Le rapport du colonel Michon (version originale) :
http://sd-1.archive-host.com/membres/up ... Michon.pdf
Récit donné dans la Revue des 2 mondes :
LES COMBATS DE SAUMUR
https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-co ... 884930.pdf
Juin 1940
Depuis plusieurs semaines, en juin 1940, la vie de la célèbre Ecole de Cavalerie est toute troublée pour les huit cents élèves qui demeurent encore à Saumur. Il y a environ trois cents élè- ves du train et cinq cents élèves de la cavalerie, les E. A. R., élè- ves aspirants de réserve, venus des groupements spéciaux d'ins- truction de Tours, Montauban et Rambouillet. Tous de classes jeunes, n'ayant jamais vu le feu, ils sont répartis en trente-sept brigades : dix du train, vingt-sept de cavalerie, commandées chacune par un officier instructeur. Les deux-tiers de ces bri- gades, devenues motorisées, ont adopté la fière devise :
A pied ne daigne, A cheval ne puis, Porté je suis.
Les détachements chargés de garder les ponts de Saumur, de Montsoreau et de Gennes sont renforcés. Des avions ont déjà bombardé la gare, incendiant un entrepôt de grains, lâché des chapelets de bombes sur Souzay, sur le viaduc du chemin de fer. Des patrouilles circulent continuellement dans la campa- gne contre les parachutistes dont on a la hantise, dans les rues de la ville pour ordonner la circulation. Car celle-ci s'accroît terriblement.
Le 14 juin, l'armée allemande entrait dans Paris d'où le gouvernement était parti le 9 pour s'installer à Tours que, dès le 15, il quittait pour Bordeaux. On conçoit l'encombrement des
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routes. Une véritable migration humaine déferle vers le sud, prise de panique, n'ayant qu'une idée : franchir la Loire à tout prix, mettre le grand fleuve entre elle et les avant-gardes alleman- des. On s'attend d'ailleurs à une résistance sur ce peint et on est si loin de concevoir notre désastre qu'on espère encore r.n arrêt de la bataille sur le fleuve, qui permettra la mise en ordre de nos réserves ; au moment opportun, elles entreront en ligne et, par une manœuvre d'ailes habile, repousseront l'ennemi hors de France, réalisant ainsi un second « miracle > de la Marne, le miracle de la Loire.
Dès le samedi 15 juin, le colonel Michon, commandant l'Ecole, prépare l'évacuation des chevaux : huit cents bêtes, la plupart de splendides pur-sang, la fierté et la gloire du fameux Cadre noir. Cinq cents hommes et six officiers en assureront la conduite sous les ordres du colonel de Laissardière, un blessé de l'autre guerre. La petite troupe avec les fourragères et les voitures se mettra en route le lundi : elle formera une colonne de quatre kilomètres que les Allemands, du côté de Confolens,
finiront par distancer et faire prisonnière pour la conduire à Poitiers, et, un mois après l'armistice, la relâcher sur Montauban.
L'après midi du samedi, le capitaine Marzolf, le commandant du 2" escadron, réunit ses hommes dans le grand amphithéâtre de l'Ecole et leur annonce la suspension des cours, la conversion des escadrons en escadrons de guerre. Le colonel Michon, suppo- sant bien que l'Ecole se défendra, met la dernière main au plan de résistance, préparé dès la fin du mois.
Le dimanche, la circulation est invraisemblable sur les ponts et dans la grande rue. On y compte une moyenne de mille voitures à l'heure. Les files d'autos doublent des files de voitures à chevaux : convois lamentables de ces pauvres évacués de toutes les régions de la France envahie. Il en arrive encore de la Somme et de la Champagne, puis des départements du Loiret, d'Indre-et-Loire, de la Sarthe, même du Maine-et-Loire. Et cela inquiète certains Saumurois qui se mettent discrètement à pré- parer leur voiture pour partir au petit jour ou dès la première alerte de nuit d'un bombardement.
Le lundi, à midi trente, la voix lointaine et douloureusement grave du maréchal Pétain se fait entendre à la radio : « C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser
le combat. Je me suis adressé cette nuit à l'adversaire pour lui demander s'il est prêt à rechercher avec moi, entre soldats,
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après la lutte et dans l'honneur, le moyen de mettre un terme aux hostilités... ». A l'Ecole, les élèves frémissent. Les "visages sont contractés. Des groupes se forment en silence. Puis des voix impatientes s'élèvent : « Nous battons^nous ? Que faisons- nous ?» Le colonel, d'accord avec le général Pichon, comman- dant la « ligne de la Loire », ordonne la résistance. Il défendra la Loire, de Gennes à Montsoreau, avec ses huit cents élèves (1).
