Pétain a paru fléchir et... n'en a rien fait! Pourtant, il était évident que c'est la gloire qui l'attendait là-bas et l'ignominie s'il restait à Vichy; et il en a bien été ainsi! Quelle est la part de sénilité, de pusillanimité dans cette position ? Il savait pourtant que Roosevelt et Churchill l'accueilleraient à bras ouvert... Mais il ne voulait pas laisser Laval derrière lui: il savait que le maire du Palais se ferait proclamer "roi" à sa place et cela, il ne le voulait à aucun prix: ce n'est pas seulement par entêtement stupide mais parce qu'il n'ignorait pas que Laval "boosté" à sa place, déclarerait la guerre aux Alliés. Difficile d'y voir clair, sauf que l'on est sûr d'une chose: Laval, après avoir craint les conséquences d'une victoire de l'Allemagne, a fini par la souhaiter et par jouer complètement le jeu des nazis...

"Qui demande encore la réhabilitation de Petain ?"

Je ne pense pas que les voix soient très nombreuses à demander la réhabilitation de Pétain et il est bien évident qu'un tel procès n'est pas prêt d'être accordé: c'est peut-être dommage, car cela aurait permis de mesurer l'exacte responsabilité de Pétain dans la collaboration apportée par Vichy à la Shoa... Tout un pan d'une grave accusation qui n'a malheureusement pas été abordée au procès de 1945, au point qu'il a fallu condamner un bouc-émissaire, le nommé Papon: un second couteau qui n'était même pas pétainiste, alors que les responsables principaux sont passés au travers!

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Message par duc de Raguse » Jeudi 17 Mai 2007 18:47:44

De Gaulle qu'on ne peut targuer de pusillanimité à cet égard l'a bien dit: "la vieillesse est un naufrage"!

Il l'a écrit dans ses Mémoires en 1950, après les événements...
Il cherchait sans doute à excuser quelqu'un qui fut l'un des sauveurs de la France lors du premier conflit mondial.

Veut-on parler de Laval ? Il ne pouvait pas le sentir!

Tellement pas qu'il le fit chercher partout dans les couloirs du palais de Justice de Bordeaux dans ces sombres jours de juin 1940, pour qu'il fasse partie de son cabinet.
Il lui avait assigné une tâche bien précise : se débarasser des Parlementaires. Pour quelqu'un d'"absent", on ne peut pas dire qu'il manquait de suite dans ses idées ! :wink:

Sur sa responsabilité directe sur les rafles du Vel d'Hiv, je manque d'infos précises: à quel moment en a-t-il été informé, comment a-t-il réagi exactement ?

Peu importe, il a couvert tous ces actes par sa présence aux Affaires et sa non contestation.
duc de Raguse
 

Message par BRH » Jeudi 17 Mai 2007 19:54:49

frank a écrit :Je ne comprends pas bien qui pose les questions...


Ce sont des questions ou des remarques communément posées à partir d'autres fora...

De manière à embrayer le débat. Pour l'instant, il ne démarre pas sur les chapeaux de roues ! :roll:
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Message par Baron Percy » Jeudi 17 Mai 2007 23:21:44

Je sais qu'un procès équitable doit se faire à charge et à décharge, mais il est quand même surprenant de constater que l'on utilise l'argument de la sénilité pour excuser les "errements" de Pétain vis-à-vis des autorités d'occupation, mais qu'on n'y fait plus mention lorsqu'il s'agit de relever les quelques actions en sa faveur.
Si l'on avance ses "absences" pour l'excuser, pourquoi les ignorer dans d'autres circonstances ?
Cette sélectivité dans l'argumentaire de la défense est quelque peu dérangeante... :?
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Message par BRH » Vendredi 18 Mai 2007 10:26:17

"la thèse des absences de Pétain est une thèse collaborationniste: le maréchal aurait été lucide le matin et aurait déraisonné le soir..."

La thèse des absences de Pétain, une thèse collaborationniste ? Allons, soyons sérieux: cette "vision" de l'Histoire n'est plus défendue que par une école marxiste dépassée et archaïque. Quant à écarter les témoins qui ont cotoyé Pétain sous prétexte de "partisianisme", voilà une bien curieuse façon de faire de l'histoire...

Je vais donc citer un extrait du livre de Claude Paillat, non-suspect de complaisance pour Vichy. Ce dernier livre le témoignage de Jean Chauvel, diplomate qui rejoindra la France Libre: Paillat insiste d'ailleurs sur la qualité et l'indépendance de Chauvel:

"Le fait contre lequel personne ne pouvait rien était que Pétain, quand il a pris le pouvoir suprême, avait 85 ans. Il était, disait-on- extraordinaire pour ses 85 ans. Sans doute, et c'était bien le pis. S'il avait été traîné dans une petite voiture, tout le monde aurait su à quoi s'en tenir. Mais IL AVAIT PHYSIQUEMENT TRES PEU CHANGE EN 25 ANS.

