par BRH » Samedi 07 Avril 2007 16:09:58
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La Défense de l'Eure par le 4e. Hussards
D'après le "Résumé succinct des opérations de la 5e. Brigade de Cavalerie" (source SHAT). Sont relatés ici les faits concernant plus particulièrement le 4ème Hussards.
6 – 7 Juin Retraite sur l’Andelle
Le 6 Juin, sous les ordres du général Maillard, la 5ème Brigade de Cavalerie (qui comprend organiquement deux régiments à cheval, le 4ème Hussards (Colonel CHIAPPINI et le 6ème Dragons (Colonel JACOTTET) est réduite à un seul régiment, le 4ème Hussards, mise en réserve et doit se regrouper à l’Ouest d’Aumale où sont tous les chevaux.
Ce même jour au soir, l’avancée des colonnes blindées allemandes impose le repli à l’Ouest de l’Andelle (Bosc-edeline, Bosc-Asselin)
Le 7 Juin, des détachements harassés du 6ème Dragons rejoignent le 4ème Hussards. Il manque 22 officiers dont 7 du 4ème Hussards, un tiers des mitrailleuses et deux tiers des canons de 25 ont été démolis au combat. Les escadrons du 4ème Hussards sont réduits à 2 ou 3 pelotons.
8 Juin
Avant l’aube, faisant mouvement vers le sud, la Brigade devra être en mesure, en interdisant le franchissement de l’Andelle, de couvrir la 17ème D.I. en retraite vers Rouen.
Vers 16 heures, elle est relevée de cette mission et reçoit l’ordre de franchir la Seine en aval des Andelys, afin de donner le repos nécessaire à cette troupe épuisée.
9 Juin
Le cantonnement en région d’Acquigny est atteint après une marche de plus de 70 kilomètres. A 12 heures, le Général commandant la Brigade, reçoit l’ordre de porter les régiments reconstitués sur la Seine des Andelys, de prendre le commandement des troupes présentes, françaises et anglaises, et d’interdire à l’ennemi le passage du fleuve entre Gaillon et Heudebouville.
La Brigade aura l’appui de deux groupes d’artillerie, des fractions du 2ème Groupe Franc de Cavalerie. Sur le terrain sont présents un bataillon de Pionniers Anglais et deux compagnies de Pionniers Français, un peloton de 6 blindées légères anglaises et quelques voitures chenillées rapides tous terrains.
Le pont des Andelys a sauté, et les embarcations comme le bac de Muids ont été laissées sur la rive droite.
Vers 20 heures, la Brigade est sur le front Gaillon – Venables – voie ferrée – Heudebouville.
Deux quartiers : Au Sud sous les ordres du Colonel du 4ème Hussards, le 4ème Hussards (moins 1 Groupe d’Escadrons), pionniers français, fractions de groupe francs et peloton d’A.M.
Au Nord sous les ordres du Colonel du 6ème Dragons, les restes du 6ème Dragons, un Groupe d’Escadron 4ème Hussards, pionniers anglais.
L’ennemi a pénétré dans la bande des Andelys, entrepris la réparation du pont, franchit le fleuve au bac de Muids.
Une liaison est recherchée sur plusieurs kilomètres au sud de Gaillon ; aucune troupe amie n’assure la défense du fleuve. La Brigade doit combattre avec un flanc découvert.
Le 4ème Hussards prend un dispositif en conséquence, qui l’oblige à réduire encore la faible densité de son front.
Dès le soir et toute la nuit, l’ennemi vient au contact de la ligne, alors que l’artillerie harcèle les points de passage : bac de Muids et île Roule – Tosny.
10 Juin
L’ennemi passe à l’attaque sur tout le front, son aviation tient l’air. Pas un avion ami. Les cavaliers sont tellement harassés de fatigue que les officiers et gradés doivent les secouer au moment de l’attaque.
Alors qu’Heudebouville est près d’être encerclé, les unités anglaises font preuve d’une apathie inquiétante et sont difficilement maintenues au combat. Leur chef, le Lieutenant-Colonel LLEUVELYN, multiplie les démarches pour être relevé et remis aux ordres du Commandement anglais.
La liaison avec le 4ème Hussards à Venables, un instant rompue, est rétablie avec l’aide des blindées anglaises mais dont les fautes d’exécution condamnent à des pertes rapides.