ORDRE DE RÉSISTANCE
Se battre, mais comment ? Les élèves, nous le répétons, ne sont jamais montés en ligne, ne connaissent pas le feu autrement qu'à l'école de tir et leur instruction militaire, commencée il n'y
a guère plus d'un mois, demeure fort incomplète. D'autre part, ne possédant aucune véritable artillerie, que cinq chars Hotchkiss de passage et récupérés par le groupe franc du capitaine de Neu- chèze, Lis ont peu de mitrailleuses, peu de canons antichars, seulement des mousquetons, des revolvers qu'ils décrochent dans les chambrées. Qu'importe ! Les officiers, les maréchaux de logis, en toute hâte, expliquent, une dernière fois, le mécanis- me des armes automatiques, particulièrement aux E.A.R. du train que leur fonction ne destinait pas à combattre. Les chefs n'ont même pas besoin d'encourager ces enfants que la fièvre du combat déjà transporte et qui, impatiemment, attendent les
ordres.
Ils sont bientôt donnés et exécutés. Le secteur de Saumur confié à l'Ecole de cavalerie comprend quatre points de franchis- sement de la Loire : le pont de Montsoreau, le viaduc du chemin de fer, les deux ponts en ligne de Saumur, le pont de Gennes. Ce sont ces endroits que les élèves ont organisé défensivement et qu'il importa de renforcer. Au pont de Montsoreau prend position la brigade de cavalerie Trastour ; au viaduc, la brigade
(1) L'Ecole se trouvera renforcée, avant et pendant la bataille, par une compagnie de tirailleurs nord-africains et une section de mitrailleuses venues du dépôt de Vernantes, par un détachement du 19* dragons sous les ordres du commandant Hasquard, par un groupe franc sous le commande- ment du capitaine de Neuchèze, par un escadron d'éléments récupérés sous les ordres du capitaine Gobbe. L'ensemble comprendra un effectif de 2.190 hommes dont 800 élèves avec un armement de 132 fusils mitrailleurs, 11 canons de 25, 3 canons de 37. 7 mortiers de 60, 4 mortiers de 81, 20 mitrailleuses,-7 groupes de mitrailleurs, 8 chenillettes, 3 autos mitrailleuses de reconnaissance, 5 chars Hotchkiss. Deux compagnies d'élèves aspirants de réserve d'infanterie de l'Ecole de Sa>nt-Maixent, commandées par île capitaine Bleuze, seront affectées au secteur le jeudi 20 juin.
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de la Lance et la brigade du train Noirtin, toutes les trois flan- quées d'une section de tirailleurs. Devant le pont des Sept-Voies un mur en ciment est dressé. Dans l'île Offard s'installent la
LES ACCÈS DE SAUMUR
brigade de cavalerie du lieutenant de Buffévent et une section de tirailleurs. Le lieutenant Périn de Saint-André commande les groupes de cavalerie affectés à la défense de la ville même ; un canon de 25, un mortier et deux mitrailleuses sont pointés dans l'enfilade des deux ponts ; une brigade du train surveille, à la hauteur de la place du Chardonnet, la pointe ouest de l'île ; la brigade du train du lieutenant Coadic s'embusque devant le Théâtre, tandis qu'un groupe occupe, en face, l'hôtel Budan et que quelques hommes braquent une mitrailleuse, au delà du monument aux morts de la guerre 14-18. Un vieux canon de 90 est même traîné aux abords du pont Cessart, derrière un camion qui servira de chicane. Des brigades motorisées de cavalerie et du train vont renforcer le poste de Gennes. Deux pelotons partent, en « side J>,en reconnaissance: direction de Tours, par la rive gauche ; direction de La Flèche et du Mans. Le colonel Michon établit son P.C. du côté du Château, dans la villa « Les Grandes Brises », qui domine la ville. Le commandant Lemoine, avec les capitaines Delmotte et le lieutenant Gaillard de Lavaldene comme
adjoints, interprétera ses ordres.
LES COMBA TS DE SAUMUR 215
Il fait un temps magnifique. Au matin, tout au plus, le vent d'est pousse quelques nuages formés d'une brume annonciatrice de chaleur. Le ciel bientôt reprend sa limpidité.
La journée du mardi 18 se passe dans l'anxiété et l'angoisse. Le défilé des voitures el le flot des réfugiés continue sans arrêt, aussi denses. Les nouvelles les plus invraisemblables circulent
sur la position de nos armées et les intentions du gouvernement. M. Roussel, le directeur de l'usine, prend soin de faire vider les gazomètres. Les boutiques se ferment dans la ville. Des habitants se joignent aux fuyards. D'autres vont reconnaître les abris col- lectifs, aménagés par la défense passive, la plupart profonds et spacieux, telles les caves du coteau de Notre-Dame de Nantilly. Des soldats commencent d'apparaître, dans un état lamentable, quelques-uns sans armes, d'autres blessés ou exténués. Mais voici des troupes qui se replient à peu près en ordre : artilleurs avec leurs longs convois de canons ; fantassins, le fusil à la bretelle, que commandent leurs officiers. Des autos à fanion passent, rapides ; des motocyclettes vont, viennent, ouvrent la marche à travers les colonnes des réfugiés, portent les ordres. Ordres de repli : aucune troupe ne doit rester à Saumur, chaque unité franchira au plus tôt la Loire, prendra la direction du sud.