"Il était fort droit, sa main était ferme, ferme aussi le regard de sesyeux bleu clair. Il faisait allègrement ses promenades à pied au milieu du bon peuple vichyssois. Son masseur liu trouvait "un corps de marbre" et s'indignait des contes qui couraient sur des sondages difficiles: "il pisse comme une fontaine", disait ce sûr témoin. D'autres s'émerveillaient, après une conversation d'après déjeuner, des récits substantiels et lucides que faisait le Maréchal de la bataille de Verdun (...). Ce que l'on disait moins, c'est qu'il lui fallait 2 mois pour se rappeler le nom d'un membre nouveau de son cabinet; C'EST QU'IL AVAIT OUBLIE LE SOIR L'ENTRETIEN QU'IL AVAIT EU LE MATIN (...). SES COLLABORATEURS PARLAIENT A VOIX BASSE DES MOMENTS DE "PASSAGE A VIDE".

"(...) En 1940, il décidait encore, mais IL NE TENAIT PLUS une opinion, une décision, une attitude (...). Le Maréchal, à 85 ans, abordait un métier entièrement nouveau, des questions dont il ignorait tout, et cela avec des collaborateurs nouveaux, entraînés à des disciplines différentes de la sienne. C'est une grande tragédie qu'un pays, à l'heurede la suprême détresse, ne trouve plus en lui d'élément significatif et intact autre qu'un homme ayant atteint l'extrême vieillesse. C'est aussi un très grand risque..." Jean Chauvel, Commentaires, t.II: "de Vienne à Alger 1938-1944)", Fayard, Paris, 1971, p.190-192.


Voilà -je pense- qui termine définitivement la question: ce n'est point là l'expression d'une thèse collaborationniste, mais simplement celle de la vérité.

"il partageait les idées antisémitesde ses collaborateurs !"

L'antisémistime de Pétain comme de ses collaborateurs n'est plus à démontrer: c'est celui de l'Action Française qui n'a cessé de dénoncer les 4 piliers de soutènement de la République: "les Protestants, les Francs-Maçons, les Juifs et les Métèques"! Acrimonie abjecte, mais "compréhensible" pour une droite conservatrice qui n'en revient pas d'être rejetée -à partir de 1890- par le pays réel et qui constate que le financement des partis républicains ne se tarit jamais et dépasse ses propres capacités: elle s'empresse donc d'exclure de la fonction publique ces éléments "étrangers" à l'exception -notable- des Protestants !

Mais l'antisémistisme traditionnel de l'Action Française -dont Pétain s'inspire indiscutablement- ne va pas jusqu'à proposer ou même approuver "la solution finale"! Il faut donc être nuancé, sans pour autant cesser de condamner!!

"Est-ce donc pendant les absences de Pétain que les lois antisémites, le travail obligatoire, les milices francaises, etc. ont été signées ?"

Les lois discriminatoires lui sont dues, sans aucun doute ! En tout cas, il les approuve. Sur ce point, aucune contestation possible... La milice, il l'approuve également; l'usage qui en a été fait, c'est moins certain ! D'ailleurs, Darnand le lui reprochera en signalant que s'il avait été désapprouvé, il aurait obéi... Le STO, c'est la suite de la relève: mais c'est clairement et indubitablement une initiative de Laval ! En 1943, c'est Laval qui gouverne, Pétain n'est plus qu'un fantoche qui s'accroche à des "signes extérieurs" du pouvoir; il n'a plus aucune prise sur les évènements...

"On parle aussi d'une certaine irresponsabilité de Pétain. Son grand âge, ses facultés diminuées. Irrecevable !"

Et c'est bien là l'erreur! Je ne vois pas d'autre raison que l'idéologie à ce refus: mon grand père paternel était ainsi; Pétain -pour lui- était bel et bien un traître, un "réactionnaire en culotte de peaux"! Mais là aussi, aujourd'hui, nous avons le recul pour mieux juger...

Sur le génocide juif, je pense que dans le contexte de la Libération, on ne dissociait pas le cas des Juifs, des résistants, des déportés, des fusillés et des autres victimes du nazisme: pour cela, on manquait du recul nécessaire... Et de Gaulle n'a pas réagi autrement !

"La conduite d'une grande partie de la France pendant la seconde guerre mondiale est une veritable tache. Dans ce cas il est plus facile de se retrancher derriere le respect des ordres donnés par un homme qui perd petit à petit ses facultés. Petain durant son procès a plaidé non coupable comme tous les criminels nazis du procès de Nuremberg."


La conduite d'une grande partie des Français est une véritable tache! J'en suis bien d'accord: à commencer par le comportement des élites en mai-juin 40 et celui des foules lancées sans but sur les routes de l'exode! Et le lâche soulagement qui a suivi l'annonce de l'armistice, source de la grande popularité de Pétain au départ...