A 10 heures, la première attaque est brisée.
L’après-midi, les positions du 4ème Hussards sont soumises à un très violent bombardement d’artillerie, suivi d’un assaut d’infanterie. Dans un terrain couvert, qui n’a pu être reconnu, où les effectifs sont dispersés, la situation devient confuse, les liaisons souvent rompues.
A 15 heures, l’ennemi a amorcé au sud de Gaillon l’attaque de flanc. Pour lui faire face, le Général de Brigade a mis les derniers éléments disponibles à la disposition du Colonel du 4ème Hussards. La situation devient critique. Le déplacement des troupes s’impose.
Le repli s’exécute par échelons, couverts par quelques blindées anglaises. La manœuvre est couverte au sud par le 4ème Hussards dont les dispositions retardent l’ennemi.
La Brigade franchit l’Eure la nuit et s’établit en réserve dans les bois et villages de la rive gauche.
Le 4ème Hussards perd dans cette journée, 8 tués et 17 blessés, dont 1 officier et 13 gradés. Non comptés, les tués « disparus » qui n’ont pas encore été recouvrés.
11 Juin Défense de l'Eure
A 1 heure du matin parvient un nouvel ordre d’opération : porter des éléments au-delà de l’Eure en soutien de l’Infanterie, tout en assurant une défense des passages de la rivière.
A peine le Général a-t-il dicté ses ordres aux chefs de corps et à l’Artillerie en présence du Colonel DINGLEY, officier de liaison, des troupes anglaises, que celui-ci revient au P.C., bouleversé par une émotion non dissimulée : le Bataillon et le Groupe de Chars anglais mis aux ordres de la Brigade de Cavalerie ont disparu, suivi des pionniers français.
Alors que le 6ème Dragons est disposé d’Acquigny à Heudreville, le 4ème Hussards est disposé à Cailly, La Croix St-Leufroy, Crèvecoeur, Autheuil, avec pour mission de couvrir le flanc droit.
Le dispositif est difficilement mis en place dans la nuit et au petit jour avec une troupe absolument épuisée.
L’Infanterie allemande rejoint la crête boisée qui domine l’est de la rivière, elle progresse vers la vallée. De cette ligne allemande, partent de nombreuses fusées suivies d’une intense préparation d’artillerie, concentrée sur les points de passage tenus par le 4ème Hussards cependant que s’amorce déjà un large mouvement de débordement sur la droite entièrement découverte de ce Régiment.
Le régiment est assailli de front et de flanc par des forces très supérieures. Aux abords de chaque pont se livre un combat rapproché. Autant d’actions séparées, l’ennemi ayant gagné les intervalles d’où il prend les cavaliers sous un tir d’écharpe.
Si l’Infanterie allemande connaît de lourdes pertes, celles des Escadrons augmentent aussi rapidement et sont plus sensibles, portant sur de faibles effectifs.
Vers 11 heures, l’Escadron de BEAUREGARD (le Lieutenant de BEAUREGARD, blessé par un obus au cours de ce combat acharné, conserve son commandement) à droite, a été complètement débordé et pris à revers. L’ennemi a fait intervenir ses chars qui descendent la rive gauche de la rivière du sud au Nord. Les groupes de cavaliers qui ont pu échapper à l’encerclement gravissent péniblement les pentes Ouest.
Les ponts d’Autheuil et de La Croix emportés, la situation devient intenable à Crèvecoeur et Cailly. Les deux chefs d’escadrons viennent de tomber blessés et épuisés sans pouvoir être secourus (Commandant de la HAMELINAYE et Capitaine NICOLE).
Aucun ordre n’étant parvenu de la D.C., aucun ordre de repli ne peut être donné et la résistance doit être prolongée jusqu’au bout, d’autant que la Brigade couvre sur la droite tout le dispositif de la division.
A 12 heures, par ordre du Général commandant la 3ème DLC, la D.L.M. interviendra d’urgence pour dégager la Brigade de cavalerie qui s’efforcera de rallier ses éléments à Amfreville.
Le repli s’effectue péniblement. Des fractions du 4ème Hussards se heurtent à un détachement ennemi. Elles doivent le prendre sous le feu.
Le dur combat de l’Eure est terminé. Combat inégal où le courage et la ténacité des troupes ont réussi, en dépit d’une fatigue écrasante, à tenir en échec de 5 à 12 heures, avec de faibles moyens, une infanterie ennemie nombreuse, fortement appuyée par son artillerie, puis ses chars.