A midi, un ordre parvient du service sanitaire : évacuer tous blessés et malades transportables, ne garder qu'un nombre restreint de médecins et d'infirmiers : un H.O.E.I. (hôpital d'éva- cuation primaire) est formé, en vue de la bataille de la Loire, à l'hôpital de Cholet (1) ; il fonctionnera sous les ordres du médecin-commandant Foucault. A l'hôpital complémentaire du
médecin-commandant Challamel, près de l'église de Nantilly, les blessés légers, les convalescents sont évacués. Les grands blessés, les malades sont transportés en camionnettes à l'hôpital mixte du médecin-capitaine Richou, chirurgien, dont les blessés, tous dans un état grave et repliés déjà, particulièrement des ambulan- ces de Versailles, demeurent à Saumur. Un poste de secours s'installe au château de Marson.
PRÉPARATIFS DE COMBAT
Pendant ce temps, les élèves s'apprêtent à combattre. En veste et en houseaux, l'écusson vert ou bleu marine à la vareu-
(1) Il ne sera pas pratiquement constitué, car, dès le mardi soir, le docteur Foucault recevait un ordre de repli sur Saint-Jean-d'Angély.
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se (1), casqués, jugulaire au menton, chargés du masque à gaz, du bidon, de la musette, du mousqueton et de quarante cartou- ches, ils s'activent, démolissent les garde-fou en pierre des quais pour permettre les tirs, traînent à pied d'œuvre les mortiers de 60 et 81, pointent les canons de 25 et de 37. Des artificiers du génie vérifient les charges de dynamite des ponts. La population regarde, effarée. Des civils interpellent les soldats :
— Vous allez vous battre ? Mais pourquoi faire ? Le maire a déclaré Saumur ville ouverte. L'armistice est demandé. Vous nous ferez tuer et bombarder nos maisons sans aucun résultat.
Les soldats ne peuvent qu'obéir aux ordres reçus. Ils ont d'ailleurs les nerfs à bout et ne cherchent en somme qu'à les détendre dans cette bataille ultime que leurs chefs leur demandent de livrer pour l'honneur de l'Ecole d'abord, pour protéger ensuite la retraite de nos armées.
A 20 heures, l'alerte est donnée à tout le dispositif. Les vivres de réserves sont distribués. «L'ennemi, annonce le lieu- tenant Rézel, ne serait plus qu'à 20 kilomètres». La reconnais- sance, partie en direction de Tours, revient et confirme l'approche des Allemands. Le 12° escadron du dépôt de cavalerie n° 9 qui cantonnait à Gizeux a franchi la Loire sous les ordres du maré-
er
chal des logis Robert Méhu, et un détachement du 1
des cultivateurs d'un excellent esprit combattif que commande le lieutenant de Rouffignac, s'apprête à détendre chèrement le pont de Bourgueil. L'élève Jacques Cailleton dont la brigade est en réserve, placidement, finit par s'abandonner au sommeil, couché entre l'aile et le capot d'une auto. Sommeil de courte durée car, vers minuit, le pont des Sept-Voies qui relie l'île Offard à la rive droite saute dans un grand fracas. Deux heures après, deux nouvelles et violentes détonations retentissent : le pont de Montsoreau et le viaduc du chemin de fer que le génie détruit. Une odeur de poudre flotte lourdement sur la ville dont les rues demeurent silencieuses et désertes. La section de gendarmerie se replie, par ordre, sur Thouars et Parthenay. Les civils qui n'ont pas quitté leur maison s'abritent dans les refuges. Vaille que vaille, deux cents femmes, enfants et vieillards du faubourg
Petit-Puy s'entassent dans les vastes caves de l'immeuble Guibert. Et voici que nos mitrailleuses, embusquées dans l'île, ouvrent le feu : rafales rapides qui soulèvent de longs échos dans la vallée. L'ennemi ne répond pas.