Quant à assimiler Pétain aux grands criminels nazis, c'est notoirement excessif; je suppose que certaines familles ont été gravement atteintes pendant l'occupation et ceci -si je le comprends- ne peut pas fonder un raisonnement historique. Sur les juifs, d'ailleurs, il faut noter la différence exécrable faite entre les juifs Français et les juifs étrangers: c'est une honte, mais c'est pourtant ainsi; les prisonniers Français Israèlites furent respectés par l'armée allemande: ce fut un des arguments nazis pour mieux faire "chanter" le vieux maréchal qui se souciait avant tout des prisonniers et qui -à ce stade- ne faisait pas de différences entre les militaires juifs ou de couleurs. Selon-lui, ils étaient tous protégés par l'uniforme français.

"Pétain a vendu la France par intérêt personnel plus que pour défendre sa patrie."

Il s'agit là d'un jugement de nature "idéologique" qui n'a rien d'historique: tout en n'étant pas entièrement faux, car on ne peut écarter la part de mégalomanie et d'ambition personnelle du jeu de Pétain, au moment de la défaite. Mais -si on supprime Pétain en juin 40- il faut voir que d'autres hommes auraient joué le même rôle: Laval, Darland ou Weygand qui -chacun à leur tour- furent les "dauphins pressentis"! Quel était le plus proche de Pétain ? Weygand, assurément, qui avait dix ans de moins, et la même vigueur physique! Juste la lucidité en plus...

Je suis persuadé que l'Histoire n'approuvera pas cette opinion. On ne peut caractériser la responsabilité d'un homme aux seuls documents matériels. Ce n'est pas tout de signer, il faut encore le faire volontairement et en pleine lucidité. La thèse de Pétain, traître à la patrie et vendu aux nazis, ne tient pas!

Sinon, comment expliquer:

-qu'il n'a pas déclaré la guerre à l'Angleterre, ni en 40, ni en 41, ni en 42 (au-delà, ça ne servait plus à grand chose, mais Laval -malgré ses pressions, ses chantages, ses manoeuvres, n'obtiendra jamais ces mesures!!) ?

-qu'il n'a pas formé un gouvernement ouvertement fasciste, avec Déat, Doriot, Henriot et Darnand, comme ministres ? Déat sera bien nommé secrétaire d'état au travail en 1944, mesure arrachée au vieux maréchal dépassé et mis au rancart... qui manifeste son effacement et sa transformation en soliveau de la collaboration !

-qu'il a fait son possible (et ce n'était pas assez, et c'était indigne), pour protéger les Français israèlites, tout en se lavant les mains du sort des juifs étrangers...

-qu'il a tenté en 1943 de promulguer sa constitution en rappelant les chambres de 1940. Ce que Laval a empêché avec la complicité des nazis!

-qu'il a envoyé l'amiral Auphan négocier la passation des pouvoirs avec le GPRF en juillet 1944 auprès de Michel Debré, ce à quoi ce dernier a répondu par une fin de non recevoir, ce qui était justifié, bien entendu...

-qu'il a été emmené contre son gé, enlevé de Vichy par les Allemands pour être assigné à résidence à Sigmaringen, où les vrais "collabos" tenteront de jouer la comédie d'un "gouvernement en exil"!

A mes yeux, Pétain reste coupable de l'armistice et surtout, du coup d'état contre la République, le 10 juillet 1940.

Enfin -et principalement- d'être resté à Vichy le 11 novembre 1942, au lieu de s'envoler pour Alger, ce qui a permis l'ambiguïté de son régime de s'accentuer au profit de la collaboration avec l'ennemi!

Il me semble que ce sont des faits suffisemment graves pour justifier d'une condamnation, sans qu'il soit besoin d'en rajouter.

Je précise que j'interviens dans ce dossier uniquement pour lui donner un éclairage historique, sans parti pris et, en tentant d'être le plus objectif possible!

Je n'affirme pas y être parvenu et c'est bien volontiers que j'accepte d'être corrigé par avance, mais sur la base de documents, d'arguments étayés et non pas d'opinions préconçues.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !

Napoléon
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Message par Baron Percy » Vendredi 18 Mai 2007 23:48:02

Brillante plaidoirie que la vôtre, mon cher Bruno.
Elle a le mérite de tenter de cerner l'objectivité au plus près.
Mais si on s'en tient à ces seuls chefs d'accusation, à savoir : approbation des lois antisémites et discriminatoires, ainsi que de la Milice, le compte de Pétain est bon, fut-il ou non frappé d'accès de sénilité.
Dans ce procès posthume, il fait figure d'accusé et il est incontestablement plus coupable que victime.
Je maintiens donc mon refus de le réhabiliter.
"Les erreurs du passé sont les faiblesses de l'avenir"
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Baron Percy
 
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