En quelques heures, le 4ème Hussards avait perdu 3 officiers, dont deux commandants de groupe et un commandant d’escadron, 10 gradés dont 6 tués et 4 blessés, 25 cavaliers dont 16 tués et 9 blessés.
Dans la soirée du 11 juin, la Brigade avait regroupé peu à peu ses éléments à l’ouest de l’Iton, région d’Amfreville.
Suite à cette bataille de l’Eure qui fit apparaître la supériorité des forces adverses, la retraite se précipite.
Le 17 juin, la Brigade se trouvant en Mayenne (forêt du Pertre) capte ce message radiodiffusé :
« l’heure est venue de cesser le combat … la France demande un Armistice. »
Le 18 juin, alors que les colonnes vont se regrouper au sud de Saint Germain le Guillaume, le 4ème Hussards est en partie dispersé par une colonne ennemie. La Brigade aura marché 100 km en 17 heures.
Le 19 juin dans la nuit, la Brigade rejoint la forêt de la Guerche de Bretagne. Au soir, le 4ème Hussards n’a plus que 3 embryons d’escadrons à effectifs réduits de plus de 60%. Du 10 mai au 19 juin, la Brigade aura parcouru 1100 km.
Le 22 juin, la radio annonce la signature de l’Armistice, puis sa mise en vigueur le 25 juin. Le Général décide de connaître le texte exact des clauses de l’Armistice avant de dévoiler la présence de la Brigade.
La clause formelle de désarmement est donnée par un journal local.
Le 30 juin «l’Information d’Ile et Vilaine » donne le texte de l’Armistice sous visa de la Kommandantur de Rennes. Le Général estime que l’article 4 s’applique incontestablement au cas de la Brigade. Il décide de se rendre auprès de Autorités allemandes à Laval dès le lendemain, 1er juillet, pour exposer la situation particulière de la Brigade et faire régler son mouvement vers la zone libres aux fins de démobilisation.
(«Les forces françaises sur terre, sur mer et dans les airs devront être démobilisées et désarmées dans un délai encore à déterminer. Sont exemptes de ces obligations les troupes nécessaires au maintien de l’ordre intérieur. Leur importance et leur armement seront déterminés respectivement par l’Allemagne et par l’Italie. Les forces armées françaises stationnées dans les régions qui devront être occupées par l’Allemagne seront rapidement transportées en territoire non occupé et seront démobilisées. Avant leur repli en territoire non occupé ces troupes déposeront leurs armes et leur matériel aux endroits où elles se trouvent au moment de l’entrée en vigueur de la présente convention. Elles seront responsables de la remise régulière du matériel et des armes aux troupes allemandes.» )
Le Commandement allemand, qui a complètement ignoré la présence de la 5ème B.C. en forêt de la Guerche, décide qu’une entrevue aura lieu le soir même.
La convention verbale précise que :
- la Brigade fera mouvement dès le lendemain, 2 juillet, vers Châteaubriant et sera dirigée plus tard en zone libre,
- une commission d’armistice siégeant à Châteaubriant donnera les ordres ultérieurs,
- les officiers conserveront leur sabre,
- la Brigade restera constituée avec tous ses cadres,
- le Commandement allemand se réserve le droit de prélever quelques chevaux,
- le Commandement allemand donne l’assurance formelle qu’aucune représailles ne sera exercée ni aucune sanction prise à l’égard des civils et en particulier des fermiers qui habitent dans la zone de stationnement de la Brigade ou qui se sont trouvés en rapport avec elle.
Il est constaté bientôt que, contrairement à l’assurance et à la parole données, il n’existe aucune commission d’armistice à Châteaubriant.
Le 6 juillet, le Commandant d’Armes allemand de Châteaubriant remet au Général Commandant la Brigade la décision du Commandant Supérieur du Territoire :
« Vous êtes à considérer vous et votre Brigade, conformément aux conditions d’armistice, comme prisonniers de guerre »
A 16 heures, la Brigade est formée en carré au centre de son bivouac : le Général a été autorisé à lui faire ses adieux. Il lit son dernier ordre du jour.
Tant que les Français constitueront une nation, ils se souviendront de mon nom !
Napoléon