(1) Ecusson de l'Ecole de Cavalerie de Saumur : grenade surmontée d'un galon or et rouge et placée sur fond marine pour da cavalerie, sur fond vert pour le train.
cuirassiers,
LES COMBATS DE SAUMUR 217
Il talonne la reconnaissance expédiée en side-cars sur La Flèche et Le Mans, reconnaissance que commande le lieutenant Garnier et qui, sur ordre, a fait demi-tour. Elle arrive par la route de Baugé, a l'instant même où le pont s'effondre. Les élèves n'ont pu se faire reconnaître à temps, bien qu'un trom- pette ait sonné des refrains de marche française. Ils ren- contrent, sur la berge, deux élèves du train, Quéré et Béraud, qui ont mandat d'abriter la population dans les tranchées de la gare. Ceux-n, îeur mission n'étant pas terminée, refusent de
suivre leurs camarades décidés à franchir la Loire à Gennes. Les deux élèves, guidés par les agents au brassard blanc de la défense passive, ont d'ailleurs fort à faire avec les réfugiés demeurés sur la rive droite et qu'il faut à tout prix éloigner, car l'arrivée des Allemands n'est plus qu'une question de mi- nutes. Quéré et Béraud finiront par gagner une tranchée et, de chaque côté de la route de Rouen, avec le mousqueton, héroï- quement, feront le coup de feu, jusqu'à l'épuisement de leurs cartouches (1).
Entre temps, dans la nuit, la 22* brigade est appelée au Breil, à 3 kilomètres en aval de Saumur. Il paraît que les posi- tions tenues par les Enfants de troupe de La flèche ont été enfoncées et que les Allemands franchissent à cet endroit la Loire. Il n'en est rien. Les jeunes soldats exténués, absolument rendus, ayant cru apercevoir des silhouettes et des barques, ont donné l'alerte. Les élèves organisent des patrouilles dans les fourrés et les roseaux, tiraillent, à tout hasard, sans rencon- trer personne. L'ennemi demeure toujours sur la berge. Tou- tefois, on entend distinctement le bruit du moteur de ses chars, de ses autos blindées, de ses side-cars. Des clapotements se perçoivent également à travers les remous du fleuve. A la faveur du clair de lune, des observateurs, avancés jusque dans l'eau, distinguent, sur la « terrible » rive droite, « pleine de mystère », comme des masses d'ombre qui bougent. Et bientôt, le long du fleuve, jaillissent les fusées de signalisation.
LE COMBAT DANS SAUMUR
L'ennemi ainsi marque le pas sur la rive droite. Sept de ses chars et deux autos blindées ont été démolis, dans la nuit à l'entrée de Saumur, par nos canons de 25. La puissante artil-
(1) Quéré et Béraud furent faits prisonniers. Un officier de cavalerie motorisée allemand, qui fréquentait les concours hippiques et appréciait
l'Ecole de Saumur, tint à les féliciter de leur cran.
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lerie allemande, massée à la Croix-Verte et au carrefour de la
Ronde, se déchaîne : 77, 105, 150.
L'Ecole de cavalerie ne paraît pas visée. Mais le quartier des ponts, le centre de la ville constituent les principaux objectifs. Des salves balayent toute la côte de Bournan, à la sortie de Saumur, route de Cholet ; le sergent Beaulieu du 91" régiment d'infanterie régionale, envoyé en reconnaissance vers un groupe
de D.C.A., les évite de peu. De grandes gerbes de fumée et de plâtras s'élèvent. La terre tremble à chaque instant. Les siffle- ments sinistres, les éclatements formidables se succèdent sans interruption. Au-dessus de ce tintamarre, domine l'aboiement infernal du canon allemand auto-moteur qui crache ses obus à raison de deux coups par seconde. Des maisons s'écroulent. Les voûtes de la chapelle de la Visitation s'effondrent. L'église SainNNicolas est touchée. Le collège Saint-Louis reçoit une quarantaine d'obus. Le clocher de Saint-Pierre s'effrite. Un fu- sant fait sauter la corniche du théâtre. Trois percutants tra- versent la pharmacie Béai, rue d'Orléans. Des 150 tombent sur l'hôpital complémentaire dont les quelques malades et blessés qui restent, égaillés dans le parc, finissent par se réfugier dans les caves des Etablissements Ackermann. Des incendies s'allu- ment un peu partout. Tout un quartier de l'île flambe comme une torche, dont la maison du photographe Decker, les magasins «A la Châtelaine», l'immeuble du docteur Astié. Des avions passent très bas. Des stukas exécutent de redoutables piqués sur le champ d'aviation de Terrefort. Un gros obus éclate dans une rue du quartier du Pressoir et foudroie quatre civils im- prudents qui fuyaient leur abri pour gagner une cave plus solide. A l'hôpital, un enfant naît sous les bombes. La terreur règne dans la ville.
Les élèves, belle et ardente jeunesse dont c'est le baptême du feu, demeurent impassibles, héroïques. C'est à peine s'ils baissent la tête sous la mitraille et tremblent. La volonté de se battre les domine et l'atmosphère de la bataille les transporte. Qu'importe le drame, l'aventure ? Là où les chefs les ont placés, ils tiennent, les petits, et font le coup de feu magnifiquement. Au bombardement de l'artillerie, ils répondent comme ils peu- vent, à coups de mortiers, de canons de tranchées, de mitrail- leuses, de mousquetons. Il y a des tués, — on en comptera six parmi les officiers, — des blessés. On transporte ceux-ci, grâce à des moyens de fortune, au poste de secours et à l'hôpital mixte, dont les médecins et infirmiers se dévouent. Un obus décoiffe
LES COMBATS DE SAUMUR 219
l'hôtel Budan, où, du premier étage, le cadet Léon Darmaillacq surveille, avec le groupe qu'il commande, les mouvements de l'adversaire. Les lignes du central téléphonique sont détruites. L'île Offard disparaît totalement sous la fumée. Mais notre feu est si intense, si précis, tend un tel rideau de balles que les Allemands ne passeront pas la Loire à cet endroit. « Les tirs de notre artillerie, écrira un journal allemand, Der Vormarsch, du 3 juillet 1940, ne peuvent arriver à paralyser la résistance de l'adversaire au courage duquel nous rendons hommage >.
Cependant les munitions des hommes du lieutenalnt de Buffévent s'épuisent. Craignant à un certain moment d'être en- cerclé, le lieutenant ordonne la destruction du pont Gessart. L'explosion fait trembler toute la ville, démolit les maisdns voisines. La plupart des cavaliers, défenseurs de l'île, profitant des épaisses fumées, à la nage et par barques, regagnent la rive. Il est 19 heures.
Que va faire l'ennemi ? Tentera-t-il un débarquement ? Essaiera-t-il de tourner la ville ? Les élèves organisent tout de suite de nouvelles positions aux abords de Saumur. Officiers, soldats sont admirables. L'ordre est de tenir. Ils tiendront jus- qu'au bout. La nuit se passe dans la plus affreuse inquiétude.
LE COMBAT DE GENNES
Avant l'aube, la canonnade reprend. Et c'est sur Gennes que l'ennemi porte d'abord son principal effort.
La veille, le mercredi, il s'est accroché durement aux bri- gades des E.A.R. qui, depuis le 17, renforcent les. éléments char- gés de la défense des ponts.En tout cinquante élèves de la cava- lerie, cent élèves du train, auxquels se sont joints une section des tirailleurs du dépôt de Vernantes, sous les ordres de l'adju- dant-chef Ritter, et la reconnaissance du lieutenant Garnier qui, trouvant le pont de Saumur coupé, est rentré sans encombre dans
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nos lignes à Gennes. A 16 h. 30, le 6 génie faisait sauter le pont
de la rive droite à l'instant où l'ennemi parvenait aux Rosiers. Détonation effroyable. Les vitres des maisons volent en éclats. Un morceau de fonte de quarante kilos crève le toit de l'hôtel de la Loire. Les mitrailleuses de la 11° brigade installée dans l'île entrent en action. Le lieutenant Jacques Desplats, un « as » sorti second de Saint-Cyr en 1937, premier de Saumur en 1938, commande cette formation résolue. Les Allemands répondent par leurs armes automatiques, leurs mortiers, leur artillerie. Le bom- bardement dure deux heures. Et aussitôt, l'ennemi tente, à plu-
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sieurs fois, le passage du fleuve, mais sans succès. Les quelques
Feldgrauen qui prennent pied dans l'île en sont vite chassés à
la baïonnette. Il y a des pertes de part et d'autre. Les Allemands,
sans insister davantage, à la nuit, rompent le combat. A 23 h.,
une dernière salve d'artillerie est tirée et un obus, percutant sur
la fougasse de la mine, fait sauter le pont reliant l'île à Gennes.
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La 11 brigade se trouve ainsi complètement isolée. Elle peut,
quand même, par barques, évacuer ses blessés ; ils gagnent le poste de secours du château de Rou-Maison et l'hôpital de Doué- la Fontaine ; parmi eux se trouve le brave adjudant-chef Ritter qui a reçu trois balles dans le pied. Le lieutenant Desplats blessé lui aussi demeure toutefois à son poste. La situation de sa bri- gade privée de tout ravitaillement, enfermée dans l'île, est trop critique ! Les quelques heures de répit laissées par l'ennemi, le courageux lieutenant, qui ne se fait aucun illusion sur le résultat du combat, les passe à réconforter ses hommes, à les préparer à recevoir l'ultime assaut.
Les ombres de la nuit ne sont même pas dissipées que, le jeudi 20 juin, des autos blindées à six roues débouchent sur la petite place des Rosiers. Nous n'avons aucune pièce d'artillerie pour gêner leur manœuvre. Peu d'instants après, le combat reprend des plus violents : déluge d'obus de 105 et de 150, fu- sillade nourrie sur l'île, sur Gennes, le coteau, le bois de la Roche- Foissard. Le château de Sous-le-Puy prend feu, la poste brûle, le clocher de Saint-Eusèbe s'abat. Le sol est jonché de branches d'arbres. Les balles claquent dans les rues.
Vers 4 h. 30, les Allemands, des cavaliers motorisés et pleins de mordant, franchissent la Loire sur de nombreux canots blin- dés, se précipitent sur l'île. Attaque fougueuse. Corps à corps
» furieux. La défense, hélas ! est de courte durée. Les nôtres sont écrasés. Le lieutenant Desplats tombe à son poste, déchiqueté par un obus. Le maréchal des logis Braillard est tué en se dé- fendant à la grenade. L'E.A.R. Brasseur s'affaisse. L'élève-aspi- rant Roland-Gosselin, un engagé de dix-huit ans, a la main en partie arrachée ; pour échapper à l'encerclement, il se jette à l'eau ; une balle l'achève et le corps roulé par les flots ira échouer sur la grève de l'Abbaye de Saint-Maur (1). L'E.A.R. Dunant, le
(1) L'aspirant Guy Roland-Gosselin était le neveu de l'Evêqué de Versailles. Son corps fut trouvé par les religieux et enterré dans le petit cimetière de l'Abbaye, près du tombeau de Saint-Maur. « La mort, écrit un témoin, semblait l'avoir surpris et figé dans le garde-à-vous : le casque sur lia tête était si fortement retenu par la jugulaire qu'on ne pût lé retirer ; un bras s'étendait le long du coté, l'autre relevait sur la poitrine la main blessée et légèrement pansée ».
LES COMBATS DE SAUMUR 221
fils du sculpteur, ne cesse de tirer au fusil-mitrailleur jusqu'à ce qu'un éclat d'obus lui emporte la tête. Les fusils sont enrayés ; les munitions s'épuisent. Toute résistance se manifeste inutile. Certains élèves tentent leur chance, traversent la Loire à la nage. Les autres, dont le séminariste de Farcy, sont faits prisonniers. Les Allemands les relâcheront plus tard et les féliciteront de leur héroïque conduite.
Dans le parc, au-dessous de l'église, la bataille fait rage, car le capitaine Foltz contre-attaque. L'élève Jean Roussel fait un bon travail sous les ordres du lieutenant Pasquet. Les lieu- tenants Roimarmier, Lofficier et 'Gaver se dépensent sans comp- ter. Mais ils ne peuvent empêcher les Allemands de gagner, à l'ouest de Gennes, la rive gauche. En vain s'opposent à leur avance les brigades des lieutenants Maure, de Galbert, de Parce- veaux. Le lieutenant Roimarmier, mousqueton à la main, debout devant ses hommes, trouve une mort glorieuse. L'élève-aspirant Félix Pineau tombe à la tête de sa patrouille. En chargeant un fusil-mitrailleur, l'E.A.R. Flandin, jeune homme plein d'avenir, est atteint par un obus ; il meurt après deux longues heures d'agonie, en prononçant ces mots : « Mon Dieu, pardonnez-moi ; aidez-moi... Papa, Maman... C'est pour la France (1). A l'entrée du pont, un jeune civil réfugié dans le pays blesse mortelle- ment le lieutenant Bonnin qui lui demandait à boire ; le meur-
trier est abattu par l'un des nôtres : et le lieutenant expire à Doué, après avoir exigé que ses hommes évacués soient pansés avant lui. Plus loin, l'élève-aspirant Jacques Defrenne, frappé à la tête, s'écroule sur la berge du fleuve, où il s'était tapi pour tirer plus sûrement. Est tué également l'E.A.R. Passebois ; il a
vingt ans.
Toute la journée, le combat est ainsi ininterrompu. L'en- nemi attaque sans arrêt. Sans arrêt, les élèves, inférieurs en nombre et mal armés, inlassablement, opposent leur poitrine. Le lieutenant de Galbert, admirable de calme, a groupé, avec son agent de liaison, A. de Changy, séminariste, son peloton près du pont, derrière des murs et des arbres, et tient tête...
A 18 h. 30, si l'ennemi a pu s'infiltrer dans notre dispositif de défense très dilué, il n'a pas encore fait céder les élèves cramponnés farouchement sur la rive.
(1) Didier Flandin était le neveu à la mode de Bretagne du Président P.-E. Flandin.
222 REVUE DES DEUX MONDES
ULTIME EFFORT DE NOS TROUPES
Du côté de Montsoreau, à l'est de Saumur, la lutte est sévère, dès le petit jour du jeudi 20. Le lieutenant Trastour a organisé la défense avec le lieutenant Martin, du 6* génie, qui fit sauter le pont l'avant-veille, pendant qu'un canon de 25 était monté et pointé par le lieutenant Lemaire à flanc de coteau. Deux chars Hotchkiss que conduisent des sous-officiers d'encadrement tirent, toute la matinée, sans arrêt, des hauteurs de la ferme d'Aunis. Une auto-mitrailleuse Panhard, dirigée par un aspirant résolu, fait, à toute vitesse, sur les quais, la navette entre Sau- mur et Dampierre, ne cessant de cribler la rive de ses balles. Des avions, volant très bas, envoient bombes et torpilles. L'artil- lerie allemande pilonne le coteau. La coupole de la vénérable église de Notre-Dame des Ardilliers s'écroule. L'ancien couvent des Oratoriens prend feu. La ferme Coiffard, les immeubles Colin, Lemoine et Foucher sont incendiés. Le vieux capitaine en retraite Bâcle a sa maison démolie ; il réussit quand même à sauver sa femme infirme et des voisins réfugiés dans la cave. Mais voici qu'à un certain moment les Allemands réussissent, en face de Villebernier, à mettre à l'eau radeaux, canots pneuma- tiques et à moteur blindés.
La brigade de la Lance, les tirailleurs du lieutenant de Saint- Germain, les autos-mitrailleuses du sous-lieutenant d'Englejean interviennent. Le chef de peloton Imbert est tué. Le lieutenant de Buffévent, resté dans l'île Offard, tente une reconnaissance avec l'E.A.R. Raveton, sur la rive droite ; ils sont repérés et
tombent criblés de balles. Plus loin, les soldats Diard et Cou- e
tances de la section du sergent Rocheteau, du 91 régiment d'in- fanterie régionale, sont tués.
Dans Saumur, les élèves, après avoir d'abord creusé quelques tranchées derrière le théâtre et le long du quai Mayaud, élèvent fiévreusement des barricades aux carrefours et dans le vieux quartier de Saint-Pierre. Quelques E.A.R., Régnier, Petit, Bour- dais, déchaussent les pavés des caniveaux. Leurs camarades, Dorsemaine et Jammot, avisent le lourd étal d'une boucherie et réussissent à le sortir. Les chaises d'une fromagerie servent de meurtrières. Un libraire fournit un grand comptoir. Des piè- ces d'étoffes retirées de la maison de tissus Hutrel-Bidault, et posées l'une sur l'autre, forment un excellent abri de mitrail- leuse. De la même façon, les caisses de médicaments de la phar- macie Béai constituent des blockhaus.
LES COMBATS DE SADMBR 223
Une jeune fille intrépide, repliée de Cherbourg, qui la veille, soignait les blessés, ne cesse de courir de barricade en barricade, en pantalon et en chandail bleu, une bouteille d'eau de rie à la main. Avec le sourire, elle verse à boire et réconforte les défenseurs de la cité.
Cependant les Allemands ont fini par débarquer snr la rive sud. Ils bousculent nos brigades qu'ils font en grande partie prisonnières, laissant toutefois l'un des leurs entre les mains du lieutenant Coadic, puis, en début d'après-midi, s'emparent de Saint-Vincent. Leur artillerie se déchaîne alors sur le piton d'Aluns. Un même obus tue, dans an champ de blé, le lieutenant Gand et les E.A.R. Prat et Bodet. Plus loin, Hervier est blessé et les élèves Courtois, Proharam, René Duramois sont tués. Un conducteur de char, Michel Humbert, tombe foudroyé. Le lieute- nant Pitiot, de son côté, est décapité dans son char. La ferme d'Aunis dont les caves abritent des blessés est attaquée. Les Soldater der Sturmabteilungen (soldats des sections d'assaut) — troupe d'élite, gonflée à bloc — hardiment se faufilent à travers les vignes, parviennent dans les vergers et n'hésitent pas, pour mieux viser, à grimper dans les pommiers. Les nôtres, des gars à cran, sous les ordres du capitaine de Saint-Blanquat, résistent jusqu'au bout, avec un courage splendide. Le dernier défenseur tombe enseveli sous les décombres de la ferme qu'un nouvel obus anéantit. Plus au sud, vers Chaintre» deux compagnies d'élèves- aspirants de l'Ecole de Saint-Maixent, lancés en contre-attaque par le capitaine Bleuze, se font tuer en chargeant à la baïon- nette, mais dégagent les survivants de l'escadron Saint-Blanquat.
LES ALLEMANDS OCCUPENT SAUMUR
Saumur est débordé. L'ennemi, infanterie mordante et ma- nœuvrière, ne tarde pas à pénétrer dans Bagneux. Deux canons de 75, détériorés et qui n'ont pu envoyer que quelques obus, sont retirés à temps du carrefour de Bournan où ils se trouvaient en position. Et la 22* brigade, qui s'était repliée du Breil au Pont-Fouchard, prévenue par l'agent de liaison, l'élève Caille- ton, s'échappe de justesse, avec l'escadron du capitaine Gobbe tout en tiraillant dans les roseaux du Thouet.
Le colonel Michon dont le P.C. a été porté la veille en fin de journée au café Marsoleau, derrière les hauteurs de Terrefort, donne l'ordre de retraite sur Doué-Ia-Fontaine et Montreuil-Bel- lay : on rejoindra Monitauban, en principe via Poitiers.
224 REVUE DES DEUX MONDES
Le décrochage s'opère, adroitement, vers 21 heures. Les élèves du train, qui défendaient la ville et n'ont pas d'engins motorisés, s'emparent de toutes les bicyclettes de dames, d'hom- mes, qu'ils peuvent trouver ; il y en a de tous les modèles, de toutes les époques : l'élève Garcia monte une machine de bou- langer dont les deux paniers longs lui servent à ramasser vivres et munitions. Tout ce monde s'égaille à travers la campagne et, grâce au crépuscule, la plupart évitent l'encerclement (1).
Vers la même heure, l'ordre de retraite parvient aux défen- seurs de Gennes qui, avec un beau courage, combattent dans les rues. Les unités se replient une à une. Un tirailleur oublié dans l'île continue à tirer. Les Allemands lui font comprendre que la bataille est finie. Et le tirailleur de s'expliquer :
— Mon lieutenant m'a dit : toi pas flancher, alors moi pas flancher !...
Gennes est entièrement occupé. Un officier allemand s'ap-
rae
proche de l'hôtelière, M Barrau, qui contemple son restaurant
à moitié démoli :
— Quelles sont les troupes qui défendaient les ponts ?
— Les élèves et les officiers de Saumur avec quelques sol- dats nord-africains.
— Madame, soyez fière d'eux. Ce sont des héros !
Le capitaine Foltz a fini par grouper ce qui lui reste de son escadron au hameau de la Lande-Elevée, près de Doué où se rallient également quelques éléments des unités combattantes de Saumur.
Pendant ce temps, M. Rollin, épicier au Petit-Puy (banlieue S.-E. de Saumur), se dirige vers les Vorposten (avant-gardes allemandes). Une jeune fille l'accompagne, qui lui sert d'inter- prète, M"* Marthe Guibert. A l'officier, revolver au poing, qui précède ses troupes, elle assure qu'aucun soldat français n'est demeuré dans la ville et qu'il convient de ne pas la bombarder.
(1) Toutefois un certain nombre d'élèves de la cavalerie et du train furent encerolés dans la forêt de Fontevrault et faits prisonniers le samedi matin, 22 juin, au château de Chavigny, près de Lerné. Le colonel avait pu échapper à l'encerclement avec l'étendard et l'escorte, laissant île commandement au chef d'escadron Launay. Les Allemands conduisirent la petite troupe à Saumur et ila libérèrent en raison de sa conduite héroïque, £este chevaleresque d'un adversaire qui savait apprécier la valeur militaire. e 4 juillet, les élèves traversaient Loches au pas cadencé, dans un ordre impeccable, et entraient en zone libre. Le jeudi 2 juillet, le général Pichon les passait en revue dans la cour d'honneur du château de Saint-Cyran-
du-Jambot, dans l'Indre-et-Loire, et les félicitait.
Le résumé des opérations fait à l'époque est donné ici:
http://www.anac-fr.com/2gm/2gm_99.htm
Il est fait mention à plusieurs reprises de "blindés" allemands.
Mais la 1ère division allemande de cavalerie (c'était la seule de ce type), ne disposait pas de blindés.
Sauf des canons automoteurs et des 15 automitrailleuses de son escadron de reconnaisance et de découverte.
Ce n'était donc pas des panzers.
Reste que les 600 cadets de Saumur ont brillamment défendu les 40 km des rives de la Loire qu'ils avaient reçu l'ordre de tenir de part et d'autre de Saumur.
Ils n'étaient pas seuls: 2 compagnies des aspirants de réserve de Saint-Maixent, les éléments de l'école d'application du Train vinrent leur prêter main forte, ainsi qu'une compagnie de tirailleurs algériens (on note aussi un escadron de 200 hommes récupérés d'unités diverses).
Ils disposaient aussi de 4 automitrailleuses, de 5 chars H.35 et de 7 chenillettes.
En somme, 2 190 Français firent face à 6 000 Allemands. La disparité des moyens n'étaient donc pas aussi grande qu'on a pu le dire. On doit noter qu'aucune unité d'artillerie ne vint prêter main-forte aux défenseurs de Saumur, ce qui est la cause principale de leur échec relatif.
Ps: on note aussi la présence d'un escadron du 1er GRDI venant d'Evreux, mais tous les organigrammes disponibles ne le citent pas toujours.
Dans tout le Secteur, les pertes de l’Ecole ont été lourdes : 4 officiers, 1 sous-officier, 79 élèves ont été tués.
Celles des autres unités, Corps Franc notamment, Saint-Maixent, Train, Tirailleurs, l’ont été aussi (15 tués). Globalement, 101 tués, 149 blessés.
Les Allemands avouent 132 tués, et 200 à 300 blessés.